vendredi 26 septembre 2025

Les enquêtes du département V: Délivrance de Hans Petter Moland. 2016. Danemark. 1h52.

                                                     
                                  (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site Imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives)
 
3ᵉ opus des Enquêtes du département V au pays scandinave, Délivrance est, paraît-il, considéré comme le sommet de la saga. Je n’irai pas contredire cette réputation : à mes yeux subjectifs, il se révèle en tout cas aussi solide et captivant que Miséricorde et Profanation. On y retrouve l’attachant duo Nikolaj Lie Kaas / Fares Fares, investigateurs antinomiques pétris d’humanité, fragiles et fébriles, écorchés moralement, divisés par leur rapport à la foi - divergence ici mise en pleine lumière.

C’est l’une des forces du récit : interroger la valeur de la croyance pour réfléchir au sectarisme (les témoins de Jéhovah), au racisme et à l’athéisme. Carl Mørck, inspecteur bourru, finit d’ailleurs par vaciller dans ses certitudes : lui qui méprise la parole contradictoire et les dogmes découvre une forme d’ouverture au contact de son partenaire, croyant sans être pratiquant.
 
 
Beaucoup plus proche de Seven que ses prédécesseurs, Délivrance nous plonge dans l’ombre d’un serial killer redoutable - flegmatique, retors, insidieux dans sa façon d’attirer ses proies. Sa force tranquille, son charisme rassurant et sa foi pervertie par le Mal le plus lâche le rendent d’autant plus glaçant. Toujours mené avec une efficacité redoutable, plus haletant encore que Miséricorde et Profanation, le film ose une violence sordide profondément dérangeante, surtout lorsqu’elle s’attaque à la candeur de l’enfance, broyée par une main diabolique sans la moindre concession.

Une séquence aqueuse, notamment, risque de provoquer un choc viscéral à la limite du soutenable, tant les enfants, d’une justesse et d’une expressivité désarmantes, se laissent happer par leur bourreau — lui-même prisonnier d’un passé traumatique lié à la religion. Passionnant par son enquête criminelle aussi éprouvante qu’intolérable (lorsqu’il s’agit d’enlèvements d’enfants), Délivrance nous colle au siège, inconfortable mais fasciné. Mention spéciale à l’incroyable scène de l’hôpital : d’une intensité affolante, elle montre le tueur déjouant la vigilance policière avec une perspicacité glaçante. Réalisée avec brio, là où un autre sombrerait dans l’invraisemblance, elle impose sa crédibilité et la noirceur machiavélique de ce prédateur.
 
 
Quant à Carl Mørck, son parcours psychologique émeut autant qu’il secoue : une épreuve de force à perdre haleine, qui se conclut sur une délivrance intérieure, une réconciliation avec lui-même et une ouverture nouvelle, plus respectueuse, plus tolérante, envers cette idéologie religieuse tant débattue.
 
— le cinéphile du cœur noir

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