jeudi 30 avril 2015

Mad-Max. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 80.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site papystreaming.com

de George Miller. 1979. Australie. 1h33. Avec Mel Gibson, Steve Bisley, Joanne Samuel, Hugh Keays-Byrne, Tim Burns, Sheila Florence.

Sortie salles France: 13 Janvier 1982 (Interdit au - de 18 ans). Australie: 12 Avril 1979. U.S: 9 Mai 1980 (classé X).

FILMOGRAPHIE: Georges Miller est un réalisateur, scénariste et producteur australien, né le 3 Mars 1945 à Chinchilla (Queensland). 1979: Mad-Max. 1981: Mad-Max 2. 1983: La 4è Dimension (dernier segment). 1985: Mad-Max : Au-delà du dôme du Tonnerre. 1987: Les Sorcières d'Eastwick. 1992: Lorenzo. 1997: 40 000 ans de rêve (documentaire). 1998: Babe 2. 2006: Happy Feet. 2011: Happy Feet 2. 2014: Mad Max 4; Fury Road.

"Quand la violence s'empare du monde, priez pour qu'il soit là !"
Film mythique s’il en est, de par son succès international, son affiche fantasmatique, la fascination qu’exerce son bolide customisé, son Prix Spécial à Avoriaz, ses démêlés avec la censure (trois ans d’interdiction en France, classé X aux States !), et les révélations George Miller — réalisateur australien — et Mel Gibson, son acolyte débutant, Mad Max fit jubiler non seulement les cinéphiles du monde entier, mais aussi les motards et les pilotes de course, pour la vigueur de ses poursuites et cascades automobiles, exécutées à l’artisanale. Quand bien même, aujourd’hui, l’incursion high-tech du numérique aura fini par décrédibiliser tout un pan du cinéma d’action dans sa surenchère aussi orgueilleuse qu’improbable.

Prenant pour cadre une époque indéterminée, dans un contexte dystopique, Mad Max retrace la déliquescence morale d’un flic pugnace, assoiffé de violence et de vengeance, après que sa famille fut massacrée par une bande de motards. Accoutrés de blousons et pantalons de cuir noir, les forces de l’ordre tentent vainement de maîtriser l’inflation de la délinquance, là où l’anarchie urbaine règne en maître. Rendus obsédés par la vitesse et l’action de leurs courses effrénées contre les fuyards, ces policiers d’un genre extravagant ressemblent à s’y méprendre à leurs bourreaux, dans leur insatiable goût pour la traque sur bitume et la riposte revancharde.

Ce qui frappe toujours aujourd’hui, lorsque l’on revoit ce morceau de cinéma homérique, émane de sa frénésie irraisonnée, d’une débauche agressive : fascination irrépressible pour la vitesse des engins motorisés, comportements grotesques de marginaux soumis à leur médiocrité, actes de vandalisme et agressions gratuites sur les citadins. Sans compter l’orchestration épique du score de Brian May, et le réalisme de ce climat blafard où le western urbain s’entrechoque avec le film de bandes instauré par les sixties. Brutal et cruel, le film s’impose par la rigueur d’un montage assidu — une manière pourtant suggérée de repousser la violence graphique — pour dénoncer la déshumanisation d’une société en déclin, où les exactions des pillards et des flics ne font plus qu’un dans leurs compétitions aussi primitives qu’erratiques.

Émaillé de séquences d’une intensité dramatique aussi cruelle que bouleversante (mais chut…), Mad Max tire parti de sa puissance émotionnelle dans ses ressorts dramatiques, catalyseurs d’une redoutable vendetta. Or ce sentiment de fureur incontrôlée, que se disputent sans cesse les bons et les méchants, est transcendé par la notoriété héroïque du jeune loup Max Rockatansky. Casse-cou flegmatique, apte à contredire la démence des pires psychopathes routiers (à l’instar de sa traque contre le "Cavalier de la Nuit", lors d’un prologue en furie). Par le biais de ce nouveau héros des temps perdus, censé représenter l’ordre et la loi, George Miller engendre un criminel en perte d’identité, dans un monde où la violence nécrose ceux qui la combattent.


"Si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi."
Sauvage et explosif dans ses éclairs de violence et ses cascades affolantes, mais aussi bouleversant par son intensité dramatique parfois éprouvante (à contrario du second volet, entièrement focalisé sur l’action frénétique), Mad Max fait aujourd’hui office de légende du 7ᵉ art — par la virtuosité de sa mise en scène (montage à couper au rasoir), l’efficacité d’un script visionnaire, et l’icône d’un anti-héros damné par sa loi du talion, trop expéditive.

*Bruno
24è visionnage. 

Récompense: Prix Spécial du Jury à Avoriaz, 1980.

1 commentaire:

  1. 24 ème vision !!! pas mieux ! Surtout que cet épisode qui met en scène le monde de Max avant son effondrement traumatique est un film assez angoissant je trouve. La santé mentale de notre héros en prend un bon coup.
    Je l'ai vu au ciné il y a cinq ans dans une copie nickel chrome.

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