vendredi 9 décembre 2016

Ginger Snaps: Resurrection / Ginger Snaps 2: Unleashed

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site dpstream.net

de Brett Sullivan. 2004. Canada. 1h34. Avec Emily Perkins, Tatiana Maslany, Eric Johnson, Janet Kidder, Brendan Fletcher, Katharine Isabelle,

Sortie salles Canada: 30 Janvier 2004

FILMOGRAPHIE: Brett Sullivan est un réalisateur et scénariste canadien.
2004: Ginger Snaps: resurrection. 2007: The Chair. 2015: A Christmas Horror Story.

Si John Fawcett, réalisateur du 1er opus, céda sa place au néophyte Brett Sullivan, ce dernier n'a rien à lui envier si bien que Ginger Snaps: resurrection s'avère à mon sens encore plus réussi que son modèle (j'en suis au 4è visionnage pour m'en convaincre) derrière ses paraboles sur la toxicomanie et la crainte de devenir femme. Une gageure inespérée qui mérite d'être surlignée tant cette séquelle façonnée sans prétention nous immerge de plein fouet dans un authentique cauchemar à la fois irrespirable, dark en diable, dépressif, glauque, fascinatoire au possible, profondément dérangeant par son climat malsain olfactif. Le Pitch: Brigitte, soeur de Ginger, est internée dans un centre psychiatrique après ses allégations improbables autour de l'agression d'un ami par un loup-garou. Accro à l'Aconit, un poison mortel qui devrait l'empêcher de devenir à son tour loup-garou, elle s'efforce de retarder sa métamorphose avec l'aide d'une jeune ado, Ghost. Ensemble, elles décident de s'enfuir de l'hôpital pour se confiner dans la maison de la grand-mère de cette dernière. Un pitch classique mais très efficace que Brett Sullivan  parvient à rendre passionnant de par la caractérisation fragile des deux ados marginales dont le corps médical n'a que peu d'intérêt à leur condition névrosée. Le foyer potentiellement sécurisant étant en prime corrompu par un trafic de drogue qu'un des jeunes infirmiers érotomanes organise sous le mode du racket. Saturé d'une magnifique photo monochrome aux teintes infiniment ébènes et érubescentes pour ces séquences de violence particulièrement sauvages, et de la contribution musicale d'une bande-son dissonante aux accents stridents, Ginger Snaps 2 extériorise un climat crépusculaire ensorcelant au fil des pérégrinations de nos rebelles pourchassées par un loup criant de férocité !


Très impressionnantes, ces apparitions cinglantes, qui plus est, souvent intelligemment suggérés (afin de mieux faire travailler notre imaginaire) fascinent et terrifient par le biais d'FX mécaniques particulièrement réalistes bien que lestement discrets. Le réalisateur ne lésinant pas sur la brutalité escarpée de ses exactions meurtrières aussi cruelles que sanglantes. Mais la force du film réside également dans la cohésion amicale que se partagent Brigitte et Ghost puisque livrées à elles mêmes au sein d'un contexte occulte hérité des contes de fée. Ces dernières étant contraintes de se planquer dans les endroits les plus blafards (conduits et sous-sols hospitaliers, cave, chambre, grenier d'une demeure mortifère) en guise de survie, quand bien même l'infirmier sans vergogne pourrait être à nouveau sollicité à leur livrer de l'Aconit afin de déjouer la malédiction de Brigitte. Dominé par la prestance photogénique d'Emily Perkins, l'actrice porte le film sur ses épaules dans sa posture de toxico renfrognée en proie à la peur (métaphorique) de l'éveil sexuel dans son corps chrysalide. Quand bien même la petite Tatiana Maslany (révélée dans la série TV Orphan Black) lui partage la vedette avec l'ambiguïté d'un tempérament schizo en demi-teinte. Outre ses nombreuses courses-poursuites à la fois haletantes et angoissantes au sein d'un hôpital puis d'un huis-clos littéralement opaque (la demeure vétuste auquel un tragique incendie causa la mort de la grand-mère de Ghost), Ginger Snaps 2 gagne en intensité durant l'évolution morale de Brigitte en affrontant courageusement son pire rival. Dans la mesure où le réalisateur illustre scrupuleusement sa lente progression vers la lycanthropie avec une densité humaine dépressive, notamment du fait de ses crises de manque à l'Aconit (plante herbacée conçue à la base pour empoisonner les loups) et de sa volonté d'affronter le danger en guise de dignité, de bravoure, de baroud d'honneur.


Darkness.
Atmosphérique au possible, malaisant et capiteux de par sa vénéneuse ambiance mortifère soucieuse du détail formel, cafardeux et poisseux sous éclairage d'un esthétisme nocturne étonnamment onirique, Ginger Snaps 2 tire-parti de son réalisme et de sa vigueur émotionnelle grâce au portrait instable imparti aux deux ados en perdition morale. Le réalisateur s'efforçant en prime de nous ébranler en fin de parcours quant à la véritable identité d'un témoin capital et d'achever sa conclusion vers un nihilisme à l'ironie glaçante. A découvrir d'urgence.

B-M. 
15.07.23. 4èx
 
                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de John Fawcett. 2000. U.S.A. 1h48. Avec Emily Perkins, Katharine Isabelle, Kris Lemche, Mimi Rogers, Jesse Moss, Danielle Hampton

Sortie salles Canada: 11 Mai 2001. Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIEJohn Fawcett est un réalisateur américain, né le 5 Mars 1968 à Edmonton, Alberta, Canada. 1997: The Boys Club. 2000: Ginger Snaps. 2001: Lucky Girl (télé-film). 2005: The Dark. 2008: The quality of life. 2006: Issue Fatale.


Inédit en salles en France et directement sorti en Dvd en catiminie, Ginger Snaps aborde le thème de la lycanthropie avec une rare intelligence pour son traitement des personnages. Celui de deux soeurs inséparables partagées entre un goût pour le morbide (elles se mettent en scène pour exprimer diverses tentatives de suicide) et un désir de séduction au prémices de leur puberté. Sauvagement agressée en pleine nuit par un loup-garou à proximité d'un parc, Ginger change peu à peu de comportement face à l'impuissance de sa soeur cadette. Communément soudées par les liens de la fratrie, Brigitte tente de trouver une solution pour enrayer le mal qui ronge Ginger. Si sur le papier, le scénario sans surprises laisse craindre une resucée convenue du film de loup-garou, John Fawcett en décortique une métaphore sur la crise adolescente et le passage à l'âge adulte d'un point de vue féminin. Un parti-pris rarement abordé chez la thématique lycanthrope permettant au récit de renouveler les clichés même si on peut prêter une certaine allusion au personnage infortuné de Carrie de De Palma (notamment lorsque Ginger observe pour la première fois ses menstruations depuis sa transformation corporelle).


Avec tact et une sobre tendresse pour dresser les portraits fragiles de deux ados rebelles, Ginger Snaps adopte une tournure documentée afin de mettre en exergue une tragédie horrifique bâtie sur l'étude de caractère. En portant un regard scrupuleux sur le malaise adolescent et l'angoisse de la mort du point de vue de deux soeurs marginales, cette série B aux allures de télé-film témoigne d'une surprenante vigueur psychologique pour la descente aux enfers d'ados en crise identitaire. Tant pour la victime en proie à des pulsions sanguinaires et sexuelles incontrôlées que du témoignage de sa soeur complice, bouleversée à l'idée d'endurer sa lente mutation et s'efforçant de trouver un antidote. Formidablement incarné par deux actrices juvéniles épatantes de tempérament dans leur complicité affectée et véreuse (notamment leur collaboration meurtrière), Emily Perkins et Katharine Isabelle portent le film à bout de bras avec un naturel expansif. Outre le réalisme du contexte horrifique aussi improbable, on est également surpris de la véracité des crimes perpétrés avec brutalité par une créature indomptable ! Les effets spéciaux artisanaux s'avérant par ailleurs convaincants pour donner chair au loup-garou quand bien même les effets gores insistent à décrire l'agonie haletante des victimes sans un chouia de complaisance.


Délibéré à transcender l'objet de série B sous couvert d'une passionnante étude de caractères, John Fawcett en extrait un documentaire sur l'émoi adolescent sous l'impulsion de deux comédiennes en roue libre. On peut donc aujourd'hui considérer sans réserve Ginger Snaps comme un classique moderne à conserver auprès de La Nuit du Loup-garouHurlements et le Loup-garou de Londres

B-M. 3èx

RécompensesPrix spécial du jury, lors du Festival international du film de Toronto en 2000.
Prix du meilleur film, meilleure actrice pour Emily Perkins et meilleurs effets spéciaux, lors de la Semaine du cinéma fantastique de Málaga en 2001.
Prix du meilleur film sorti en DVD, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 2002.

Prix du meilleur film, lors des International Horror Guild Awards en 2002.

jeudi 8 décembre 2016

Appel d'Urgence / Miracle Mile


"Miracle Mile" de Steve De Jarnatt. 1987. U.S.A. 1h27. Avec Anthony Edwards, Mare Winningham, John Agar, Lou Hancock, Mykelti Williamson, Kelly Jo Minter, Kurt Fuller, Denise Crosby.

Sortie salles France: 31 Janvier 1990.  U.S: 19 Mai 1989.

FILMOGRAPHIE: Steve De Jarnatt est un réalisateur et scénariste américain.
1983: Strange Brow. 1987: Cherry 2000. 1988: Appel d'Urgence


Perle rare honteusement oubliée, toujours inédite en support numérique — du moins dans l’Hexagone — Miracle Mile constitue un morceau de suspense vertigineux. L’originalité de son concept, filmé en temps réel, capte d’emblée : dans une cabine téléphonique, un homme reçoit l’appel paniqué d’un inconnu lui annonçant une guerre nucléaire dans un délai d’1h10 ! Dès lors, la tension monte, sensorielle, sourde, contaminante. Le héros nous la transmet à mesure qu’il traverse une ville au bord du chaos, dans l’espoir insensé de retrouver son nouvel amour et passer avec elle les derniers instants... puis fuir Los Angeles en hélicoptère parmi quelques rescapés. Encore faut-il, dans ce maelström, trouver le pilote pour les mener à l’aéroport.

Véritable périple de tous les dangers, semé de rencontres impromptues avec des quidams apeurés, individualistes, parfois hostiles, Appel d’Urgence hypnotise, comme une expérience crépusculaire saisie sur le vif — la lueur de l’aube s’incrustant progressivement, au rythme implacable d’une temporalité resserrée. Les événements se précipitent, entre incidents fortuits et romance désespérée, tandis qu’un climat anxiogène s’installe, gangrené par la folie. À l’intensité de cette situation inédite s’ajoute le doute : peut-on croire cette voix, ce soldat affolé à l’autre bout du fil, qu’on ne reverra jamais et dont on ignore la santé mentale ?

Porté par une mise en scène rigoureusement tendue et quelques séquences chocs, parfois d’une cruauté foudroyante, Appel d’Urgence nous immerge dans une paranoïa grandissante, où chaque personnage semble contaminé par la rumeur. Jusqu’au final, terrifiant, qui s’acharne à traduire sans fard les derniers spasmes d’une société en chute libre, montrant une foule aliénée se heurter aux portes de l’apocalypse. Le méconnu Steve De Jarnatt — réalisateur de séries et du film Cherry 2000 — signe ici un point d’orgue anthologique, retranscrivant avec une rigueur quasi documentaire un effondrement moral à la portée universelle.


Expérience sensorielle profondément pessimiste quant à son issue (non exempte pourtant d’un romantisme onirique dans son ultime image), Appel d’Urgence cultive un suspense à trancher au rasoir, dans l’écrin d’une série B à l’efficacité redoutable. Sur le thème de l’apocalypse nucléaire et de ses conséquences irréversibles, c’est à mon sens l’un des films les plus viscéralement terrifiants — et haletants — que j’aie pu voir, aux côtés du Jour d’Après de Nicholas Meyer. Le score envoûtant de Tangerine Dream, pulsation sourde dans l’urgence, n’est d’ailleurs pas étranger à l’impact émotionnel de cette course (vaine) contre la montre.


B-M. 2èx

Récompense: Prix des meilleurs effets-spéciaux au festival international du film de Catalogne.

08.12.16
04.03.11 (266 v)


                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site encyclocine.com

de Nicholas Meyer. 1983. U.S.A. 2h06. Avec Jason Robards, JoBeth Williams, Steve Guttenberg, John Cullum, John Lithgow, Bibi Besch, Lori Lethin, Amy Madigan.

Diffusion TV U.S: 20 Novembre 1983. Sortie salles France: 25 Janvier 1984

FILMOGRAPHIENicholas Meyer est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 24 Décembre 1945 à New-York.
1979: C'était demain. 1982: Star Trek 2. 1983: Le Jour d'Après. 1985: Volunteers. 1988: Les Imposteurs. 1991: Company Business. Star Trek 6. 1999: Vendetta.


Phénomène télévisuel lors de sa diffusion américaine à tel point qu'il créa un vent de panique chez plusieurs spectateurs (un standard téléphonique était à disposition le jour même de sa projection !), Le Jour d'Après a engendré un tel impact émotionnel que notre pays hexagonal s'est empressé de l'exploiter en salles de cinéma. Oeuvre de fiction post-apo illustrant les conséquences catastrophistes d'une troisième guerre mondiale assujettie au péril nucléaire, le Jour d'Après décrit avec un réalisme abrupt la survie d'une centaine de survivants touchés par la radioactivité. Établi en trois parties, la narration s'attache de prime abord à nous décrire la quotidienneté de diverses familles peu à peu enclins à l'inquiétude lorsque les infos télévisées annoncent un conflit politique de grande envergure entre l'URSS, l'Allemagne de l'Est et les Etats-Unis. La caractérisation des personnages nous est illustrée de manière traditionnelle dans leur principes de valeurs morales liés à l'harmonie familiale. Au fil des informations alarmistes retransmises à la télé et à la radio, l'anxiété et l'appréhension des citadins commencent à prendre une ampleur incontrôlée quand certains d'entre eux décident d'investir les centres commerciaux afin de remplir leur cadis. Alors que toute une famille se réfugie au fond d'une cave pour se prémunir d'une potentielle attaque, certains pèlerins situés à des kilomètres de leur foyer tentent de rejoindre leurs proches le plus furtivement qu'ils peuvent.


C'est au moment où les missiles américains sont envoyés vers l'URSS qu'une riposte fatale va plonger les Etats-unis dans un holocauste nucléaire d'une envergure apocalyptique. Les effets spéciaux perfectibles alternant le cheap et le réalisme (épaulé de stock-shots issus des films Un Tueur dans la foule et Meteor) réussissent néanmoins à provoquer une terreur insondable. C'est d'abord l'explosion de missiles atomiques ébauchant l'icône du fameux champignon qui nous est asséné de plein fouet devant le témoignage d'une population horrifiée. Brasiers industriels, destructions massives de cités urbaines décharnées nous sont ensuite représentées avec une vigueur visuelle proprement cauchemardesque. Pour une production télévisuelle, Nicholas Meyer frappe fort dans sa détermination à secouer le public sans esbroufe mais avec un effort de persuasion dont l'impact se révèle inévitablement éprouvant. Cette seconde partie, aussi concise qu'elle soit, réussit avec une efficience implacable à provoquer une stupeur et une terreur proprement viscérales !


La dernière partie, la plus prolixe, poignante et jusqu'au boutiste nous illustre les conséquences du désastre atomique à travers le destin d'une poignée de survivants et de ces quelques familles désunies que le réalisateur avait pris soin de nous familiariser. Avec des moyens considérables et l'entremise de centaines de figurants, le réalisateur décrit "l'après apocalypse" par l'entremise d'images saisissante de désolation. Amas de cendres sur les champs calcinés, forêt clairsemée dénuée de végétation, arbres dépouillés de feuillage, cadavres d'animaux, charniers de cadavres en décomposition ou momifiées. L'odeur du choléras et de la mort distillent dans l'air une atmosphère feutrée tandis que des pillards et terroristes sans abri tentent d'imposer la loi du plus fort. Cette dernière partie très impressionnante dans sa vision dantesque de fin d'un monde nous immerge au sein d'une Amérique agonisante où chaque survivant erre sans lueur d'espoir à la manière de zombies condamnés.


Cri d'alarme contre la menace du péril atomique si une troisième guerre mondiale devait un jour aboutir, le Jour d'Après est une impitoyable charge contre la politique de nos gouvernements en divergence insoluble. La verdeur de ces images morbides compromises à l'impact foudroyant du cataclysme nucléaire laissent en mémoire l'achèvement d'un génocide en décrépitude. Terrifiant jusqu'au malaise nauséeux, en espérant ne jamais connaître pareille infortune !

Note subsidiaire: On estime à plus de 100 millions le nombre d'Américains à avoir regardé ce téléfilm depuis sa première diffusion.

29.11.12. 4èx

B-M


                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

de Lynne Littman. 1983. U.S.A. 1h34. Avec Jane Alexander, William Devane, Rossie Harris, Roxana Zal, Lukas Haas, Philip Anglim, Lilia Skala.

FILMOGRAPHIELynne Littman est une réalisatrice, scénariste et productrice, née le 26 Juin 1941 à New-York, USA.
1973: In the Matter of kenneth. 1980: Once a Daughter. 1983: Le Dernier Testament. 1999: Freak City (télé-film). 1999: Having our say: the delanys sister's 100 years (télé-film).


Sorti la même année que Le Jour d'Après, Le dernier Testament prend le contre-pied du trauma post-apo de Nicholas Meyer pour décrire les effets collatéraux d'une bombe nucléaire sur la population civile. Car ici, point de catastrophe spectaculaire et de visions morbides de victimes décharnées sous les effets radioactifs, Lynne Littman optant la sobriété afin de mettre en valeur le caractère humain de sa tragédie. Dans une petite banlieue de San Francisco, les habitants sont soudainement avertis d'un message télévisuel leur indiquant que des engins nucléaires viennent d'exploser sur leur territoire. Une mère de famille, dont l'époux vient de s'absenter, tente de préserver ses enfants quand bien même le nombre de victimes commence à progresser.


Inédit en Dvd, Le Dernier Testament est une modeste production aussi méconnue que l'identité de sa réalisatrice mais qui s'avère pourtant digne d'intérêt dans sa puissance dramatique. En privilégiant à tous prix la force de suggestion réfutant l'esbroufe, Lynne Littman dénonce les effets dévastateurs de la bombe nucléaire avec une pudeur émotive qui force le respect. Car ici point de pathos pour nous bouleverser d'une situation aussi catastrophiste (bien que cette bourgade de San Francisco n'ait jamais été directement touchée par une explosion !) mais une retenue à imposer un sentiment de désespoir inscrit dans la constance et la décence. Ce qui intéresse surtout l'auteur, c'est le cheminement courageux d'une mère de famille pour préserver la vie de ses trois enfants avec son refus de s'y morfondre quand ses proches sont voués à l'inévitable. A travers son destin galvaudé, la réalisatrice brosse un superbe portrait maternel où accablement et lutte pour l'espoir ne cessent de s'entrechoquer. Car rendue garante depuis l'absence professionnelle de son mari, Carol va tenter de relever tous les défis moraux pour survivre après les effets secondaires de la radiation. En jouant la carte de l'intimisme, Lynne Littman nous fait également pénétrer dans la loyauté de cette famille parmi la responsabilité infantile car y accordant une belle place pour leur solidarité. Qui plus est, ce qu'il y a d'inévitablement bouleversant et implacable dans cette tragédie, c'est d'observer de manière impuissante le calvaire psychologique d'une mère toujours plus accablée par la mort de sa progéniture Et de compter sur le souvenir, la foi (après l'avoir dénigré !), la filiation, le soutien, et surtout la fermeté afin de tolérer pareil fardeau.


Bouleversant et remarquablement interprété (Jane Alexander force l'admiration dans son épreuve de force interminable !); Le Dernier Testament est un réquisitoire contre l'holocauste nucléaire inscrit dans la pudeur et la dignité humaine. Une oeuvre modeste mais fragile qu'il faut impérativement redécouvrir pour juger de son intensité émotionnelle et sa simplicité narrative allant droit à l'essentiel. 

B-M

3èx

mercredi 7 décembre 2016

Les Ripoux. César du Meilleur Film, 85.

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site grace-de-capitani.com

de Claude Zidi. 1984. France. 1h47. Avec Philippe Noiret, Thierry Lhermitte, Régine, Grace de Capitani, Julien Guiomar, Albert Simono, Claude Brosset.

Sortie salles France: 19 Septembre 1984

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011: Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


A peine remis de l'immense succès de Banzai, Claude Zidi rameute à nouveau les foules un an plus tard avec Les Ripoux. Comédie policière auréolée des Césars du Meilleur Film et du Meilleur réalisateur, les Ripoux tire parti de son charme et de sa fantaisie grâce à la complicité amiteuse du duo en roue libre Lhermitte/Noiret et grâce à l'audace d'un script s'en donnant à coeur joie dans le politiquement incorrect. Affublé d'un nouveau partenaire à l'intégrité indéfectible, l'inspecteur René Boisrond tente de l'influencer à perpétrer ses petites magouilles auprès de truands et d'honnêtes commerçants afin de maintenir son train de vie prospère. Réticent et offusqué de prime abord, François Lesbuche finit par céder à la facilité de l'illégalité depuis sa romance entamée avec une jeune courtisane. 


Alternant harmonieusement romance, tendresse et cocasserie, Les Ripoux constitue un miracle de comédie populaire que Claude Zidi nous illustre avec une sincérité incorrigible. Outre son florilège de péripéties pittoresques que notre duo de ripoux accomplissent avec une bonhomie fourbe, leur portrait plein d'humanisme nous provoque une telle empathie qu'on se laisse facilement entraîner dans leurs combines toujours plus intolérables. L'inspecteur Boisrond étant fervent passionné des courses hippiques, son adjoint pourrait bien lui exaucer son rêve le plus cher après avoir céder à la corruption ! Mené sur un rythme particulièrement trépidant, l'intrigue prône les composantes de cocasserie et de tendresse sous le cheminement amical de nos compères avides de réussite. Au centre de ce duo effronté se disputant finalement une transaction de grande ampleur, deux catins au grand coeur s'efforcent de les soutenir au péril d'une éventuelle déroute. La vénérable Régine et la sémillante Grace de Capitani endossant leurs rôles de faire-valoir avec une générosité sentimentale toujours plus convaincue.


Un classique imperturbable
D'une audace inouïe pour sa satire invoquée à la corruption policière (notamment les ruses du chiffre-d'affaire afin de préserver la réputation d'un commissariat), les Ripoux exploite avec une efficacité insolente la légèreté cocasse pour parodier la gravité du sujet. Servi par l'entêtante mélodie élégiaque de Francis Laï, il en émane un moment d'émotions décapantes que se partage tendrement notre quatuor d'anti-héros fripons. 

B-M. 4èx

Récompenses: César du meilleur film en 1985.
César du meilleur réalisateur pour Claude Zidi en 1985.

Box-Office France: 5 882 397 Entrées

mardi 6 décembre 2016

NIGHTWATCH

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdcity.dk

"Nattevagten" de Ole Bornedal. 1994. Danemark. 1h46. Avec Nikolaj Coster-Waldau, Sofie Gråbøl, Kim Bodnia, Lotte Andersen, Ulf Pilgaard.

Sortie salles Danemark: 25 Février 1994

FILMOGRAPHIE: Ole Bornedal est un réalisateur danois né le 26 mai 1959.1994 : Le Veilleur de nuit. 1997 : Le Veilleur de nuit (remake). 2003 : Dina. 2007 : The Substitute. 2009 : Deliver us from the evil. 2010 : Just Another Love Story. 2012 : Possédée.


Sorti directement en Dvd chez nous, Nightwatch est la première réalisation du danois Ole Bornedal. Sous le moule d'une modeste série B, ce thriller horrifique impressionna tant le public ricain qu'un remake (inutile) fut mis en chantier 3 ans plus tard par le cinéaste himself. D'une efficacité remarquable dans son cheminement narratif oppressant et dans l'étude caractérielle de personnages badins, Nightwatch nous fait pénétrer dans le huis-clos macabre d'une morgue supervisée par un veilleur de nuit. Au même moment, un mystérieux serial-killer adepte de la nécrophilie nargue l'étudiant Martin durant ses multiples rondes, quand bien même le comparse de ce dernier se mêle à la confusion dans le but risible de lui flanquer la frousse.


Exploitant le cadre réfrigérant d'une chambre froide, Ole Bornedal parvient avec savoir-faire à distiller une montée latente de l'angoisse lorsque Martin redoute d'y pénétrer depuis l'alarme de sa minuterie. A travers diverses séquences d'apprentissage avec sa peur et sa paranoïa, la dérision macabre est de rigueur depuis que celui-ci et son acolyte Jens se sont également lancés dans une compétition puérile dont la motivation est d'y braver l'interdit. A travers leur délire trivial (comme celui d'inviter au restaurant une prostituée afin de courtiser Martin), le réalisateur prend soin de nous familiariser avec ses deux énergumènes immatures se provoquant mutuellement pour l'enjeu d'une concurrence. Quand bien même les profils impartis à leurs petites amies ne manquent pas non plus de tempérament dans leur difficulté d'anticiper une vie conjugale. Au milieu de ces discordes de couple, un mystérieux tueur se mêle à leur crise afin de parfaire un nouveau stratagème meurtrier qui aura comme conséquence perfide de culpabiliser Martin. Grâce à ce script charpenté aussi savoureux qu'inquiétant, Nightwatch oscille suspense et horreur avec l'intensité d'une dramaturgie souvent sarcastique (notamment pour les réparties macabres exprimées chez certains seconds-rôles).


2 mariages et 1 enterrement
A travers une satire au vitriol sur l'immaturité, Ole Bornedal parvient lestement à structurer une farce macabre sous l'impulsion d'une initiation héroïque. Passionnant pour l'ossature de son suspense affûté et truffé de rebondissements comme le souligne l'identité du coupable, Nightwatch tire parti de son dynamisme dans l'évolution attachante de nos adultes instables (remarquablement campés par des comédiens épatants de fraîcheur et de naturel) et le réalisme des situations cauchemardesques qu'ils s'efforcent de déjouer individuellement avant la solidarité.     

B-M.
03/12/2016. 3èx
27/04/2001

samedi 3 décembre 2016

Massacres dans le Train Fantôme / The Funhouse

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site arte.tv

de Tobe Hooper. 1981. U.S.A. 1h39 (Uncut). Avec Elizabeth Berridge, Shawn Carson, Jeanne Austin, Jack McDermott, Cooper Huckabee.

Sortie salles France: 24 Juin 1981. U.S: 13 Mars 1981

FILMOGRAPHIETobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas)
1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantôme, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.


"La foire aux monstres intimes".
À peine remis du succès scandaleux de Massacre à la Tronçonneuse et du non moins poisseux Crocodile de la Mort, Tobe Hooper replonge dans l’horreur avec son troisième long-métrage : un slasher hybride, au décor original et au titre significatif — Massacre dans le Train Fantôme. Derrière cette appellation française racoleuse se devine, en filigrane, une manière tacite de rappeler que l’auteur du film d’horreur le plus sulfureux des années 70 est de retour derrière la caméra.

Quatre étudiants décident de passer frauduleusement la nuit dans un train fantôme, sans se douter qu’ils seront les témoins d’un meurtre sordide. Traqués, ils doivent désormais sauver leur peau. À partir d’une trame plus finaude qu’il n’y paraît, Hooper exploite les codes du slasher avec une inventivité rare, multipliant les rebondissements et insufflant une tension dramatique palpable. Le tueur masqué, loin d’être un simple boogeyman, n’est ici que l’instrument d’un maître-chanteur — son propre père ! Après avoir étranglé une foraine au terme d’un rapport sexuel trouble (séquence d’une suggestion glauque, d’autant plus dérangeante si l’on suppose qu’il s’agit de sa propre mère), le meurtrier, affublé d’un masque de Frankenstein, implore l’aide paternelle pour faire disparaître le corps. Ayant assisté à la scène, nos quatre intrus deviennent les victimes désignées — sacrifiés pour avoir eu la malchance d’être au mauvais endroit au mauvais moment. D’autant que le monstre lui-même, freak déficient en quête d’amour, s’avère aussi victime que bourreau, dominé par l’autorité écrasante d’un père sadique. Sa tendresse envers l’héroïne laisse poindre une lueur d’humanité dans ce carnaval de cruauté.


Esthétiquement flamboyant, sublimé par un format scope et une palette d’éclairages polychromes, Hooper accorde une attention méticuleuse à la scénographie foraine : manèges à sensations, spectacles de magie, shows érotiques. La première demi-heure s’érige ainsi en véritable déclaration d’amour à cet univers de foire, alors que les jeunes flânent entre les attractions dans une atmosphère de légèreté enfumée. Mais le ton sarcastique et bon enfant bascule vite vers l’angoisse, une fois nos protagonistes piégés dans l’antre du train fantôme. En jouant sur la théâtralité grotesque des automates ricanants, Hooper distille un climat en demi-teinte : aussi attractif qu’oppressant. L’irruption brutale des pièges et la multiplicité des menaces (deux tueurs s’ajoutent à la fête !) brisent les codes, jusqu’à détourner les clichés du genre : la blonde ne montre rien, la brune pudique s’expose. Le film, au fil de sa descente aux enfers, cultive un malaise diffus et adopte un rythme haletant, jusqu’à l’état de marasme mental de l’unique survivante. Impossible de ne pas songer à Massacre à la Tronçonneuse, quand l’héroïne, submergée de visions, semble vaciller aux portes de la folie.


"Les Rails de la démence".
Captivant, claustro, halluciné, Massacre dans le Train Fantôme réinvente le slasher en délocalisant l’horreur au cœur d’un parc d’attractions, réceptacle de nos peurs d’enfance. Si la psychologie des ados aurait mérité un surcroît de profondeur, ils n’en demeurent pas moins attachants dans leur lutte désespérée vers la sortie. Hooper orchestre une tension de tous les instants, flirtant avec le sordide dans une fable baroque sur la monstruosité héréditaire. Le regard ambigu du petit frère de l’héroïne — aussi moqueur que lâche, puis cruellement indifférent — ajoute une note de perversion domestique à cette fresque empoisonnée. Parsemé de clins d’œil aux classiques Universal, ce conte sardonique aux allures de film de monstres distille une atmosphère vénéneuse, où s’épanouissent les exactions d’une filiation dégénérée. Un bijou noir, encore plus scintillant qu’à l’époque de sa sortie.

Bruno 
25.01.14. 5èx (127)

vendredi 2 décembre 2016

Les Enfant de Salem

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

"A Return to Salem’s Lot" de Larry Cohen. 1987. U.S.A. 1h40. Avec Michael Moriarty, Samuel Fuller, Ricky Addison Reed, Andrew Duggan, Evelyn Keyes, Jill Gatsby.

Sortie salles France: 2 Mars 1988. U.S: 11 Septembre 1987.

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs.
1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance.
- Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Faisant suite aux Vampires de Salem, un télé-film fleuve réalisé par Tobe Hooper en 1979, Les Enfants de Salem constitue une série B horrifique particulièrement étrange si bien que Larry Cohen attache beaucoup de crédit à fignoler l'ambiance (faussement) rassurante d'une bourgade rurale dirigée par une lignée de vampires. Divertissement modeste uniquement conçu pour divertir le public du samedi soir, les Enfants de Salem envoûte sensiblement sous l'impulsion fantaisiste d'un trio de héros exubérants que rien ne prédisposait à la réunion ! En villégiature à Salem, un père divorcé et son fils instable décident d'emménager dans l'ancienne demeure d'une tante. Mais rapidement, le bourgmestre leur dévoile sa véritable identité ainsi que celle des citadins particulièrement accoutumés à s'abreuver du sang frais du bétail lorsque les victimes humaines manquent à l'appel. Sollicité à leur écrire une bible pour tenir lieu de leur grandeur, Joe Weber craint que son fils soit leur prochaine victime d'un mariage arrangé au moment même où un chasseur de Nazi fait irruption dans la contrée. 


Bougrement attachant et inévitablement charmant, les Enfants de Salem est un film d'ambiance à l'ancienne pour sa peinture studieuse allouée aux us et coutumes d'une communauté séculaire de vampires (ils sont vieux de plus de 3 siècles et s'affublent d'un charisme gandin !) et de complices policiers co-existant dans un village reculé. Larry Cohen prenant soin de filmer sa nature solaire et ses plaines verdoyantes et de nous immerger dans leur quotidienneté face au témoignage de Joe et de son fils littéralement déboussolés d'une situation aussi improbable. Si le scénario aborde quelques idées comme l'entreprise singulière d'une bible et d'une nouvelle procréation hybride (l'enfantement de la jeune femme vampire Amanda par Joey), l'intérêt réside surtout dans les relations conflictuelles que Joe (Michael Moriarty, naturel de présence lambda en paternel malléable !) et son fils turbulent (Ricky Addison Reed, d'un charisme typiquement agaçant dans sa posture morveuse !) enchaînent sans réserve jusqu'à ce que l'arrivée d'un chasseur de nazi leur inculque sa discipline. L'inattendu Samuel Fuller se prêtant au jeu du grand-père héroïque (c'est lui qui incite le duo à l'affrontement des vampires !) avec une dérision irrésistible comme le souligne ses stratégies d'attaques et subterfuges de survie ! A ce titre, la seconde partie trépidante multiplie les péripéties horrifiques et l'humour badin à un rythme métronomique tant et si bien que l'on éprouve beaucoup de plaisir à la cohésion amicale de cette équipée improbable ! Mais aussi ludique et sympathique soit leur initiation épique, Les Enfants de Salem alterne le bon et le moins bon lorsque Larry Cohen s'entiche de maladresses (l'incohérence comportementale de certains personnages), de faux raccords et d'effets spéciaux cheap issus d'une série Z !


Entre le plaisir innocent et l'intégrité d'une série B un tantinet atmosphérique, les Enfants de Salem constitue une drôle de curiosité oubliée dans sa facture bisseuse d'horreur cartoonesque (on peut d'ailleurs prêter une allusion aux E.C Comics) et d'aventures fringantes que mènent fougueusement notre trio de comédiens décomplexés. A redécouvrir avec nostalgie sous l'impulsion de son superbe score entêtant.

*Bruno
02.12.16. 
07.06.11.
21.07.2024. 5èx

jeudi 1 décembre 2016

JIANG-HU. Grand Prix, Gerardmer 94

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

"The Bride with white hair" de Ronny Yu. 1993. Hong-Kong. 1h32. Avec Brigitte Lin. Leslie Cheung. Elaine LuiJi. Kit Ying Lam. Eddy Ko

Sorti en France en Dvd le 7 Février 2005. Corée du Sud: 25 September 1993

FILMOGRAPHIE: Ronny Yu Yan-tai (chinois: 于仁泰) est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur chinois né en 1950 à Hong Kong. 1979 : Cheung laap cheing ngoi. 1980 : La Justice d'un flic. 1981 : Xun cheng ma. 1981 : Jui gwai chat hung. 1984 : Ling qi po ren. 1985 : Si yan zi. 1986 : L'Héritier de la violence. 1988 : S.O.S. maison hantée. 1989 : Gwang tin lung foo wooi. 1991 : Qian wang 1991. 1992 : Wu Lin sheng dou shi. 1992 : Huo tou fu xing. 1993 : Bai fa mo nu zhuan II. 1993: Jiang-Hu. 1995 : Ye ban ge sheng. 1997 : Magic warriors. 1998 : La Fiancée de Chucky. 1999 : Chasing Dragon. 2001 : Le 51e État. 2003 : Freddy contre Jason. 2006 : Le maître d'armes. 2008 : Fear Itself (TV). 2013 : Saving General Yang.


Si Ronny Yu se fit surtout connaître auprès du public français avec La Fiancée de Chucky, le 51è Etat et Freddy contre Jason, il fut quelques années au préalable la révélation de Gérardmer si bien qu'ils lui attribuèrent leur fameux Grand Prix pour son splendide Jiang-Hu. Spectacle homérique plein de fureur et de magie noire, de sang et de larmes, Jiang-Hu s'inspire de la trame de Romero et Juliette pour mettre en relief l'histoire d'amour impossible entre une sorcière et un guerrier émérite. Compromis par la rivalité de leurs clans, Lien et Zhuo décident in fine de quitter leur famille pour s'exiler et vivre paisiblement leur liaison amoureuse. Mais le chef sorcier du clan de Lien aussi ivre d'amour pour elle va tout mettre en oeuvre pour détruire leur relation.


En combinant les genres du Wu xia pian (film de sabre), du fantastique, de l'horreur, de la romance et de la féerie, Jiang-Hu est une merveille formelle de chaque instant. Tant pour le soin esthétique de sa scénographie baroque (à l'instar des immenses sculptures de pierre implantées dans le palais de Zhuo) et de sa photo onirique (sa nature crépusculaire et sa rivière d'Eden !) que de ses affrontements belliqueux où les corps à corps aériens insufflent une vélocité vertigineuse ! Outre son action chorégraphique d'une vigueur étourdissante comme l'accentue notamment le dynamisme du montage, Jiang-Hu amorce surtout une magnifique histoire d'amour au fil de son odyssée guerrière auquel un combattant finit par se compromettre au choix cornélien après avoir chéri sa maîtresse farouche. En abordant les thèmes de la jalousie, de la traîtrise et surtout de la suspicion, Ronny Yu joue brillamment sur l'ambiguïté de leurs rapports amoureux après que des membres du clan de Zhuo furent retrouvés massacrés (par l'éventuelle dulcinée). Sous l'impulsion de leur discorde sentimentale en perdition vient se greffer l'impériosité machiavélique d'un autre amant adepte de magie noire. Un leader hybride redoutablement mesquin si bien qu'il se partage son corps avec sa cruelle soeur jumelle. D'un charisme diabolique dans leurs apparences exubérantes, ces derniers instaurent une aura horrifique irrésistiblement ensorcelante au fil de leurs exploits surnaturels ! Ronny Yu s'en donnant à coeur joie pour transfigurer des combats au sabre (disputés au sol et dans les airs) avec l'appui d'effets spéciaux insensés !


Fleur de sang
Poème féerique prônant les valeurs de l'amour, de la confiance et de l'espoir derrière l'absurdité d'un conflit guerrier avide d'autocratie, Jiang-Hu transcende les genres disparates évoqués plus haut sous une forme aussi baroque que débridée. Il en émane un spectacle épique d'une flamboyance lyrique quand bien même son intensité dramatique en berne nous laisse une note amère quant à l'éventuelle rédemption du couple infortuné. 

B-M. 3èx

Récompenses: Prix du Meilleur film, Fantafestival 1994
Grand Prix à Gérardmer, 1994

mercredi 30 novembre 2016

BLOOD RAGE

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site stuffpoint.com

"Nightmare at Shadow Woods" de John Grissmer. 1983/87. U.S.A. 1h24. Avec Louise Lasser, Mark Soper, Marianne Kanter , Julie Gordon , Jayne Bentzen.

Inédit en salles en France et en vhs. U.S: Juin 1987

FILMOGRAPHIE: John Grissmer est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1955. 1977: False Face. 1987: Blood Rage.


Tourné en 1983 mais sorti 4 ans plus tard dans un cercle restreint de salles US alors qu'en France il resta inédit, notamment sous support Vhs et Dvd, Blood Rage fait parti du bas du panier des slashers des années 80 en dépit de son gore festif. Dans un drive-in, un couple se fait assassiner à la machette par un jeune adolescent. Afin de se déculpabiliser, ce dernier accuse son frère jumeau, Todd, particulièrement fragile et influençable. Après 10 ans d'internement en psychiatrie, celui-ci parvient à s'échapper pour se venger de son frère. Terry profite alors de cette aubaine pour accumuler les meurtres et continuer de lui faire porter le chapeau. Une intrigue bas de plafond dénuée d'une once tension et de suspense que John Grissmer (cinéaste méconnu si bien qu'il est signataire de 2 uniques métrages) filme avec une maladresse poussive, à l'instar de son casting bovin dénué d'expression. Outre sa galerie de pimbêches effarouchées surjouant sans complexe, la prestance ridicule du tueur jovial incarné par Mark Soper enfonce un peu plus le métrage vers les cimes du navet si bien que les situations grotesques s'accumulent sans modération, et ce jusqu'au final indigent d'une durée rébarbative de 20 mns lorsque le tueur se met à courser sa dernière victime atone. Seule point positif à épargner de ce naufrage, une série de bravoures gores confectionnées en latex que le maquilleur Ed French (Cauchemar à Daytona Beach / Exterminator 2) parvient à façonner avec un réalisme parfois percutant !


Un navet branquignol donc (pardon pour les fans s'ils me lisent mais ça n'engage que moi !) qui pourrait néanmoins contenter une frange de cinéphiles irréductibles.

mardi 29 novembre 2016

THE MONSTER

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

de Bryan Bertino. 2016. U.S.A. 1h31. Avec Zoe Kazan, Ella Ballentine, Scott Speedman

FILMOGRAPHIE: Bryan Bertino est un réalisateur américain né le 17 Octobre 1977 à Crowley, Texas, USA.
2016: The Monster. 2014 Mockingbird. 2008 The Strangers.


Malgré les bonnes intentions du réalisateur (renouer avec la suggestion d'une horreur adulte et privilégier la densité humaine de ses personnages reclus), The Monster est une série B ratée sombrant toujours un peu plus dans la léthargie. Faute à une réalisation trop maladroite pour imposer un suspense lattent en perte de vitesse et à la cohésion de survie redondante d'une mère et de sa fille brimées par la menace d'une créature de prime abord invisible (le réalisateur différant au maximum son apparition tant escomptée). Quand à l'éclatement de la cellule familiale surlignée au travers de multiples flash-back, le réalisateur se laisse un peu influencer par le pathos quant au profil avilissant d'une mère alcoolique en quête de rédemption. Spoil ! Le monstre étant au final la métaphore de son double maléfique que la fille en initiation héroïque parviendra à combattre après avoir pardonné à sa mère sa démission parentale. Fin du Spoil.


Calme plat
En dépit d'une photo crépusculaire soignée et du charisme parfois impressionnant de la créature lors d'une attaque aussi meurtrière que cinglante (je me suis d'ailleurs remémorer le prologue sanglant du Loup-garou de Londres), The Monsters est incapable d'insuffler une quelconque tension autour de son huis-clos exigu (une voiture / une ambulance) instaurée à proximité d'une nature forestière, et ce en dépit de la bonne volonté des comédiens perfectibles (leurs expressions horrifiées ou lamentées s'avérant régulièrement un peu trop outrées ou pas assez spontanées). Dommage et on comprend donc aisément pour quelles raisons cette production mineure bannie des salles internationales soit promulguée au rayon DTV.

E-B

lundi 28 novembre 2016

BLANCHE NEIGE

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site subscene.com 

"Snow White: A Tale of Terror" de Michale Cohen. 1997. U.S.A. 1h40. Avec Sigourney Weaver, Sam Neill, Monica Keena, Taryn Davis, Gil Bellows, Brian Glover, David Conrad.

Sortie salles U.S: 24 Août 1997

FILMOGRAPHIE: Michael Cohen est un réalisateur, scénariste et producteur américain
2015: Sacrifice. 1997 Blanche-Neige: Le plus horrible des contes. 1994 Le profiler. 1992 Interceptor


Inédit en salles chez nous, Blanche Neige constitue une sympathique déclinaison horrifique du célèbre conte des Frères Grimm. Visuellement et techniquement assez soigné, l'intrigue se concentre sur la rivalité sournoise d'une belle-mère avide de jeunesse et de pouvoir et d'une jeune princesse sévèrement molestée par cette dernière. Egarée dans la forêt à la suite d'une tentative d'assassinat, Blanche Neige rencontre 7 métayers marginaux au fond d'une grotte. Avec leur soutien, elle va tenter de regagner son royaume avant que la méchante reine n'emploie un nouveau subterfuge pour l'éradiquer. Ponctué de péripéties parfois spectaculaires et plutôt bien troussées (la chute des arbres, l'effondrement de la terre dans la crevasse, son final haletant), Blanche Neige parvient sans peine à maintenir l'intérêt sous l'impulsion spontanée de sa distribution. Que ce soit Sam Neil en Lord prévenant, Sigourney Weaver en diabolique mégère et Monica Keena d'un naturel assez charismatique dans sa fonction affirmée de Blanche Neige. Si l'horreur des situations aurait gagné à être un peu plus prononcée, le traitement réservé à certains personnages ne manque pas d'audace (les fameux nains réduits ici à des marginaux revêches si bien que l'on craint une tentative de viol pour notre héroïne malmenée !) quand bien même d'autres moments font preuve d'intensité crapuleuse, comme le souligne l'intervention fétide de la sorcière se délectant de son machiavélisme criminel auprès de Blanche Neige.


B-M