jeudi 18 mars 2021

The Fall

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Tarsem Singh. 2006. U.S.A/Angleterre/Inde. 1h57. Avec Lee Pace, Catinca Untaru, Justine Waddell, Kim Uylenbroek, Aiden Lithgow, Sean Gilder, Ronald France.

Inédit en salles en France mais commercialisé en Dvd et Blu-ray le 10 Juillet 2013

FILMOGRAPHIE: Tarsem Singh, ou simplement Tarsem, est un réalisateur, producteur et scénariste indien, né le 26 mai 1961 à Jalandhar (Pendjab). 2000 : The Cell. 2006 : The Fall (également scénariste et producteur). 2011 : Les Immortels. 2012 : Blanche-Neige. 2015 : Renaissances.  


Un spectacle halluciné aussi déroutant que fascinant à travers sa matière baroque davantage émotive.
Inédit en salles chez nous, et on peut le comprendre tant l'oeuvre à la fois personnelle et déroutante s'écarte à tous prix des convenances si bien qu'il s'adresse à un public préparé, The Fall est ce que l'on prénomme un authentique film culte doublé d'un chef-d'oeuvre maudit d'une beauté formelle à damner un saint. Et Dieu sait s'il m'a fallut un petit temps d'adaptation (qui plus est après avoir attendu 15 ans pour le revoir) pour me familiariser auprès de ses personnages et de son intrigue hermétiques oscillant rêve et réalité lorsqu'un cascadeur hospitalisé narre à une fillette blessée un périple aventureux truffé d'actions et de péripéties aux 4 coins du monde. Dans la mesure où 5 héros de nationalité distincte devront redoubler de bravoure et de vaillance afin de retrouver le gouverneur Odious pour le tuer. Tourné sur une période de 4 ans dans plus de 28 pays (!!!!), Tarsem Singh (The Cell) redouble d'ambition couillue à traiter son histoire à travers une scénographie écolo bigarrée que nos héros arpentent au sein de décors historiques démesurés. Autant dire qu'esthétiquement, The Fall nous en fout plein la vue auprès du dépaysement de ses vastes contrées étrangères imprégnées de symboles, de mysticisme, de féérie, d'actions et de romance insidieuse. Sans compter la tenue vestimentaire de nos protagonistes fictifs ne ressemblant à rien de connu ! Par ailleurs, il pourrait sans doute heurter un jeune public de moins de 12 ans, tant pour la violence de certaines scènes incroyablement oniriques que de la cruauté morale du héros manipulant à sa guise la fillette afin d'y parfaire son suicide. 


Roy Walker affabulant en direct un récit chevaleresque que se disputent bons et méchants auprès d'une Alexandria littéralement ensorcelée par son récit fertile en rebondissements épiques. D'ailleurs, sur un point expressif oh combien candide, la jeune Catinca Untaru transperce l'écran de par sa douceur de miel orale rehaussée d'un regard azur inscrit dans l'émerveillement. C'est simple, plus naturelle que ce bout'chou tu meurs et fera fondre tous les spectateurs ébahis par sa performance spontanée dénue de complexe ! Sans compter que cette actrice infantile parvient même à nous arracher quelques larmes lors d'un monologue final infiniment bouleversant se permettant de rendre humblement hommage au prémices du cinéma d'action à travers des extraits vertigineux de classiques en noir et blanc. Rien que pour cette ultime séquence déclarant sa flamme à la chimère du 7è art (et à ce goût essentiel du rêve que le réal milite de la 1ère à la dernière minute), The Fall est à ne rater sous aucun prétexte. Et si le récit de prime abord classique ne passionne pas vraiment au départ (d'où ce petit temps d'adaptation susnommé - comptez 30 bonnes minutes sur 2h de métrage -), sa progression dramatique subtilement instillée à travers les apartés du cascadeur et de la fillette nous saisit à la gorge si bien que l'on ne voit rien arriver. Or, c'est à ce moment crucial d'errance et de solitude existentielle, entre doute et pessimisme, que The Fall délivre tout son potentiel qualitatif à travers une histoire dramatique beaucoup plus substantielle qu'elle n'y parait. De par la fine étude psychologique de ces héros à la fois fébriles et fragiles que Tarsem Singh radiographie dans la stricte intimité d'une chambre d'hôpital. Ces deux personnages réapprenant à vivre et à aimer à travers les composants de la fable et du conte de fée que tous deux s'imaginent finalement mutuellement auprès de leur cohésion amiteuse. 


Hymne à l'écologie à travers le voyage, à la simplicité de l'existence, aux contes de notre enfance et à la chimère du 7è art en dépit des cruautés inéquitables que nous traversons durant notre évolution personnelle, The Fall resplendit de 1000 feux pour déclarer sa flamme à l'amour paternel, à l'amitié et à la renaissance avec une tendresse d'esprit résolument bouleversante. 

*Bruno
2èx
 
Infos subsidiaires
Quelques lieux de tournage:

Hôpital Valkenberg au Cap, Afrique du Sud
Dead Vlei dans le Désert du Namib en Namibie
Yantra Mandir à Jaipur
Lake Palace Hotel à Udaipur, Inde
Pont Charles à Prague, République tchèque
Butterfly reef, Fidji
Sumatra
Îles Andaman en Inde
Lac Pangong au Ladakh, Inde
Buland Darwaza ou Sublime Porte à Fatehpur Sikri, Uttar Pradesh, Inde
Magnetic Hill au Ladakh, Inde
Moonscape près de Lamayuru au Ladakh, Inde
Bali
Bâoli Chand à Abhaneri dans l'état du Rajasthan en Inde
Jodhpur, au Rajasthan en Inde
Taj Mahal, Inde
Place du Capitole, Colisée, Rome, Italie
Villa d'Hadrien, à Tivoli en Italie
Sainte-Sophie, Istanbul, Turquie


Je crois en la magie, je suis née et j'ai grandi à un moment magique, dans une ville magique, parmi des magiciens. La plupart des gens ne se rendaient pas compte de la magie qui nous entoure. Nous sommes reliés par les filaments argentés du hasard et des situations. Mais moi je le savais. C'est mon opinion... Au début nous connaissions tous la magie. Nous sommes nés avec des tornades, des feux de forêts, et des comètes en nous. Tout en sachant chanter aux oiseaux, voir dans les nuages, et voir notre futur dans des grains de sable. Mais ensuite, l'éducation retire la magie de nos âmes. Les fessées, les bains et les coups de brosse font ça. On nous met sur le droit chemin et on nous dit d'être responsable, d'être mature. Et vous savez pourquoi on nous dit ça ? Parc'que ceux qui nous le disent ont peur de la folie de la jeunesse. Et parce que la magie qu'on connaissait, les rendait tristes et honteux d'avoir laissé ça disparaître en eux. Après s'en être éloigné, on ne peut pas vraiment y revenir... juste quelques secondes, quelques secondes pour en prendre conscience et s'en souvenir. Quand les gens sont tristes au cinéma, c'est parce que dans la salle sombre, on touche du doigt la magie... brièvement. Puis ils ressortent à la lumière de la raison et de la logique et la magie s'évanouit. Et ils ressortent un peu tristes, sans même savoir pourquoi. Quand une chanson nous rappelle quelque chose, quand la poussière miroitant dans un rayon de lumière détourne votre attention du monde autour. La nuit quand vous écoutez au loin, un train sur les rails, en vous demandant où il va... Vous dépassez votre personne et votre monde. Pendant un instant bref, vous entrez dans un royaume magique. C'est ce en quoi je crois.

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