de David Fincher. 1992. U.S.A. 2h25. Avec Sigourney Weaver, Charles S. Dutton, Paul McGann, Brian Glover, Ralph Brown, Daniel Webb, Christopher John Fields, Holt McCallany.
Sortie en salles en France le 26 Aout 1992. U.S.A: 22 Mai 1992.
FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962, à Denver dans le colorado des Etats-Unis.
1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac
2008: l'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network.
Pour une première réalisation, David Fincher signe un coup de maître avec Alien 3. Troisième opus d’une saga immortalisée par la présence virile de Sigourney Weaver et l’antagonisme féroce d’un alien venu des confins. Ambiance religieuse, angoisse diffuse, tout se resserre autour d’un pénitencier échoué sur la planète Fiorina 161. Après l’incendie du vaisseau la ramenant vers la Terre, Ripley est éjectée à bord d’une capsule et s’échoue sur la plage grise de Fiorina. Recueillie par un surveillant, elle est ramenée au cœur d’une prison caverneuse où survit une vingtaine de détenus rongés de pulsions. La présence d’une femme ravive chez ces condamnés des instincts pervers ou meurtriers. Quand la mort suspecte de l’un d’eux survient, Ripley redoute aussitôt la présence d’un nouvel alien.
Avant cela, deux chefs-d’œuvre antinomiques avaient posé les fondations : l’un sculptait la suggestion de l’angoisse, l’autre exultait dans l’action belliqueuse. Et ce troisième volet, ambitieux, surprend encore en se réinventant dans la sobriété d’un suspense minutieux, une psychologie écorchée, et une dernière demi-heure livrée à un chaos furieux. Ce qui frappe d’abord, c’est cet univers ocre, suffocant, rouillé, recréé avec un souci d’authenticité pour capter la vie brutale de ces damnés en vase clos - couloirs-labyrinthes, trompe-l’œil propices à la traque d’une créature infiltrée. La hiérarchie fondamentaliste, promesse de rédemption par la foi, nimbe le lieu d’une aura mystique, presque gothique. Et voilà qu’en ce cloître lugubre s’impose Ripley, flanquée de l’inévitable Alien. La fragile cohésion de ces âmes véreuses s’effrite sous la panique quand le monstre, plus délétère que jamais, entame sa moisson de chair.
Après s’être rapprochée du médecin Clemens, Ripley, infestée de poux et de regards lubriques, se rase le crâne - pour conjurer ces pulsions qu’elle attise malgré elle. L’inévitable survient : trois détenus tentent de la violer, mais leur leader, prophète mécanique de la parole divine, l’arrache à leur fureur. Ripley trouve refuge dans la loyauté de Clemens, hanté lui aussi par un passé trouble, et inquiet de devoir autopsier la fillette morte retrouvée à bord de l’USS Sulaco. Alors qu’on redoute que l’Alien ait contaminé ce petit cadavre, la menace rampe ailleurs, insidieuse, prête à investir un nouveau corps.
Dans ses deux premiers tiers, Fincher accorde une densité rare à la psychologie de ses marginaux : violeurs, meurtriers sans remords, soudés par l’Évangile, et face à eux une héroïne abandonnée par ses supérieurs, résolue à se sacrifier pour l’humanité - car son propre corps porte l’œuf maudit de la créature. C’est là toute la force dramatique de cette tragédie : l’enjeu vital sublime la tension, Ripley se dresse, plus combative que jamais, vers un baroud désespéré. Sans recourir au spectaculaire outrancier, le film déploie une dernière partie rigoureuse et trépidante : fuites haletantes, chasses mortelles dans les boyaux du pénitencier, portes scellées à la hâte, bête traquée vers une fonderie de plomb. Point d’orgue mémorable, à la fois haletant et fatal, jusqu’à un épilogue d’une poignante intimité : l’héroïne, acculée, choisit de mourir pour déjouer les visées abjectes de ses supérieurs, obsédés par l’idée de faire de l’alien une arme biologique.
Le jour de la pénitence.
L’intrigue, pétrie de psychologies blessées en quête de rachat, et cet esthétisme gothique sont pour Fincher l’écrin idéal pour réinventer la créature, mythe organique à l’aura hypnotique. La cohérence du scénario, la tension latente et la mise en scène ciselée subliment cette épopée sombre d’un souffle épique et désenchanté. Sigourney Weaver, figure christique, Jeanne d’Arc d’un futur sinistré, n’a jamais été aussi bouleversante et vaillante dans sa quête rédemptrice pour sauver l’humanité.
12.09.1. 3
Bruno Matéï
Les critiques des autres opus:
Alien, le Huitième Passager: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/04/alien-le-huitieme-passager.html
Aliens, le retour: http://brunomatei.blogspot.fr/…/aliens-le-retour-aliens.html
NOTE (INFO WILKIPEDIA). Cet épisode contient également le mystère (ou incohérence ?) de la saga Alien : la provenance de l'œuf au début du film. Un sujet qui passionne les fans. Certains disent que c'est la Reine qui l'a pondu à la fin d' Aliens, le Retour mais comment celle-ci peut-elle pondre sans son abdomen pondeur ? D'autres disent que c'est Bishop qui l'aurait embarqué et caché dans le Sulaco pendant l'absence de Ripley (partie sauver Newt). N'oublions pas que la mission de base de Bishop était de ramener un spécimen, Bishop est un androïde et il est conçu pour ça. Certaines scènes du précédent volet le montrent clairement. De même dans ce 3e épisode où il éconduit du mieux qu'il peut les questions de Ripley en lui faisant croire qu'il a mal (depuis quand un androïde a mal ?). N'oublions surtout pas que l'on entend un œuf s'ouvrir tout à la fin du générique d'Aliens, le Retour... ce qui indiquerait que James Cameron avait laissé un indice pour cette suite.
LA VERSION ALTERNATIVE et ses différences avec le MONTAGE CINEMA.
La version alternative de 2003 disponible sur l'édition spéciale en DVD et BLU-RAY diffère sur de nombreux points par rapport à la version sortie en 1992. Par exemple, dans la version cinéma, le xénomorphe sort d'un chien alors que dans l'édition spéciale, il sort d'un boeuf mort. On voit brièvement le Superfacehugger, une version évoluée de la créature qui pond des œufs dans leur victime (ici un boeuf). On y voit l'apparition complète du background des prisonniers, les fameux chromosomes double Y. On apprend entre autres que la prison est fermée depuis plusieurs années, mais qu'ayant trouvé un équilibre dans le travail minier, ceux-ci ont été autorisés par la « Compagnie » à continuer leurs occupations ici. On en apprend ainsi beaucoup plus sur l'histoire du docteur Clemens. La fin, elle aussi, est différente. Si dans l'édition de 1992, on voit la reine Alien sortir du corps de Ripley quand celle-ci se suicide, il n'en est rien dans l'édition alternative.
A noter, qu'il n'y a pour l'heure aucune version "director's cut". En effet, David Fincher étant brouillé avec les producteurs qui ont remonté son film sans son accord, n'a toujours pas voulu y retoucher...