(Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).
"Evanouis - l’art noir du suspense hystérisé"
Phénomène horrifique de 2025, raflant tous les suffrages tant publics (bientôt 1 million d'entrées chez nous) que critiques, Evanouis est la seconde réalisation de Zach Cregger, encore plus investi et ambitieux depuis son excellent premier essai, Barbarians. Mais pour préserver l’effet de surprise - que le cinéaste prend malin plaisir à retarder jusqu’à une ultime demi-heure marquée au fer rouge dans la mémoire - moins vous en saurez, mieux vous serez terrassés. J’en suis témoin : cloué à mon siège deux heures durant, les nerfs vrillés, à tenter de deviner ce que tout cela pouvait bien dissimuler.
Évitez donc les synopsis trop bavards, et plus encore les trailers mercantiles qui déflorent son imagerie choc. Car le plaisir réside dans ce moment de frousse, bâti sur un suspense latent, fascinant autant qu’irritant, tandis que Cregger prend tout son temps pour dérouler son récit choral à travers le regard de plusieurs protagonistes prisonniers d’une journée de cauchemar interminable. Impeccablement structuré autour des faits et gestes de cette poignée d’âmes ballottées, Evanouis installe une maîtrise redoutable, une malice inquiétante qui distille mystère et malaise, entre postures ombrageuses et comportements erratiques dignes d’un épisode grandeur nature de La Quatrième Dimension.
En abordant de plein fouet paranoïa, suspicion et harcèlement scolaire au cœur d’une bourgade autrefois paisible, Cregger érige un train fantôme ricaneur qui ne cesse de miser sur l’expectative. Son suspense omniprésent, insoutenable, s’étire à travers les rares indices semés avec parcimonie. Mais en jouant la carte de la suggestion avec une précision chirurgicale, Evanouis libère une intensité dramatique où l’horreur se teinte de brutalité sèche. Jusqu’à un final ébouriffant, jusqu'au-boutiste, offert aux amateurs de terreur insolente, de délire sardonique et de violence acérée - une séquence hallucinée m’a d’ailleurs rappelé un classique sanglant des années 80, pour son gore massif et son effet de foule.
Captivant, passionnant, car intriguant par l’originalité de son récit délétère et la sobriété d’acteurs livrés à l’infortune, Evanouis déploie une terreur pure, redoublée d’efficacité, en conjuguant suspense et horreur graphique avec un art consommé de la surprise hystérisée. Et, aux côtés de Bring Her Back, Together et The Ugly Stepsister, il s’impose comme la révélation horrifique inattendue d’une année faste pour notre cinéma marginal fétichiste.
— le cinéphile du cœur noir
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