lundi 13 octobre 2025

Good Boy de Ben Leonberg. 2025. U.S.A. 1h13.

                          (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site Imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives)

"Dans les yeux du chien, la peur a un visage."

Armé d’un concept aussi couillu que casse-gueule, Ben Leonberg parvient, avec autant d’habileté que d’ambition, à ne jamais le faire sombrer dans le ridicule.

Entièrement tourné du point de vue d’un chien réduit à la solitude dans une demeure potentiellement hantée, aux côtés d’un maître rongé par le cancer, Good Boy exploite à merveille chaque recoin de cette étrange bâtisse, avec une maîtrise technique terriblement inspirée - fréquemment à hauteur du chien. Par la force de cette mise en scène inventive, auscultant les réactions de stupeur et d’appréhension d’un simple animal, nous participons à une expérience horrifique comme nul autre film n’avait su l’oser.
Mais si Good Boy demeure si singulier, si dérangeant, si déstabilisant - c’est dans sa faculté sensorielle à nous confondre à la place du chien. Comme lui, nous ne comprenons jamais tout à fait ce que nous voyons, ni ce que nous subissons. Le réalisateur brouille les frontières entre rêve, hallucination et réalité, au gré de visions opaques d’une entité fangeuse, sournoise, pernicieuse - sans pitié.

À travers l’impuissance et la fragilité d’un simple canidé pris au piège d’une expérience surnaturelle bâtie sur l’incompréhension, l'impuissance et la cruauté, Good Boy nous enferme dans une double position inconfortable : celle du voyeur et de la victime. Une intensité émotionnelle que l’on ne voit jamais venir à travers son initiation héroïque doublée d'une une tension oppressante qui va délicatement crescendo. C’est là que réside la force, la véracité de cette hantise démoniale vue à travers les yeux d’un acteur canin d’une expressivité désarmante. Jusqu’à ce final subtilement émouvant par le non-dit qui refuse le happy-end attendu.

En matière d’horreur, si l’année 2025 ne déroge pas à la règle qualitative, Good Boy prouve qu’avec de l’ambition et l’intelligence de ne pas prendre le spectateur pour un ado ou un imbécile, il est encore possible d’offrir des œuvres qui s’impriment durablement en nous. Avec ce sentiment noble et rare d’avoir participé à quelque chose de neuf, de réellement novateur, au cœur du vieux thème de la maison hantée.

Une sacrée surprise donc, qui laisse derrière elle un frisson persistant, trouble et dérangeant, un souffle de hantise jamais vraiment éteint bien après le générique.

— le cinéphile du cœur noir

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