Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Sergio Leone. 1984. U.S.A/Italie. 4h11 (version Extended Director's Cut de 2012). Avec Robert De Niro, James Woods, Elizabeth McGovern, James Woods, Joe Pesci, Burt Young, Tuesday Weld, Treat Williams, Danny Aiello, William Forsythe, James Hayden, James Russo.
Sortie salles France: 23 Mai 1984 (Int - 13 ans)
FILMOGRAPHIE: Sergio Leone est un réalisateur, scénariste et producteur italien, né le 3 Janvier 1929 à Rome, décédé le 30 Avril 1989. 1959: Les Derniers Jours de Pompéi, 1960: Sodome et Gomorrhe, 1961: Le Colosse de Rhodes, 1964: Pour une poignée de Dollars, 1965: Et pour quelques Dollars de plus, 1966: Le Bon, la Brute et le Truand, 1968: Il Etait une fois dans l'Ouest, 1971: Il était une fois la Révolution, 1973: Mon Nom est Personne (co-réalisé avec Tonino Valerii), 1975: Un Génie, deux Associés, une Cloche (co-réalisé avec Damiano Damiani), 1984: Il Etait une fois en Amérique, 1989: Les 900 jours de Leningrad (inachevé).
Les fantômes du passé et du présent.
Mastodonte de la fresque historique décortiquée en long et en large par les critiques internationales, Il était une fois en Amérique repose énormément sur la puissance de son histoire écorchée vive, l'incroyable brio de sa mise en scène léonienne (les 40 premières minutes contemplatives libèrent une émotion vertigineuse où la féerie y côtoie une cruelle amertume dans ses reflets nostalgiques) et la présence iconique de ses acteurs communément inoubliables dans leur posture nécrosée du Mal et de l'infortune. Sergio Leone traitant sans fard (et donc avec parfois même une certaine crudité) des thèmes de la violence, du sexe, de l'amour, de l'amitié, des souvenirs et de la vieillesse sous l'impulsion d'une mélancolie terriblement cafardeuse eu égard de la mine déconfite du spectateur quittant le générique de fin la gorge nouée, les yeux embués de larmes face à un De Niro (faussement) béat. Le récit retraçant l'odyssée meurtrière sur plusieurs décennies d'un quatuor de Gangsters, principalement du point de vue de leur leader Noodles, féru d'amour depuis son adolescence de l'ambitieuse Deborah désireuse de devenir actrice à Hollywood, mais aussi attaché à l'amitié de son mentor, Max. Ainsi donc, sous le regard plein de nostalgie, de honte et de remords du monstre sacré Robert De Niro, Sergio Leone nous impulse un déluge d'émotions aussi brutales que cruelles eu égard de sa prise de conscience de son anti-héros d'avoir brisé sa vie ainsi que celle des autres faute de sa condition corruptrice et de son ego.
Son profil véreux à la fois vicié et paumé mais retors et débrouillard (notamment auprès de la contrebande d'alcool et de son ingénieux système de sel de mer) extériorisant chez lui des actes de pillage, duperie, viol et lâches assassinats parmi le témoignage de son meilleur ami Max (incarné par James Woods dans une humeur borderline) et surtout de celle qu'il adule, la douceur fragile de Deborah Spoil ! qu'il n'hésitera pas à violer en guise d'égoïsme punitif Fin du Spoil. Il s'agit donc autant d'un grand mélo à la dramaturgie infiniment escarpée qu'une histoire d'amitié impossible que se livrent Loodness, Max et Deborah, mutuellement compromis par les conséquences de la félonie et d'une influence criminelle inévitablement préjudiciable auprès de leurs âmes galvaudées. Magnifié du score élégiaque d'Ennio Morricone, Il était une fois en Amérique émaille par intermittence son récit lyique de séquences d'anthologie confinant au chef-d'oeuvre sensoriel. A l'instar de la 1ère apparition de Deborah lors de son adolescence puis de sa danse de ballet improvisée face à Noodles en ado médusé par sa suave beauté. Ou encore d'un des garçonnets de la bande savourant goulûment derrière une porte de palier une charlotte russe après avoir fréquemment hésité l'ingérer au grand dam d'une relation sexuelle promise (la séquence musicalement intense en devient même bouleversante). Une pléthore d'autres séquences mémorables sont évidemment à l'avenant durant ces 4h11 de romance criminelle (on peut toutefois déplorer certaines scènes inédites dispensables selon moi) sous l'impulsion d'une mélancolie viscérale donnant le tournis au spectateur, car observant avec autant d'amertume que d'empathie (un tantinet gênée) le déclin de cette famille de fortune littéralement brisée, absorbée par les stigmates de leurs souvenirs qu'ils subissent, tels des fantômes sans âme comme le rappelle le temps présent de leur commun isolement existentiel.
Conte humaniste (audacieusement) bâti sur l'équipée sauvage d'un quatuor de gangsters victimes de leur souillure morale, Il était une fois en Amérique épouse le cheminement désespéré d'une tragédie existentielle où l'amour, la confiance et l'amitié demeurent réfractaires à toute forme de rédemption. Et ce de la manière la plus cruelle qui soit quant aux retrouvailles séculaires en berne. Il y émane un grand moment de cinéma d'une acuité émotionnelle rarement égalée parmi ses regards meurtris, striés et tourmentés, laminés par les rouages du temps et cette vieillesse acrimonieuse irréfragable. Ames sensibles et dépressifs, armez-vous d'attention et de courage (notamment pour son exceptionnelle durée) car le voyage initiatique (celle de la sagesse d'une remise en question) est à marquer d'une pierre blanche sinistrosée.
*Bruno Matéï
Merci ; je trouve invraisemblable que le film n'ait pas été interdit aux moins de 18 ans en 1984... et inquiétant qu'on puisse le voir à 12 ans aujourd'hui.
RépondreSupprimerPour moi, le plus grand film jamais réalisé. Je n'ai qu'un regret : qu'il faille y consacrer quatre heures à chaque fois que l'on souhaite le visionner :)
Mechanix
De rien.
RépondreSupprimerJe rejoins tes 2 points : la durée et l'interdiction