Sortie salles France: 31 Mars 1999 (int - 16 ans). U.S: 5 Février 1999
FILMOGRAPHIE: Brian Helgeland est un réalisateur et scénariste américain, né le 17 janvier 1961 à Providence (Rhode Island). 1996 : Les Contes de la crypte (Tales from the Crypt) - (série télévisée) - 1 épisode. 1999 : Payback. 2001 : Chevalier. 2003 : Le Purificateur. 2006 : Payback: Straight Up (version director's cut de Payback). 2013 : 42. 2015 : Legend.
Polar des années 90 sous influence Tarantinesque, Payback demeure un excellent divertissement rondement mené à travers son concentré d'action et de violence pimentées. D'autant plus qu'à travers sa version Director's Cut, le film plus sombre et moins ironique, s'avère moins tape à l'oeil sous la mainmise d'un Mel Gibson monopolisant l'écran du début à la fin avec la classe virile qu'on lui connait. Celui-ci endossant le "mauvais garçon" à la fois teigneux, obtus et escarpé de par sa vengeance méthodique à récupérer 70 000 dollars auprès d'une firme mafieuse. Parfois sarcastique (l'intervention torride de Lucy Liu vaut son pesant de cacahuète en maîtresse SM rigoureusement insatiable), un tantinet romantique (les liens affectifs entre la prostituée et Porter suscitent une empathie nuancée) et truffé d'idées retorses de par ses règlements de compte à la fois sournois, rocambolesques et imprévisibles, Payback redouble d'efficacité pour contenter l'amateur de polar rugueux. D'autant plus que sous un aspect formel, sa photo azur chromé, son superbe scope et ses décors urbains particulièrement bien mis en valeur nous offrent un plaisir de cinéma stylisé sous l'impulsion d'un (nouveau) score "idoine" de Scott Stambler spécialement influencé par les polars des années 50.
Ainsi, le film s'en sort donc grandi à travers sa nouvelle mise en forme plus personnelle, laconique (la voix-off a disparu) et moins conventionnelle à y dresser le portrait subversif d'un escroc criminel n'hésitant pas par ailleurs à molester explicitement la femme (le passage à tabac de Lynn Porter impressionne par sa violence tranchée !) dans son principe de vendetta à double tranchant. Quant au final détonnant, punchy et un chouilla dramatique on reste d'autant plus surpris par la tournure ironique de son épilogue en suspens laissant libre choix au spectateur d'imaginer la suite du destin de Porter. Outre une savoureuse galerie de personnages véreux au charisme délectable (James Coburn - aussi concise soit son apparition -, Bill Duke en flic corrompu et le génial William Devane en baron placide spécialement tatillon), on apprécie particulièrement le jeu plus vrai que nature de Gregg Henry en malfrat sadique dénué de vergogne. Un personnage impassible que l'on adore détester à travers son charme distingué et son tranquille aplomb d'y défier avec gouaille ceux qui empiètent son chemin. Enfin, Maria Bello apporte l'unique touche de douceur au récit en prostituée au grand coeur tentant, dans un concours de circonstances aussi bien dramatiques que fructueuses, de renouer avec son amant d'autrefois (Porter donc) qu'elle connut en tant que chauffeur. Le récit se permettant en prime d'y distiller une noble émotion à travers l'évolution morale de ce couple infortuné s'épaulant discrètement.
Classieux, violent, percutant et punchy, Payback possède une vraie gueule cinégénique dans sa facture désaturée de polar noir sans morale auquel les antagonistes s'en donnent à coeur joie dans les roueries criminelles. Jouissif et passionnant, ce Director's Cut demeure finalement un tout autre métrage plus convaincant, carré et magnétique.
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