lundi 6 juin 2011

PANIC SUR FLORIDA BEACH (Matinee)


de Joe Dante. 1993. U.S.A. 1h39. Avec Simon Fenton, John Goodman, Lisa Jakub, Cathy Moriarty, Omri Katz, Kellie Martin.

FILMOGRAPHIE: Joe Dante (né le 28 novembre 1946 à Middletown, New Jersey) est un critique, scénariste, monteur, producteur et réalisateur américain. Son plus grand succès populaire est, à ce jour, Gremlins (1984).
1966-1975 : The Movie Orgy 1976 : Hollywood Boulevard, co-réalisé avec Allan Arkush 1978 : Piranhas(Piranha),1981 : Hurlements (The Howling) 1983 : La Quatrième Dimension (Twiling Zone the Movie), troisième épisode, Its a Good Life 1984 : Gremlins 1985 : Explorers 1987 : Cheeseburger film sandwich (Amazon Women on the Moon), 5 sketches 1987 : L'Aventure intérieure(Innerspace)1989 : Les Banlieusards (The 'burbs) 1990 : Gremlins 2, la nouvelle génération (Gremlins 2 The New Batch) 1993 : Panic sur Florida Beach (Matinee) 1998 : Small Soldiers 2003 : Les Looney Tunes passent à l'action (Looney Tunes : Back in Action) 2006 : Trapped Ashes , premier segment,Wraparound 2010 : The Hole.


Trois ans après son délirant Gremlins 2, échec public encore plus destroy et anticonformiste que son prédécesseur, Joe Dante voue avec Panic sur Florida Beach une véritable déclaration d'amour à tout un pan du cinéma fantastique des années 50. Des séries B et Z bricolées dans un esprit ludique décomplexé alors que l'une des plus extravagantes personnalités du cinéma Bis s'était révélée par l'illustre William Castle dont Joe Dante porte ici en étendard. Octobre 1962, dans une petite ville de Floride. Gene Loomis est un jeune adolescent fan de cinéma d'horreur plus préoccupé par les prochaines sorties cinématographiques que les tristes évènements actuels secouant une Amérique au bord du marasme suite à la découverte de missiles nucléaires à Cuba. Quand il apprend que son réalisateur préféré va diffuser au cinéma de quartier un nouveau film à succès, Mant (l'homme fourmi), il se rend sur les lieux pour tenter d'approcher le maître, Mr Lawrence Woosley.

                                

Joe Dante, plus inspiré que jamais, réalise ici un splendide hommage aux réalisateurs excentriques débordant d'inventivité et de passion dans leur projet toujours plus insensé de foutre les pétoches à des spectateurs juvéniles davantage euphorisés à l'idée d'assister à la projection d'un métrage estampillé "épouvante". Sous couvert d'une menace nucléaire, l'idée de divertir un public ado moins concerné par le sujet de la politique engage certains réalisateurs à user d'imagination et de perspicacité afin d'exorciser en prime l'anxiété de leurs parents, largement préoccupés par la crise éventuelle d'une 3è guerre mondiale. Par l'entremise d'un génial producteur et réalisateur de renom, la projection d'un film de science-fiction horrifique devient ici un véritable jeu de peur attractif en usant et abusant de gadgets et artifices savamment confectionnés derrière la toile de l'écran. Tandis qu'un homme déguisé en combinaison de fourmi attend le moment propice pour bondir de l'écran et terrifier le spectateur complice jubilant d'émotions aussi fortes qu'inoffensives ! Une manière frénétique et fantasque de comploter un spectacle doublement attractif. En effet, la projection du film diffusé sur la toile s'extrait ici subitement de sa pellicule pour s'en aller rejoindre notre réalité et provoquer une seconde fois des spectateurs stupéfaits, blottis dans la salle de ciné !

                                    

A travers cet hommage vibrant aux productions bisseuses conçues pour amuser la galerie, Joe Dante démontre subtilement à quel point le spectateur avide de sensations a un besoin irrémédiable, pour ne pas dire instinctif, de se réfugier dans une salle de cinéma en guise d'échappatoire. Frissonner confortablement de plaisir afin de mieux tolérer et affronter une réalité sociale pessimiste. Il illustre avec dextérité que l'horreur fictive n'est en rien comparable à ce que notre réalité peut engendrer de pire dans les conflits politiques toujours sur le qui-vive pour les luttes armées entre les peuples et leurs discordes religieuses. Rien de plus exutoire alors que de pouvoir s'extraire de nos angoisses par la chimère du cinéma. Et pour interpréter ce réalisateur farfelu, utopiste dans l'art du gadget, il fallait un illustre acteur de la trempe de John Goodman afin de rendre hommage à son ascendant, William Castle. Finaud, espiègle et spontané, il endosse une de ses plus marquantes prestations en bouffon du 7 art avide d'amuser les bouilles innocentes à l'aide de gadgets aussi improbables que disproportionnés. Pour parachever, le réalisateur rappelle en outre que le cinéma d'horreur est un genre souvent vulgarisé car montré du doigt par un puritanisme réactionnaire stigmatisant le grand-guignol de films d'horreur conçus pour divertir.

                                    

Cinema Paradiso
Soigneusement reconstitué dans l'époque vétuste d'une petite ville US des années 60, Panic sur Florida Beach constitue un magnifique hommage pour l'intégrité de ces artisans délibérés à cristalliser un projet cinématographique démesuré. Rempli de clins d'oeil et de références aux classiques des années 50 (La Mouche Noire a sans doute fortement impressionné l'adolescence de Joe Dante !), cette oeuvre passionnante et échevelée déborde d'affection pour toute une époque révolue. Même si au delà de la magie fantaisiste du cinéma Bis, l'holocauste nucléaire hantait la paranoïa des parents responsables.

06.06.11.    3
Bruno Matéï

1 commentaire:

  1. un pur chef d'oeuvre !! un hommage poignant aux cinéma d'antan, aux nostalgiques du film post atomique, aux virées entre potes du samedi soir, mon joe dante préféré !! magique, une veritable déclaration d'amour au cinéma !

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