Photo empruntée sur Google, appartenant au site lci.tf1.fr
de Serge Leroy. 1975. France. 1h35. Avec Mimsy Farmer, Jean-Pierre Marielle, Jean-Luc Bideau,
Michael Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard, Paul Crauchet, Michel Robin.
Sortie salles Allemagne: 7 Novembre 1975
FILMOGRAPHIE: Serge Leroy est un réalisateur français, né le 14 Mai 1937 à Paris, décédé le 27 Mai 1993.
1973: Le Mataf. 1975: La Traque. 1977: Les Passagers. 1978: Attention, les enfants regardent. 1981: Pause-café. 1982: Légitime Violence. 1983: L'Indic. 1985: Double Face (téléfilm). 1985: Le Quatrième Pouvoir. 1988: Contrainte par corps. 1989: Pause-café, pause tendresse. 1989: Une saison de feuilles (télé-film). 1991: Les Cahiers Bleus (télé-film). 1992: Maigret chez les Flamands (télé-film). 1992: Maigret et le corps sans tête (télé-film). 1993: Taxi de Nui.
Survival brut de décoffrage pour un genre peu prisé dans le paysage du cinéma français, la Traque porte la signature du franc-tireur Serge Leroy. Un cinéaste audacieux ayant surtout oeuvré dans les années 70 et 80, comme le souligne l'excellent Attention les Enfants regardent (farce caustique sur l'influence que peut exercer la violence télévisuelle chez nos têtes blondes). Peu diffusé à la TV et inédit en Dvd dans l'hexagone, La Traque constitue un modèle de mise en scène plus de 40 ans après sa sortie confidentielle. Dans le sens où la réalisation consciencieuse privilégie l'aspect inhabituellement documenté d'un thriller âpre profondément malsain où la dynamique de groupe s'accorde une complicité commune d'une rare vilenie. La violence des actes émanant autant d'une brutalité physique (le viol, les blessures corporelles à l'arme à feu) que d'une psychologie perfide (les bourreaux multipliant points de vue et comportements contradictoires avant une connivence déloyale). A travers le périple cauchemardesque d'une jeune anglaise pourchassée par des chasseurs en pleine forêt après avoir été violée, Serge Leroy cultive un réalisme poisseux afin de déranger le spectateur témoin malgré lui d'une battue d'un nouveau genre, la chasse au gibier humain.
Dans la lignée du Comte Zaroff pour sa réflexion sur la bassesse et l'instinct pervers du chasseur avide de pourchasser sa proie (humaine) jusqu'à ce que mort s'ensuive, la Traque dresse le portrait pathétique d'une communauté de bourgeois machistes compromis par leur confort, leurs pulsions lubriques et punitives ainsi que leur lâcheté. Bien que le film affiche une distribution de premier choix (on y croise Jean-Pierre Marielle, Jean-Luc Bideau, Michael Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard, Paul Crauchet et Michel Robin), on en arrive à oublier ses têtes familières tant chacun des comédiens exprime un naturel sobre dans leur fonction couarde, pleutre, mesquine et sournoise. Quant à la jeune actrice américaine Mimsy Farmer, cette dernière insuffle une acuité fragile dans sa carrure filiforme de proie incessamment molestée par des justiciers sans vergogne. Spoil ! Ces derniers s'efforçant de la traquer sans relâche pour lui autoriser une transaction depuis sa complicité de s'être vengée auprès d'un des tortionnaires. Habités prochainement par une justice expéditive, leurs comportements impulsifs finissent à leur tour par les inciter à la vendetta Fin du spoil. Par son regard tendre et candide habité par le désespoir et l'angoisse de trépasser, Mimsy Farmer provoque un malaise toujours plus tangible face à sa condition torturée. Ce qui nous converge vers une glaçante conclusion d'une violence psychologique difficilement soutenable !
Apre, tendu, malsain, dérangeant, poisseux, désespéré, La Traque est l'une des rares incursions françaises à s'être essayé au survival rural avec brio et réalisme sans fard. Car plus de 40 ans après sa sortie, cette descente en enfer champêtre continue d'exercer un pouvoir vénéneux dans sa déchéance immorale. Tant par la situation insurgée de la victime violée que de la peinture sordide allouée à une bourgeoisie invulnérable (à l'instar de leur culpabilité victorieuse).