Photo empruntée sur Google, appartenant au site intemporel.com
de Rolf Olsen. 1972. Allemagne de l'Ouest / Italie. 1h30. Avec Raimund Harmstorf, Gila von Weitershausen, Daniela Giordano, Gianni Macchia.
Sortie Ciné le 11 Décembre 1974
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Rolf Olsen est un réalisateur, acteur et scénariste autrichien né le 26 Décembre 1919, décédé le 3 Avril 1998 à Starnberg. 1964: Le ranch de la Vengeance. La Chevauchée vers Santa Cruz. 1967: Les Violences de la Nuit. 1968: Le Médecin de Hambourg. 1969: Nuits Blanches à Hambourg. 1970: Hôtel du vice. 1972: Vendredi sanguinaire. 1976: Shocking Asia. 1979: Ekstase. 1988: Starke Zeiten
Un dangereux bandit s'échappe une nouvelle fois de prison au cours d'un transfert vers le palaos dejustice. Aidé de ses complices, il complote un dernier hold-up, histoire de prendre le large et de quitter l'Allemagne.
Une sympathique bisserie d'exploitation surestimée à mes yeux. J'attendais quand même beaucoup plus de hargne de la part des gangsters contestataires !
Photo empruntée sur Google, appartenant au site bambootrading.com
Télé-film de Robert Greenwald. 1984. U.S.A. 1h40. Avec Farrah Fawcett, Paul Le Mat, Richard masur, Grace Zabriskie, Penelope Milford, Christa Denton, James T. Callahan, Gary Grubbs, David Friedman. . FILMOGRAPHIE: Robert Greenwald est un réalisateur et producteur de cinéma et de télévision, né le 28 Août 1945 à New-York. 1977: Sharon: Portrait of a mistress. 1978: Katie: portrait of a centerfold. 1979: Flatbed Annie and Sweetiepie: Lady Truckers. 1980: Xanadu. 1982: In the Custody of Strangers. 1984: Autopsie d'un Crime. 1986: Shattered Spirits. 1987: On Fire. 1988: Sweet Hearts Dance. L'amour a 4 temps. 1990: Forgotten Prisoners. 1993: Hear no Evil. 1995: Les Tourments du Destin. 1997: Breaking Up. 1999: The Living Winess. 2000: Steal This Movie.
"Autopsie d’un cri."
Succès public et critique lors de sa diffusion dans les années 80, Autopsie d’un crime ébranla bien des spectateurs, bouleversés par l’étonnante prestance de Farrah Fawcett en victime asservie à un mari tyrannique. À travers un réalisme brutal, rare dans le paysage télévisuel de l’époque, son intensité dramatique demeure d’autant plus éprouvante que l’actrice y atteint le sommet de sa carrière. Couronné de multiples récompenses dans divers festivals, ce téléfilm aujourd’hui oublié reste un témoignage fort et bouleversant sur le sort des femmes battues, prisonnières d’une impériosité machiste dénuée de toute morale.
Le pitch :Le 9 mars 1977, Francine Hughes quitte son foyer avec ses trois enfants après avoir incendié sa maison, son mari à l’intérieur. Arrêtée, elle est inculpée pour meurtre avec préméditation. Devant le tribunal, elle livre le récit de son calvaire : des années d’humiliations et de coups infligés par un époux alcoolique.
De par la douceur docile de Farrah Fawcett et un sujet que l’on aurait pu croire racoleur - ciblant prioritairement les ménagères de moins de cinquante ans - on pouvait craindre le pire. Pourtant, cette œuvre conçue pour la télévision surprend par l’intégrité de sa mise en scène, sincèrement vouée à la cause des femmes battues, et par la gravité nouvelle d’une actrice jusque-là star de séries populaires. Malgré quelques facilités inhérentes au format (notamment un procès un peu précipité), Autopsie d’un crime évite le piège du voyeurisme et de la complaisance.
À travers une chronologie déclinante, Robert Greenwald nous expose le fait divers d’une femme abusée, broyée par la violence conjugale. Comment en arrive-t-on à commettre l’irréparable, quand l’existence d’une épouse soumise n’est plus que terreur et coups ? Derrière les barreaux, Francine revit, par la voix de son avocat, les vicissitudes d’un passé martyr : de sa première idylle - déjà empreinte d’insidieuse domination - à la tragédie finale, imposée en désespoir de cause. Le tribunal devra déterminer si le meurtre fut prémédité ou s’il relève d’une légitime défense.
Transcendé par la performance bouleversante de Farrah Fawcett, visage tuméfié et âme défaite,Autopsie d’un crime met en lumière les failles d’un système judiciaire incapable de protéger celles qui dénoncent l’inacceptable. Sans esbroufe, le récit décrit le quotidien d’une femme aimante, fidèle, entièrement dévouée à son mari et à ses enfants, jusqu’à ce que la douceur bascule dans l’enfer. Après avoir trouvé le courage de rompre, Francine doit encore subir les menaces d’un mari déchu, décidé à reprendre ses enfants et à la reconquérir par la force.
Son instinct maternel, la volonté de garder ses enfants près d’elle, la pousse à revenir vers lui - au péril de sa vie. Par un réalisme d’une brutalité parfois insoutenable, le film met en exergue l’impuissance d’une femme seule face à un bourreau qu’aucune autorité ne contraint. Greenwald montre avec rigueur comment une épouse terrorisée, mais vaillante, se heurte à l’indifférence du monde avant de commettre l’irréparable, faute d’avoir trouvé aide et écoute. Si Autopsie d’un crime émeut, c’est grâce à Fawcett : femme chétive, digne et résiliente, dont le regard usé et le corps meurtri traduisent la vérité nue du désespoir. Elle évite le pathos, et sa fragilité humble confère au film une puissance rare.
En dépit de son format télévisuel, Autopsie d’un crime s’impose comme un témoignage fort, éloquent, sur la détresse des femmes battues, incapables de convaincre l’autorité d’un État aveugle. Au-delà de son épilogue..., demeure le souvenir d’un calvaire : celui d’une femme prisonnière d’un amour empoisonné. Solitude, honte, perte de soi… Le film rappelle que les femmes violentées se retrouvent souvent réduites au silence, au repli et à la peur - jusqu’à ce que la douleur devienne plus forte que la vie.
— le cinéphile du cœur noir . A Farrah...
Un grand merci à film dvd vhs v3 05.06.12
Récompenses: Emmy Award 1985 du Meilleur Réalisateur Robert Greenwald, Meilleure Actrice pour Farrah Fawcett, Meilleur Acteur pour Richard Masur, Meilleur scénario pour Rose Leiman Goldemberg.
Golden Globe 1985, Meilleur Acteur pour Paul Le Mat, Meilleure Actrice pour Farrah Fawcett, Meilleur télé-film.
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de Juan Lopez Moctezuma. 1975. Mexique. 1h20. Avec Tina Romero, Claudio Brook, Lili Garza, Tina French, David Silva, Susana Kamini.
Sortie le 26 Janvier 1978
FILMOGRAPHIE: Juan Lopez Moctezuma est un acteur, scénariste et réalisateur mexicain, né en 1932 et décédé le 2 Août 1995 à Mexico.
1973: The Mansion of Madness. 1975: Mary, Mary, Bloody Mary. 1977: Alucarda. 1987: Le Tueur
1994: El Alimento del Miedo. .
. Le pitch: A sa naissance, Alucarda est adoptée par les nonnes d'un couvent sous les ordres de sa mère moribonde. Plusieurs années ont passé et la jeune fille fait la rencontre de Justine, une orpheline venue s'exiler dans le monastère. Ensemble, elles se lient d'une tendre amitié mais un jour elles libèrent une force démoniaque dans un cercueil. Depuis, les jeunes candides semblent tributaires de l'allégeance du diable. .
En pleine mouvance de démonologie issue de l'Exorciste de Friedkin, le mexicain Juan Lopez Moctezuma réalise deux ans plus tard un curieux film fantastique imprégné d'obscurantisme religieux. La première qualité de cette oeuvre étrange émane de sa nature singulière dans son alliage de culte spirituel, sorcellerie, superstitions et possession sataniste. Le réalisateur nous dépeignant ici une vision personnelle des affres de l'au-delà par l'entremise d'une communauté fondamentaliste. Justine et Alucarda sont deux jeunes filles abdiquées dès leur plus tendre enfance par leur famille. Elles se retrouvent embrigadées dans un couvent pour y vivre et subir une éducation drastique exposée aux valeurs de piété. Avides de liberté et d'épanouissement, elles décident un beau jour de partir en forêt pour y faire la rencontre d'étranges bohémiens. Elles pénètrent ensuite dans l'enceinte d'un bâtiment abandonné pour y libérer une force démoniaque inhumée dans un cercueil. C'est là qu'Alucarda va laisser libre court à son instinct libertaire, avouer son affection à son acolyte et se dévouer ensemble au satanisme en pactisant avec les forces du mal.
A travers ce canevas d'épouvante où le Mal s'empare de l'esprit de deux nonnes candides, le réalisateur y dénonce le fanatisme religieux lié aux superstitions séculaires au cours duquel un exorcisme moyenâgeux sera assujetti pour l'une d'entre elles. Juan Lopez Moctezuma insistant à mettre en exergue la propagande sectaire entreprise par l'église au cours des prières divines. Une doctrine inculquée auprès de nonnes terrifiées à l'idée que l'Enfer puisse les diaboliser si leur foi vertueuse en était souillée. Par la cause de cet endoctrinement et d'une existence fastidieuse, nos deux héroïnes vont finalement se réconforter auprès du démon pour y découvrir une forme d'autonomie frondeuse. Livrant leur nouvelle éthique sataniste aux autorités religieuses, Justine va d'abord devoir se confronter au jugement d'un exorcisme entrepris par ses supérieurs. Attention spoiler ! Les évènements ultérieurs vont ensuite nous amener vers une vengeance démoniaque entreprise par Justine, exhumée de sa tombe ! Tandis qu'un médecin avisé va tenter d'extraire Alucarda des forces du Mal, d'une manière plus pondérée que ses confrères anachronistes. Fin du spoiler. Émaillé de plages horrifiques laissant parfois libre court à une imagerie gore onirique, le film nous plonge dans un délire festif où l'emprise démoniaque fustige les fidèles de Dieu dans un apocalypse de feu. Certaines séquences de sensualité trouble ou de poésie morbide (l'exorcisme pratiqué sur Justine ainsi que son exhumation sanglante, le sabbat érotique dans la forêt ou encore le brasier final) faisant preuve d'imagination sans égale pour laisser dans l'esprit du spectateur une imagerie incandescente.
. Les Forces du Mal Visuellement étonnant pour son emprunt à un onirisme aussi bien macabre qu'insolite émanant d'un climat païen natif du Mexique (l'accoutrement vestimentaire des nonnes semblables à des momies obsolètes rajoutant notamment une aura indicible), Alucarda demeure une délirante fantasmagorie sur le totalitarisme religieux. La conviction des interprètes méconnus au charisme saillant rehaussant l'intensité émotionnelle des enjeux satanistes pour se laisser dériver vers une sarabande infernale à l'atmosphère chimérique. A ne pas rater !
Dédicace à l'Univers Fantastique de la Science-Fiction
01.06.12 Bruno Matéï
Photo empruntée sur Google, appartenant au site critique-film.fr
de Ridley Scott. 2011. U.S.A. 2h02. Avec Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba, Guy Pearce, Logan Marshall-Green, Sean Harris, Rafe Spall, Emun Elliott, Benedict Wong.
Sortie salles France: 30 Mai 2012. U.S: 8 Juin 2012
FILMOGRAPHIE (Info Wikipedia): Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields.
1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus
Pitch: Une équipe de scientifiques met le cap sur une planète hostile, guidée par une carte gravée dans une grotte, promesse de percer l’origine de la vie. À bord de cette expédition, Elizabeth et son ami Charlie espèrent rencontrer nos créateurs sur la planète LV-223.
Trente-trois ans aprèsAlien, Ridley Scott, épaulé par Damon Lindelof et John Spaihts, concrétise enfin le rêve de millions de fans : offrir une préquelle à son mythe, relancer la franchise, explorer de nouveaux horizons spéculatifs et séduire une génération fraîche.
Spectacle de science-fiction d’une sobriété presque sacrée, Prometheus brille d’abord par sa photogénie rugueuse, ce règne interlope imprégné de mystère avant le fracas d’un cataclysme terrestre. À la manière de son aîné, Scott orchestre à nouveau l’excursion ombrageuse d’une compagnie d’explorateurs venus disséquer l’origine de la vie à travers une carte symbolique. Sur place, au cœur d’une cavité rocheuse à l’atmosphère irrespirable, ils affrontent une cascade d’énigmes : apparitions furtives d’humanoïdes virtuels, corps momifié d’un extraterrestre, sculptures et monuments gravés dans les remparts d’un sous-sol où palpite une technologie funeste.
Avec une ambition formelle intacte, Ridley Scott s’approprie les codes de la mythologie dans une mise en abyme vertigineuse, réinterprétant un univers opaque, irrésistiblement inquiétant. L’immersion est totale : artiste virtuose, démiurge des grands décors organiques d’une planète caverneuse, Scott ravive la fascination pour des images inédites, nous plongeant dans une galaxie de brumes et de questions, en écho à l’origine de notre propre chaos. Maître d’un suspense souterrain,Prometheus exhale une atmosphère d’abandon et d’isolement autour d’une équipe de chercheurs dépassés par un antagoniste insidieux.
Les enjeux humains s’échinent sur leurs épaules fragiles : survivre, sauver la Terre, sauver leur foi. Sans héroïsme guerrier superflu, leurs choix contradictoires et leur métaphysique vacillante se heurtent au chaos. Mention spéciale à Naomi Rapace, héroïne opiniâtre écartelée entre science et mysticisme, et à Michael Fassbender, androïde équivoque, traître charmant et faux confident. Des scientifiques à la psychologie taillée dans la crainte et l’espérance, piégés par une évolution toxique sous la tutelle d’un esprit perfide. Et pourtant, leur quête déclinante, hantée par l’idée d’un dieu créateur prêt à anéantir sa propre progéniture, interroge notre soif de croire pour ne pas mourir de savoir.
Je ne sais rien mais c'est ce que je choisi de croire
Si tant de questions restent suspendues (pourquoi ces Ingénieurs veulent-ils éradiquer la Terre ? Que dissimulent réellement ces armes biologiques ?), Prometheus reste dense, tangible, convaincant - parfois même terrifiant - et pose les fondations d’une franchise renouvelée. Spectaculaire, esthétiquement fascinant, impressionnant : l’avortement forcé devient scène d’anthologie horrifique, la cruauté de certaines mises à mort renforce son cauchemar organique. En prime, un nouvel antagoniste ésotérique, humanoïde accouplé à une forme bien connue des amateurs, dévoilée ici dans sa gestation primitive.
Ce n’est peut-être pas le chef-d’œuvre promis, mais la démesure de Ridley Scott fait de Prometheus un grand film d’anticipation sur l’horreur d’une menace inconnue, l’infini qui nous échappe - et la brûlure de vouloir en percer le sens.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site CulturBisZ
de Brian De Palma. 1980. U.S.A. 1h45. Avec Angie Dickinson, Michael Caine, Nancy Allen, Keith Gordon, Dennis Franz, David Margulies, Ken Baker, Susanna Clemm, Brandon Maggart, Amalie Collier.
Sortie salles France: 15 Mars 1981. U.S: 23 Juin 1980 .
Récompense: Saturn Award de la meilleure actrice pour Angie Dickinson,en 1981.
FILMOGRAPHIE: Brian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis. 1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted. .
Après avoir enchaîné les réussites (Sœurs de sang, Phantom of the Paradise, Obsession, Carrie), Brian De Palma puise, pour entreprendre Pulsions, dans une blessure intime - ce souvenir d’enfance où sa mère lui demanda de pister son père, soupçonné d’adultère - et dans un fait divers sur des meurtres au sein de la communauté gay des années 70.
Synopsis: Kate Miller est une femme en manque, inassouvie par son mari, frustrée dans sa chair. Elle consulte le psychiatre Robert Elliot pour tenter de comprendre cette fêlure intime. Quelques instants après l’entretien, elle s’aventure dans un musée et y croise un charmeur invétéré. Après une nuit fiévreuse, elle se fait assassiner à coups de rasoir dans l’étroitesse d’un ascenseur, sous les yeux d’une prostituée. Cette dernière, interrogée par la police, décrit une silhouette féminine : une grande blonde aux lunettes noires. Mais déjà, le fils de Kate mène sa propre enquête pour démasquer l’assassin..
"Le reflet tue".
Sorti en 1980, Pulsions s’impose comme l’un des titres phares du thriller érotique des années 80. Hommage ironique à Psychose - humour salace à l’appui - De Palma renoue avec l’art d’Hitchcock, maniant la roublardise et le trompe-l’œil dans un jeu de miroirs et de faux-semblants. Dès le prologue, une scène charnelle sous une douche embuée : notre héroïne se caresse langoureusement devant l’indifférence de son mari… avant qu’un inconnu surgisse pour tenter de la violer. Un leurre soigneusement orchestré. Tout le film repose sur ce principe du simulacre, des pulsions travesties, pour mieux nous égarer dans un suspense millimétré.
La séquence de filature dans le musée, où une femme s’offre au regard, puis se fait elle-même proie, est d’une perversité fascinante. L’échange de regards, la drague improvisée, la montée du désir culminent dans l’espace confiné d’un taxi, puis sous les draps. Un peu plus tard, on apprend que l’amant est porteur d’une MST. Rebondissement cruel, qui ajoute à l’anxiété de la victime - juste avant sa mort, violente, sèche, dans l’ascenseur.
Ce meurtre emblématique, chorégraphié comme une agression symphonique, témoigne d’une maîtrise redoutable du montage. Le rasoir fend l’espace avec précision géométrique. Le visage de la victime se fige dans l’effroi. Le reflet dans le miroir laisse entrevoir l’assassin : silhouette androgyne, en manteau noir, armée d’un éclat métallique. La call-girl, témoin impuissant, deviendra à son tour la cible. Dans une scène de métro d’une tension presque insupportable, elle fuit, traquée à la fois par le tueur et par une bande de délinquants lubriques. Quand elle appelle un policier à l’aide, ses harceleurs ont déjà disparu... mais le danger, lui, est toujours là. Et le spectateur, à nouveau, se fait piéger.
De Palma orchestre un vertigineux ballet d’apparences, de jeux de rôle, d’ambiguïtés. Sa mise en scène glisse insensiblement du thriller clinique vers l’érotisme dérangé. La seconde partie, portée par une enquête bicéphale - prostituée déterminée et jeune bricoleur féru d’électronique - intensifie l’intrigue jusqu’à un final aussi cynique que retors. Un dernier twist, une révélation glaçante… puis une pirouette, une ultime boutade. Retour à l’imaginaire sexuel. La boucle est bouclée.
Sensuel, provocant, charnel, Pulsions est un jeu de séduction avec la mort. Un canular impudique, où la sexualité refoulée explose en fantasmes meurtriers. Porté par la musique lascive de Pino Donaggio, sublimé par un esthétisme immaculé, interprété par deux femmes-objets aussi troublantes que sacrifiées, ce chef-d’œuvre du thriller voyeuriste reste une leçon de mise en scène. Une énigme sensuelle, tapie dans un écrin de violence froide.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
de Ken Russell. 1971. Angleterre. 1h52. Avec Oliver Reed, Vanessa Redgrave, Dudley Sutton, Max Adrian, Gemma Jones, Murray Melvin, Michael Gothard, Georgina Hale, Brian Murphy, Christopher Logue.
Sortie salles France: 29 Octobre 1971. U.S: 16 Juillet 1971
FILMOGRAPHIE: Ken Russell est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur, monteur et directeur de la photographie britannique né le 3 juillet 1927 à Southampton.
1967 : Un cerveau d'un milliard de dollars, 1969 : Love , 1970 : The Music Lovers, 1971 : Les Diables, 1971 : The Boy Friend, 1972 : Savage Messiah, 1974 : Mahler, 1975 : Tommy, 1975 : Lisztomania, 1977 : Valentino, 1980 : Au-delà du réel, 1984 : Les Jours et les nuits de China Blue,1986 : Gothic, 1988 : Salome's Last Dance , 1988 : Le Repaire du ver blanc ,1989 : The Rainbow ,1991 : La Putain, 2002 : The Fall of the Louse of Usher, 2006 : Trapped Ashes segment "The Girl with Golden Breasts".
"Les Diables : une messe noire pour la tolérance".
Chef-d'œuvre d'hystérie ecclésiastique, Les Diables relate, avec une provocation couillue, l’affaire de Loudun dans les années 1630. Cette chasse aux sorcières, fomentée par le cardinal de Richelieu, fut une manœuvre politique destinée à éradiquer le père Urbain Grandier, prêtre libertin et militant de la cause protestante. En 1634, à Loudun, Grandier devient la proie des convoitises de nonnes cloîtrées. Tandis que Richelieu souhaite abattre les remparts du temple religieux, Mère Jeanne des Anges, secrètement éprise de Grandier, fomente de graves accusations de sorcellerie à son encontre.
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. Œuvre frappadingue d’une audace incongrue, Les Diables est une spirale de folie pure où l’intolérance et le fanatisme religieux se nourrissent de superstitions démoniaques. Ken Russell, en pourfendeur furieux, pousse le délire et l’aliénation jusqu’à l’extrême pour mieux exposer l’absurdité des mentalités fondamentalistes. Sa mise en scène, démesurée, érige l’architecture baroque en théâtre de la démence. Il y narre le déclin d’un abbé, homme de foi mais sexuellement affranchi, emporté dans le chaos par la jalousie d’une religieuse bossue, mentalement égarée. Acculé devant un tribunal pour sorcellerie, Grandier devient l’agneau sacrificiel d’une mascarade inquisitoriale. Soumises à la torture, d’autres nonnes se laissent prendre au simulacre, trouvant là une étrange délivrance. Sauvées in extremis d’une mort certaine par un exorciste dévoré de zèle, elles sombrent dans une orgie furieuse pour s’affranchir de leurs frustrations charnelles. Tout autour, les badauds assistent, complices et voyeurs, à cette sarabande infernale.
Scènes scabreuses, psychés torturées, visions hallucinées :Les Diablesest une descente aux enfers sans filet. Un délire historico-emphatique où l’ombre d’un pouvoir théocratique pousse les êtres à leurs instincts les plus vils, pour mieux condamner un homme d’église porté par la tolérance. Cinéaste expérimental et téméraire, Ken Russell nous emporte dans un cauchemar frénétique, où l’hystérie collective secoue le spectateur sans jamais verser dans le racolage. Si certaines images heurtent par leur crudité, le film évite la complaisance, préférant dénoncer une réalité historique effrayante : celle d’un fanatisme qui consume tout sur son passage. Irrigué d’un florilège d’images scandaleuses, outrancières, subversives, Les Diables n’oublie jamais de révéler la dimension humaine d’un prêtre libéral. Le calvaire d’un homme de Dieu, fustigé par un État totalitaire et trahi par les siens, alors que sa seule éthique était d’offrir tolérance et charité.
Dans le rôle de Grandier,Oliver Reedincarne son personnage avec une vérité humaine, pugnace, désabusée, dans une quête rédemptrice pour prouver à un tribunal biaisé qu’il n’a jamais renié Dieu. Son courage inflexible face à la torture, sa dignité face au bûcher, élèvent sa foi en la liberté jusqu’à l’incandescence. Et Vanessa Redgrave, dans le rôle de Mère Jeanne — étrangement suave —, glace le sang en martyre estropiée rongée par la jalousie et les visions christiques. Son profil pathologique, tout en fêlures, nous terrifie autant qu’il nous émeut, emporté par une déchéance mentale nourrie par l’idéologie puritaine.
"La foi en flammes".
Pamphlet furieux contre l’intégrisme religieux et l’inquisition, Les Diables reste un témoignage sans fard d’une époque effrayée par la réforme. Hystérique, choquant dans sa représentation des « possédées de Loudun », ce chef-d’œuvre blasphématoire sacralise pourtant une chose essentielle : l’ode à la tolérance.
de Lucio Fulci. 1977. Italie. 1h40. Avec Giuliano Gemma, Sven Valsecchi, Ettore Manni, Gianni De Luigi, Cinzia Monreale, Licinia Lentini, Aldo Sambrell, Philippe Hersent.
Inédit en France. Sortie salles Italie: 20 Avril 1978
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 :L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio,1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.
Pas une grande réussite mais un sympathique western, jalonné de bonnes scènes d'action et suffisamment efficace pour maintenir l'intérêt jusqu'au bout.
Photo empruntée sur Google, appartenant au sitepapyblues.com/
de Terence Fisher. 1958. Angleterre. 1h22. Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Michael Gough, Melissa Stribling, Carol Marsh, Olga Dickie, John Van Eyssen, Valérie Gaunt, Janina Faye, Barbara Archer.
Sortie Salles France: 4 Février 1959. U.S: 8 Mai 1958
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur, 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer. .
Un an après l’immense succès de Frankenstein s’est échappé, Terence Fisher renoue avec la même équipe technique (directeur photo, décoriste, scénariste, compositeur) et enrôle les deux vétérans de l’épouvante, Cushing et Lee, pour réactualiser sa version de Dracula, librement inspirée du roman de Bram Stoker. À l’arrivée, ce titre emblématique de la Hammer, concrétisé en 1958, demeure LE chef-d’œuvre absolu du mythe vampirique — maintes fois copié, jamais égalé !
Le pitch : Jonathan Harker se rend au château du comte Dracula sous couverture de bibliothécaire. Résolu à l’éliminer, il attend la tombée du jour pour le sacrifier dans son cercueil. Mais une jeune femme vampire, asservie par le comte, l’attaque et le mord. Le docteur Van Helsing part alors à sa recherche, craignant que son acolyte ne soit tombé à son tour sous l’emprise du prince des ténèbres.
Le Cauchemar de Dracula ! Titre culte qu’une génération de fantasticophiles découvrit, un mardi soir de 1985, dans La Dernière Séance d’Eddy Mitchell — il était 23h ! Que reste-t-il aujourd’hui de ce souvenir mythique, gravé dans le cœur des passionnés, où Van Helsing tentait encore de sauver le monde en traquant inlassablement le comte des Carpates ? Si les diamants sont éternels, le chef-d’œuvre de Fisher brille lui aussi d’un éclat immuable, porté par une mise en scène d’une rigueur géométrique, d’une pureté saisissante.
. Beauté gothique des décors architecturaux, environnement champêtre d’un onirisme tranquille, teinte sépia d’une photographie picturale, narration structurée avec un sens aigu du vraisemblable. Mais surtout: un affrontement légendaire entre deux gentlemans de l’horreur — Peter Cushing / Christopher Lee. En revoyant l’œuvre, encore et encore, on mesure à quel point la fascination que suscitent ses images flamboyantes tient de la sidération pure.
À travers une atmosphère gothique d’un érotisme brûlant, les femmes soumises deviennent l’objet du désir d’un prince des ténèbres en quête de revanche. Ici, à l’inverse du roman de Stoker ou des adaptations futures, Dracula n’est jamais épris — il violente, il contamine, il souille. Sa morsure est un acte de domination charnelle, sa mégalomanie : propager le Mal. Deux séquences magistrales montrent des femmes, alanguies dans leur lit de soie, gagnées par un vertige sexuel irrésistible, prêtes à accueillir leur bourreau. Cet érotisme rampant est exacerbé par leur posture : craintive ou extatique, elles redoutent, autant qu’elles désirent, l’irruption orgueilleuse du prince. Ce trouble de répulsion/attraction, cette impuissance face à un désir inextinguible, nous fascine — car il touche à l’obscène, à l’interdit, à l’éternel.
Mais au-delà de cette sensualité exaltée, le récit suit aussi la quête salvatrice de Van Helsing, épaulé par Arthur Holmwood, frère de la première victime, dans une traque semée d’embûches. Une maîtresse vampirisée rôde la nuit, cherchant à attirer la petite Tania dans un sous-bois brumeux. Dracula, bien décidé à contaminer la compagne d’Arthur, multiplie les subterfuges pour éliminer ses adversaires. Ce pouvoir d’envoûtement inaltéré, Le Cauchemar de Dracula le doit aussi à l’élégance virile de ses deux protagonistes.
Dans le rôle du vampire, Christopher Lee livre une performance insidieuse, en aristocrate glacé au regard noyé de perversité, son corps hiératique drapé d’une cape immense. Face à lui, Peter Cushing incarne un Van Helsing loyal et pugnace, imposant par sa prestance et sa ferveur héroïque à vouloir anéantir un damné.
Mis en scène avec une virtuosité fulgurante, alliance de gothisme funèbre et de sensualité torride, LeCauchemar de Dracula illustre la vision d’un créateur convaincu du pouvoir érotique de son mythe. Tandis que deux gentlemans, au charisme souverain, impriment leur duel dantesque dans la rétine du spectateur.
Quoi de plus belle déclaration d’amour au mythe de Dracula que cette version luminescente, vouée à nous hypnotiser ad vitam aeternam ?
Photo empruntée sur Google, appartenant au site m.iphotoscrap.com
de Adrian Hoven. 1973. Allemagne/Royaume-Uni. 1h37. Avec Erica Blanc, Anton Driffing, Percy Hoven, Lukas Ammann, Jean Pierre Zola, Astrid Kilian.
FILMOGRAPHIE: Adrian Hoven est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste, né le 18 Mai 1922 en Autriche, décédé le 8 Mai 1981 en Allemagne. 1966: der Morder mit dem Seidenschal. 1968: Im Schlob der blutigen Begierde. 1970: La Marque du Diable (non crédité). 1971: Les Fantaisies amoureuses de Siegfried. 1973: La Torture. 1974: Pusteblume. 1983: Die Madchen aus der Peep Show
Un mot sur La Marque du Diable 2, retitré chez nous La Torture sur bande Vhs "VIP", tourné trois ans plus tard.
Pur produit d’exploitation, plus malsain encore, putassier, racoleur, complaisant jusqu’à la nausée. Les séquences de torture et de viol distillent leur répulsion attendue, sans vergogne.
Dommage que la réalisation, aseptisée et supervisée par Adrian Hoven (co-réalisateur du premier opus), et ce montage elliptique, ne laissent guère de place à la maîtrise. L’intrigue rachitique, elle, risque bien d’endormir les plus patients au bout d’une heure à peine.
Avec indulgence, La Marque du Diable 2 se regarde ou se redécouvre comme une curiosité vaguement sympathique, portée par une pléiade d’acteurs attachants (pour la plupart rescapés du premier volet), hélas mal exploités à travers des personnages prémâchés. Reste quelques beaux décors, domestiques ou naturels, à l’aura diffuse, et une reconstitution historique plutôt convaincante, fût-elle façonnée avec un budget de misère.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
d'Andrew Stanton. 2011. U.S.A. 2h13. Avec Taylor Kitsch, Lynn Collins, Willem Dafoe, Bryan Cranston, Mark Strong, Ciaran Hinds, Dominic West, Thomas Haden Church, Samantha Morton, James Purefoy.
Sortie salles France: 7 Mars 2012. U.S: 9 Mars 2012
FILMOGRAPHIE: Andrew Stanton est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 3 Décembre 1965 à Boston, Massachusetts. 2003: Le Monde de Nemo. 2008: Wall-E. 2012: John Carter. 2013: Monster and Cie 2 .
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D'après l'adaptation du roman d'Edgar Rice Burroughs (Une Princesse de Mars,publié en 1912) et réalisé par un spécialiste du film d'animation (Le Monde de Nemo, Wall-E de l'écurie Pixar), John Carter bénéficia d'une promotion désastreuse de la part des nouveaux dirigeants de Disney. Si bien que vendu comme un blockbuster mercantile conçu pour rameuter un public juvénile de moins de 12 ans, dévalorisé par une affiche puérile et d'un trailer compromis au simulacre, John Carter essuya finalement un échec commercial au box-office. Avec comme conséquence la démission de Rich Ross, président des Walt Disney Studios,le film étant un des plus gros budgets jamais enregistrés pour la compagnie (250 000 000 dollars !).
Le Pitch: John Carter, soldat de la guerre de sécession, se retrouve téléporté sur Mars après avoir manipulé un étrange médaillon. Débarqué sur une contrée désertique à gravité défaillante, il se surprend à se déplacer de manière furtive en perpétrant des bonds extraordinaires dans les airs. Rapidement, d'étranges créatures extra-terrestres affublées de quatre bras viennent à sa rencontre. Kidnappé de force, il se retrouve soumis à l'esclavage du peuple des Tharks. Dans une autre contrée, la princesse Dejah Thoris de la cité d'Helium est contrainte d'épouser contre son gré le roi de zodanga, Sab Thran, délibéré à éradiquer sa ville. John Carter se retrouve donc mêlé aux affrontements entre clans et devra user de bravoure pour contrecarrer les ambitions belliqueuses des guerriers de Zodanga. .
Epopée fantastique non dénuée de lyrisme et de souffle épique auprès de ses diverses batailles homériques, John Carter est un spectacle flamboyant comme on en savourait durant la sacro-sainte décennie 80. Le genre de divertissement familial intègre car entièrement voué à nous immerger dans une aventure échevelée hors du commun. Et si le scénario touffus, voir désordonné, peut parfois provoquer une certaine confusion dans l'esprit du spectateur, sa richesse formelle d'un univers dépaysant et la dimension humaine inscrite dans l'héroïsme des personnages y transcendent ses menus défauts. D'autant plus qu'en affiliant le western, le péplum, l'aventure et le space opéra, John Carter nous traduit sans excès d'esbroufe une planète rouge sur le déclin où des nations rivales se disputent un bout de terrain.
Au sein de ce conflit peuplé de guerriers pugnaces, de créatures humanoïdes et de monstres hybrides, un terrien se retrouve donc projeté sur leur galaxie en méditant sur l'intérêt à s'impliquer dans une guerre déloyale. Ses pouvoirs démesurés, permettant de se déplacer dans les airs à une vitesse vertigineuse attisera également la curiosité des clans en rivalité. Mais c'est surtout sa rencontre avec une jeune princesse asservie, livrée aux noces d'un odieux affabulateur qui lui permettra de redorer un sens à sa nouvelle existence en s'improvisant héros rédempteur.
Avec tempérance et refus de facilité spectaculaire, le réalisateur Andrew Stanton établit dans sa première partie une importance capitale à représenter ses personnages autoritaires, compromis à une guerre de clans pour la survie de la cité d'Helium. Ce florilège de protagonistes hétéroclites caractérisés par une hiérarchie drastique d'extra-terrestres opiniâtres et de leaders antinomiques renforcent son authenticité à daigner retranscrire un univers fantasmagorique plus vrai que nature ! Quand bien même des créatures extravagantes (la vaillance du chien-monstre royalement fidèle, les Thern, humanoides perfides ayant la faculté de changer d'apparence humaine ou encore les deux singes blancs déliés dans l'arène), participent autant à sa vraisemblance topographique. Et pour en revenir à la romance tourmentée entre notre héros Jet la princesse Dejah Thoris, elleaccentue également une certaine densité émotionnelle à travers leur psyché contradictoire dont l'enjeu est d'y favoriser une croisade guerrière au nom de la liberté. Or, c'est durant cette seconde partie échevelée, multipliant diverses rixes de bataille rangée (aériennes ou terriennes) que l'action intrépide s'y structure au sein de décors démesurés inscrits dans un environnement naturel non factice. .
. Dépaysant en diable, naturellement attachant, fertile en péripéties et truffé à rabord de personnages haut en couleurs, John Carter est le genre de divertissement déférent car entièrement voué à créer un univers atypique terriblement stimulant, expressif, endiablé, exaltant. En dépit de sa convention narrative néanmoins soutenue de quelques astuces judicieuses (l'alchimie du médaillon du 9è rayon, les véritables motivations des Therns et l'épilogue à rebondissements), ce spectacle familial rend honneur à l'intelligence du spectateur parce qu'il ne se complaît jamais dans une surenchère de caniveau. Suffisamment trop rare donc pour ne pas le surligner d'autant plus qu'une certaine réflexion sur la cause guerrière y est habilement dépeinte. On est donc très loin des baudruches de l'époque qui ont inondé sans vergogne notre box-office international (Battle Los Angeles, Prince of Persia, Transformers 3, le Choc des Titans, Battleship et consorts...).
de John Milius. 1973. U.S.A. 1h46. Avec Warren Oates, Ben Johnson, Harry Dean Stanton, Michelle Philips, Richard Dreyfuss.
FILMOGRAPHIE: John Milius est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 11 Avril 1944 à Saint-Louis, dans le Missouri, aux Etats-Unis. 1973: Dillinger. 1975: Le Lion et le Vent. 1978: Big Wednesday. 1982: Conan le Barbare. 1984: l'Aube Rouge. 1989: l'Adieu au Roi. 1991: Le Vol de l'Intruder.
Petit coup de coeur pour un film de gangsters que Jérome Roulon m'avait offert dernièrement. Dillinger, première réalisation de John Milius avec Warren Oates et une pléiade de comédiens aux trognes viriles. Cette évocation à feu et à sang d'un des plus célèbres gangsters des années 30 est criante de vérité dans son aspect documentaire, non dénué d'une sobre romance (ça peut aussi rappeler Bonnie and Clyde par moments, avec entre autre une texture visuelle similaire). Et bon dieu, les scènes d'actions, cinglantes, défoncent tous sur leur passage. On sera aussi étonné de l'extrême violence de certains passages, notamment l'épilogue fatalement tragique. Encore une rareté oubliée de tous, à réhabiliter d'urgence ! Dans les bacs pour une poignée d'euros !