mardi 8 mars 2022

Le Géant de la Steppe / Илья Муромец. 1958 : Diplôme d'honneur au Festival international du film d'Édimbourg

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Alexandre Ptouchko. 1956. Union Soviétique. 1h32. Avec Andreï Abrikossov, An-Son-Hi, Boris Andreïev, Iya Arepina, Choukour Bourkhanov.

Sortie salles France: 22 Mai 1959. Union Soviétique: 16 Septembre 1956.

FILMOGRAPHIEAlexandre Loukitch Ptouchko (en russe : Александр Лукич Птушко) est un réalisateur de fictions et de films d'animation russe né le 6 avril 1900 à Lougansk dans l'Empire russe et décédé le 6 mars 1973 à Moscou dans la RSFS de Russie en URSS. Il est surnommé le « Walt Disney russe ».1935 : Le Nouveau Gulliver. 1939 : La Petite Clef en or. 1942 : Secrétaire du Parti. 1942 : Tête brûlée. 1944 : Zoïa. 1946 : La Fleur de pierre. 1948 : Trois Rencontres. 1953 : Le Tour du monde de Sadko. 1956 : Le Géant de la steppe. 1959 : Sampo d'après Sampo. 1961 : Les Voiles écarlates. 1964 : Le Conte du temps perdu. 1966 : Le Conte du tsar Saltan. 1972 : Rouslan et Ludmila. 

Réputé comme le film comportant le plus de figurants de l'histoire du cinéma (106 000 soldats vs 11 000 chevaux) si bien qu'il est répertorié dans The New Guinness Book of Movie Records de Patrick Robertson, publié en 1993, le géant de la Steppe est une fabuleuse curiosité en dépit d'une trame hélas assez peu captivante (une rivalité incessante entre bons et méchants jusqu'à ce que le Bien reprenne ses droits) que l'on suit toutefois avec attention eu égard des moyens déployés et de son éblouissante facture formelle, véritable rêve éveillé. Car il faut bien reconnaître que d'un niveau purement esthétique, le Géant de la Steppe est un chef-d'oeuvre enchanteur d'une beauté onirique incandescente. A l'instar de sa première demi-heure où le réalisateur (surnommé dans son pays le Walt Disney russe !) ne cesse d'y sublimer la nature (tantôt crépusculaire) et ses vastes panoramas parfois entourés d'animaux candides ou autrement étranges (les corbeaux) que les personnages psalmodient avec tendresse, alégresse et chaleur humaine. 

Et si ce pouvoir de fascinant prégnant perd toutefois de sa patine ensorceleuse au fil d'une narration épique chargée de batailles, trahisons, romance et pugilats, on reste toujours curieux d'assister à ce spectacle d'un autre âge, véritable hymne à l'amour de la patrie russe (au mépris de la fortune, de la célébrité et de la violence) que le réalisateur ukrainien ne cesse d'y glorifier à renfort de répliques et préceptes emplies de loyauté, de sens du courage dans leurs valeurs de noblesse humaine. Et si les personnages peu familiers au public occidental ont un peu de mal à nous immerger de plein fouet dans leur conflit politique, les acteurs saisissants de droiture héroïque prennent très au sérieux leur rôle iconique, en ce en dépit de plages d'humour disséminées ici et là afin d'y détendre l'atmosphère. On peut d'ailleurs sourire de certains effets spéciaux artisanaux en carton pate (certains paysages en filigrane, le dragon a 3 têtes articulé sans agilité), alors qu'à d'autres moments on reste impressionnés par des séquences singulières plus crédibles et autrement inquiétantes par leur réalisme tantôt obscur (le rossignol brigand au souffre apocalyptique), tantôt ambitieux (les scènes de foules, les champs de batailles à perte de vue à la figuration disproportionnée - bien que perfectible par certains effets translucides-, la montagne humaine que les antagonistes façonnent afin que leur leader puisse accéder du haut du sommet à une vue panoramique pour observer l'ennemi). 

Bien connue de la génération 80 avec sa Vhs locative chez l'étendard Hollywood Video ainsi que sa diffusion au cinéma de quartier de Jean-Pierre Dionnet, le Géant de la Steppe renait de ses cendres sous l'égide d'Artus Films nous ayant concocté un sublime coffret avec livret dans une copie HD resplendissante. A redécouvrir, et à apprivoiser davantage à chaque révision car le Géant de la Steppe ne manque ni d'attrait, ni d'émotions ni de sens féerique en dépit de ses ellipses et de sa structure narrative à la fois redondante et prévisible.

*Bruno Matéï
2èx

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