Remarquable thriller que cette seconde enquête danoise du Département V, adaptée d’un illustre roman de Jussi Adler-Olsen. Photographie monochrome léchée, mise en scène studieuse - aucun plan ne déborde —, intrigue solide, climat malaisant où liaisons dangereuses et exactions criminelles comme sexuelles s’abandonnent en roue libre, complémentarité attachante d’un duo de flics solidaires malgré leurs divergences caractérielles. Tout concourt à façonner un thriller criminel redoutablement efficace, nourri de rebondissements en flash-back, tandis que Mikkel Nørgaard s’applique à conter son récit sordide avec un réalisme blafard, fusionnant en nous inquiétude, tension et angoisse au fil de révélations toujours plus sentencieuses.
Et puis ce final haletant, convoquant tous les protagonistes, nous place face à l’appréhension et à l’impuissance, dans une inversion des rôles héroïques, tendue entre rédemption et fatalisme sacrificiel.
Au bout du compte, nous demeurons captifs et démunis, happés par l’intensité dramatique de cette cohésion SM où bien et mal se confondent, sous le regard scrupuleux d’une cagole à la fois bourreau et victime, et d’un flic introverti, taciturne, tentant d’offrir une ultime signification à son existence en secourant autrui - réduit ici à une dégénérescence morale, prisonnière d’une rapacité vindicative impossible à contenir.
Par sa profondeur psychologique, bouleversant la destinée de deux êtres esseulés confinés dans le repli et le pessimisme mais animés par la rage de l’injustice, Profanation s’impose comme un incontournable pour les amateurs éclairés de thriller noir, où toute complaisance se trouve bannie. Les comédiens, méconnus chez nous, y brillent d'autant plus par une expressivité austère et un charisme contracté, jamais forcé.
— le cinéphile du cœur noir
25.09.25. 2èx. Vost
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