lundi 8 septembre 2025

Ouvre les yeux / "Abre los ojos" de Alejandro Amenabar. 1997. Espagne/France/Italie. 1h59.

                            (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).

"Le vertige des faux-semblants : plonger dans Ouvre les yeux."

Il y a des films. Et puis il y a des expériences émotives qui vous saisissent par la main comme dans un rêve éveillé, au point que, tel le héros torturé, nous ne savons plus distinguer l’illusion de la réalité, happés dans un cheminement existentiel aux confins de la folie. Et dans ce jeu de dupe, ce simulacre vénéneux et insidieux, Alejandro Amenábar s’infiltre en véritable alchimiste, tant Ouvre les yeux nous entraîne dans une épreuve morale marquée d’une pierre blanche pour quiconque raffole des films-pièges au concept aussi dévastateur que révolutionnaire.

Au-delà du jeu rigoureux des comédiens emportés dans la tourmente du doute, de la folie, voire de la schizophrénie - et au-delà de l’ensorcelante beauté filiforme de Penélope Cruz - le scénario conçu par Amenábar et Mateo Gil relève du pur génie. À l’instar d’un suspense hitchcockien réglé au millimètre, sa mécanique narrative impeccablement huilée n’oublie jamais de ciseler la chair humaine de ses protagonistes pour mieux nous engloutir. Eduardo Noriega incarne César - figure altier et tranquille en apparence - avec une expressivité rapidement désarmée, poignante, affolante, presque inquiétante.

Le récit, puzzle à reconstituer entre minutie et impuissance, explore avec intelligence et fièvre discursive les thèmes du faux-semblant, de la métaphysique et du mysticisme, dans un réalisme diaphane d’une intensité rare. Ouvre les yeux demeure une expérience de cinéma enivrante et déroutante, pour qui aime se perdre dans des labyrinthes hermétiques où le romantisme côtoie l’hypocrisie la plus lâche, lorsque l’apparence prend le pas sur la vérité des sentiments.

On se trouve ainsi face à la fois à un thriller de science-fiction charpenté avec une rigueur implacable, à un suspense horrifique inquiétant et trouble, à un drame psychologique caustique et émouvant sur la rédemption d’un bellâtre machiste, et à un mélo vibrant d’humanisme torturé que les acteurs transcendent par une implication fragile, presque nue.

Gros morceau de cinéma, conjuguant ses genres avec une maîtrise implacable, Ouvre les yeux s’impose comme une référence vivante que le spectateur absorbe avec une attention diabolique, à la fois craintive et fascinée.

P.S: "Ouvre les yeux" fait partie de la liste des 1001 films à voir avant de mourir.

— le cinéphile du cœur noir

3èx. Vost

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