de Ole Bornedal. 2021. Danemark. 1h41. Avec Bertram Bisgaard, Ester Birch, Ella Nilsson, Fanny Bornedal, Alex Høgh Andersen, Danica Curcic
Sortie salles Danemark: 28 Octobre 2021. Diffusé sur Netflix le 9 Mars 2022
FILMOGRAPHIE: Ole Bornedal est un réalisateur danois né le 26 mai 1959. 1994 : Le Veilleur de nuit (Nattevagten). 1997 : Le Veilleur de nuit (Nightwatch). 2003 : Dina (I Am Dina). 2007 : The Substitute (Vikaren). 2009 : Deliver us from the evil (Fri os fra det onde). 2010 : Just Another Love Story. 2012 : Possédée (The Possession). 20173 : Small Town Killers (Dræberne fra Nibe). 2022 : Et le ciel s'assombrit.
Oeuvre coup de poing relatant l'histoire vraie d'une école catholique bombardée par inadvertance par la Royal air force à la fin de la seconde guerre mondiale, ce qui causa la perte de 86 enfants et 16 adultes sacrifiés au nom d'une bavure guerrière, Et le ciel s'assombrit est une production danoise d'une intensité dramatique en crescendo. Le réalisateur nous attachant dans un premier temps à nous décrire la relation sentimentalement improbable entre une jeune carmélite doutant de sa foi et un jeune milicien peu à peu envoûté par l'audace de cette dernière lui renvoyant un miroir déformant de par ses états d'âme gagnés de honte et de remords à perpétrer une violence aussi aveugle qu'animale. Tous deux étant hantés par leurs démons à travers leurs pensées subjectives compromises par la dichotomie du Bien et du Mal. Quand bien même on nous présente également en parallèle l'unité amicale d'un trio d'enfants, 2 fillettes et un ado traumatisé par la mort (là encore accidentelle) de jeunes mariées bombardées dans un taxi. Et ce au point de souffrir d'aphasie.
Ainsi, après nous avoir attaché à ses personnages superbement campés par des acteurs d'une sobre expressivité, la trajectoire narrative opte pour le fameux bombardement de l'école catholique qui causa la perte de tant d'innocents. La dernière partie s'intéressant enfin au sort des survivants lors d'une tentative houleuse de sauvetage parmi l'aide des pompiers, de bénévoles (dont l'enfant ne sachant plus s'exprimer) et du fameux milicien très inquiet pour le sort de son amie. Magnifiquement mis en scène auprès d'un montage fluide et narré avec un sens du rythme sans faille, Et le ciel s'assombrit nous laisse en état de choc émotionnel sitôt le générique défilé. Et ce tant auprès de son vérisme (parfois baroque, surtout la 1ère partie où plane l'ombre spirituelle) criant de vérité historique que de la présence de ses personnages susnommés, communément torturés par les valeurs du Bien et du Mal en plein contexte belliqueux. L'intérêt de l'intrigue terriblement dure et dramatique résidant dans la quête de rédemption que ces protagonistes se partagent mutuellement lors de cette période trouble de l'histoire à observer dans l'impuissance des exactions morbides dénuées d'éthique. D'où leur grande souffrance morale à accepter ou à renier le soutien de Dieu dans leur quête initiatique d'y cueillir une main secourable.
Bouleversant requiem contre la guerre à travers une erreur humaine aux conséquences infiniment tragiques, Et le ciel s'assombrit évacue intelligemment tous pathos ou complaisance pour mettre en exergue un cauchemar baroque d'une intensité émotionnelle dignement traduite sans fards. Son casting, très solide (le jeune Bertram Bisgaard est absolument époustouflant de naturel dans ses expressions désarmées, son impuissance morale de ne pouvoir s'exprimer face une autorité adulte castratrice) parvenant à nous immerger dans leur descente aux enfers au gré d'une déchirante solidarité fraternelle ou sentimentale. Assurément l'un des meilleurs films de 2022 où le degré d'immersion est à son apogée (notamment grâce à des effets numériques plus vrais que nature).
*Bruno Matéï
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