samedi 27 septembre 2025

Apparences / What Lies Beneath de Robert Zemeckis. 2000. 2h10. U.S.A.

                            (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site Imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives)
 
"Apparences : quand Zemeckis fait frissonner l’ombre d’Hitchcock dans une teinte surnaturelle."

Succès commercial lors de sa sortie (300 millions de dollars engrangés pour un budget de 100), Apparences est l’hommage direct à Hitchcock signé par le maître du divertissement Robert Zemeckis. Si je n’en gardais jadis qu’un souvenir aimable, quelle surprise de redécouvrir aujourd’hui un thriller horrifique d’une bien plus grande conviction, jouant habilement de son pitch référentiel et de l’argument fantastique de la demeure hantée. Certes, son scénario fut à l’époque dénigré pour sa prévisibilité, mais c’est oublier que Zemeckis manie ces clichés empruntés à Hitchcock avec adresse, subtilité et efficacité sans paraître "pot-pourri" – notamment dans la caractérisation des personnages interlopes – pour mieux nous captiver et surprendre malgré ses codes mille fois rebattus.
 

Oui, l’on peut déplorer quelques ficelles grossières et jump scares triviaux, surtout dans une première partie parfois convenue et jusque dans l’ultime confrontation outrancière (un Vendredi 13 fantasmé, avec ce tueur increvable). Mais le talent de mise en scène demeure indiscutable : Zemeckis insuffle aussi par moments une délicieuse angoisse éthérée – les séquences dans la salle de bain restent les plus réussies, en intensité comme en inquiétude – et s’appuie sur une direction d’acteurs absolument remarquable. En épouse bon chic bon genre en proie à une paranoïa grandissante, tour à tour erratique puis guidée par la lucidité, Michelle Pfeiffer crève l’écran. Radieuse, d’une force expressive à la fois résignée et déchirée, elle envoûte de son charme naturel digne des plus grandes stars. La retrouver dans une œuvre aussi soignée que captivante force le respect et décuple l’impact émotionnel de sa détresse esseulée. Plus en retrait, Harrison Ford n’est pas en reste : son jeu, contracté et pourtant d’une sérénité inquiétante, traduit subtilement l’angoisse contenue devant la déliquescence morale et mentale de son épouse.


Ainsi, à travers le huis-clos d’une splendide demeure champêtre, travaillée par des forces surnaturelles et un voisinage potentiellement suspect, Apparences exploite avec un savoir-faire implacable les codes du thriller, de l’horreur et du fantastique sans déborder vers l'invraisemblance la plus ridicule. Et si son final verse effectivement dans la surenchère d’une course-poursuite effrénée à rallonge, la tension tangible qui en émane, son action brutale, le dynamisme du montage et l’implication habitée des acteurs nous clouent au siège. Enfin, rien que pour la séquence rigoureusement hitchcockienne de la baignoire, Apparences ranime la peur de trépasser avec un art consommé de la tension inexorable.

— le cinéphile du cœur noir
2èx. Vostf. 4K 

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