mercredi 15 avril 2020

Threads

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinebisart.blogspot.com

de Mick Jackson. 1984. Angleterre. 1h57. Avec Karen Meagher, Reece Dinsdale, David Brierly, Rita May.

Diffusion TV Angleterre: 23 Septembre 1984

FILMOGRAPHIEMick Jackson est un réalisateur et producteur britannique né le 4 octobre 1943 à Aveley (Royaume-Uni). 1984: Threads (télé-film). 1989 : Chattahoochee. 1991 : Los Angeles Story. 1992 : Bodyguard. 1994 : Trou de mémoire. 1997 : Volcano. 2002 : The First $20 Million Is Always the Hardest. 2016 : Le Procès du Siècle.


Version hardcore du traumatique Jour d'Après auquel il entretient 3 points communs (même conflit politique URSS/USA, même schéma narratif, même format télévisuel), Threads constitue l'une des épreuves horrifiques les plus éprouvantes vues sur un écran. Et je pèse mes mots sans lueur d'outrance ! Tant et si bien que ceux qui ont pu le découvrir en Vhs, à la TV ou récemment en restent à jamais marqués par son imagerie crapoteuse indécrottable. Car le réalisateur british Mick Jackson (Bodyguard, Volcano !!! ???) s'y entend pour susciter inconfort, insécurité, malaise, dégoût (pour ne pas dire écoeurement) face à ses saisissantes images apo / post-apos qu'il nous martèle lors d'un parti-pris documenté. Et ce au risque parfois de sombrer dans une complaisance (utile) à travers ses zooms grossiers insistant sur les visions morbides les plus irregardables. Ainsi donc, avec évident souci de vérisme à la fois formel et technique (notamment en nous relatant les évènements lors d'une chronologie temporelle affichée sur l'écran), Mick Jackson nous assène de plein fouet son cri d'alarme contre le spectre du nucléaire sous l'impulsion d'une intensité dramatique en déliquescence morale. Et à ce niveau on reste ébahi par la puissance de ces images de charniers (filmées sous toutes les coutures) défilant à un rythme métronome. Car dénué d'acteur connus et filmé à l'instar d'un reportage baignant dans une lumière délibérément opaque (d'ailleurs certains arrêts sur images monochromes nous remémorent le génocide nazi), Threads nous glace le sang à nous immerger dans son apocalypse nucléaire résolument fuligineuse.


Tant au moment de la catastrophe dépeinte dans un évident élan de panique erratique que du jour d'après avec les conséquences mortifères de la radioactivité contaminant tout sur son passage (tant dans l'air que sur terre).  Ainsi, en observant ensuite méticuleusement les faits et gestes individualistes des survivants réduits à l'état aussi moribond que primitif; Threads tend à nous affirmer que la vie après l'apocalypse n'aura plus lieu au sein de ce no mans land dénué de lumière, d'eau et de nourriture, de chaleur humaine (l'égoïsme restant la valeur sûre pour s'en sortir) et d'espoir futur. Notamment en y dénonçant les hiérarchies immorales d'une police et d'une justice de fortune aux actions communément expéditives. D'un pessimisme cafardeux à travers ces tableaux de fantômes nécrosés déambulant dans des déserts crépusculaires, Mick Jackson s'autorise même à filmer les situations les plus scabreuses (une femme se met à uriner sur sa robe par peur de la panique, une mère accouche d'un bébé mort né ensanglanté, une autre tient dans ses bras son nourrisson calciné, un sexagénaire vomit face caméra un liquide) avec un sentiment de désespoir infiniment dépressif. Autant donc avertir les âmes sensibles que Threads vous glacera le sang, vous retournera l'estomac et vous laissera des traces dans l'encéphale comme aucun autre métrage n'a su y parvenir avec autant de fulgurance putassière.


Cauchemar apocalyptique impur et cradingue parfois trop éprouvant à travers sa pellicule rubigineuse (fallait-il le raccourcir de 20 bonnes minutes tant l'itération des images morbides nous force parfois à y détourner le regard), Threads constitue l'une des épreuves morales les plus ardues et cruelles vues sur un écran. Tant et si bien qu'il s'avère à mon sens impossible de l'émuler à travers son aura méphitique inspiré du reportage le plus couillu et licencieux. En d'autres termes, il s'agit d'un pur film d'horreur le plus réaliste jamais réalisé. 

*Bruno

Le film a remporté quatre BAFTA lors de la cérémonie des British Academy Film Awards de 1985

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