Photo empruntée sur Google, appartenant au site
critique-film.fr
d'Alexandre Bustillo et Julien Maury. 2011. France. 1h28. Avec Loïc Berthezene, Serge Cabon, Chloé Coulloud, Béatrice Dalle, Catherine Jacob, Jérémy Kapone, Chloé Marcq, Félix Moati, Marie-Claude Pietragalla.
Sortie salles France: 7 Décembre 2011
FILMOGRAPHIE (Info Wikipedia): Alexandre Bustillo est un réalisateur et scénariste Français, né le 10 Août 1975 à Saint-cloud. Julien Maury est un réalisateur et scénariste français.
2007: A l'Intérieur
2011: Livide . Avertissement ! Cet hommage concerne l'avis subjectif d'un puriste amateur, amoureux de cinéma de genre, en toute indépendance. Il ne s'agit pas d'un plagiat. Toute analogie avec une critique d'un site spécifique ne serait que pure coïncidence.
Ca ne va pas faire plaisir à mon ami Bruno mais avec toute l'indulgence du monde, j'ai trouvé Livide pesant et ennuyeux. Fautes à une interprétation peu crédible et une structure narrative redondante (45 minutes pour illustrer de façon ombrageuse un cambriolage rébarbatif). Hormis une esthétique soignée découlant de certaines séquences d'une beauté macabre formelle et de la bonne intention des réalisateurs, Livide se morfond dans un cheminement ambitieux mais vain en tentant d'affilier le conte onirique et l'horreur grand-guignolesque (le délire final agrémenté d'Fx irréprochables tourne à vide par la cause d'un script maigrelet et de personnages jamais investis). A contrario, la séquence ultime se part d'un éclat gracile dans sa poésie féerique et la musique accordait aussi une tonalité appropriée !
Un grand merci à critique-film.fr Bruno Matéï 09.04.12
Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmonpaper.com
de Jack Hill. 1975. U.S.A. 1h30. Avec Robbie Lee, Joanne Nail, Monica Gayle, Asher Brauner, Chase Newhart, Marlene Clark, Kitty Bruce, Janice Karman, Don Stark, Don Marino.
FILMOGRAPHIE (info wikipedia): Jack Hill est un réalisateur et scénariste américain, né le 28 Janvier 1933 à Los Angeles.
1959: The Wasp Woman. 1960: The Host. 1963: l'Halluciné. 1966: Mondo Keyhole. Blood Bath. 1968: Spider Baby. 1969: Pit Stop. 1970: Je suis une groupie. 1971: The big doll house. 1972: The bird bird cage. 1973: Coffy la panthère noire de Harlem. 1974: Foxy Brown. The Swinging Cheerleaders. 1975: Les Loubardes. 1982: Sorceress. .
.
Spécialiste du WIP et de la Blaxploitation, le vétéran Jack Hill réalise en 1975 un film d'action féministe dont les anti-héros se révèlent des lascardes effrontées, adeptes du maniement du couteau et des armes à feu. Pure bande dessinée décomplexée pour adultes, les Loubardes s'institue nanar fun volontairement primaire si bien que nos garçonnes opiniâtres crèvent l'écran dans leur conviction belliqueuse ! La guerre des clans fait rage entre une bande de garçons, les Silver Deb et un gang de filles, les Dagger Debs, dont leur nouvelle recrue, Maggie va venir s'interposer et semer la zizanie. Par la faute d'une duperie et d'une rancune compromise par Lace, la nouvelle égérie du groupe féministe se résout à enrôler une troupe de belligérantes afros pour combattre le clan des Silver Deb. .
.
Ca débute comme un WIP jalonné de combats de catch entre gardiennes et prisonnières coincées en interne de leur cellule et ça se termine par un règlement de compte sanglant où la cité urbaine, livrée à feu et à sang, est le cadre d'une guérilla sans merci entre bandes rivales ! Une forme de Justicier de New-York avant-gardiste avec l'armada de véhicule blindé, explosions dantesques et coups de mitraillettes pétaradants décimant trois antagonistes à la seconde ! La narration ultra simpliste n'est qu'un prétexte à étaler à intervalle régulier nombre d'affrontements frénétiques entre une bande de filles délurées et des machistes orgueilleux contrariés par leur insolence dissolue. Néanmoins, l'intrigue se focalise surtout sur la relation amicale puis tendue exercée par Lace et la nouvelle recrue, Maggie, experte en art de combattre l'adversaire au couteau ou à main nue. Par la cause perfide d'une comparse insidieuse et la mort du compagnon de Lace (chef des Silver Deb), Maggie va devoir s'opposer à l'autorité de son amie, déterminée à daigner l'assassiner. En prime, elle est contrainte de s'allier avec une troupe de femmes rebelles d'origine africaine pour combattre les mâles sévèrement brimés. Jack Hill, en habile faiseur d'action gentiment débridée nous façonne avec dérision une bisserie ultra caricaturale, transcendée par la prestance impertinente de comédiennes viriles pourvues de réparties corrosives ! .
. Fun, jouissif, coloré, terriblement niais et crétin, ce plaisir coupable ne laisse pas un instant de répit au spectateur embarqué dans une rixe où les femmes farouches ont le monopole de l'allégeance et les hommes violeurs sont réduits à des brutes antipathiques. On sera par contre surpris de la violence plus rigoureuse du final fortuit dans un combat exécuté à l'arme blanche par nos deux rivales indignées. Un affrontement particulièrement cru et sanglant résultant avec ironie vers une morale frondeuse dans son pied de nez gouailleur asséné aux forces de l'ordre. Pour tout amateur de nanar cartoonesque dédié au plaisir ludique de l'action échevelée, les Loubardes est un petit classique vintage rythmé au son de la Soul et du Funk. .
Dédicace à l'Antre du bis et de l'exploitation et un grand merci à Filmonpaper.com Bruno Matéï
05.04.12
de William Beaudine. 1966. U.S.A. 1h13. Avec John Carradine, Chuck Courtney, Melinda Plowman, Virginia Christine, Walter Janovitz.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: William Beaudine est un acteur et réalisateur américain, né le 15 Janvier 1892 à New-York, décédé d'insuffisance rénale le 18 Mars 1970 à Canoga Park, en Californie. Il est surtout réputé pour ses films muets. 1960: Les 10 Audacieux. 1963: Lassie's Great Adventure. 1966: Jesse James contre Frankenstein. 1966: Billy the Kid versus Dracula. 1974: The Green Hornet. 1976: Fury of the Dragon.
La même année que son inénarrable Jesse James contre Frankenstein, William Beaudine, spécialiste du cinémat muet (une centaine de titres à son effigie !), s'empare du mythe vampirique pour nous évoquer en l'occurrence la confrontation entre le célèbre bandit Billy the Kid et l'indéfectible Dracula, incarné ici par le vétéran John Carradine. Le Pitch: Dans l'Ouest américain, Dracula a trouvé sa nouvelle proie auprès d'une ravissante fermière, propriétaire d'un ranch. Mais Billy The Kid, ancien bandit aujourd'hui reconverti dans la bienséance entend bien protéger sa dulcinée des griffes de l'intrépide chauve-souris ! Amateurs de séries Z impayables d'une niaiserie hallucinée, ce film est pour vous tant il procure durant son bref cheminement (1h13 !) moult situations risibles transcendées de la prestance cabotine d'interprètes désespérément persuasifs. Si bien qu'après avoir commis l'insensé Jesse James contre Frankenstein, William Beaudine s'intéresse au cas notable du vampire orgueilleux affublé de longues canines. Notre bon vieux Dracula parcourant aujourd'hui l'Ouest américain en y infligeant sur son chemin quelques morsures furtives à certains quidams imprudents. Ainsi, après avoir semé le désordre dans un camp indien, le prince des ténèbres s'installe dans la ville la plus proche après avoir entrevu le portrait d'une ravissante jeune blonde docile, propriétaire d'un ranch. Eperdument amoureux, il décide donc en guise d'alliance maritale d'en faire sa prochaine damnation et de l'isoler vers le refuge ténébreux d'une mine désaffectée afin d'y reposer en tranquillité.
La cocasserie de cette zèderie à la banalité accablante émane du soin apporté à la retranscription virile du western par des moyens techniques précaires néanmoins privilégiée de la photogénie de décors naturels bucoliques. Le caractère attachant des personnages, tous plus crétins les uns des autres (Billy le Kid est génialement altruiste dans sa posture loyale de cow-boy valeureux mais inculte et peu adroit !), les situations farfelues émanant de l'esprit bon enfant de protagonistes trouillards et l'interprétation saugrenue du génial John Carradine concourent de rendre l'aventure bougrement attractive pour tout amateur de délire infantile. Bourré d'incohérences et de non sens durant sa structure narrative sporadique, on se plait à suivre les vicissitudes de cette famille de paysans persécutés par un vampire particulièrement imbus ! Par conséquent, à l'instar d'un cartoon vintage au charme suranné, nous nous plaisons de suivre cette pantalonnade où tous les protagonistes davantage contrariés s'évertuent à s'inquiéter de la présence hostile du tyran mégalo. Car ici, Dracula en aristocrate dédaigneux se prétend tout permis pour s'approprier la propriété d'un ranch en créant la duperie et favoriser ainsi son ambition de vampiriser une godiche empotée. D'autant plus qu'il use régulièrement de façon finaude à se métamorphoser en chauve-souris (de pacotille) pour ainsi mieux éclipser sa présence sournoise face à ces adversaires. Qui plus est, le personnage de Billy le Kid doit aussi beaucoup au charme désuet qui émane de l'entreprise tant le comédien rivalise de naïveté et de bonhomie (il ne connaît pas la signification du mot "vampire" faute de n'avoir pu côtoyer les établissements scolaires !) à daigner combattre son antagoniste roublard.
En Dracula notoire, John Carradine se révèle impérial de ridicule tant il cabotine en diable pour tenter de nous terrifier par sa présence famélique, exacerbée d'un regard ahuri de yeux exorbitées ! Son tempérament vaniteux et sa désinvolture arrogante donnant lieu à des situations improbables irrésistibles d'ineptie. Il faut d'ailleurs le voir tenter imposer sa loi et sa ferme autorité face au désarroi de pauvres paysans, convaincus de son origine maléfique mais incapable de s'y mesurer par peur d'être mordus.
Con comme la lune mais sympathiquement chatouillant et visuellement dépaysant, Billy The Kid vs Dracula est un divertissement décomplexé à conseiller à l'inconditionnel de zéderie au charme rétro infaillible. Une curiosité davantage truculente décuplant ainsi de nos jours notre ferveur à découvrir un vaudeville foutraque pris entre deux genres académiques (western / épouvante). Une cocasserie aimablement séculaire avoisinant le looney-tunes de fond de classe.
Dédicace à l'Antredubisetdel'exploitation
03.04.12 Bruno
d'Olivier Marchal. 2011. France. 1h42. Avec Gérard Lanvin, Tchéky Karyo, Daniel Duval, Dimitri Storoge, Patrick Catalifo, François Levantal, Francis Renaud, Lionnel Astier, Valeria Cavalli.
Sortie salles France: 30 Novembre 2011
FILMOGRAPHIE: Olivier Marchal est un acteur et réalisateur français, né le 14 Novembre 1958 à Talence (Gironde). Il est en outre le créateur des séries télévisées: Flics et Braquo.
2002: Gangsters
2004: Quai des Orfevres
2008: MR 73
2011: Les Lyonnais .
.
D'après l'oeuvre d'Edmond Vidal, ex membre du gang des lyonnais, Olivier Marchal s'inspire de son illustre autobiographie pour nous livrer avec Les Lyonnais un polar âpre et désenchanté. Une sombre fresque illustrant le portrait renfrogné de deux gangsters déchus, rattrapés par la frénésie d'un passé tendancieux. Edmond Vidal, ancien gangster à la retraite va renouer avec son passé galvaudé pour épauler son meilleur ami, Serge, récemment appréhendé par la police. Après une sanglante évasion, Edmond va se retrouver mêlé au chantage d'une bande de tueurs inflexibles, déterminés à retrouver son acolyte. En même temps, la police est plus que jamais circonspecte aux faites et gestes des deux repris de justice bien connus des services durant les années 70. .
.
Mis en scène avec le brio d'une virtuosité technique factuelle, le quatrième long-métrage d'Olivier Marchal est un polar tendu et brutal, noyé dans l'amertume du profil galvaudé de deux gangsters notoires, victimes de leur exactions sanguinaires perpétrées à une époque dissidente.
Durant leur jeunesse, à cause d'un simple vol de cageot de cerise, Edmond et serge vont être amenés à écoper une peine inéquitable de 6 mois ferme dans un établissement pénitentiaire. Cette sévère injustice sera le vecteur moteur pour les deux jeunes délinquants à se laisser appréhender par le grand banditisme après avoir endigué leur initiateur dans la région lyonnaise des années 70. En l'occurrence, Edmond est un sexagénaire coulant des jours ternes parmi la morosité d'une épouse distante, communément tiraillés par le remord d'une période révolue. Quand à Serge, il reste un gangster toujours en activité car n'ayant jamais abdiqué ses instincts délétères pour défier l'antagoniste et l'autorité répréhensible de la justice.
Entre passé et présent de flash-backs incessants, Olivier Marchal nous illustre avec lyrisme leur dérive autonome compromise par l'avilissement du Mal. Traversé d'éclairs de violence d'une verdeur cinglante mais jamais putassière et jalonné de plages intimistes inscrites dans la fraternité de l'amitié et la cohésion familiale, Les Lyonnais transcende la caractérisation bafouée de ces deux malfrats contraints de payer un lourd tribut. En parrain acariâtre, Gérard Lanvin assume avec sobriété un rôle majeur de gangster rongé par l'aigreur d'un passé vénal. Mais un homme déchu profondément meurtri par la soudaine révélation d'une intolérable trahison parce qu'entièrement subordonné à la loyauté de l'amitié. Sa posture rigide exacerbée par un regard austère noyé de rancoeur illumine son cheminement funeste, en attendant l'exutoire potentiel d'une repentance indécise. Son acolyte de toujours est campé par l'excellent Tchéky Karyo, malfaiteur toutaussi réputé, flegmatique mais implacable dans ses élans meurtriers impondérables. Un complice distant par son esprit taciturne quand il est contraint d'avouer à son comparse pour quelle véritable motivation il s'est retrouvé à fréquenter les cellules de prison.
Hormis le caractère prévisible de l'achèvement de nos deux protagonistes, Les Lyonnais est un excellent polar entièrement dédié au caractère fébrile de mafieux contrariés par l'intégrité désavouée de l'amitié. Superbement mis en scène, vigoureux dans sa narration indécise traversée de brusques accès de violence et endossé par une galerie de trognes burinées plus vraies que nature, l'odyssée noire de Marchal renoue avec la désillusion flamboyante des grandes sagas mafieuses.
30.03.12 Bruno Matéï
L'avis de mon ami Mathias Chaput
Réalisé avec un grand sens de la rigueur (aussi bien scénaristique que dans la restitution des décors ou des costumes), exempt d’anachronisme et violent comme un « film d’hommes », « Les Lyonnais » est un métrage exemplaire qui tient particulièrement bien la route !
Lanvin est impérial, il a un rôle taillé pour lui et sa personnalité de fonceur…
Karyo ne déroge pas à la règle dans son personnage d’enflure intégrale et même si vieillissant il s’en sort avec les honneurs !
La faune de la pègre lyonnaise comporte tous les stéréotypes surtout vers les années 70 (avec les filles soumises à leurs gangsters de maris, les caïds qui n’hésitent pas à frapper ou à flinguer fort, les casses et « braquo » -braquages- à pléthore, et la police le plus souvent dépassée –malgré une « rafle » dans un campement de gitans particulièrement millimétrée et efficace, et qui entrainera un procès fleuve !)…
Les gangsters ne reculent devant rien pour faire aboutir leurs desseins illégaux et font preuve d’une imagination hors normes et sans le moindre remords !
S’en prenant à des enfants ou des animaux, essayant par tous les moyens à faire régner leur diktat de corruption et de domination, et quiconque se mettra devant leur chemin, se verra froidement abattu !
Certains passages sont extrêmement violents et Marchal prend le parti pris pour une complaisance à minima, malgré un entêtement sidérant dans la tension et le stress (notamment lors des fuites de Momon et de sa femme, constamment harcelés !).
Film d’un grand professionnalisme et aux moyens ultra conséquents, « Les Lyonnais » s’entiche non seulement d’un scénar bien rôdé mais d’une restitution magistrale d’un domaine assez méconnu et peu exploité dans le cinéma hexagonal, pour au final projeter le spectateur sur un pan de la délinquance qui s’étale de 1970 à nos jours, le tout avec un talent indéniable !
Du très bon boulot pour un des meilleurs polars de ces dernières années, tous genres confondus !
Marchal frappe fort et l’impact de son œuvre trouve ici son aboutissement via peut être son chef d’œuvre !
A voir absolument pour la qualité du travail réalisé et pour son plaisir si on est adepte des polars français, un métrage qui fera date !
d'Oliver Stone. 1997. U.S.A. 2h04. Avec Sean Penn, Nick Nolte, Jennifer Lopez, Powers Boothe, Claire Danes, Joaquim Phoenix, John Voight, Billy Bob Thornton, Abraham Benrubi, Richard Rutowski.
Sortie salles France: 14 Janvier 1998. U.S: 3 Octobre 1997
FILMOGRAPHIE: Oliver Stone (William Oliver Stone) est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 15 septembre 1946 à New-York.
1974: La Reine du Mal, 1981: La Main du Cauchemar, 1986: Salvador, Platoon, 1987: Wall Street, 1988: Talk Radio, 1989: Né un 4 Juillet, 1991: Les Doors, 1991: JFK, 1993: Entre ciel et Terre, 1994: Tueurs Nés, 1995: Nixon, 1997: U-turn, 1999: l'Enfer du Dimanche, 2003: Comandante (Doc), 2003: Persona non grata, 2004: Looking for Fidel (télé-film), 2004: Alexandre, 2006: World Trade Center, 2008: W.: l'Impossible Président, 2009: Soul of the Border, 2010: Wall Street: l'argent ne dort jamais. 2012. Savages.
.
Deux ans après dépeint le portrait politique du président Richard Nixon, Oliver Stone emprunte le roman de John Ridley (Stray Dogs) pour nous livrer avec U-Turn un thriller décalé, caricature acide d'une Amérique profonde. Un looser solitaire se réfugie vers la contrée désertique de Superior pour fuir l'hostilité d'une bande de mafieux à qui il dû une forte somme d'argent. En attendant que sa voiture en panne croupisse chez un garagiste arrogant, il fait la connaissance de la sensuelle Grace, une femme indienne tributaire d'un mari violent et alcoolique. Cumulant la poisse au fil de ses rencontres impromptues et sans le moindre sou, Bobby sera confronté à un odieux marché financier lorsque Grace lui proposera de se débarrasser de son époux. Thriller aride mis en exergue sous un climat solaire écrasant, U Turn est un jubilatoire jeu de massacre savamment orchestré par un Oliver Stone plus gouailleur que jamais ! A l'instar d'After Hours de Martin Scorcese, U-Turn nous décrit avec une verve caustique les vicissitudes d'un marginal besogneux confronté aux citadins les plus excentriques au sein du bled paumé de Superior, non loin de Las Vegas. Après avoir tenté d'échapper aux menaces d'un leader mafieux et à la suite d'une panne de voiture aléatoire, Bobby se retrouve embrigadé dans une bourgade clairsemée où la population inculte semble gagner par l'aberration. C'est d'abord son garagiste, arrogant et obtus qui le contraint de s'attarder plusieurs jours dans cette contrée désertique. .
.
Sur place, il fait ensuite les rencontres fortuites d'un vieil indien logicien atteint de cécité et d'un jeune couple ahuri dont l'amant irascible s'envenime à déclencher les rixes pour honorer sa potiche effrontée. En prime, après avoir côtoyé l'amabilité du shérif de la contrée, Bobby tombe sous le charme de Grace avant de s'apercevoir que la belle est asservie par un mari tyrannique, Jake. Séduit par la beauté sulfureuse de cette jeune indienne, Bobby va rapidement faire face au compromis d'une transaction machiavélique suggérée par les deux amants désunis. Avec un scénario habilement structuré multipliant les rebondissements perfides et les rencontres saugrenues de badauds susceptibles, Oliver Stone rivalise de mesquinerie à nous transfigurer une galerie de personnages tous plus désinvoltes et calamiteux les uns des autres. Hommage débridé au film noir enduit de vitriol, U-Turn demeure une odyssée tragico burlesque auprès d'un paumé incapable d'épingler l'amour, faute de sa déloyauté individualiste. En établissant également le portrait équivoque d'une femme molestée, avilie par la gente masculine, Oliver Stone nous dépeint sa vengeance méthodique et hautement sournoise. Sa haine inaltérable d'avoir été livrée à la débauche sexuelle d'un odieux personnage impliqué dans l'inceste, quand bien même ces multiples amants nappés de rancoeur, de jalousie et d'orgueil n'auront de cesse de se combattre afin d'obtenir un gain de cause lucratif. .
.
Dans la peau d'un looser invétéré, Sean Penn doit beaucoup au caractère ludique de cette hystérie collective de par sa prestance versatile tributaire d'infortune tant il accumule les calamités à un rythme frénétique. Dans celui du mari licencieux imbibé d'alcool, Nick Nolte impressionne à travers son cynisme d'époux torturé par ses agissements indécents. Dans le rôle de l'aguicheuse insidieuse, Jennifer Lopez s'en sort honorablement et réussit à s'imposer avec sobriété en veuve noire irréductible. L'unique victime martyrisée auquel on finit par éprouver une certaine empathie après avoir découvert son sombre passé infantile. Les autres seconds-rôles, quasi méconnaissables dans une posture excentrique (John Voight, Billy Bob Thornton, Claire Dance, Joaquim Phoenix, Powers Boothe), s'en donnent également à coeur joie dans la fourberie et l'arrogance pour laisser libre court à des inepties fébriles. .
. Méchamment drôle de par son sarcasme récursif, violemment cruel et cauchemardesque, U-Turn est un jubilatoire jeu de massacre sur le machisme primaire et les effets pervers du dépit sentimental. Une farce corrosive déployant avec un humour semi parodique l'hypocrisie du rapport amoureux naviguant entre allégeance et possessivité. Et à travers ces protagonistes stimulés par l'instinct du désir sexuel de nous livrer des numéros d'acteurs impayables !
de Boris Szulzinger. 1972. France/Belgique. 1h14. Avec Dominique Rollin, Roland Maden, Georges Aminel, Christian Barbier, Patricia Cornelis, Georges Aubert, Marc Audier, Marc De Georgi, Jean Droze, Daniel Dury, Franz Gouvy.
FILMOGRAPHIE: Boris Szulzinger est un réalisateur et producteur belge.
1969: Nathalie après l'amour (pseudo: Michael B. Sanders). 1972: Les tueurs fous. 1975: Tarzoon, la Honte de la jungle (co-réalisé avec Picha). 1980: Mama Dracula
"Bruxelles pour cimetière".
Boris Szulzinger serait resté un cinéaste belge méconnu s’il n’avait co-réalisé le film d’animation égrillard Tarzoon, la Honte de la jungle, d’autant que sa carrière ne compte que quatre longs-métrages. Ainsi, en 1972, sort dans l’indifférence générale une œuvre choc, glaçante de réalisme, retraçant un fait divers sordide : l’équipée meurtrière de deux malfrats dans la grisaille bruxelloise.Les Tueurs Fous, aussi connu sous le titre Le Sexe de la Violence, s’impose comme une petite bande déviante, méconnue, mais à découvrir d’urgence tant elle ausculte la dérive d’un tandem marginal englué dans sa médiocrité.
Le pitch : deux jeunes délinquants prennent les armes et abattent quiconque croise leur route. Dans une quête libertaire amorale, Dominique et Roland fuient leur ennui en commettant leurs sales besognes entre deux rencontres hasardeuses avec des citadins résignés.
Dans la lignée de portraits abrupts de serial killers tristement notoires, et filmé à la manière d’un reportage sec, Les Tueurs Fous retrace froidement le parcours sanglant de deux marginaux profondément esseulés, incapables d’assumer leur homosexualité. Le film débute sur les chapeaux de roue : meurtre gratuit, rire nerveux, poursuite en mobylette, puis exécution à la carabine — une scène d’une brutalité désarmante, qui annonce la couleur blafarde de cette errance meurtrière à travers les nuits pluvieuses de Bruxelles.
Sans morale ni remords, ils décident soudainement de tuer, au hasard, des anonymes croisés au détour d’un trottoir. Entre deux crimes, ils errent dans des bars gays où défilent des travestis, rançonnent les honnêtes gens, cherchent le contact d’un soir avec des paumés, ou tentent d’éveiller une fragile amitié avec un homosexuel mutique.
"Deux âmes mortes sous la pluie".
Ces deux âmes mortes, sans parenté ni attaches, n’ont d’autre lien au monde que leur propre reflet. Leur seul élan d’empathie ? Un chat infirme, trouvé dans une voiture volée. Ce petit être fragile, silencieux, devient l’unique témoin d’une tendresse fugace. À ce moment-là, face caméra, leurs visages s’ouvrent — regard d’enfants perdus, dans un monde où l’amour leur a été refusé. En fuite, enragés de solitude, Dominique et Roland exorcisent leur sexualité refoulée et leur vide existentiel par le meurtre, faute d’avoir pu grandir sous un toit aimant.
"L’ombre d’un chat infirme".
Dérangeant, malsain, immergé dans l’humidité grise d’un automne sans fin, renforcé par le jeu brut, presque documentaire, de comédiens à la posture puérile, Les Tueurs Fous dresse un constat terrifiant sur la marginalité des laissés-pour-compte. Sans voyeurisme, sans complaisance, le film tire sa force de son ancrage psychologique, de sa tristesse poisseuse, de cette sidérante impression que n’importe quel individu rejeté pourrait, un jour, sombrer dans la folie la plus lâche.
Oubliez son homonyme racoleur, Le Sexe de la Violence. Découvrez, sans réserve, cette pépite belge noyée dans la désillusion, qui risque bien de vous hanter longtemps après digestion.
de Evan Glodell. 2011. U.S.A. 1h46. Avec Evan Glodell, Jessie Wiseman, Tyler Dawson, Rebekah Brandes, Vincent Gradshaw, Zack Kraus, Keghan Hurst, Alexandra Boylan, Bradshaw Pruitt, Brian Thomas Evans.
Sortie salles France: 21 Mars 2012. U.S: 5 Août 2011
FILMOGRAPHIE: Evan Glodell est un réalisateur, acteur, monteur, producteur, directeur de la photographie, scénariste américain. 2005: La Forme à l'amour (Court-métrage. Co-directeur). 2011: Bellflower .
Avec un budget de 17 000 dollars, le néophyte Evan Glodell entreprend pour son premier long l'argument autobiographique d'une love story traitée de manière peu commune dans sa mise en scène hybride afin de mieux bousculer les attentes du spectateur. Le Pitch: Deux acolytes entreprennent de façonner un lance-flamme et un véhicule motorisé en guise d'ennui. Mais l'arrivée aléatoire d'une blonde aguicheuse compromet leurs ambitions pour faire sombrer l'un d'eux dans une déchéance suicidaire. Autant avertir de suite les amateurs d'esbroufe avides de pyrotechnie et donc séduits par son affiche prometteuse, Bellflower constitue l'antinomie du spectacle explosif conçu pour rassasier son public lambda. Si bien que cette production indépendante réalisée avec peu de moyens fait figure d'ovni intimiste dans sa douloureuse introspection d'un quidam noyé d'amertume suite à déboire amoureux. Traité de manière insolite auprès d'une réalisation anti conformiste oscillant les ruptures de ton, et formellement criard (saturation de teintes ocres et jaunes fluos), Evan Glodellnous oriente vers une fragile odyssée humaine sur fond d'éloignement existentiel. De prime abord, on se croit embarquer dans une comédie tendre et futile avec les flâneries récurrentes de deux amants communément épris d'amour. A l'instar d'un documentaire pris sur le vif, le réalisateur s'attachant à nous décrire avec humanité le destin aigri de ces deux comparses juvéniles en quête de reconnaissance.
Or, Woodrow et Aiden, chômeurs passionnés par la saga post-nuke de Mad-Max, en particulier du personnage asocial Humungus, fuient l'ennui de l'existence avec la construction d'un lance-flamme et d'une voiture vrombissante. En soirée festive, après une rencontre impromptue dans un bar, l'amour frappe à la porte de Woodrow. Depuis, l'homme ne jure que par la probité de son idylle naissante jusqu'au jour où toutes les meilleures choses ont une fin. Ainsi, durant une majeure partie du récit, on se demande alors où le réalisateur souhaite en venir avec cette idylle romanesque finalement mise en exergue sur le fiasco. Puis, de manière latente et avec l'originalité d'une mise en scène expérimentale, c'est le profil désemparé d'un quidam déchu trahi par l'adultère qui nous ait illustré dans une ambiance délétère davantage en chute libre. Et plus la déchéance déshumanisée de Woodrow se chemine vers la régression, plus le film s'aventure vers les sentiers ombrageux d'une errance nocturne vindicative. Il en ressort au final une oeuvre chétive, le sentiment peu commun d'avoir assister à une tragédie sentimentale profondément touchante à travers cette fuite désespérée. La quête existentielle de deux camarades fuyant la monotonie de leur réalité par l'utopie parce que songeurs d'horizons clairsemées.
. L'achèvement d'Humungus A travers cette errance urbaine chancelante, le réalisateur Evan Glodell se réapproprie des conventions du genre pour transcender la love story éculée dans une mise en scène hétérodoxe. Avec une humanité vulnérable, Bellflower traite donc du deuil délicat, difficilement surmontable d'une rupture amoureuse, mais également des valeurs de l'amitié entre la fraternité de deux héros dépités et de leur quête autoritaire à retrouver une certaine virilité (d'où leur affection partagée avec le personnage redouté d'Humungus). L'intelligence et l'originalité de sa structure narrative, la bonhomie naturelle des personnages et l'esprit libertaire qui y émane en font une oeuvre forte où la rancoeur intrinsèque s'extériorise finalement parmi l'essence candide d'une rédemption.
d'Alan Gibson. 1970. Angleterre. 1h30. Avec Stéfanie Powers, James Olson, Margaretta Scott, Jane Lapotaire, Joss Ackland, Kirsten Lindholm.
Sortie en salles le 24 Mars 1971
FILMOGRAPHIE: Alan Gibson est un réalisateur canadien, né le 28 avril 1938 à London, en Ontario (Canada), décédé le 5 juillet 1987 à Londres (Royaume-Uni).
1965: 199 Park Lane (série TV). 1966: A Separate Peace (télé-film). Eh, Joe ? (télé-film). 1968: Journey to Midnight. 1969: The English Boy (télé-film). 1970: Le Mannequin Défiguré. Goodbye Gemini. 1971: The Silver Collection (télé-film). 1972: Dracula 73. 1974: The Playboy of the Western World (télé-film). Dracula vit toujours à Londres. 1976: Dangerous Knowledge (télé-film). 1977: Checkered Flag or Crash. 1979: Churchill and the Generals (télé-film). 1980: The Two Faces of Evil (télé-film). 1982: Une femme nommée Golda (télé-film). 1982: Témoin à charge. 1984: Martin's Day. 1984: Helen Keller: The Miracle Continues (télé-film). 1987: The Charmer (série TV).
.
Par celui qui aura tenté de moderniser à deux reprises le mythe du vampire des Carpathes avec deux nanars folichons, Dracula 73 (Christophe Lemaire en reste traumatisé !) et Dracula vit toujours à Londres, Alan Gibson avait préalablement réalisé en 1970 le meilleur film de sa carrière avec Le Mannequin Défiguré. Thriller horrifique au suspense Hitchcockien, cette petite série B admirablement orchestrée est à revoir sans modération grâce à la dextérité d'un scénario machiavélique et à ses personnages interlopes très attachants. Susan Roberts est une jeune étudiante préparant une thèse sur le célèbre compositeur Henry Ryman. Invité chez la veuve du défunt dans une villa du Sud de la France, elle rencontre son fils paralytique, Georges, et entame une complicité. Mais l'attitude désinvolte d'une bonne à tout faire et d'un inquiétant geôlier vont contrarier l'invitée, d'autant plus que la mère semble avoir une emprise d'allégeance sur son fils.
Film rare totalement sombré aujourd'hui dans l'oubli, Le Mannequin défiguré (pour une fois que le titre français transcende son homologue british !) est une véritable perle dans son genre horrifique produit par la fameuse firme Hammer Film ! Dans une ambiance ombrageuse palpable et un climat pervers étouffant, ce thriller diabolique doit son salut à une narration impeccablement structurée, rehaussée par le talent congru d'interprètes sur mesure. Sur un canevas Hitchcockien en diable, Le Mannequin Défiguré nous invite dans la villa bucolique d'une veuve et de son fils paralytique auquel une étudiante est invitée pour y rédiger une thèse sur le célèbre compositeur, Henry Ryman. Si parmi les témoins, la convivialité d'une ambiance amicale y est perceptible de prime abord, l'attitude insolente et arrogante d'une potiche de service et la présence clairsemée d'un étrange gardien vont rapidement interpeller la quiétude de Susan. D'autant plus que celle-ci va être confrontée aux violentes crises de spasmophilie endurées par Georges. Cet artiste préalablement promu à une riche carrière de pianiste aura eu la malchance de se retrouver en fauteuil roulant suite à un grave accident. Pour aggraver la fatalité, sa femme le quitta du jour au lendemain, faute de sa déficience physique inaltérable. Sujet à des cauchemars récurrents auquel il imagine son propre "double" assassiner sa femme, Georges semble assujetti par l'aguicheuse femme de ménage pour entamer communément une étrange relation masochiste. D'autant plus que pour mieux l'asservir à sa guise, Lilliane pratique un chantage alloué à la toxicité d'un psychotrope. Un soir, un horrible homicide va avoir lieu...
Voilà pour l'intrigue savamment planifiée avant que les enjeux interlopes prennent une tournure dramatique beaucoup plus délétère, voire schizophrène ! Par un savant dosage de suspense intense parfaitement coordonnée, scandé par le profil suspicieux de personnages aussi sournois que véreux, Le Mannequin Défiguré est un jouissif thriller baignant dans un cauchemar diffus et diaphane.
L'architecture gothique de la demeure érigée de manière arquée aux abords d'une piscine familiale agrémente favorablement son atmosphère insolite particulièrement moite et licencieuse. Comme son titre d'origine l'indique (Crescendo), la gravité des évènements va prendre une tournure plus sombre après le fameux meurtre perpétré par un tueur sans visage. Un piège machiavélique semble se refermer sur notre étudiante tributaire des agissements insidieux d'une sombre famille au passé galvaudé. Son point d'orgue révélateur se clôt sur une résolution inopinée alors que son rythme davantage haletant se culmine vers une succession de péripéties sardoniques.
Superbement campé par une galerie de comédiens complices s'en donnant à coeur joie dans l'autorité oppressive et mis en scène avec un savoir faire fripon dans l'intensité d'un suspense judicieux, Le Mannequin Défiguré est une petite perle du thriller à se procurer d'urgence. Rehaussé d'une atmosphère atypique dans le refuge affable d'un huis-clos feutré, cette production Hammer Film se pare en outre d'une certaine audace dans l'air du temps (les années 70) par sa violence âpre (le meurtre dans la piscine est particulièrement rigoureux) et son érotisme futilement polisson (Jane Lapotaire use et abuse de provocation impudique en gouvernante mesquine). .
Dédicace à Video Party Massacre
16.03.12 Bruno Mattéï. 3è
de Joe Carnahan. 2012. U.S.A. 1h57. Avec Liam Neeson, Dallas Roberts, Frank Grillo, Dermot Mulroney, Nonso Anozie, Joe Anderson, Ben Bray, James Badge Dale, Anne Openshaw, Peter Girges.
Sortie salles France: 29 Février 2012. U.S: 11 Décembre 2011 et 27 Janvier 2012
FILMOGRAPHIE: Joe Carnahan est un réalisateur, scénariste, monteur et producteur américain, né le 9 Mai 1969. 1998: Blood and Bullets. 2002: Narc. 2006: Faceless (télé-film). 2007: Mise à prix. 2010: l'Agence tous Risques. 2012: Le Territoire des Loups. 2013-2015 : Blacklist (Série TV) (3 épisodes). 2014 : Stretch. 2014-2015 : State of Affairs (série télévisée) (4 épisodes, également créateur). 2021 : Boss Level. 2021 : Copshop. prochainement : Shadow Force. 2024 : Not Without Hope. 2025 : RIP.
. Une fois de plus dans la mêlée. Dans le dernier et plus grand combat de ma vie. Vivre et mourir aujourd'hui. Vivre... et mourir... aujourd'hui. . Remember, Joe Carnahan nous épata avec son polar moite Narc. Puis ce fut au tour de l'excellent polar caméléon Mise à Prix pour ensuite nous décevoir (désolé les fans) avec un blockbuster imberbe, l'Agence tous Risques. En 2012, il nous revient avec un survival aussi acéré que le tranchant d'une lame, Le Territoire des loups. Et il faut peut-être remonter au mythique Délivrance de John Boorman (oui j'ose la comparaison) pour retrouver une telle intensité, un tel sentiment insécure, un souffle si désespéré pour la sombre destinée d'une poignée de survivants confrontés aux monstres tapis dans l'obscurité au sein des décors enneigées d'une nature hostile.
Synopsis: Un avion transportant des ouvriers d'une compagnie pétrolière s'écrase dans les montagnes du Grand Nord. Un groupe de survivants devra se soumette à l'autorité de John Ottway, solitaire nihiliste profondément marqué par la mort de sa femme. Rapidement, une horde de loups voraces défient les intrus alors que John tentera de sauvegarder son équipe par sa pratique émérite à déjouer l'instinct du carnassier. .
.
Le survival, l'aventure, le suspense, l'action, la catastrophe, l'horreur et surtout la terreur sont habilement agencés pour nous illustrer sans fioriture aucune une odyssée humaine désabusée au réalisme imparable. Car à travers les montagnes rocailleuses, si enneigées du Grand Nord, Joe Carnahan nous entraîne au coeur d'un enfer terrestre parmi l'intrusion d'une poignée de survivants d'un crash aérien confrontés à la sauvagerie d'une meute de loups. Le sombre récit annonçant la couleur blafarde dès son préambule avec la tentative de suicide de notre expert en chasse, un braconnier de loups employé à préserver la vie de foreurs d'une compagnie pétrolière. Car John Ottway est un veuf accablé par le chagrin de son épouse, toujours plus dépité par la nature délétère de l'homme. Il décide alors rejoindre sa défunte à un moment opportun avant de se raviser suite aux hurlements plaintifs d'un loup entendu dans la forêt adjacente. Le lendemain, après avoir embarqué dans l'avion parmi son équipe pour rejoindre l'Alaska, l'engin s'écrase en pleine nature déshéritée. Le réalisme de cette catastrophe nous ébranle sans prévenir de par sa brutalité aride sobrement illustrée. Filmé en interne de l'appareil incontrôlé, la panique générale allouée aux voyageurs crispés sur leur siège nous saisit d'une terreur sourde. Un vacarme d'apocalypse où leurs cris de frayeurs s'entremêlent avec le bruit assourdissant des moteurs en flamme et de taules déchiquetées. Dès le prélude, Joe Carnahan insiste à nous décrire sa vision hyper réaliste et dérangée de l'agonie humaine lorsque l'un des survivants sévèrement mutilé sera confronté à sa pire labeur, sa propre mort en direct face au témoignage de ses compagnons démunis. Ce sentiment morbide de la peur de trépasser, cette affres d'y rejoindre un ailleurs anonyme vont planer durant la totalité du récit sur la psyché désarmée de nos rescapés à bout de souffle. Une poignée d'hommes à caractère aussi bien distinct que trempé, confrontés au froid réfrigérant d'une contrée à la fois inconnue et sauvage, à la famine et à la fatigue de l'épuisement. Mais surtout des hommes faillibles auprès de leur sentiment d'orgueil, de vanité ou d'arrogance (l'inattention, l'imprudence, la phobie et leur conflit d'égo les mèneront fatalement au déclin). Des quidams perplexes de leur destinée, rapidement accablés par le désespoir car gagnés par la peur si envahissante de trépasser. Ainsi, durant ce périple improvisé où plane incessamment la mort, chaque protagoniste se confrontera à sa propre idéologie, une remise en question spirituelle sur le sens de leur propre destinée. De par cette terreur innée de trépasser dans un avenir proche au milieu d'une écologie rigoureusement menaçante et par cette crainte primitive d'être violenté par la sauvagerie du loup, nos ultimes rescapés devront se mesurer à leur courage et bravoure pour tenter de s'extraire d'un calvaire toujours plus sinistré. Si bien que leurs nerfs autant que les nôtres seront mis à rude épreuve sous l'impulsion d'une intensité dramatique à la limite du supportable (l'ultime demi-heure est un long moment d'anthologie auprès de nos derniers rescapés en proie à une épreuve de force toujours plus éreintante).
Or, cette atmosphère terriblement mortifère est d'autant mieux rendue par l'immensité de l'environnement naturel, par ces tempêtes de neige fluctuantes au vent ardent fouettant les visages burinés de nos héros davantage exténués. Quand bien même dans l'obscurité, la présence nuisible, souvent latente des loups, ne fera qu'accentuer ce sentiment insécure prégnant auprès d'eux et surtout leur frayeur sensitive de craindre d'être dévorés par les maîtres des lieux. Il faut d'ailleurs insister sur la physionomie de ces fauves enragés impressionnant de robustesse à travers leur présence iconique, particulièrement épeurants lors des attaques sournoises violemment perpétrées sur les proies humaines. Et personnellement, de mémoire d'amateur éclairé, je n'avais pas ressenti une terreur aussi primale et désorientée face à l'hostilité animale depuis les lycanthropes du Loup-Garou de Londres (son préambule auquel les 2 héros sont égarés dans la campagne nocturne des landes) ou encore Hurlements (l'agression de Terry Fisher dans la cabane).
Dans un rôle viril de meneur de groupe intarissable, Liam Neeson crève l'écran pour sa stature imposante, son intelligence d'esprit, son sens de camaraderie et surtout sa pugnacité chevronnée à livrer un combat sans merci contre l'ennemi quasi invisible. Mais aussi et surtout sa dimension humaine accablée par la perte d'un être cher qui le hante durant tout le périple. Son éthique également à accepter ou stigmatiser sa foi mystique. L'épilogue littéralement bouleversant car d'autant plus équivoque ne manque pas d'y suggérer un dernier acte de bravoure, un baroud d'honneur pour cet homme livré à sa seule raison, sa foi de croire en lui pour s'extirper de la mort.
Rédemption Spectaculaire et intense, proprement terrifiant et si désespéré, Le Territoire des Loups est un survival implacable d'une acuité émotionnelle vulnérable autant qu'un drame humain d'une densité bouleversante auprès des remises en question morale initiatiques. Sa mise en scène documentée transcendant la beauté sauvage de ces montagnes enneigées, l'interprétation viscérale des comédiens, son climat funèbre imparti au sens de la vie nous acheminant au grand moment de cinéma à travers cette montée progressive de la tension horrifique où chaque survivant appréhende autant qu'il aménage sa future mort. Une référence dont il est impossible de sortir indemne.
*Bruno
08.01.25. 2èx. Vost.
14.03.12.
Le tournage a lieu de janvier à mars 2011. Il se déroule en Colombie-Britannique au Canada, notamment à Vancouver et Smithers. Le tournage a été particulièrement éprouvant pour l'équipe en raisons des températures négatives et du phénomène de blanc dehors.
Liam Neeson raconte : « Pendant les premiers jours, c’était tout bonnement physiquement impossible. Il fallait que l’on mémorise nos répliques, mais c’était comme si nos cerveaux avaient gelé… Nous n’étions capables de penser qu’à une seule chose : se réchauffer. »
de Stephen Daldry. 2011. U.S.A. 2h09. Avec Tom Hanks, Thomas Horn, Sandra Bullock, Zoe Caldwell, Dennis Hearn, Paul Klementowicz, Julian Tepper, Caleb Reynolds, John Goodman, Max Von Sydow.
Sortie salles France: 29 Février 2012. U.S: 20 Janvier 2012
FILMOGRAPHIE: Stephen Daldry est un réalisateur et producteur anglais, né le 2 Mai 1961 dans le Dorset.
2000: Billy Elliot
2002: The Hours
2008: The Reader
2011: Extrêmement fort et incroyablement près .
.
D'après le best-seller de Jonathan Safran Foer, Extrêmement fort et incroyablement près est un mélodrame bâti sur le trauma post 11 septembre que toutes les familles endeuillées ont dû endurer. Le réalisateur Stephen Daldry s'intéresse ici au cas d'un enfant précoce de 9 ans, un élève surdoué incapable d'assumer la mort de son paternel mais qui va apprendre au fil de ses investigations la foi inhérente de subsister.
Oska est un jeune élève de 9 ans, studieux et perspicace mais incapable de réfréner un florilège de phobies existentielles dans le monde qui l'entoure. Le jour du 11 septembre 2001, son père meurt sous les décombres d'une des tours jumelles du World Trade Center. Après l'enterrement, blotti dans une pièce secrète de sa chambre, il se réfugie longuement à travers ses souvenirs de photos et objets familiers en mémoire de son père. Un jour, il renverse incidemment un vase rangé sur l'étagère d'un sellier. C'est là qu'il découvre une clef à l'intérieur d'un buvard où est inscrit au verso le mot "Black". Il décide de retrouver la fameuse serrure qui pourrait lui saisir la chance d'en savoir plus sur son père. .
.
A la manière d'un jeu de piste ludique, Extrêmement fort et incroyablement près est un récit initiatique entrepris par un jeune garçon traumatisé par la disparition brutale de son père. Par le biais d'une commémoration aux victimes du 11 septembre, le réalisateur nous façonne un drame intime, une introspection délicate sur la fragilité de l'enfance et de son refus de se soumettre à l'horrible réalité des faits imposés. Réfugié dans sa solitude et dépréciant sa mère en guise de rancoeur, Oskar souhaite découvrir le secret d'une clef qui pourrait lui permettre de renouer une dernière fois avec la mémoire de son père espiègle, préalablement complices de jeux pédagogiques en guise d'éducation spéculative.
Pour retrouver cette fameuse serrure occultée dans la cité urbaine de New-York, Oskar va devoir répertorier tous les patronymes commençant par "Black" et croiser des citadins éclectiques à l'ethnie différente. ATTENTION SPOILER !!! Avec l'aide du nouvel ami de sa grand-mère, un bailleur mutique, l'enfant va peu à peu apprendre à évoluer et réprimer ses peurs par la résolution d'une énigme fortuite auquel un témoin avait enduré une relation conflictuelle avec son géniteur fraîchement décédé. FIN DU SPOILER .
.
Réalisé avec tact et une sensibilité fébrile, beaucoup de critiques ont reproché son caractère lacrymal trop prononcé alors que la narration aléatoire et contée sans fioriture provoque une intense émotion dans ces moments les plus impondérables. Privilégié par un quatuor de comédiens tout à fait tempérés dans leurs états d'âme discrédités ou lamentés, le réalisateur réussit à provoquer une violente émotion incontrôlée lors de moments flegmatiques auquel nos personnages se sont réfugiés en guise d'exutoire.
S'il est concevable que son final insiste parfois un peu trop à tirer sur la corde sensible, ce mélodrame inscrit dans l'humilité se révèle à mon sens beaucoup plus sincère et modeste que nombre de productions conventionnelles abusant de pathos pour faire pleurer dans les chaumières.
A travers l'enquête minutieuse élaborée par Oskar, Extrêmement fort... aborde le thème du deuil insurmontable auprès des défunts et surtout de la difficulté de réprimer ses angoisses. Le courage de transcender la peur intrinsèque de la mort pour mieux affronter l'effervescence de notre vie auquel chaque jour peut nous être gratifié à la manière d'un miracle. .
Si Sandra Bullock surprend par sa retenue à endosser avec vulnérabilité une femme anéantie par le chagrin et que Max Von Sydow impose une composition sombre et torturée dans celui du bailleur âgé, c'est le jeune Thomas Horn qui crève ici littéralement l'écran ! Il interprète de manière magistrale le rôle hétérogène d'un petit gamin aussi adroit et débrouillard que profondément perturbé et tourmenté par la disparition brutale de son géniteur. La séquence difficile auquel Oskar se résout d'acculer le bailleur à écouter les messages d'adieu inscrits sur répondeur téléphonique par un père accablé, font parti des moments les plus durs et éprouvants du film. Dans ses rares apparitions, Tom Hanks se révèle traditionnellement talentueux dans son jeu décontracté de paternel plein d'aplomb à daigner éduquer son fils de la manière la plus prospère. .
. Superbement interprété, mis en scène avec pudeur et tempérance et émaillé de séquences aussi poignantes que déchirantes (la dernière demi-heure vaut son pesant d'émotion cathartique), Extrêmement fort et incroyablement près est un fragile récit initiatique auscultant les névroses d'un enfant prodige scindé entre sa soif d'acquérir les connaissances et la douleur cinglante de la perte de l'être aimé. En rendant un hommage déférent aux victimes des attentats du 11 septembre, ce mélodrame bouleversant réussit à convaincre et séduire par son habile narration dédiée à la culpabilité de ces protagonistes. Des personnages meurtris ou désunis mais confrontés à leur leçon de vie et de tolérance. .
13.03.12 Bruno Matéï