mercredi 9 mars 2022

Fresh

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Mimi Cave. 2022. U.S.A. 1h55. Avec Daisy Edgar-Jones, Sebastian Stan, Jonica T.Gibbs, Charlotte Le Bon, Dayo Okeniyi, Andrea Bang

Diffusé sur Disney + le 4 Mars 2022

FILMOGRAPHIEMimi Cave est une réalisatrice et scénariste américaine. 2022: Fresh. 


Que voici une formidable surprise distribuée par Disney + que l'on attendait au tournant d'oser se prêter au jeu horrifique sous la bannière d'une comédie acide très noire ! Satire caustique sur l'inanité des sites de rencontres dans l'air du temps, dans la majorité des plateformes bancables si j'ose dire, Fresh séduit et inquiète avec une efficacité modestement soutenue. Ainsi, en abordant le tabou singulier du cannibalisme sous couvert de romance culinaire esthétisante (les décors high-tech du repère du prédateur sont fastueux, jusqu'à la geôle d'un design classieux que Noa endure dans sa condition recluse, Fresh conjugue avec audace décomplexée, ironie mordante, horreur peu ragoutante et érotisme badin une confrontation au sommet entre la victime et le praticien abordé sur le net. Notamment si je me réfère à son final infernal, sorte de cartoon férocement méchant et trépidant entre victimes et tueur se combattant mutuellement l'adrénaline au ventre. Un point d'orgue terrifiant remarquablement tendu quant à notre appréhension d'y redouter les rebondissements dramatiques eu égard de son ultra violence en roue libre où tous les coups demeurent permis. 


Par conséquent, à travers son climat stylisé étrangement trouble et séduisant, Fresh parvient à instaurer un vénéneux climat de séduction et d'appréhension quant aux stratégies vicieuses de l'héroïne séquestrée, peu à peu motivée par une vendetta murement réfléchie. Et c'est autant à travers ses personnages d'amants maudits que Fresh tire son épingle du jeu eu égard de la présence naturelle de  Daisy Edgar-Jones (étoile montante, sosie d'Asia Argento !) parfaitement convaincante et brillamment dirigée dans sa fonction de victime servile à nouveau motivée par le désir de séduction en guise d'échappatoire. Et ce en dansant timidement à deux reprises une Fièvre du Samedi soir chorégraphiée dans l'attrait innocent. Jouant de son charme lestement diabolique le séducteur à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, Sebastian Stan lui partage spontanément la vedette en cuisto cannibale à la fois serein et affirmé dans sa force d'aplomb dénuée d'inhibition. Un couple insidieux inscrit dans la contradiction donc pour des rapports de force morale que la réalisatrice dépeint efficacement en jouant de leur charme sensuel et de leur répliques sarcastiques à disserter sur les bienfaits de la chair humaine cuisinée aux p'tits oignons. 


Mené sans temps morts avec une volonté stylisée de nous envouter (sobrement) au coeur d'une comédie horrifique douteuse où pointe le bon mauvais goût, Fresh détonne agréablement sous l'impulsion d'un jeu d'acteurs résolument impliqués dans leur fonction marginale en perdition. Il y émane une savoureuse satire romantique pleine de charme, de fantaisie, d'angoisse morale et de violence épeurante que la réalisatrice s'empresse de parachever lors d'une confrontation finale dantesque (dans la mesure où nos nerfs sont mis à rude épreuve). Excellent car modestement traité avec une originalité quelque peu décapante. 

*Bruno Matéï

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire