mercredi 25 avril 2012

DETACHMENT

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site atthecinema.net

de Tony Kaye. 2011. U.S.A. 1h37. Avec Adrian Brody, Sam Gayle, Bryan Cranston, Lucy Liu, James Caan, Blythe Danner, Renée Felice Smith, Marcia Gay Harden, William Petersen, Tim Blake Nelson.

Sortie salles France: 01 Février 2012

FILMOGRAPHIE: Tony Kayle est un réalisateur, directeur de photo et producteur anglais, né en 1952. 1998: American History X
2011: Detachment
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"Jamais je ne me suis senti si profondément en un seul et même moment aussi... détaché de moi-même et tellement présent au monde" Albert Camus

Depuis 1998, nous étions restés sans nouvelle de Tony Kayle, réalisateur du percutant American History X. Une oeuvre choc d'une grande puissance dramatique sondant les rouages du parti de l'extrême droite à travers l'engagement d'un jeune militant (magistralement interprété par Edward Norton). En l'occurrence, le réalisateur sort de son mutisme pour nous asséner un nouvel uppercut. Une production indépendante sortie dans l'indifférence (en dépit de ses récompenses à Deauville et Valenciennes) démontrant avec une noirceur implacable l'impuissance du milieu scolaire à endoctriner une jeunesse caractérielle au bord de la faillite. Henry Barthes est un professeur remplaçant. Il est assigné pendant 3 semaines dans un lycée difficile de la banlieue new-yorkaise. Lui qui s'efforce de toujours prendre ses distances va voir sa vie bouleversée par son passage dans cet établissement.


Une société confinée dans le dénigrement peut-elle avancer ?
13 ans après American History XTony Kayle nous retrace avec Detachment le cheminement désabusé d'un professeur de lycée prêchant les valeurs d'humanisme dans la spéculation. Mis en scène avec un âpre réalisme proche du documentaire, ce constat impitoyable de l'échec scolaire nous éprouve durement de son climat blafard hautement dépressif. Un prof remplaçant parvient à prodiguer une certaine discipline à ces élèves chahuteurs d'un lycée difficile. Mais son passé galvaudé, entaché par le suicide de sa mère, l'état pathologique de son grand-père sur le déclin, puis la rencontre impromptue d'une jeune prostituée, vont peu à peu l'éprouver lors de sa remise en question existentielle. Avec une sensibilité écorchée et un humanisme empli de désespoir, Tony Kayle nous livre ici un tableau élégiaque d'une jeunesse discréditée de tous repères. Par la faute d'une démission parentale égocentrique rejetant leur responsabilité sur des professeurs tout aussi perdus et désemparés, la jeunesse new-yorkaise se morfond dans une déchéance en roue libre. Bien que ce professeur altruiste finisse par gagner la confiance de ses élèves perfectibles par la tolérance et l'érudition, le climat social en dégénérescence d'une société individualiste et l'inconfiance d'une population désengagée finiront par ternir les aspirations personnelles. Même si au bout du chemin, la rédemption d'une prostituée semble être la consolation d'un homme névrosé confronté à la cécité d'une société au bord du marasme. Dans un rôle chétif empli d'humanité affaissée, Adrian Brody se délivre corps et âme ! Il livre avec pudeur une essentielle conviction spirituelle dans sa quête d'inculquer à ses élèves l'importance d'être guidé. Le soutien d'un éducateur aidant à comprendre la complexité du monde dans lequel nous vivons. Notre nécessité de nous défendre et nous battre contre la lassitude dans un processus de réflexion. Apprendre à lire, à stimuler notre imagination, à cultiver notre propre conscience, notre propre système de croyances. Le besoin inhérent de ces compétences pour préserver nos esprits.


"C'était une glace au coeur". "Un naufrage". "Un malaise du coeur".
Surchargé en émotion par un pessimisme foudroyant de nihilisme, Detachment ne pourra faire l'unanimité dans sa détresse inconsolable fustigeant le genre humain. Pourtant, il s'agit d'un drame éloquent qui interpelle et prend aux tripes dans son cri d'alarme asséné au malaise de la nouvelle génération mais aussi aux adultes dévalués. Avec la prestance dépouillée de protagonistes à la fragilité humaine fléchissante, Tony Kaye nous illustre dans leur vérité humaine la lutte intrinsèque que chaque individu doit combattre pour éclipser sa colère, ses injustices et renouer avec notre raison d'être. Detachment est alors une réflexion sur la foi, une quête identitaire (la plupart des gens jouent le rôle de ce qu'ils croient être) sur ce que nous sommes capables d'extérioriser quand une personne lambda vous a acquise sa confiance, notamment l'importance que vous pouvez administrer aux yeux des autres. Ames sensibles et dépressifs, je vous prie néanmoins de vous abstenir car il est impossible de sortir indemne d'un tel fardeau discriminatoire pour énoncer l'avilissement civil. Un tourbillon d'émotions aussi ardues nous acheminant inévitablement au malaise ontologique !


Note: Hormis une critique globale relativement dubitative, Detachment a récolté quatre prix !
Prix de la révélation Cartier et Prix de la critique Internationale au Festival de Deauville 2011, ainsi que le Grand Prix et le Prix du Public au Festival de Valenciennes 2011.

Un grand merci à atthecinema.net
25.04.12
Bruno Matéï


lundi 23 avril 2012

Frayeurs / La Paura / Paura nella città dei morti viventi / City of the Living-Dead

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site paperblog.fr

de Lucio Fulci. 1980. Italie. 1h32. Christopher George, Catriona MacColl, Carlo De Mejo, Antonella Interlenghi, Giovanni Lombardo Radice, Daniela Doria, Fabrizio Jovine, Luca Venantini.

Sortie salles France: 10 Décembre 1980. U.S: Mai 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 :L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio,1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.

 
"Morts en Veille : L’Horloge Funèbre de Dunwich".
Un an après L'Enfer des Zombies, Lucio Fulci poursuit sa quête de l’horreur organique avec Frayeurs, deuxième volet d’une quadrilogie érigée sur le mythe du zombie latin. Poème putride où les morts tourmentent les vivants par l’entremise de la peur, cette clef de voûte du cinéma transalpin insuffle une angoisse sourde, rampante, jusqu’à obséder le spectateur dans les recoins de son inconscient.
Le public du festival du Rex ne s’y est d’ailleurs pas trompé, lui attribuant son Grand Prix à Paris.

Le pitch :
À Dunwich, le père Thomas se pend dans un cimetière. Depuis ce suicide aux relents de blasphème, une chape de peur s’abat sur les habitants, convaincus que les morts vont se relever pour les persécuter. Une médium, un journaliste, un psychiatre et l'une de ses patientes se lancent dans une course contre la montre pour retrouver sa tombe avant la veillée de la Toussaint, et refermer les portes de l’enfer.

 
En 1979, L’Enfer des Zombies conquit les spectateurs du monde entier par sa fusion d’horreur exotique et de gore subversif, irriguée de scènes de terreur inoubliables. Un an plus tard, Fulci transcende l’épouvante avec Frayeurs, souvent associé à L’Au-delà, autre chef-d’œuvre maudit. Le récit, toujours aussi minimaliste, sert surtout de prétexte à une enfilade de visions cauchemardesques. Quatre personnages unis par l’urgence affrontent la menace rampante de morts-vivants libérés par le suicide d’un prêtre renégat.
Le script linéaire s’efface derrière une succession d’événements sanglants, taillés pour coller le spectateur à son siège.
Toute son efficience repose sur le talent instinctif de Fulci à ériger une atmosphère vénéneuse, un climat de trouille irréel mais pénétrant.
À la manière d’un rêve fiévreux, chaque séquence semble flotter entre deux mondes : celui des vivants et celui des morts.
Sous l’égide d’un prêtre apostat, ces charognes fantomatiques reviennent hanter la terre, se jouant de leur immatérialité pour surgir sans prévenir, comme des ombres qui n’obéiraient plus à aucune loi.


L’atmosphère mortifère, suintant à travers chaque plan, nous enferme dans une étrangeté permanente.
Le poète du macabre nous offre un cortège d’images saisissantes, ancrées dans un onirisme pestilentiel : les apparitions glacées d’Émilie, du prêtre, de la vieille femme ; la pluie d’asticots s’abattant sur les héros ; ou encore ce point d’orgue lyrique enfoui dans les souterrains d’un caveau bleuté.
Les effets gores, signés Gianetto De Rossi, frappent par leur impact viscéral — la femme aux larmes de sang vomissant ses entrailles, l’illettré trépané à la perceuse — autant de visions d’horreur brute, frontale, aussi cruelles qu’inventives.
Impossible aussi d’ignorer la partition funèbre de Fabio Frizzi : une mélodie percutante, parfois quasi chorégraphique, qui élève certaines séquences au rang de ballets macabres. Et cette bande-son sourde, où les râles d’agonie des morts contaminent le silence, se glissent derrière le grincement des portes, l’écho des placards poussiéreux…


"Frayeurs — La Danse des Âmes Revenantes".
Par sa virtuosité technique, son audace formelle, et cette peur sourde qu’il distille jusqu’à l’étouffement (ce moment de claustration dans un cercueil en est l’exemple parfait), Frayeurs nous cueille au plexus pour ne plus nous lâcher.
À la manière d’un ballet spectral, les fantômes troubles de Fulci envahissent notre monde, contaminent les vivants, les entraînent dans leur chute sans retour.
Et pour mieux goûter à cette effusion de terreur latine, un dernier conseil s’impose : (re)voir Frayeurs seul, la nuit, ampli poussé à fond.
Et laisser les morts vous parler.


*Bruno 
Dédicace à Mr Fabio Frizzi et Masonna Maruosa Matsumoto

23.04.12.

Récompense: Grand Prix du Public au festival du film fantastique du Rex à Paris, 1980.

A lire également, l'excellente critique chroniquée par Leatherfacehttp://deadstillalive.canalblog.com/archives/2011/09/25/22136386.html



vendredi 20 avril 2012

THE WIZARD OF GORE

                                                 
                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinedb.avcesar.com

d'Herschell Gordon Lewis. 1970. U.S.A. 1h35. Avec Ray Sager, Judy Cler, Wayne Ratay, Phil Laurenson, Jim Rau.

FILMOGRAPHIE: Herschell Gordon Lewis est un réalisateur, scénariste, producteur, directeur de photographie, acteur et compositeur américain, né le 15 Juin 1926 à Pittsburgh, Pennsylvanie (Etats-Unis).
1963: Blood Feast. 1964: 2000 Maniacs. 1965: Monster a go-go. 1965: Color me blood red. 1967: A taste of blood. 1970: The Wizard of Gore. 1972: The gore gore girls. 2002: Blood Feast 2.

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En 1970, le pape du gore nous concocte un énième film gore dégueulbif, juste après quelques illustres friandises restées dans les annales du genre (Blood Feast et surtout 2000 Maniacs, son délire sudiste le plus drôle et original). The Wizard of gore ne déroge pas à la règle ! C'est amateuriste, grand-guignolesque, débridé et fatalement redondant ! Pour les amateurs de tripaille faisandée, cette curiosité vintage ne manque pas de charme dans son florilège de provocations incongrues. Montag, un magicien venu de nulle part réalise devant un public médusé des tours de prestige particulièrement sanglants. Il démontre tout son talent artistique à torturer en direct un spectateur désigné après l'avoir hypnotisé. Quelques instants après chaque représentation, les jeunes femmes préalablement sélectionnées sont retrouvées assassinées dans les mêmes circonstances. Une journaliste et son amant vont tenter de percer le mystère de ce prestidigitateur. 


Décors minimalistes, acteurs dérisoires, photo ocre délavée, scénario grotesque et surtout gore festif autopsié en gros plan ! Nous sommes bien en présence d'une pellicule obsolète mise en scène par notre ancêtre du gore, toujours plus motivé à nous balancer à la face nombre de scènes-chocs ultra sanglantes. Enucléation d'un oeil, corps coupé à la tronçonneuse ou écrasé par une presse, estomac éviscéré, empalement d'épée au fond de la gorge, tête tranchée à la guillotine, pieu enfoncé dans la tempe ! Des FX cheaps filmés en plan zoom, à grands renfort d'organes démembrés, comme tout bon film de cannibales ou zèderies ritales estampillés d'Amato Ketchup ! Le scénario improbable mais farfelu est un prétexte à aligner de façon récurrente nombre de mises à mort perpétrées par un mage souhaitant altérer réalité et fiction dans des tours de passe-passe singuliers. Paradoxalement, sitôt le numéro de torture exécuté, les personnes préalablement mutilées mais bel et bien vivantes sont retrouvées assassinées sous le même mode opératoire. Une journaliste et son compagnon dubitatif vont tenter de lever le voile sur le mystère de cette vague de crime et convier ce magicien orgueilleux dans une émission de télé ! Et on peut dire que l'épilogue halluciné vaut son pesant de délire métaphysique sur notre perception de la réalité et le sens illusoire de la fiction ! A croire que Lewis et toute son équipe ont du abuser de substance psychotrope pour rallonger un final décousu totalement irraisonné !


The Wizard of gore est donc un petit classique du gore risible, assez ludique et croquignolet pour tout amateur de curiosité datée. Le caractère clairsemé du script saugrenu, l'aimable sympathie des protagonistes incultes et surtout la galerie insolente des scènes chocs vomitives concourent à égayer cette plaisanterie au mauvais goût assumé. En prime, le cabotinage disproportionné de notre meurtrier azimuté, affublé d'un costume noir d'aristocrate valorise un charme désuet dans ses ambitions autocrates.

Un grand merci à cinedb.avcesar.com
20.04.12
Bruno Matéï

jeudi 19 avril 2012

L'Ordre et la Morale

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Mathieu Kassovitz. 2011. France. 2h16. Avec Mathieu Kassovitz, Iabe Lapakas, Malik Zidi, Alexandre Steiger, Sylvie Testud, Philippe Torreton, Daniel Martin.

Sortie salles France: 16 Novembre 2011

FILMOGRAPHIE: Mathieu Kassovitz est un acteur, scénariste, réalisateur et producteur français, né le 3 Août 1967 à Paris. 1993: Métisse. 1995: La Haine. 1997: Assassins. 2000: Les Rivières Pourpres. 2003: Gothika. 2008: Babylon A.D. 2011: L'Ordre et la Morale. 

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

D'après le livre de Philippe LegorjusLa Morale et l'Action, Mathieu Kassovitz mis plus de 10 ans à échafauder son scénario remanié en 25 versions. Alors que le tournage fut prévu sur les lieux mêmes de la prise d'otage d'Ouvéa, le réalisateur dû se résoudre à s'orienter vers la Polynésie française puisqu'une partie de la population calédonienne s'opposa à sa présence. D'autres controverses ont également été rapportées si bien que l'armée française remis en cause la version historique des faits jugés trop militants.

Synopsis: Avril 1988, en Nouvelle-Calédonie. des indépendantistes assassinent quatre gendarmes et en kidnappent 30 autres pour les emprisonner dans une grotte insulaire. Alors que l'état français déploie 300 militaires pour intimider ces preneurs d'otage, le capitaine Philippe Legorjus va tenter de négocier avec les rebelles Kanaks. Des rivaux beaucoup moins délétères et sanguinaires que les médias ont pu le faire croire. 

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

En frondeur intègre, Mathieu Kassovitz nous retrace le conflit politique de la Nouvelle-Calédonie survenue en 1988 avec un groupuscule d'indépendantistes opposés à l'armée française déployée au chiffre de 300. Au moment des élections du second tour, un négociateur du GIGN tente d'apaiser la situation chez ces insurgés pour éviter un assaut meurtrier décrété par le gouvernement.
Ainsi, à l'aide d'une structure narrative particulièrement limpide, l'Ordre et la Morale est un drame politique captivant soulignant l'hypocrisie de certains dirigeants. Là où leur notion d'éthique y est bannie au profit d'une présidence adepte du favoritisme.
Avec souci de vérité documentée, Mathieu Kassovitz dénonce les calomnies de l'armée française, de certains politiciens et de la gendarmerie privilégiant une guerre sanglante pour favoriser le parti d'une victoire présidentielle. Alors que le capitaine Philippe Legorjus tente de gagner la confiance du chef des insurgés auprès d'un compromis pacifiste, ce négociateur compatissant se retrouve contraint de le trahir par la cause de sa déontologie professionnelle. La confrontation humaine de deux rivaux finalement opposés au subterfuge de la trahison nous est donc illustrée dans une morale indigne, faute de l'opportunisme de nos pouvoirs politiques.
Enfin, on peut d'autre part relever le souci de réalisme cinglant imparti au point d'orgue lors de l'assaut meurtrier perpétré par l'armée française. Sans esbroufe, filmés caméra à l'épaule, les combats en interne de belligérants aussi pugnaces qu'apeurés nous sont caractérisés de manière âpre et abrupte, jusqu'au bain de sang promu.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

Réflexions sur le sens de nos responsabilités et sur la moralité de nos engagements, l'Ordre et la Morale est un brûlot politique qui ose pointer du doigt la corruption exercée par certains leaders gouvernementaux, adeptes de l'extrême droite. Hormis le jeu théâtral des comédiens (en dehors de l'assurance appliquée de l'acteur Mathieu Kassovitz), ce dérisoire jeu de pouvoir démontre ici notre incapacité à gérer un conflit terroriste lorsque le mensonge y engendre l'assassinat. Car, à l'image assumée de notre négociateur: "si la vérité blesse, le mensonge tue !"

*Bruno
19.04.12.

Récompense: Grand Prix du Festival du film de Sarlat, 2011


mercredi 18 avril 2012

HUGO CABRET (Hugo)

Photo empruntée sur Goggle, appartenant au site lyricis.fr   
de Martin Scorsese. 2011. U.S.A. 2h06. Avec Asa Butterfield, Chloe Moretz, Jude Law, Michael Pitt, Christopher Lee, Emily Mortimer, Sacha Baron Cohen, Ben Kingsley, Ray Winstone, Helen McCrory.

Sortie salles France: 14 Décembre 2011. U.S: 23 Novembre 2011
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Récompenses: Oscar 2012: Meilleur Photographie, Meilleure Direction Artistique, Meilleurs Effets Visuels, Meilleur Montage Sonore, Meilleur Mixage Son.
Golden Globes 2012: Meilleur réalisateur pour Martin Scorsese
National Board of Review Awards 2011: Meilleur Film, Meilleur Réalisateur
Critics Choice Awards 2012: Meilleure Direction Artistique
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FILMOGRAPHIE: Martin Scorsese est un réalisateur américain né le 17 Novembre 1942 à Flushing (New-york).
1969: Who's That Knocking at my Door, 1970: Woodstock (assistant réalisateur), 1972: Bertha Boxcar, 1973: Mean Streets, 1974: Alice n'est plus ici, 1976: Taxi Driver, 1977: New-York, New-York, 1978: La Dernière Valse, 1980: Raging Bull, 1983: La Valse des Pantins, 1985: After Hours, 1986: La Couleur de l'Argent, 1988: La Dernière Tentation du Christ, 1990: Les Affranchis, 1991: Les Nerfs à vif, 1993: Le Temps de l'innocence, 1995: Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain, 1995: Casino, 1997: Kundun, 1999: Il Dolce cinema -prima partie, A Tombeau Ouvert, 2002: Gangs of New-York, 2003: Mon voyage en Italie (documentaire), 2004: Aviator, 2005: No Direction Home: Bob Dylan, 2006: Les Infiltrés,  2008: Shine a Light (documentaire), 2010: Shutter Island. 2011: Hugo Cabret.
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Avertissement ! Cet hommage concerne l'avis subjectif d'un puriste amateur, amoureux de cinéma de genre, en toute indépendance. Il ne s'agit pas d'un plagiat. Toute analogie avec une critique d'un site spécifique ne serait que pure coïncidence.
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En 2011, Martin Scorsese entrepose à l'écran le roman de Brian Selznick, l'Invention de Hugo Cabret, pour nous confectionner son hommage au 7è art et au cinéaste français Georges Méliès. Des prémices du cinéma muet à l'invention du genre fantastique innové par un créateur de génie, Hugo Cabret est un voyage au centre de l'illusion, où des artistes vigoureux réparent les machines pour cristalliser leur destin.

Dans une gare parisienne des années 30, Hugo se retrouve seul après avoir perdu son père dans un incendie. Sous la garde d'un oncle alcoolique, il est contraint d'activer le cadran d'une  immense horloge en guise de travaux forcés. Pendant son temps libre, il est surtout entêté à réparer un automate au mécanisme complexe et retrouver une mystérieuse clef en forme de coeur. 
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Conte enchanteur au pouvoir de féerie insatiable, le nouveau film de Martin Scorsese est un somptueux ballet d'illusion et d'émotion sous l'effigie parisienne d'une station de métro des années 30. Dans la reconstitution antique d'une gare française remplie de citadins fluctuants, Hugo Cabret est l'histoire flamboyante de deux destins agencés pour la consécration.
Hugo, jeune orphelin de douze ans, décide d'achever la confection d'un vieil automate préalablement débusqué par son père dans le grenier d'un musée. Après la mort accidentelle de celui-ci, l'enfant est obsédé à l'idée de rétablir sur pièce ce pantin rubigineux aux éléments partiels. Pour cela, il est contraint de voler des outils et pièces mécaniques chez un marchand de jouet acariâtre. Hanté par la mort inéquitable de son paternel, il souhaite retrouver la clef qui pourrait lui permettre de ressusciter son automate de plomb. Alors qu'au fil de son cheminement, il va également découvrir son incroyable destinée affiliée à l'un des plus grands génies du 7è art !
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En sorcier utopiste délibéré à renouer avec les émotions séculaires du cinéma muet, Martin Scorcese 
nous retransmet avec fougue et virtuosité les prémices du 7 art, sous l'étendard d'un maître de l'illusion. Déclaration d'amour à l'imaginaire et à la créativité, au pouvoir évasif de la fiction par le procédé novateur du cinématographe, Hugo Cabret est un hommage rempli d'éloges à ces créateurs illuminés. En en particulier à Georges Meliès, magicien et cinéaste obstiné à convoiter un public songeur. C'est son parcours qui nous ait retranscrit avec une verve infatigable à travers les yeux candides d'un enfant en quête identitaire, fasciné par les attractions inédites plus vraies que nature. Sa réjouissance, il la retrouve au sein d'un vieux cinéma orné d'une toile géante et jalonné de sièges de velours pour accueillir la popularité curieuse d'un public novice. Le spectacle singulier est confiné dans cette vaste salle de théâtre tapie dans l'obscurité où l'on projette en boucle les premiers essais des Frères Lumières, les débuts comiques d'Harold Lloyd et de Chaplin et les féeries enchanteresses du Voyage dans la lune d'un certain Méliès. Mais encore l'avènement du western ou du film catastrophe quand un train de marchandise fonçait droit devant la foule ébahie de spectateurs affolés ! Un public aussi horrifié que rieur d'assister à la duperie d'un métrage conçu pour les impressionner, sans d'autre ambition que de les divertir avec plaisance. Et cela avant que n'intervienne le procédé moderne du cinéma parlant avec Don Juan ou le Chanteur de jazz.
Sous contexte historique, Martin Scorcese aborde également le préjudice de la guerre quand Georges Mélies fut contraint d'abdiquer à son métier de cinéaste par la cause d'un conflit militaire à échelle mondiale. Sous cet aspect politique, il montre à quel point l'homme dépité peut renoncer à ses désirs, ses ambitions inhérentes quand la violence et la mort ont annihilé toute notion d'optimisme. Mais Hugo Cabret est autant un conte merveilleux transcendant l'incroyable destinée d'un orphelin tourmenté par la mort d'un père chérissant. Sa quête initiative va lui permettre de retrouver la foi par l'entremise d'un pantin prodigieux compromis à la rencontre insensée d'un personnage de légende !
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Cinéma Paradiso
Magnifiquement interprété et mis en scène avec une virtuosité ébouriffante, Hugo Cabret est un chef-d'oeuvre de fantaisie où l'émotion gracile nous ranime la flamme des premiers émois du cinématographe. Là où nos doyens spectateurs s'extasiaient devant des trésors d'ingéniosité conçus par des travailleurs manuels amoureux de leur firme artisanale. Une oeuvre candide au parfum rétro délectable, une éloge au cinéma originel et surtout au rêve qui en découle par l'imaginaire prolifique de magiciens nobles. 
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Un grand merci à Lyricis.fr
Dédicace à Isabelle Rocton
18.04.12
Bruno Matéï


mardi 17 avril 2012

EVA

Photo empruntée sur Google, appartenant au site be.com   
de Kike Maillo. Espagne. 2011. 1h34. Avec Daniel Brühl, Marta Etura, Alberto Ammann, Claudia, Vega, Lluis Homar, Anne Canovas, Sara Rosa Losilla, Jordi Diaz.

Sortie salles France: 21 Mars 2012

FILMOGRAPHIE: Kike Maillo est un réalisateur, scénariste, acteur, compositeur espagnol, né le 3 Juin 1975 à Barcelone.
2011: Eva

Un joli film, étrange et touchant mais perfectible car beaucoup moins persuasif et prégnant que le magnifique A.I de Steven Spielberg, basé sur le même thème.
A découvrir...

Bruno Matéï
17.04.12





lundi 16 avril 2012

SHAME (honte)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site culturopoing.com   
de Steve Mc Queen. 2011. Angleterre/Australie. 1h39. Avec Carey Mulligan, Michael Fassbender, James Badge Dale, Hannah Ware, Amy Hargreaves, Nicole Beharie, Elizabeth Masucci, Lucy Walters, Briana Marin.

Sortie salles France: 7 Décembre 2011. U.S: 2 Décembre 2011
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FILMOGRAPHIE: Steve Rodney McQueen est un artiste et réalisateur anglais, né en 1969 à Londres.
2008: Hunger
2011: Shame

Récompense: Coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine de Michael Fassbender
Prix d'interprétation à Venise pour Michael Fassbender
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Trois ans après l'éprouvant Hunger, drame politique qui retraçait la grève de la faim entamée par un illustre séparatiste de l'IRA, l'artiste peintre Steve Mc Queen rappelle son acteur majeur Michael Fassbender pour nous livrer avec Shame le portrait intime d'un pervers victime de pathologie sexuelle.
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Un homme d'affaires est incapable d'entamer une relation stable avec une femme, faute de son accoutumance pour le sexe lubrique. Partagé entre le désespoir et l'impuissance de ne pouvoir refréner ses pulsions, sa soeur tente malgré tout de lui offrir son affection en débarquant à l'improviste dans son appartement pour s'y installer. 
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De manière dépouillée et introspective, le réalisateur Steve Mc Queen se penche sur une maladie rarement traitée au cinéma, l'addiction sexuelle. Sans fioritures ni complaisance, cette chronique désenchantée d'un trentenaire névrosé nous illustre sa dérive quotidienne émaillée de rencontres impromptues dans un new-york crépusculaire. En dehors de ses virées urbaines, il trouve également son réconfort sur un écran d'ordinateur portable auprès de sites web à caractère pornographique puis se masturbe machinalement dans les toilettes du bureau. Avec l'arrivée fortuite de sa soeur versatile et immature, Brandon se sent épié et étouffé par sa présence envahissante. Un jour, alors qu'une collègue de travail lui fait gentiment la cour, il tente d'entamer une vraie relation basée sur les sentiments. Et cela, en dépit de son éthique de ne pouvoir tolérer une relation conjugale inscrite dans la longévité de la fidélité. Au moment propice de l'étreinte sexuelle, il se rend compte qu'il est incapable de faire l'amour à une femme motivée par le désir de la tendresse. Davantage plongé dans la honte, le désarroi et la culpabilité de ne pouvoir transcender sa frénésie sexuelle, Brandon erre dans les quartiers propices à fréquenter des marginales adeptes de luxure ou des homosexuels livrés à l'échangisme.
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Mis en scène avec souci de vérité humaine en interne d'une ambiance feutrée au climat cafardeux, Shame est un drame psychologique plongé dans le regard austère de son protagoniste, tributaire d'une déviance sexuelle intarissable. Profondément esseulé malgré l'omniprésence de sa soeur désoeuvrée, Brandon se raccroche in extremis à l'amour de cette dernière pour peut-être retrouver un regain d'affection au monde qui le désuni. Toute l'intrigue du film est focalisé sur le psyché sévèrement brimé de ce trentenaire d'apparence docile, prisonnier car esclave de sa sexualité putassière. C'est tout le poids du déshonneur et du scrupule qui lui est alloué à travers son parcours récursif ne laissant entrevoir aucune lueur d'espoir. ATTENTION SPOILER !!! Et cela, même après l'acte suicidaire intenté par sa jeune soeur démoralisée par leur discorde FIN DU SPOILER.

Michael Fassbinder se délivre corps et âme à endosser le rôle fébrile d'un pervers gangrené par sa morale car compromise à la luxure la plus débauchée. Une prestation souvent poignante, voire bouleversante dans ses rapports conflictuels engagés avec une soeur toute aussi démotivée par la catharsis d'une relation conjugale équitable. C'est cette chétive relation familiale terriblement contraignante pour le malade incriminé, car incapable de pouvoir avouer sa déchéance sexuelle, qui donne lieu à des séquences dramatiques d'une grave acuité émotionnelle.
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L'Amour violé
Réflexion sur la torpeur de l'addiction et notre rapport équivoque à l'emprise du sexe, Shame est un bouleversant témoignage sur la déchéance d'un solitaire séquestré dans son univers aseptisé. 
Accentué par la partition élégiaque de Harry Escott (aux lourds accents de Hans Zimmer !) et sublimé par l'interprétation de Michael Fassbender, ce drame blafard nous place régulièrement sur un sentiment amer de nonchalance. D'autant plus que son épilogue concis nous quitte brutalement face à l'éventuelle repentance du toxicomane déshumanisé. 

Un grand merci à Culturopoing.com
16.04.12
Bruno Matéï

vendredi 13 avril 2012

Creep


de Christopher Smith. 2004. Angleterre/Allemagne. 1h25. Avec Franka Potente, Vas Blackwood, Ken Campbell, Jeremy Sheffield, Paul Rattray, Kelly Scott, Sean Harris, Kathryn Gilfeather, Joe Anderson, Sean De Vrind.

Sortie salles France: 4 Mai 2005

FILMOGRAPHIE: Christopher Smith est un réalisateur et scénariste britannique, né le 16 Août 1970 à Bristol. 2004: Creep. 2006: Severance. 2009: Triangle. 2010: Black Death
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Pour le premier film d'un réalisateur anglais aujourd'hui reconnu, Creep possédait déjà suffisamment d'atouts pour convaincre l'amateur d'horreur avec ce survival cradingue illustrant les exactions d'un monstre réduit à l'état primitif. Dans la même veine que le Métro de la Mort de Gary Sherman, Creep reflète en outre une résonance sociale pour la caricature caustique d'une société individualiste dépréciant les laissés pour compte. Le PitchDans les sous-sols d'un métro de Londres, une jeune femme assoupie se retrouve seule après la fermeture des guichets. Alors qu'un train en circulation s'arrête sur une voie adjacente, l'un de ses collègues de travail y descend et tente de la violer. Mais une présence hostile tapie dans l'ombre s'en prend sauvagement à lui.
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Série B d'exploitation réalisée sans prétention avec un sens habile de l'angoisse diffuse, Creep tire sa force de par la verdeur d'une ambiance malsaine contrastant avec une photo criarde et le profil psychologique du tueur crapuleux, monstre de foire déshumanisé. D'un script éculé jalonné de situations rebattues, prétexte à scènes chocs cinglantes et suspense lattent, ce survival sardonique (le violeur débutant son acte sexuel alors que le tueur l'enverra ad patres sans restriction !) exploite pour autant à bon escient l'intérieur claustrophobique de ses décors opaques. Véritable dédale de vastes couloirs interminables, de bouches d'égout et conduits d'aération, le métro londonien s'avère ici un véritable piège à claustration pour nos survivants contraints de se planquer dans les endroits les plus étroits ou insalubres. 
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Emaillé de séquences terrifiantes (la 1ère apparition du tueur est un authentique moment d'effroi fortuit !) et agrémenté de séquences gores aussi acérées qu'explicites (le meurtre hors champ de la sdf se révèle pourtant insupportable auprès de sa crudité viscérale !), Creep transcende son scénario orthodoxe par sa manière habile à captiver le spectateur lors d'une mise en scène vigoureuse. Embrigadés dans les réseaux d'égout ou expérimentés sur le lit d'un labo médical rempli d'outils rubigineux, nos protagonistes sont contraints d'endurer une nuit d'effroi sous la tyrannie d'un tueur adepte de la torture sans anesthésie ! Si ce jeu du chat et de la souris se révèle haletant et davantage intense, c'est dans sa faculté à retranscrire un univers sordide régi par un tueur préalablement asservi d'un paternel sans vergogne, adepte de l'expérimentation chirurgicale. Un monstre impassible au regard stérile, contraint de se nourrir de chair humaine pour subvenir à ses besoins nutritifs. Ainsi, en jouant la carte du réalisme craspec, Christopher Smith s'efforce à nous authentifier cet être déshumanisé, truffé de tics convulsifs, couinant un cri laconique pour imposer sa hiérarchie autonome, déambulant d'une démarche dégingandée vers ses victimes déboussolées. Son corps meurtri lardé de contusions et cicatrices ainsi que son regard aigri dissimulant toutefois une forme de mélancolie évoquant donc le sentiment que ce monstre humilié et maltraité fut autrefois esclave d'un savant fou.
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Réalisé avec savoir-faire, parfois véritablement terrifiant et impressionnant de par ses effets-chocs révulsifs, Creep s'extrait du lot traditionnel du genre sous l'impulsion de son ambiance licencieuse et l'exploitation judicieuse de son décor ferroviaire. C'est également dans la caractérisation du tueur équivoque sans doute martyrisé par un passé tendancieux que Creep culmine son pouvoir morbide par le biais d'une misère humaine. Sans conteste, un des meilleurs films d'horreur des années 2000.

*Eric Binford
Un grand merci à dl4all.com
22.11.21. 
13.04.12
06.10.24. 4èx


jeudi 12 avril 2012

Alien, le 8è passager

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site zoom-cinema.fr

de Ridley Scott. 1979. U.S.A/Angleterre. 1h56. Avec Sigourney Weaver, Tom Skerritt, Veronica Cartwright, Harry Dean Stanton, John Hurt, Ian Holm, Yaphet Kotto, Bolaji Badejo, Helen Horton.

Sortie salles France: 12 Septembre 1979. U.S: 31 Octobre 2003

FILMOGRAPHIE (Info Wikipedia)Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields. 1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus.

 
"Dans l’ombre du Nostromo : Le Chant du Dragon Biomécanique".
1979 marque une année charnière dans le paysage de la science-fiction, quand un réalisateur novateur et avisé relève la gageure de réinterpréter l’icône du monstre mythologique. Influencé par La Planète des Vampires de Bava, Dark Star de Carpenter, et inspiré par le Ixtl — la créature du roman La Faune de l’espace d’A.E. Van Vogt Alien devient l’étendard d’un film d’anticipation à l’épouvante organique. Succès critique et public à sa sortie, ce chef-d’œuvre, au sens noble, fonde une saga illustre où ambitions formelles, techniques et narratives s’entrelacent au diapason.

Le pitch : à bord du Nostromo, une équipe de sept astronautes s’apprête à regagner la Terre. Mais leur ordinateur capte un signal inquiétant, les contraignant à se poser sur une planète hostile. Sur place, l’un d’eux est agressé par une forme organique inconnue. Cette créature, bâillonnée sur le visage de l’officier Kane, est ramenée à bord sous l’autorité d’Ash et contre l’avis du lieutenant Ellen L. Ripley. L’étrange parasite se libère, s’occulte dans les couloirs du Nostromo. Commence alors une traque implacable, sanglante, où les passagers se retrouvent persécutés par cette menace reproductive.


Dans l’espace, personne ne vous entend crier — tagline devenue culte — Ridley Scott s’engage dans la voie rare de l’anticipation horrifique, façonnant une créature atypique, gravée d’une pierre blanche. Avec un budget de 11 millions de dollars, il orchestre une armada de décors baroques sous la houlette de Michael Seymour. Souci du détail ornemental, effet documentaire : maître-mots d’un metteur en scène déterminé à traduire avec force et vérité un univers ombrageux sous l’architecture métallique d’une planète crépusculaire. Le pouvoir de fascination morose se concentre sur cet environnement anxiogène et l’aspect hybride du métamorphe reproductif — un monstre mesquin, pernicieux, traquant un à un les membres d’un équipage à bout de souffle, fuyant sous les conduits du vaisseau. Ainsi, angoisse palpable et sentiment d’impuissance se déploient dans le désarroi des protagonistes, démotivés par la facilité virulente de cette menace invisible. La mise en scène, tout entière au service de la suggestion, décuple le malaise dans les vastes recoins d’un dédale oppressant, labyrinthe de toutes les peurs.


Contrairement aux épisodes suivants, Alien se révèle un modèle d’intelligence dans son art du non-dit. Moins la créature est montrée, plus la menace grandit, palpable, latente. Les effets spéciaux et le design biomécanique de la créature, imaginés par H.R. Giger, forgent le caractère fascinant et singulier de cette œuvre. L’originalité réside dans la physionomie hétéroclite du mutant — pourtant peu présent à l’écran — et le décor sporadique d’une galaxie lointaine. Outre la partition évocatrice de Jerry Goldsmith, un bourdonnement récursif et un battement de cœur rythment à merveille l’appréhension feutrée au cœur du vaisseau, dominé par un dragon protéiforme.


"Le Passager de l’Angoisse : Naissance d’une Icône".
Jalonné de séquences anthologiques — l’humanoïde déchu de ses fonctions mécaniques, les mises à mort d’un vérisme cruel, l’alien jaillissant de l’estomac de John Hurt, traumatisme renforcé en 4K — Alien envoûte sans fioritures ni esbroufe. Sa rigueur formelle dessine un univers crédible, porté par des interprétations à la fois humaines et matures, tandis que Sigourney Weaver incarne l’héroïne en devenir, survivante pugnace, devenue icône.

*Bruno
19.08.24. Vostfr. 4k
12.04.12.


mercredi 11 avril 2012

ATROCIOUS

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
de Fernando Barreda Luna. Espagne/Mexique. 2010. 1h15. Avec Christian Valencia, Clara Moraleda, Chus Pereiro, Sergi Martin, Xavi Doz, Jose Masegosa

Sortie salles France: 17 Août 2011. 11 Avril 2012 (dvd et blu-ray)

FILMOGRAPHIE (Source IMDB)Fernando Barreda Luna est un réalisateur, scénariste, monteur, compositeur, né le 12 Juillet 1983 à Tampico, Tamaulipas, Mexique.
2009: Oscuridad
2010: Atrocius

Le found footage le plus nul de l'histoire du cinéma est ici !




mardi 10 avril 2012

Mondwest (Westworld)

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site www.cinemovies.fr

de Michael Chrichton. 1973. U.S.A. 1h29. Avec Yul Brynner, Richard Benjamin, James Brolin, Norman Bartold, Alan Oppenheimer, Victoria Shaw, Dick Van Patten, Linda Gaye Scott, Steve Franken.

Sortie salles France: 27 Février 1974. U.S: 21 Novembre 1973

FILMOGRAPHIE (source Wikipedia): Michael Chrichton est un écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 23 Octobre 1942, décédé le 4 Novembre 2008 à Los Angeles.
1972: Pursuit (télé-film inédit en France). 1973: Mondwest. 1978: Morts Suspectes. 1979: La Grande Attaque du Train d'or. 1981: Looker. 1984: Runaway, l'évadé du futur. 1989: Preuve à l'appui (Physical Evidence).
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Premier long-métrage du célèbre écrivain Michael Crichton, Mondwest s’impose en précurseur d’une lignée de blockbusters ricains : Génération Proteus, Terminator, Hardware, Robocop, Blade Runner... autant de rejetons légitimes. Récit d’anticipation fustigeant les dérives du progrès technologique, ce western hybride déploie son inquiétante étrangeté autour de la silhouette hiératique de l’illustre Yul Brynner

Le pitch : en villégiature, deux notables découvrent l’attraction inédite de Delos, un univers fantasmatique scindé en trois époques — Moyen Âge, Far West, Empire romain — reconstituées avec un réalisme scénique saisissant grâce à des humanoïdes plus vrais que nature. Mais alors que tout semblait réuni pour combler l'appétit d'exotisme de nos touristes rupins, les robots-figurants adoptent subitement un comportement vindicatif, échappant au contrôle de leurs créateurs....

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Qui n’a jamais fantasmé de séjourner dans une époque révolue pour s’immerger dans l’ordinaire d’un monde désormais obsolète ? Mondwest incarne l’utopie cinégénique de ces désirs ludiques les plus saugrenus. Pour divertir l’homme en mal de sensations nouvelles, Crichton imagine un parc révolutionnaire, où des vacanciers fortunés peuvent cohabiter avec des machines à visage humain. Dans des décors d’un réalisme troublant, il travestit les récits antiques en autant de péripéties homériques pour combler le touriste avide d’action : bagarres de saloon, évasions de prison, duels au pistolet et luxure tarifée. Mondwest se déguste alors comme une friandise acidulée avant de virer au cauchemar mécanique. Nos deux protagonistes machistes s’y enivrent d’un rêve d’enfant : incarner des cow-boys insolents basculant dans une marginalité criminelle, confrontés à un antagoniste de plus en plus arrogant. C’est dans cette armure glaciale que Yul Brynner crève l’écran — monolithique, impassible, déterminé à traquer, à éliminer, à éradiquer toute présence humaine dissimulée dans les recoins de Delos.
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Dans un premier temps, Crichton met en avant la jubilation régressive d’un monde sans conséquences, où l’homme peut assouvir ses fantasmes sans limites. Mais sous l’apparente innocuité des plaisirs mécaniques, il décortique la peur viscérale de l’homme confronté à un danger devenu tangible. Ces robots, simulacres de vie, brouillent les repères de nos héros désorientés, ivres d’orgueil et persuadés de leur suprématie. Leur vertige d’omnipotence les précipite dans une posture de criminels mégalomanes, avides d’une liberté factice. C’est alors que les androïdes, jusqu’ici serviles, décident de se rebeller, profitant d’une faille technologique inexpliquée. Le paradis artificiel se métamorphose en traque implacable. Et dans cet enfer débridé, un Terminator désaxé use de ruse et d'autonomie pour traquer, sans relâche, l’ultime survivant.

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Un monde où rien ne peut aller de tarvers
À la fois dépaysant et jouissif, mais insidieusement malsain, Mondwest se décline comme une bande dessinée vitriolée, où chaque péripétie excentrique autorise le spectateur complice à libérer son imaginaire baroudeur. À travers la lorgnette du cinéma d’anticipation, ce western baroque esquisse en filigrane les dangers d’une technologie incontrôlable, mise au service d’une élite consommatrice et arrogante. Transcendé par la prestance magnétique de Yul Brynner, Mondwest suscite un enthousiasme caustique, en même temps qu’un malaise persistant : le futur, ici, se trouve disqualifié par la promesse d’une perfection technique vouée à l’échec. Autrement dit, la perfection n’est pas pour demain...

Un grand merci à  www.cinemovies.fr 
10.04.12
Bruno Matéï