jeudi 18 septembre 2025

Au nom du père / In the Name of the Father de Jim Sheridan. 1993. Irlande/Angleterre. 2h13.

                              (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site Imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).

Puissant réquisitoire contre l’erreur judiciaire nourrie par la corruption policière, Au nom du père s’impose comme un moment de cinéma gravé dans les mémoires, dont on ne sort pas indemne. Relatant l’histoire vraie de la famille Conlon accusée à tort de terrorisme au cœur des années 70, alors que l’IRA ensanglantait l’Irlande du Nord, le film se concentre sur la descente aux enfers d’un père et de son fils, incarcérés trente ans durant dans la même cellule.

Jim Sheridan, armé d’un réalisme âpre et d’une chronologie implacable, nous immerge de plein fouet dans l’univers carcéral, jusqu’au jour où le véritable coupable y est lui-même enfermé aux côtés de Gerry et de son père Giuseppe. Poignant, bouleversant, le drame se fait révolte lorsque leur combat désespéré pour la vérité éclaire l’injustice d’un procès fallacieux qui condamna quatre innocents tandis que les véritables coupables demeuraient impunis.

Mais au-delà de l’indignation, Sheridan peint aussi le portrait fragile d’un père et de son fils, minés par la haine, la rancœur et la rébellion, cherchant malgré tout la réconciliation au sein de la geôle. Dans la peau d’un petit délinquant écorché, animé par la fureur de vivre, Daniel Day-Lewis crève l’écran avec une intensité foudroyante. Face à lui, Pete Postlethwaite incarne un père brisé, rongé par la culpabilité de n’avoir su retenir son fils sur la pente de la délinquance, faute d’un amour paternel mal exprimé mais brûlant.

Électrochoc d’une rigueur émotionnelle suffocante avant de libérer son spectateur de l’étau judiciaire et policier, Au nom du père reste l’un des drames carcéraux les plus puissants jamais portés à l’écran. On en ressort transformé à jamais.

— le cinéphile du cœur noir
3èx. Vostf

Récompenses: Festival de Berlin 1994 : Ours d'or du meilleur film

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