jeudi 31 mars 2022

Impitoyable /Unforgiven. Oscar du Meilleur Film, 93.

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemachoc.canalblog.com

de Clint Eastwood. 1992. U.S.A. 2h11. Avec Clint Eastwood, Gene Hackman, Morgan Freeman, Richard Harris, Jaimz Woolvett, Frances Fisher, Saul Rubinek, Anna Thomso.

Sortie salles France: 9 Septembre 1992. U.S: 7 Août 1992. 

FILMOGRAPHIE: Clint Eastwood est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur américain, né le 31 Mai 1930 à San Francisco, dans l'Etat de Californie. 1971: Un Frisson dans la Nuit. 1973: L'Homme des Hautes Plaines. 1973: Breezy. 1975: La Sanction. 1976: Josey Wales, Hors la Loi. 1977: L'Epreuve de Force. 1980: Bronco Billy. 1982: Firefox, l'arme absolue. 1982: Honkytonk Man. 1983: Sudden Impact. 1985: Pale Rider. 1986: Le Maître de Guerre. 1988: Bird. 1990: Chasseur Blanc, Coeur Noir. 1990: Le Relève. 1992: Impitoyable. 1993: Un Monde Parfait. 1995: Sur la route de Madison. 1997: Les Pleins Pouvoirs. 1997: Minuit dans le jardin du bien et du mal. 1999: Jugé Coupable. 2000: Space Cowboys. 2002: Créance de sang. 2003: Mystic River. 2004: Million Dollar Baby. 2006: Mémoires de nos pères. 2006: Lettres d'Iwo Jima. 2008: L'Echange. 2008: Gran Torino. 2009: Invictus. 2010: Au-delà. 2011: J. Edgar. 2014: Jersey Boys. 2015: American  Sniper.  2016: Sully. 2018 Le 15 h 17 pour Paris. 2018: La Mule. 2019: Le Cas Richard Jewell Richard Jewell. 2021: Cry Macho. 


"Quelques années après, Mme Ansonia Feathers fit le voyage à Hodgeman county pour voir l'endroit où reposait sa fille. William Munny avait disparu avec les enfants... Peut-être à San Francisco om disait-on il avait prospéré dans les étoffes. Rien dans l'inscription ne permit à Mme Feathers de comprendre pourquoi sa fille avait épousé un voleur et un tueur. Un homme connu pour sa nature vicieuse et intempérante."

“La violence est une forme de faiblesse.”
Dur dur d'imprimer ses propres mots à l'écrit sitôt le générique clos bien que j'y replonge ce soir pour la 3è fois. Sans doute faute de ma maturité et de ma sensibilité aujourd'hui plus exacerbées, Impitoyable  (quel titre idoine !) m'a littéralement traumatisé d'émotions rigoureuses (je l'avoue sans racolage aucun) à travers son douloureux traitement de la violence que Clint Eastwood impose avec une vérité aussi crue que mise à nu. Comme s'il était parvenu à filmer la mort en direct. Les scènes de violence infiniment réalistes demeurant à la limite du soutenable de par son intensité dramatique à fleur de peau que l'on subit à l'instar de moult coups de fouet dans l'impuissance. L'intrigue retraçant posément le terrible destin d'un ancien tueur notoire ayant appris grâce à l'amour de son épouse les valeurs de sagesse, de paix avec soi, de tendresse et de plénitude en dépit de ses anciens démons planant discrètement sur ses épaules (comme nous le révélera son évolution morale à nouveau en perdition). Or, depuis le décès soudain de celle-ci, William Munny finit quelques années plus tard par accepter de renouer avec son passé vicié afin de sustenter à la survie de ses 2 enfants (il est au bord de la ruine). A savoir, retrouver la trace de 2 cowboys dont l'un taillada au visage une prostituée, et les tuer afin d'empocher la somme de 1000 dollars. 

Pour ce faire, il décide de renouer avec son meilleur ami afro Little Bill Daggett après avoir accepté sa transaction avec un jeune étranger zélé, le Kid. Mais faute de leur résurgence criminelle de dernier ressort, le trio infortuné entamera un voyage au bout de l'enfer lors d'un concours de circonstances à la fois morbides et tragiques. D'une intensité dramatique que l'on ne voit pas venir, tant Eastwood, réalisateur, maîtrise à la perfection sa mise en scène studieuse réfractaire à la vulgarisation d'une violence aussi sournoise que bestiale, Impitoyable se vit et se subit tel un uppercut dans l'estomac sous l'impulsion d'une fragilité humaine névralgique. La grande qualité du film découlant de la fine caractérisation de ses personnages en proie à des accès de violence préjudiciables. Tant auprès du Kid endossant le cowboy affirmé avec une maladresse pathétique, de Little Bill fatigué par cette violence contagieuse que son acolyte réanime soudainement, que de William Munny constamment hanté par la mort de son épouse mais aujourd'hui contraint de renouer avec ses vices (l'alcool, la violence) en guise de gain mais aussi de vendetta. Clint Eastwood nous relatant au gré d'une dimension humaine aussi fouillée que chirurgicale l'une des plus rudes réflexions sur le poison de la violence (les conséquences irréversibles qu'elle finit par entrainer en contaminant celui qui l'emploie ainsi que ses proches pour des enjeux d'ego, pécuniaires ou de vengeance). Et ce traité ici sans complaisance et avec une lucidité exemplaire. Tant et si bien que celui qui ose ôter la vie d'un être humain au cours de sa vie demeure à jamais avili par son acte impitoyable sans jamais pouvoir se le pardonner. Eastwood recourant notamment en filigrane durant tout le récit au manifeste contre la maltraitance des femmes exploitées ici à la prostitution mais en proie au désir d'émancipation à travers leur cri d'alarme d'y subir le machisme le plus brutal et couard. 


L'ange de la mort.
Voilà de quoi traite durant tout son cheminement moral Impitoyable sous l'impulsion d'acteurs au diapason. Gene Hackman n'ayant point usurpé son oscar tant il demeure terrifiant de cynisme en shérif castrateur sado-maso, Morgan Freeman nous arrachant les larmes de sa condition démunie d'observer son meilleur ami céder à nouveau à ses pulsions primitives, Jaimz Woolvett inspirant sans fard la pitié en meurtrier néophyte finalement en proie au dégout de son éthique galvaudée, et enfin Clint Eastwood écrasant d'ambiguïté versatile à travers sa fêlure morale tantôt fragile, tantôt inquiétante, tantôt spectrale si je me réfère à l'éprouvant règlement de compte apocalyptique d'une vigueur émotionnelle toute à la fois terrifiante et bouleversante. Le spectateur assistant impuissant à cette déchéance criminelle en roue libre avec une amertume en berne. Si pour ma part Impitoyable est l'un des 3 westerns de ma vie (avec Il était une fois dans l'Ouest et La Horde Sauvage), il faut aussi savoir qu'en juin 2008, il est classé comme le quatrième meilleur film américain du genre western de la liste AFI's 10 Top 10 de l'American Film Institute. Derniers mots subsidiaires: photo sépia, décors naturels et mélodie élégiaque d'une beauté sensitive à damner un saint (à l'instar du sort infortuné de Will Munny...)

*Bruno Matéï
3èx

Box Office France: 793 304 entrées

Récompenses
Oscars 1993 :
meilleur film 
meilleur réalisateur : Clint Eastwood 
meilleur second rôle masculin : Gene Hackman 
meilleur montage : Joel Cox.
British Academy Film Award du meilleur acteur dans un second rôle pour Gene Hackman
Golden Globes 1993 de la meilleure réalisation et du meilleur acteur dans un second rôle pour Gene Hackman
LAFCA du meilleur film 1992
Prix Sant Jordi du cinéma du meilleur film étranger 1993
Fotogramas de Plata du meilleur film étranger 1993
National Film Preservation Board en 2004

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire