"Satan's Slave" de Norman J. Warren. 1976. Angleterre. 1h29. Avec Michael Gough, Martin Potter, Candace Glendenning, Barbara Kellerman, Michael Craze.
Sortie salle France: 8 Février (ou 3 Mai) 1978 (Int - 18 ans). Angleterre: Décembre 76.
FILMOGRAPHIE: Norman J. Warren, né Norman John Warren le 25 Juin 1942 à Londres en Angleterre, est un réalisateur, producteur et scénariste anglais. 1967: Her Private Hell, 1968: Loving Feeling, 1976: l'Esclave de Satan, 1978: Le Zombie venu d'ailleurs, 1979: Outer Touch, la Terreur des Morts-vivants, 1981: Inseminoïd, 1984: Warbirds Air Display, 1985: Person to person, 1986: Gunpowder, 1987: Les Mutants de la St-Sylvestre, 1992: Meath School, 1993: Buzz.
Le pitch : à la suite de la mort de ses parents dans un accident de voiture, Catherine est recueillie par son oncle Alexandre et par Stephen, le fils de celui-ci. En proie à d’horribles cauchemars durant ses nuits esseulées, elle se laisse amadouer par Stephen, jusqu’à ce que la majordome Frances manifeste à son égard une jalousie violente.
Premier essai horrifique du talentueux artisan britannique Norman J. Warren (Inseminoid, Le Zombie venu d’ailleurs), L’Esclave de Satan transpire l’amour du genre, aussi étique soit son intrigue, probablement influencée par la vague sataniste des seventies (Course contre l’Enfer, La Pluie du Diable). Dans un format de série B symptomatique des budgets faméliques qu’il s’octroya tout au long de sa carrière, Warren accomplit pourtant le prodige de nous envoûter - de nous captiver - par la puissance de ses images gothiques, d’une beauté sépulcrale et ensorcelante.
Ses hallucinations nocturnes - parfois même diurnes - se mêlent aux exactions insidieuses d’un oncle dévoré par le vice, prêt à franchir l’irréparable lors d’un final dérangeant (twist sardonique à la clé, réfutant tout happy end). Warren illustre avec une attention scrupuleuse les messes noires et leurs sacrifices humains, enveloppés d’un raffinement gothique rutilant, tandis que la forêt automnale ceinturant la bâtisse distille une étrangeté capiteuse.
Au-delà du plaisir éprouvé devant ce climat déréglé et charnel, L’Esclave de Satan cède - comme souvent chez Warren - à une complaisance délicieusement malsaine : scènes gores crues, zooms brutaux sur les chairs lacérées, étreintes moites flirtant parfois avec le viol rituel. On s’attache pourtant à la sobriété de son casting méconnu - en dépit du vénérable Michael Gough en gourou démonial -, aussi perfectibles soient leurs expressions autoritaires ou leurs élans contrariés. Le manque d’intensité dramatique se ressent, notamment lors de la première partie centrée sur le deuil de Catherine, mais qu’importe : le jeu diaphane et dérangeant de Martin Potter (le fils d’Alexandre) happe le regard. Sa présence, pâle et équivoque, distille un venin trouble dans ses rapports lubriques avec les femmes, se concluant souvent dans un bain de sang.
Film d’ambiance aux p’tits oignons, disparu de nos écrans depuis des siècles de léthargie, L’Esclave de Satan demeure un objet magnétique - voire ensorcelant -, attachant et étrangement captivant. Mineur, parfois maladroit, souvent prévisible, il n’en reste pas moins gonflé de charme et d’insolence, fort de son art d’instaurer sans mesure une atmosphère cauchemardesque au cœur même du thème sataniste.
— le cinéphile du cœur noir
2èx
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