mercredi 2 mars 2022

Out of Order... En dérangement / Abwärts

                                        
                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Carl Schenkel. 1984. Allemagne. 1h27. Avec Götz George, Wolfgang Kieling, Hannes Jaenicke, Kurt Raab, Jan Groth, Claus Wennemann, Ralph Richter, Renée Soutendjik, Ekmekyemez Fierdevs.

Sortie salles France: 23 Janvier 1985 (13 Février 1985 selon d'autres sources)

FILMOGRAPHIE SELECTIVECarl Schenkel est un réalisateur et scénariste allemand, né le 8 Mai 1948 à Berne, Switzerland, décédé le 1er Décembre 2003 à Los Angeles, Californie, USA.
1979: Graf Dracula in Oberbayern. 1981: Kalt wie Eis. 1984: Out of Order. 1992: Face à face. 1995: Terror Clinic. 1998: Tarzan et la cité perdue. 2001: Le crime de l'Orient Express (télé-film).


"Deux gamins de génération opposée se prennent la tête 1h30 durant dans une cage d'ascenseur".
Sorti un an après l'Ascenseur (de Dick Maas), Out of Order en exploite le même décor restreint mais en l'étalant sur une durée d'1h30, et ce sans argument fantastique. Le pitch: Un couple, un comptable et un jeune marginal se retrouvent coincés dans un ascenseur le temps d'une soirée. L'alarme n'étant pas déclenchée et ne voyant pas les secours arriver, deux d'entre eux décident de grimper au dessus de la cage pour accéder au périmètre des câbles. Rapidement, les esprits vont s'échauffer quand bien même leur situation de survie s'avère de plus en plus alarmiste. Ainsi donc, c'est une forme de pari Hitchcockien que s'est lancé le cinéaste allemand Carl Schenkel avec ce huis-clos intense jouant autant sur la claustrophobie de son unique décor que sur l'inimitié psychologique des protagonistes. En particulier celui de deux individus de milieu social opposé, un cadre et un jeune pubard n'ayant de cesse de se provoquer verbalement afin d'imposer leur mainmise. La maîtresse du cadre étant à l'origine de leur discorde puisque facilement attendrie par l'autorité rebelle du jeune délinquant. Ainsi, la jalousie, la rancoeur et leurs sentiments de supériorité vont être les vecteurs des deux adversaires à se combattre moralement et physiquement jusqu'à ce qu'un incident capital ne vienne dramatiser la situation de claustration.


En prime, et pour pimenter l'intrigue, le témoin le plus discret, un comptable sexagénaire, possède une étrange mallette attisant inévitablement la curiosité de ces camarades ! Hormis la facilité à laquelle ils décident (trop) rapidement d'investir le périmètre technique (au lieu d'attendre comme tout un chacun les secours), Carl Schenkel parvient à insuffler un suspense constamment haletant à travers leur confrontation machiste et leur bravoure à escalader les câbles de l'ascenseur pour tenter de rejoindre une issue de secours. L'exploration de ce long couloir de cordages électriques offrant des moments intenses de haut le coeur pour le spectateur apte au vertige ! Et ce sans effets numériques si bien que l'on reste bluffé par le réalisme de ses situations de danger létal.  Qui plus est, la prestation solide des comédiens et leur caractère bien trempé permettent d'y maintenir l'intérêt de par leur esprit de désinvolture mais aussi leur hypocrisie à se rejeter la faute l'un contre l'autre (ils sont incapables de distinguer la bonne foi de l'accusé mis en cause !). Enfin, lors de sa dernière partie, le réalisateur relance à nouveau l'action vers une progression dramatique oppressante lors d'une nouvelle tentative de secours des plus vertigineuses ! Et d'y clore cette captivante séquestration sur une note amorale si bien que la cupidité aura une fois de plus corrompu chacun des protagonistes, et ce de manière plutôt cruelle pour deux d'entre eux.


Intense, étouffant, haletant et magnétique à travers sa fine étude psychologique oscillant crise conjugale, maraude et rivalité machiste, Out of Order demeure un palpitant thriller à suspense jalonné de rebondissements et exploitant à bon escient son unique décor photogénique, dédale de tous les dangers. Pour parachever, sa galerie de personnages impudents, toujours plus confrontés au stress, à la panique et à la paranoïa, prouve à nouveau qu'en situation de péril, l'homme ne peut finalement compter que sur son estime afin de remporter la mise. Mais à quel prix ?

Bruno Matéï
02.03.22. 5èx
16.05.14. 333 v

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