jeudi 3 décembre 2015

LES VAMPIRES

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site videowatchdog.com

"I Vampiri" de Riccardo Freda et Mario bava. 1956. Italie. 1h22. Avec Gianna Maria Canale, Carlo D'Angelo, Dario Michaelis, Wandisa Guida, Angelo Galassi, Antoine Balpêtré.

Sortie salles France: 27 Novembre 1957

FILMOGRAPHIE: Riccardo Freda (né le 24 février 1909 à Alexandrie, Égypte - mort le 20 décembre 1999 à Rome) est un réalisateur, scénariste et acteur italien. 1942 : Don César de Bazan
1945 : Toute la ville chante. 1946 : L'Aigle noir. 1948 : Les Misérables ou L'Évadé du bagne. 1948 : Le Cavalier mystérieux. 1949 : Le Fils de d'Artagnan. 1951 : La Vengeance de l'aigle noir. 1951 : Trahison. 1953 : Spartacus. 1953 : Les Mosaïques de Ravenne. 1954 : Théodora, impératrice de Byzance. 1956: Le Chateau des amants maudits. 1956 : Les Vampires. 1959 : Caltiki, le monstre immortel. 1960 : Le Géant de Thessalie. 1961 : Les Mongols (coréalisateur). 1961 : Le Géant à la cour de Kublai Khan. 1962 : Sept épées pour le roi. 1962 : Maciste en enfer. 1962 : L'Effroyable secret du docteur Hichcock. 1963 : Le Spectre du professeur Hichcock. 1964 : Les Deux Orphelines. 1964 : Roméo et Juliette. 1965 : L'Aigle de Florence. 1965 : Coplan FX 18 casse tout. 1966 : Roger la Honte. 1967 : Coplan ouvre le feu à Mexico.


Premier film d'horreur italien de l'après-guerre, Les Vampires constitue la réunion de deux talents. Riccardo Freda ayant tourné la première moitié du film sur une durée de 15 jours quand bien même Mario Bava, directeur de la photo et des effets-spéciaux, s'occupa de la seconde partie sur une période de deux jours et demi de tournage suite au départ précipité de son comparse. La faute incombant à l'irascibilité caractérielle de Freda selon les dires de Jean-Pierre Dionnet qu'il fréquenta personnellement (voir interview du Dvd français sorti chez Carlotta). Après le succès de la Hammer, les italiens s'empressent donc d'exploiter à leur tour le filon horrifique emprunté au thème du vampire de manière aussi audacieuse qu'originale. Exit donc le traditionnel vampire aristocrate inlassablement poursuivi par Van Helsing et tous les éléments chers au genre (cape noire, gousses d'ail, crucifix et canines pointues), Freda ayant la judicieuse idée de délocaliser le cadre de son action dans l'époque contemporaine des années 50. Paris, 1956. D'étranges cadavres de jeunes femmes sont découverts dans le fleuve de la Seine. Ces meurtres seraient à l'origine d'un serial-killer surnommé le Vampire ! C'est ensuite l'enlèvement d'une jeune comédienne, Lorrette Robert, que les journaux relayent dans l'affolement. Alors que la police enquête de manière infructueuse, un journaliste tente d'éclaircir cette sordide affaire au moment d'être courtisé par Giselle, nièce de la célèbre duchesse du Grand. 


Ce récit inquiétant alternant disparitions en série, expériences scientifiques et investigation policière parvient à distiller un suspense assez habile grâce à la réalisation soignée de Freda et Bava. Les deux cinéastes parvenant avec une belle homogénéité à transfigurer une scénographie gothique (le château, la crypte souterraine et la chapelle sont rehaussés de plans stylisés d'un onirisme macabre) au coeur d'un contexte contemporain (l'urbanisation parisienne des années 50 même si le film a été tourné en Italie). Cette facture assez débridée se permet en outre de prêter allusion à l'épouvante de la Universal par le biais d'un duo de médecins comparables au mythe du savant fou adepte d'expérimentations occultes. A travers les thèmes indissociables du vampirisme et de la jeunesse éternelle, nos auteurs réussissent donc à renouveler les codes sous l'impulsion d'un antagoniste féminin redoutablement sournois et impudent. Gianna Maria Canale endossant avec charme et tempérament hautain une riche héritière avide d'élégance et de prospérité pour son goût de l'éternelle jeunesse. Outre l'intensité de son caractère aussi lâche que cruel, ses apparitions délétères sont rehaussés des maquillages de Bava lorsque cette dernière se métamorphose en temps réel pour nous laisser dévoiler un faciès décati assez repoussant. Un effet spécial redoutablement astucieux dans sa confection artisanale inspirée de Dr Jekyll et Mr Hyde de Rouben Mamoulian. Les meilleurs moments du film étant régis autour de sa posture perfide à déjouer l'intrusion de ses ennemis au sein du manoir.


Efficace et assez captivant pour l'originalité de sa structure narrative où l'enquête policière, les expérimentations médicales et le vampirisme moderne se juxtaposent dans un contexte réaliste, Les Vampires constitue un excellent divertissement que Mario Bava transcende en seconde partie par le biais d'un esthétisme gothique d'une poésie gracile. 

Bruno Matéï

mercredi 2 décembre 2015

L'ENFANT MIROIR

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site paperblog.fr

"The Reflecting Skin" de Philip Ridley. 1990. U.S.A. 1h36. Avec Viggo Mortensen, Lindsay Duncan, Jeremy Cooper, Sheila Moore, Duncan Fraser, David Longworth, Robert Koons.

Sortie salles France: 28 Novembre 1990

FILMOGRAPHIE: Philip Ridley est un réalisateur et scénariste anglais né le 29 Décembre 1964 à Londres. 1990: L'enfant miroir. 1995: Darkly Noon. 2009: Heartless.


Réalisateur aussi discret que peu reconnu, Philip Ridley réalise en 1990 un coup de maître avec l'Enfant Miroir. Un premier long-métrage bougrement ambitieux dans son refus de l'orthodoxie et dans un souci formel à dépeindre un univers atypique, en demi-teinte du conte de fée et du drame horrifique. Empruntant les thèmes de la vieillesse, la mort, la cruauté, le sexe et la perversité, l'Enfant Miroir est une odyssée mélancolique sépulcrale du point de vue d'un bambin moralement perturbé, car livré à lui même depuis la démission parentale. Son père étant suspecté de crime pédophile, sa mère s'appuyant sur une autorité castratrice parfois tyrannique dans ses châtiments expéditifs. Au coeur de l'immensité de champs de blés d'un jaune incandescent, l'action prend pour cadre une bourgade rurale de l'Amérique des années 50. En attendant le retour propice de son frère aîné parti au front, Seth fuit son ennui en s'amusant à des jeux sordides avec ses camarades, à l'instar des sévices infligés sur un crapaud. Témoin de cet acte gratuit, l'une des voisines de la région, Blue Dolphin, se prend de sympathie pour le garçon. Après avoir été invité dans sa demeure et après leur discussion échangée sur des jeux morbides, Seth se persuade que derrière l'apparence blême de cette veuve solitaire se cache un vampire.


Ce pitch tortueux dénué de raison, Philip Ridley l'exploite à la manière d'un conte macabre qu'un jeune gamin fantasme dans sa fragilité autonome. Fasciné par la mort et effrayé à l'idée de voir son frère kidnappé par la "femme", Seth fantasme son existence malingre alors que des cadavres d'enfants sont inexplicablement retrouvés par la population. Dans une mise en scène extrêmement épurée faisant honneur aux plages d'onirisme tantôt féeriques, tantôt morbides, Philip Ridley réinvente le langage cinématographique pour nous accompagner par la main à une expérience métaphysique avec la mort. Abordant les thèmes de la peur de la vieillesse et du trépas du point de vue de l'innocence, L'enfant Miroir s'avère une oeuvre déroutante par son émotion fragile que véhiculent l'enfant et le couple en étreinte, Blue/Cameron. Envoûtant par son climat d'étrangeté solaire et baroque pour le comportement pétulant d'adultes autoritaires envers l'enfant, le réalisateur façonne une succession ininterrompue de situations singulières autour du témoignage équivoque de Seth. Bambin impénétrable lorsqu'il écoute attentivement l'enseignement des adultes avec une posture impassible. Criant de naturel trouble dans son petit corps d'enfant, Jeremy Cooper se fond dans la peau de son personnage parmi l'intensité d'un regard noir où perce une innocence galvaudée. Littéralement transi d'émoi et de fascination durant son cheminement initiatique, le comédien insuffle un humanisme teinté de désespoir dans sa ballade tortueuse avec les anges et la mort.


Jeux Interdits
Etrange, baroque et dérangeant mais d'une beauté gracile capiteuse pour sa flamboyance allouée à l'univers chimérique d'un enfant, l'Enfant Miroir constitue une expérience singulière dans sa palette d'émotions contradictoires oscillant le macabre et la féerie. Un joyau noir beau à en pleurer (les images crépusculaires et incandescentes défilent au rythme d'une partition élégiaque !), une oeuvre sublime et désenchantée sur la quête insoluble de l'amour conférant jeunesse éternelle à l'heureux élu. 

Bruno Matéï
2èx

mardi 1 décembre 2015

CHUTE LIBRE. Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario.

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposter.com

"Falling Down" de Joel Schumacher. 1993. U.S.A. 1h52. Avec Michael Douglas, Robert Duvall, Barbara Hershey, Tuesday Weld, Rachel Ticotin, Frederic Forrest, Lois Smith.

Sortie salles France: 26 mai 1993. U.S: 26 février 1993

FILMOGRAPHIE: Joel Schumacher est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 29 août 1939 à New York. 1981: The Incredible Shrinking Woman. 1983: SOS Taxi. 1985: St. Elmo's Fire. 1987: Génération perdue. 1989: Cousins. 1990: L'Expérience interdite. 1991: Le Choix d'aimer. 1993: Chute libre. 1994: Le Client. 1995: Batman Forever. 1996: Le Droit de tuer ? 1997: Batman & Robin. 1999: 8 millimètres. 1999: Personne n'est parfait(e). 2000 : Tigerland. 2002: Bad Company. 2002: Phone Game. 2003: Veronica Guerin. 2004: Le Fantôme de l'Opéra. 2007: Le Nombre 23. 2009: Blood Creek. 2010: Twelve. 2011: Effraction.


Réalisateur capable du pire comme du meilleur en de brèves occasions (selon mon avis personnel), Joel Schumacher réalise sans doute un de ses films les plus percutants avec Chute Libre. Une charge virulente contre l'hypocrisie du consumérisme du point de vue erratique d'un ingénieur de la défense tributaire de ses pulsions de revanche sur la société matérialiste. Alors qu'il tente de rejoindre son ex femme au foyer afin de souhaiter dignement l'anniversaire de sa fille, William Foster est en proie au pétage de plomb moral depuis sa condition d'exclu. Que ce soit auprès de son licenciement économique ou de son mariage raté, il décide aujourd'hui de prendre sa revanche sur son existence sinistrée, quand bien même la faune urbaine de citadins marginaux, arrogants ou nantis va déclencher chez lui une explosion de violence en perdition.


Film choc s'il en est pour la violence incontrôlée du sujet névrosé et les thèmes brûlants conférés au racisme et à la cupidité que Joel Schumacher dépeint au travers de seconds-rôles, Chute Libre cultive un jeu de provocations aussi caustiques que jouissives chez le spectateur. S'identifiant pleinement au marasme social et à la fragilité névralgique de cet ex-ingénieur en voie de rébellion, nous parcourons son itinéraire routard avec l'adrénaline au ventre pour ses pulsions destructrices de revanche contre l'autorité. Outre l'intensité des séquences les plus spectaculaires (la prise d'otage dans le Fast-food, l'affrontement sanglant avec le gang des Chicanos) où la dramaturgie des situations se conjugue à l'absurdité d'un comportement irresponsable, Chute Libre est transcendé par la présence symbolique de Michael Douglas. Portant littéralement le film sur ses épaules, l'acteur se taille une carrure schizo aussi fascinante que malsaine dans ses sentiments d'aversion sociale mêlés de dépit amoureux. Ses interventions inopinées et homériques provoquant chez nous une empathie gênée pour sa décision de précipiter l'acte de riposte auprès d'individus matérialistes, voir fétichistes pour le cas le plus pathologique. Sa rencontre exubérante avec un vendeur xénophobe et homophobe s'avérant l'un des moments les plus dérangeants quand on songe au degré de haine que peuvent véhiculer librement des individus primaires dans leur idéologie fasciste.


Avec une ironie caustique pas toujours du meilleur goût (en de brèves occasions) et au-delà de l'inutilité de quelques séquences triviales (la fête d'anniversaire de l'inspecteur Prendergast au sein du commissariat, le portrait caricatural imparti à son épouse dépressive), Joel Schumacher dresse avec Chute Libre l'aigre constat d'une société mercantile engluée dans l'affabulation et l'hypocrisie, quand bien même les plus démunis tentent d'en tirer profit avec une insolence capricieuse (la sollicitation du Sdf gay, ou à moindre échelle, la baignade du gardien et de sa famille chez son riche propriétaire). Il en émane un divertissement aussi efficace qu'inquiétant dans le portrait imparti à l'affable ingénieur, machine de guerre frondeuse engendrée par la suprématie de nos sociétés modernes. 

Dédicace à Franck Gossard
Bruno Matéï

lundi 30 novembre 2015

THE HARVEST

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

de John Mc Naughton. 2013. U.S.A. 1h48. Avec Michael Shannon, Samantha Morton, Natasha Calis, Charlie Tahan, Peter Fonda, Leslie Lyles.

Sortie salles: INEDIT

FILMOGRAPHIE: John Mc Naughton est un réalisateur américain, né le 13 Janvier 1950 à Chicago.
1984: Dealers in Death. 1986: Henry, portrait d'un serial killer. 1991: Sex, drugs, Rock and Roll. 1991: The Borrower. 1993: Mad Dog and Glory. 1996: Normal Life. 1998: Sexcrimes. 2000: Condo Painting. 2001: Speaking of sex. 2004: Redliners. 2009: Backstabbers. 2013: The Harvest.


Révélé par Henry, portrait d'un serial-killer, John Mc Naughton renoue de manière plus édulcorée avec le genre horrifique avec The Harvest. Un thriller à suspense où se télescope habilement le drame psychologique lorsqu'une famille dysfonctionnelle s'efforce de préserver la santé de leur jeune fils paraplégique. Mais l'arrivée fortuite d'une jeune voisine soucieuse du sort de l'adolescent va semer le désordre au sein de leur cellule familiale. Un pitch facilement séduisant dans la manière leste dont John Mc Naughton juxtapose le thriller et le drame avec un sens du suspense calibré.


La condition estropiée d'Andy, l'humanisme fragile des parents et la suspicion de leurs comportements permettant au spectateur de s'y identifier avec une compassion interrogative. Eprouvant une inévitable empathie pour le sort d'Andy atteint de grave paralysie, le cinéaste nous confronte à son désarroi moral et physique (il est un fan de baseball) parmi le témoignage d'une jeune voisine, élément perturbateur car témoin-clef de circonstances aussi malchanceuses que profitables quant à la condition précaire d'Andy. En dépit de la fluidité de son intrigue soigneusement charpentée dosant avec juste mesure rebondissements et revirements surprenants, The Harvest tire-parti de son intensité dans la présence dépouillée des comédiens. Outre le plaisir de retrouver Michael Shannon (Take Shelter) dans celui du paternel équivoque, Samantha Morton en mère castratrice ou encore l'apparition annexe de Peter Fonda en grand-père avenant, la prestance de la néophyte Natasha Calis (découverte dans Possédée) leur vole presque la vedette tant elle apporte beaucoup de tension à la progression de l'énigme en porte à faux. Endossant de manière expressive une investigatrice juvénile aussi craintive que burnée, la comédienne oscille sentiments d'amitié, d'anxiété et de courage avec une sobre vigueur pour le sort de son compagnon d'infortune.


Thriller à suspense impeccablement soutenu parmi l'ossature de son intrigue et l'implication enjouée de comédiens pleins de tempérament, The Harvest aborde les thématiques de l'amour maternel, la maltraitance infantile et de la perte de l'être cher avec une dimension humaine davantage erratique. Une manière horrifique d'alimenter les frissons sous alibi d'un cheminement narratif aussi inopiné qu'efficace. Excellent. 

Bruno Matéï


vendredi 27 novembre 2015

Rocky. Oscar du Meilleur Film, 1977.

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de John G. Alvidsen. 1976. U.S.A. 2h00. Avec Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Carl Weathers, Burgess Meredith, Thayer David, Joe Spinell

Sortie salles France: 25 Mars 1977. U.S: 3 Décembre 1976

FILMOGRAPHIE: John Guilbert Avildsen est un réalisateur américain né le 21 décembre 1935 à Oak Park, en banlieue de Chicago dans l'Illinois. 1969 : Turn on to Love (en). 1970 : Guess What We Learned in School Today? 1970 : Joe, c'est aussi l'Amérique. 1971 : Cry Uncle! 1972 : Okay Bill. 1972 : Sauvez le tigre. 1975 : W.W. and the Dixie Dancekings. 1976 : Rocky. 1978 : Slow Dancing in the Big City. 1980 : La Formule. 1981 : Les Voisins. 1984 : Karaté Kid. 1986 : Karaté Kid : Le Moment de vérité 2. 1987: Happy New Year. 1988 : Et si on le gardait ? 1989 : Karaté Kid 3 (The Karate Kid, Part III). 1989 : Lean on Me. 1990 : Rocky 5. 1992 : La Puissance de l'ange. 1994 : 8 secondes. 1999 : Inferno.


Oscars du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur et Meilleur Montage, Rocky reçut un succès planétaire à travers le monde (même si en France le nombre d'entrées fut timoré) pour marquer à jamais plusieurs générations de spectateurs éblouis par le récit initiatique d'un boxeur de seconde zone hanté par l'esprit de revanche. Un symbole du "rêve américain" dans sa détermination, sa philosophie, sa labeur et son courage à prouver aux yeux du monde qu'il n'est point un loser comme le sous-entend son passé perfectible. Par le biais de ce personnage marginal inscrit dans la fragilité humaine et la volonté de transcender son train de vie précaire, Rocky révéla aux yeux du public la future égérie du cinéma d'action moderne, Sylvester Stallone. L'acteur, littéralement habité par son statut symbolique, laissant libre court à ses sentiments contradictoires de constance, d'endurance et d'angoisse de l'échec avec un humanisme romantique. A l'instar de l'idylle entamée avec Adrian que John G. Alvidsen dépeint avec beaucoup d'humilité. Tourné en seulement 28 jours avec un budget de 1 075 000 dollars, le film en rapporta 225 000 000 $ aux quatre coins du monde alors que son thème, Gonna Fly Now, composé par Bill Conti accèdera à la première place du Billboard Hot 100 du 2 au 8 Juillet 1977. D'après un scénario entièrement écrit par Sylvester Stallone, le film suit donc le parcours initiatique d'un boxer ayant l'opportunité de prouver ses atouts en affrontant un champion du monde de poids lourds le jour du bicentenaire.


Ainsi, avec une émotion emplie de tendresse pour ces personnages, John G. Alvidsen brosse les portraits intimes de prolétaires conscients de leur statut besogneux car hantés par la peur de l'échec, la désillusion et l'hésitation d'affronter leur propre vie. Je songe surtout à Paulie Pennino, l'ami de Rocky, boucher bourru désespéré à l'idée de perdurer sa profession, quand bien même sa soeur introvertie Adrian, occupe une place de vendeuse en animalerie avec une discrétion timorée. Par le biais de ce duo atone, Rocky va tenter d'y apporter une touche d'optimisme et de s'y faire une place empathique en courtisant de prime abord Adrian (ce qui nous vaut des scènes romantiques d'une pudeur émotionnelle souvent poignante). Ces personnages de désoeuvrés truffés de fragilité dans leur condition d'exclu, John G. Alvidsen les filment avec une sobre dignité. Quand bien même le personnage secondaire de Mickey, manager grincheux subitement épris d'empathie pour l'ambition de Rocky, intervient pour contrer l'angoisse de l'échec. Par conséquent, à travers les contradictions du manque de confiance et du dépassement de soi, le parcours personnel de Rocky n'est pas de remporter la victoire pour le trophée d'une ceinture mais de résister au combat, tenir la distance, marquer la cadence de l'endurance afin de tenir tête à son adversaire jusqu'au dernier round. Ce qui donne lieu à un combat final d'une intensité émotionnelle ardue de par l'appétence morale de notre boxeur délibéré à parvenir jusqu'au bout de son dessein avec une fulgurante résignation.


A travers les plages intimistes d'une romance inscrite dans la candeur des sentiments, et par l'initiation morale d'un boxeur avide de revanche sur sa condition lambda, Rocky nous offre une leçon de vie et d'obstination avec une vibrante acuité émotionnelle. Outre le caractère attachant de ces laissés pour compte que les comédiens endossent avec une spontanéité somme toute fragile, Rocky enivre les coeurs sous l'impulsion héroïque d'une légende de cinéma: Sylvester Stallone. Un grand moment de cinéma, une odyssée de l'espoir et du courage par le travail de l'endurance, et ce doublé d'un noble hommage à la pratique controversée de la boxe. 

Dédicace à Stéphane Passoni.
*Bruno

jeudi 26 novembre 2015

LA PLUIE DU DIABLE

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood70.com

"The Devil's Rain" de Robert Fuest. 1975. U.S.A/Mexique. 1h30. Avec Ernest Borgnine, Tom Skerritt, Joan Prather, Eddie Albert, William Shatner, Ida Lupino, Woody Chambliss, Keenan Wynn, Claudio Brook, Erika Carlsson, George Sawaya, John Travolta

Sortie salles France: 27 juillet 1977. U.S: Juillet 1975.

FILMOGRAPHIE: Robert Fuest est un réalisateur et scénariste anglais, né le 30 Septembre 1927 à Londres, décédé le 21 Mars 2012.
1967: Just like a Woman. 1970: And soon the Darkness. 1970: Les Hauts de Hurlevent. 1971: L'Abominable Dr Phibes. 1972: Le Retour du Dr Phibes. 1973: Les Décimales du Futur. 1975: La Pluie du Diable. 1977: Three Dangerous Ladies. 1980: Revenge of the Stepford Wives (télé-film). 1981: The Big Stuffed Dog (télé-film). 1982: Aphrodite.


Relativement peu connu du public et oublié des cinéphiles, La Pluie du Diable fait office d'ovni horrifique pour sa thématique empruntée au satanisme auquel son esthétisme funéraire fait tout le sel d'une narration assez superficielle. Sa réussite formelle émanant de son ambiance ombrageuse particulièrement palpable au sein d'un village fantôme abritant une secte d'adorateurs du diable. En dépit de son scénario linéaire plutôt redondant et sans véritable surprise (si ce n'est la découverte du réceptacle des âmes maudites), La Pluie du Diable parvient néanmoins à entretenir l'intérêt grâce à la cristallisation de cette atmosphère insolite implantée en plein désert californien. Quand bien même des suppôts encapuchonnés récitent leur prière dans une église désaffectée après avoir dédié leur âme auprès de leur gourou. Enlaidis d'un visage tuméfié et de yeux énucléés, Robert Fuest y apporte une touche d'originalité pour leur physionomie difforme si bien que si la pluie venait à s'abattre sur eux, leurs corps s'y liquéfieraient jusqu'à former une mare gélatineuse sur le sol !


Récompensé du Prix des Meilleurs Effets Spéciaux au festival du Rex, ses séquences chocs s'avèrent assez convaincantes pour impressionner (et amuser) le spectateur, témoin contemplatif d'un spectacle d'épouvante assez délirant. Principalement lors de son final explosif auquel un orage purificateur va venir y semer la zizanie alors que l'église se retrouve assiégée par les flammes ! Epaulé d'une partition dissonante et d'une photo sépia mortuaire (horizon picturale d'une nature crépusculaire à l'appui), le film fait preuve d'une volonté expérimentale à nous immerger dans les manigances occultes d'une secte multipliant les sacrifices humains afin d'asseoir leur suprématie. L'intrigue se focalisant sur le patrimoine d'une famille maudite auquel l'un des membres, Jonathan Corbis, aura juré de se venger après avoir été condamné au bûcher. 300 siècles plus tard, par on ne sait quel miracle, ce dernier réapparaît d'entre les morts pour perdurer sa doctrine sataniste auprès de ses disciples en ascension. Mais pour parfaire son dessein et y sacrifier les âmes, il doit être en possession d'un précieux livre qu'un de ces ancêtres sauvegarde secrètement. Une intrigue parfois confuse qui ne passionne guère mais qui parvient néanmoins à convaincre par le biais d'une distribution impliquée (on y croise le vétéran Ernest Borgnine, Tom SkerrittWilliam Shatner et même John Travolta lors d'une apparition furtive !) tout en conférant une certaine empathie au sort précaire de la famille Preston. Pour l'anecdote, aussi étonnante que troublante, et afin de renforcer la véracité des faits diaboliques, Anton Szandor LaVey, créateur de l'Eglise de Satan édifiée en 1966, fut consultant et figurant durant les scènes des divers rituels.


En dépit d'une intrigue sommaire plutôt répétitive et d'un suspense à court de carburant, La Pluie du Diable puise son charme formel et son intérêt ludique dans la cristallisation d'une atmosphère démoniaque littéralement ensorcelante. Il en émane une sympathique série B, efficace, baroque et parfois même impressionnante pour la parenthèse des scènes-chocs, une expérience sataniste aussi convaincante dans sa description emphatique d'un séminaire macabre.   

Bruno Matéï
3èx

Récompenses: Prix du meilleur second rôle féminin pour Ida Lupino, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1976.
Prix des meilleurs effets spéciaux, lors du sixième festival du film fantastique de Paris en 1977.


mardi 24 novembre 2015

Y A-T-IL UN PILOTE DANS L'AVION ?

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site board.dailyflix.net

"Airplane" de Jim Abrahams, David Zucker, Jerry Zucker. 1980. U.S.A. 1h25. Avec Robert Hays, Julie Hagerty, Lloyd Bridges, Leslie Nielsen, Robert Stack, Peter Graves, Kareem Abdul-Ja.

Sortie salles France: 24 septembre 1980. U.S: 2 juillet 1980

FILMOGRAPHIE: Les ZAZ est un trio de réalisateurs, scénaristes et producteurs américains que représentent les frères Zucker (David Zucker et Jerry Zucker) et Jim Abrahams. 1977 : Hamburger film sandwich. 1980 : Y a-t-il un pilote dans l'avion ? 1982 : Série télévisée Police Squad. 1984: Top secret ! 1986: Y a-t-il quelqu'un pour tuer ma femme ? 1988: Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? 1991: Y a-t-il un flic pour sauver le président ? 1994: Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ?


Précurseur de la parodie survoltée dans laquelle chaque gag fuse en moyenne toutes les 10 secondes, Y a-t-il un pilote dans l'avion ? ébranla le public et la critique des années 80 peu habitués à fréquenter une comédie aussi désopilante. Pastichant les films catastrophes des Seventies, particulièrement A l'heure zéro et la série des Airport, cette comédie frénétique assura la notoriété d'un trio de réalisateurs surnommé ZAZ alors qu'il s'agissait de leur second long métrage. Le pitchA destination de Chicago, les passagers et pilotes d'un avion sont victimes d'une intoxication alimentaire provenant du poisson avarié. Après avoir installé le pilote automatique, un praticien et une éminente hôtesse, Elaine Dickison, suggèrent l'aide d'un éventuel pilote parmi les voyageurs. C'est là qu'intervient Ted Striker, l'ancien petit ami d'Elaine embarqué à bord depuis qu'il tente en ultime recours de la reconquérir. C'est le début d'une nuit de panique qu'endurera tout l'équipage alors que Ted tentera par tous les moyens d'imposer un atterrissage forcé aux supérieurs de la tour de contrôle.


Pratiquant sans modération l'humour nonsensique et l'hyperbole afin de surenchérir un suspense catastrophiste gagné par l'hilarité, Y a-t-il un pilote dans l'avion ? fait preuve d'une insolence effrontée sous l'impulsion de personnages tous plus erratiques les uns les autres. Les gags visuels autant que verbaux fusant tous azimuts pour alterner éclats de rire et sourires radieux aux moments les moins frappadingues. Car si tout n'est pas du meilleur goût, la bonne humeur qui émane des comédiens en roue libre et le déchaînement d'idées absurdes et grotesques défilant au rythme d'une progression dramatique parviennent à pallier l'inégalité des situations débridées. Outre l'irrésistible cocasserie qu'insufflent chacun des seconds-rôles impliqués dans un contexte d'extrême danger, le récit est dominé par la présence saugrenue de Robert Hays, incarnant avec un naturel volontairement empoté un pilote faillible en initiation héroïque. Dépeignant en sous intrigue sa romance avec l'hôtesse de l'air, Julie Hagerty lui partage la vedette avec un charme aussi innocent que sémillant, à l'image de sa silhouette filiforme discrètement sensuelle. Ce duo improbable partagé entre les instincts de survie et de reconquête amoureuse parvient à nous familiariser dans la simplicité d'une complicité amiteuse bientôt rattrapée par le regain de tendresse. De cette romance en ascension émane une entraide folingue quand bien même de multiples flashback vont venir nous rappeler de quelle manière à pu débuter leur accointance. A savoir, sur la piste d'une danse disco faisant référence parodique à la Fièvre du Samedi soir !


Huis-clos de tous les dangers où les catastrophes les plus incongrues se déchaînent sans répit à bord d'un avion animé par l'hystérie collective, Y a-t'il un pilote dans l'avion ? n'a pas volé sa réputation de comédie culte tant la verve insolente du trio ZAZ fait des étincelles sous l'impulsion de gags et clins d'oeil aussi givrés que décomplexés. 

Bruno Matéï
3èx

lundi 23 novembre 2015

ELMER, LE REMUE-MENINGE

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site avoir-alire.com

"Brain Damage" de Frank Henenlotter. 1987. U.S.A. 1h25. Avec Rick Herbst, Gordon McDonald, Jennifer Lowry, Lucille Saint-Peter, John Zascherle.

Sortie salles U.S: 15 Avril 1988

FILMOGRAPHIE: Frank Henenlotter est un réalisateur américain de films d'horreur né le 29 août 1950 à New-York. 1982: Frères de sang. 1988: Elmer, le remue-méninges. 1990: Frères de sang 2. 1990: Frankenhooker. 1992: Frères de Sang 3. 2008: Sex Addict.


Six ans après avoir surpris les fans d'horreur mal élevée avec Frères de SangFrank Henenlotter renoue avec le culte d'une série B underground toujours aussi effrontée et crapoteuse. Elmer retraçant avec beaucoup d'humour noir la déliquescence morale d'un junkie soumis à la liqueur qu'une créature lui injecte derrière la nuque. Seulement, le prix de sa récompense est de devoir sacrifier d'innocentes victimes pour l'appétit vorace de son nouveau compagnon. Ce dernier ne pouvant subsister qu'après avoir dévorer un cerveau humain. Métaphore évidente sur l'emprise de la drogue et les paradis artificiels, Elmer, le remue-méninge joue la carte du divertissement gore à renfort de séquences cradingues redoutablement efficaces, quand bien même l'humour ravageur surfe sur le mauvais goût de situations lubriques (la séquence de fellation alternant rire nerveux et dégoût viscéral !).


Grâce à l'inventivité des séquences gores et à la rigueur des effets-spéciaux artisanaux, Frank Henenlotter parvient à amuser et donner vie à une créature phallique aussi atypique qu'amicale. Du moins c'est ce qu'on en juge au premier abord car finalement cynique et sournoise lorsque l'on comprend rapidement les aboutissants de sa démarche perfide. Par la complicité harmonieuse d'Elmer et du jeune étudiant, le film nous entraîne vers une délirante odyssée meurtrière lorsque Brian se retrouve à la merci de ses hallucinations psychédéliques sans prendre conscience de la posture criminelle de son camarade ! En oscillant l'horreur des situations morbides et la féerie des manifestations oniriques (score envoûtant à l'appui !), Elmer cultive une fascination immersive chez le spectateur embarqué dans un trip tantôt stimulant, tantôt cauchemardesque. Frank Henenlotter ne lésinant pas sur la violence des agressions sanglantes avec une certaine verdeur. Si la conduite simpliste du scénario laisse à désirer, le film captive irrémédiablement sous l'impulsion excentrique du couple Brian/Elmer alors qu'un duo de vieillards erratiques (les anciens propriétaires d'Elmer) s'efforce de retrouver leur trace l'écume aux lèvres ! En dépit du jeu défaillant de quelques seconds-rôle amateurs, l'acteur Rick Herbst parvient totalement à nous convaincre pour retranscrire son état euphorique d'accoutumance au produit et ses affreuses crises de manque qu'il va endurer lors de la dernière partie. Un final aussi sanglant et débridé culminant vers une dernière image d'une singularité fantasmagorique. 


Drôlement morbide, cartoonesque et ultra violent, Elmer le remue méninge distille une étonnante liberté de ton dans son cocktail assumé de mauvais goût et d'horreur salace. Plus de 30 ans après sa sortie, Frank Henenlotter prouve donc qu'il reste un maître du genre, un franc-tireur aussi insolent qu'imaginatif d'avoir retranscrit sans prétention une diatribe persifleuse contre les effets pervers de la drogue.

Bruno Matéï
5èx


ROSALITA, POUR UNE POIGNEE DE SPAGHETTIS 2


de Pascal Frezzato. 2015. France. 16 minutes. Avec Bruno Dussart, Krystin Chaplain, Patrick Lalande, Martial Marie, Adrien Erault, Dominique Botras.

FILMOGRAPHIE: Pascal Frezzato est un réalisateur français de court-métrage, né le 4 Décembre 1972.
2010/11: Predator. 2012: Le Règne des Insectes. 2013: Memory of the dead. 2014: Pour une poignée de Spaghettis. 2015: Rosalita: Pour une Poignée de Spaghettis 2.

                                                          Court visionnable ci-dessous:
                                 https://www.dailymotion.com/…/x3eye27_per-un-pugno-di-spagh…


Suite au bouche à oreille enthousiaste des spectateurs internautes, Pascal Frezzato s'entreprend de réaliser une suite au détonnant Pour une poignée de Spaghettis en y ajoutant cette fois-ci une touche féminine en la présence lumineuse de Krystin Chaplain. L'actrice, charismatique en diable dans sa pétulance, volant quasiment la vedette au personnage de l'Etranger ici sévèrement raillé et malmené. Si le premier volet était parvenu à distraire efficacement dans son lot de cocasseries, d'action et d'effet de surprise couillu, cette suite techniquement plus ambitieuse compte sur l'action trépidante des règlements de compte tout en continuant de surfer sur la science-fiction parmi l'attirail d'effets spéciaux numériques. Sur ce point, Pascal Frezzato continue d'y soigner sa topographie avec un sens du bricolage et du détail faisant souvent illusion. On peut même prétendre qu'il s'agit là de sa plus belle réussite depuis l'entreprise de son premier court: Predators. Alors qu'il déambule au milieu de nulle part afin de retrouver une fugitive du nom de Rosalita, l'Etranger est lâchement blessé par cette dernière. Fait prisonnier par une équipe de mercenaires, il va tenter en désespoir de cause de prendre la poudre d'escampette. Mais l'autorité opiniâtre de Rosalita va le contraindre à nouveau au baroud d'honneur du duel. 


Ce pitch d'une linéarité scolaire, Pascal Frezzato l'exploite assez efficacement grâce au sens du cadrage, à la clarté des bruitages, à la rigueur du montage (à un ou deux faux raccords près), au stylisme de la mise en scène ayant parfois recours aux plans vertigineux (utilisation d'un drone pour ceux aériens) et au caractère épique des échanges de tir belliqueux. "L'étranger" usant notamment de sa technologie futuriste pour duper l'agressivité meurtrière de ses assaillants. Si l'effet de surprise ne joue plus quant à l'origine du héros, les genres détournés du western et de la science-fiction communient à merveille grâce à sa scénographie flamboyante (photo ocre à l'appui), l'inventivité des gadgets futuristes et la présence plus ostensible du vaisseau spatial. Sur ce dernier point, Pascal Frezzato filme cette apparition et son atterrissage à la manière d'un ballet dantesque (score lyrique à l'appui) afin d'insuffler chez le spectateur le même sentiment de fascination que les antagonistes éprouvent sans fléchir. Quant au jeu perfectible des comédiens cabotins issue de l'enseigne Z, il s'avère tantôt habile, tantôt maladroit, quand bien même la rutilante Krystin Chaplain fait preuve d'intense éloquence à exprimer ses sentiments castrateurs sous l'impulsion d'un regard félin. Quand au final, inopiné dans l'issue de la rivalité musclée, Pascal Frezzato prend le parti-pris de bousculer les habitudes du spectateur dans son refus du traditionnel happy-end. Un duel d'autant plus inéquitable que le héros maltraite sa partenaire avec une certaine violence misogyne. Il en émane un sentiment de frustration selon l'interprétation du spectateur, sachant qu'en inversant subitement les rôles on ne sait plus trop vraiment à qui accorder le bénéfice de l'héroïsme. En tous cas, cette conclusion à contre emploi des codes traditionnels ose se démarquer de la routine tout en prenant le risque de déstabiliser le spectateur (quitte à peut-être le décevoir), ce qui n'est pas négligeable.


Inévitablement moins surprenant que le premier opus mais techniquement plus soigné et tout aussi fun dans l'harmonie de son action fougueuse et l'usage délirant des trucages numériques, Pascal Frezzato consolide un sympathique divertissement Z inscrit dans la sincérité et l'émotion, à l'instar de la complicité dévouée des comédiens en herbe. 

Remerciement à toute l'équipe ^^
Bruno Matéï

Le film:
https://www.dailymotion.com/…/x3eye27_per-un-pugno-di-spagh…
Pour rappel, la 1ère partie : http://www.dailymotion.com/…/x28si2w_per-un-pugno-di-spaghe…
La Chronique de la 1ère partie: http://brunomatei.blogspot.fr/…/per-un-pugno-di-spaghetti-p…

vendredi 20 novembre 2015

L'Echelle de Jacob. Grand Prix de l'étrange, Prix de la critique et Prix du public, Avoriaz 1991.

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorpedia.com

"Jacob's Ladder" de Adrian Lyne. 1990. U.S.A. 1h53. Avec Tim Robbins, Elizabeth Peña, Danny Aiello, Matt Craven, Pruitt Taylor Vince, Jason Alexander.

Sortie salles France: 16 janvier 1991. U.S: 2 novembre 1990.

FILMOGRAPHIE: Adrian Lyne est un réalisateur et producteur britannique, né le 4 Mars 1941 à Peterborough (Grande Bretagne). 1980: Ca plane les filles. 1983: Flashdance. 1986: 9 semaines et demi. 1987: Liaison Fatale. 1990: L'Echelle de Jacob. 1993: Proposition Indécente. 1997: Lolita. 2002: Infidèle. Prochainement: Back Roads.


Grand Prix de l'étrange, Prix de la critique et Prix du public à Avoriaz en 1991, classé comme l'un des 10 films les plus terrifiants de tous les temps selon certains sites spécialisés, l'Echelle de Jacob aborde le thème de la drogue synthétique que certains chimistes auraient expérimenté sur des soldats ricains afin de décupler leur performance physique au front vietnamien. Inspiré d'évènements réels quant à l'utilisation frauduleuse du Benzilate de 3-quinuclidinyle que le Pentagone s'est toujours forcé de nier (ce que surligne le générique de fin), l'Echelle de Jacob est une descente aux enfers paranoïde lorsque la réalité du quotidien se télescope parmi les hallucinations d'un groupe de survivants soumis à leurs effets secondaires psychotiques. Mais sous ses allures de thriller d'épouvante aussi oppressant qu'éprouvant (notamment ce prologue belliqueux illustrant de façon erratique le carnage d'un guet-apens) se cache un douloureux drame psychologique du point de vue de Jacob. Un ancien vétéran du Vietnam sévèrement molesté par ces visions de cauchemar surgissant de son esprit sans prévenir. A ce titre, plusieurs visions d'effroi nous ébranlent durablement l'esprit lorsque que le héros, déjà fragilisé par son expérience du Vietnam et la mort de son fils, assiste impuissant à endurer ses images démoniaques.


C'est donc une terreur "psychologique" que nous illustre froidement Adrian Lyne par le biais de ce cobaye en perdition, d'autant plus isolé à combattre son mal-être depuis la démission de ses collègues et celui de son avocat. Pour pimenter la donne, certains de ses comparses tous aussi marqués par la guerre sont sujets à d'étranges incidents mortels quand bien même la tête de Jacob se retrouve mise à prix par une organisation mafieuse ! Avec l'originalité d'un tel scénario inspiré d'un fait réel et témoignant du trauma de la guerre sous un aspect baroque rarement abordé, l'intrigue dégingandée passionne de bout en bout sous l'impulsion d'un Tim Robins habité par l'aliénation. De par sa prestance viscérale névrosée où l'angoisse suinte de chaque pore de son visage, sa présence malingre distille un climat malsain terriblement anxiogène au fil de son investigation à tenter de percer les aboutissants de sa pathologie et à dénoncer au grand jour les expérimentations de la guerre chimique. Outre le fait de cafarder ces pratiques immorales de l'armée américaine, Adrian Lyne aborde en annexe une réflexion spirituelle vis à vis du cheminement introspectif de Jacob. Par le biais de séquences intimistes imparties à l'innocence sacrifiée, l'Echelle de Jacob évoque notamment la perte de l'être aimée et la peur de la mort avec une émotion poignante jamais sirupeuse. Spoil ! La mort ici rédemptrice et apaisante venant clarifier la donne pour délivrer notre héros de sa condition torturée. Fin du Spoil ! 


Malsain et dérangeant, anxiogène et proprement terrifiant auprès de ses multiplies visions de cauchemar sorties de l'enfer, l'Echelle de Jacob insuffle un malaise paranoïaque au spectateur embarqué, comme le héros, dans un bad-trip expérimental sans échappatoire. Un grand film d'épouvante donc communié à l'intensité du drame humain car entièrement dédié à la psychologie d'une souffrance schizophrène. 

Dédicace à Pand Emy

*Bruno
28.08.24.
3èx. Vostfr

Récompenses: Grand Prix de l'étrange, Prix de la critique et Prix du public au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1991.

jeudi 19 novembre 2015

BLUE STEEL

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site nitehawkcinema.com

de Kathryn Bigelow. 1990. U.S.A. 1h42. Avec Jamie Lee Curtis, Ron Silver, Clancy Brown, Elizabeth Peña, Louise Fletcher, Philip Bosco, Kevin Dunn.

Sortie salles France: 25 Avril 1990. U.S: 16 Mars 1990

FILMOGRAPHIE: Kathryn Bigelow est une réalisatrice et scénariste américaine, née le 27 Novembre 1951 à San Carlos, Californie (Etats-Unis).
1982: The Loveless (co-réalisé avec Monty Montgomery). 1987: Aux Frontières de l'Aube. 1990: Blue Steel. 1991: Point Break. 1995: Strange Days. 2000: Le Poids de l'eau. 2002: K19. 2009: Démineurs. 2012: Zero Dark Thirty.


Trois ans après son sublime western vampirique, Near DarkKathryn Bigelow s'attelle au genre policier avec Blue Steel. Un thriller noir à la lisière de l'horreur lorsqu'un boursier, fasciné par l'héroïsme d'une flic novice, s'empresse de la séduire pour l'inciter à un duel de longue haleine après avoir dérobé le flingue d'un braqueur d'épicerie. A mi chemin entre Liaison Fatale (pour la romance puis le harcèlement du tueur délibéré à tyranniser sa victime féminine) et Un justicier dans la ville (pour le ressort vindicatif de cette dernière délibérée à bafouer les lois depuis l'incrédulité de ses supérieurs), Blue Steel multiplie rebondissements musclés et exactions sanglantes au sein d'une mégalopole soigneusement documentée. Baignant dans une photo azur, le stylisme imparti à la mise en scène fait preuve d'esthétisme léché parmi le score envoûtant de Brad Fiedel conçu pour sa part à alimenter un climat de séduction poisseux autour de l'inimitié des amants maudits.


Par le biais d'une intrigue aussi tortueuse que charpentée, Kathryn Bigelow brosse admirablement deux portraits sur la corde raide. Celui glaçant d'un sociopathe fasciné par les armes à feu et l'autorité de la mort, ce dernier jubilant de perversité à observer du regard des victimes leur peur lorsque l'arme est ciblée contre eux. Et le profil pugnace d'une jeune flic en herbe pleine de constance à pourchasser son ennemi tout en s'efforçant de prouver ses capacités professionnelles afin de convaincre le scepticisme de ses supérieurs. Hanté par sa déficience schizophrène (crises incontrôlées de démence à l'appui !), Ron Silver endosse un tueur cynique redoutablement retors dans ses stratégies d'attaques pour la victime molestée et dans ses subterfuges à déjouer les preuves policières. D'un charisme longiligne dans son costume de flic taillé sur mesure, Jamie Lee Curtis lui partage la vedette avec sensualité et héroïsme martial dangereusement vénéneux. De par ses pulsions vindicatives toujours plus addictives à courser le criminel depuis son impuissance d'assister à l'agonie de ses proches. Oscillant un jeu du chat et de la souris puis une chasse à l'homme de dernier ressort en plein centre urbain, Kathryn Bigelow convoque un duel à bout de souffle entre la victime et son persécuteur. Et si la succession de rebondissements parfois outranciers du dernier acte finissent malgré tout par ternir leur affrontement psychologique, la manière haletante dont l'intrigue est coordonnée et le savoir-faire technique de la réalisation finissent par transcender ses menus défauts.


En dépit de son final ostentatoire un peu fort de café pour les escapades du tueur rendu increvable, Blue Steel insuffle un climat trouble de fascination dans le portrait du schizophrène transi d'émotivité perverse. Quand bien même Jamie Lee Curtis lui dispute la vedette dans une fonction de flic novice attisée par une soif de justice et une volonté de convaincre ses atouts professionnels. Un thriller rondement mené donc autour d'une atmosphère urbaine aussi délétère que magnétique. 

Bruno Matéï
3èx

Récompenses: Mention spéciale pour Jamie Lee Curtis, lors du Festival du film policier de Cognac en 1990.
Prix de la meilleure actrice et nomination au prix du meilleur film, lors du Mystfest en 1990.


mercredi 18 novembre 2015

Killing Zoe

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinefacts.de

de Roger Avary. 1993. U.S.A/France.1h39 (Director's cut). Avec Eric Stoltz, Jean-Hugues Anglade, Julie Delpy, Tai Thai, Bruce Ramsay, Kario Salem.

Sortie salles France : 31 août 1994 (Interdit aux - de 16 ans). États-Unis : septembre 1994

FILMOGRAPHIE: Roger Avary est un réalisateur et scénariste canadien né le 23 août 1965 à Flin Flon, Manitoba. 1993 : Killing Zoe. 1995 : Mr Stitch. 2003 : Les Lois de l'attraction. 2005 : Glitterati.


Expérience cinégénique comparable au trip hallucinogène oscillant les effets de drogues dures (Acide, Héro, Coco), Killing Zoe réinvente le film de braquage au gré d'une ambiance horrifique immersive. Roger Avary créant à l'aide d'une scénographie d'un rouge criard (les couloirs et chambres du sous-sol où sont entreposés les lingots d'or) un univers cauchemardesque au sein d'un établissement pris en otage par une escouade de psychopathes effrontés. Génialement exubérant, Jean Hugues Anglade se prête au jeu psychotique du leader toxicomane avec une verve sardonique et irascibilité imprévisible. Entièrement vêtu de noir dans sa posture filiforme et sa chevelure raide, l'acteur insuffle une présence délétère aussi répulsive que fascinante. A l'instar de son flegme quasi imperturbable d'y réfuter la peur depuis la présence policière quadrillant l'extérieur de l'enceinte. Si le scénario éculé s'avère d'une limpidité scolaire, la manière opératique de porter à l'écran cette sanglante prise d'otages ne cesse (heureusement) de nous surprendre et d'y détourner les codes (notamment le rôle insaisissable imparti aux forces de l'ordre dont nous ne verrons jamais le visage à l'écran). Tant auprès de son climat baroque quasi indicible que de l'excentricité (j'insiste) des preneurs d'otages pleins de sérénité et de fantaisie (à l'instar de leur visage recouvert d'un masque grotesque). A titre éloquent, l'un d'eux énoncera de façon expansive une blague salace à ses comparses face au témoignage médusé des otages, quand bien même leur leader se confine tranquillement dans les wc pour s'offrir un shoot en guise de jouissance.


Or; prenant pour cadre la métropole parisienne sous son aspect noctambule, la première partie s'oriente sur les défonces et beuveries récursives de nos braqueurs confinés dans leur appartement avant d'aller s'engouffrer dans la cave d'un cabaret. Par le biais d'une réalisation expérimentale où l'image se déforme au fil de leur état aviné, Roger Avary parvient de manière éthérée à nous faire retransmettre les sensations du trip que nos antagonistes éprouvent face au témoignage novice du perceur de coffre peu habitué à tant de stupre (Eric Stoltz endossant la fonction d'un professionnel émérite avec une attitude paradoxalement docile). La seconde partie, toute aussi sensorielle et immersive, nous invite enfin à participer au braquage escompté à l'instar d'une vertigineuse descente vers l'enfer. Les sous-sols de l'établissement conférant une atmosphère sépulcrale au fil des exactions meurtrières du leader habité par le vice et le goût du sang. A partir du moment où les otages vont se confronter aux exactions aléatoires des gangsters, Killing Zoe se transforme en farce sardonique où les coups les plus couards y seront permis sous l'impulsion de dégénérés en perte de vitesse. Bêtes et méchants, ces derniers vont non seulement se confronter à la bravoure de certains otages mais aussi s'entretuer lors d'une déchéance suicidaire Et ce avant que la police n'intervienne à son tour pour surenchérir le chaos. A travers ces explosifs règlements de compte, ces comportements délurés et la position vaillante du second-rôle féminin (superbe Julie Delpy en douce catin insurgée !), Roger Avary joue avec nos nerfs avec une diabolique maîtrise et vigueur émotive éprouvante.


Speedball
Concentré d'adrénaline et d'ultra violence sardonique à corps perdu, Killing Zoe s'édifie en vilain petit canard dans son brassage de vulgarité, de provocations assumées et de délire en roue libre. Expérience sensitive en compagnie marginale de psychopathes shootés à la coke, ce bad-trip s'avère sans conteste le film de braquage le plus violent, brillé, atypique et couillu vu sur la toile avant qu'une romance ne vienne un peu adoucir la donne parmi le duo complémentaire Eric Stoltz/Julie Delpy. Une référence culte à ne pas mettre entre toutes les mains.  

*Bruno
23.04.24. 4èx 

mardi 17 novembre 2015

Comme un chien enragé

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.com

"At Close Range" de James Foley. 1986. U.S.A. 1h55. Avec Sean Penn, Christopher Walken, Mary Stuart Masterson, Chris Penn, Millie Perkins, Crispin Glover, Kiefer Sutherland, Tracey Walter

Sortie salles France: 14 janvier 1987. États-Unis: 18 avril 1986

FILMOGRAPHIE: James Foley est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 28 décembre 1953 à Brooklyn, New York. 1984 : Reckless. 1986 : Comme un chien enragé. 1987 : Who's That Girl. 1990 : La Mort sera si douce. 1992 : Glengarry. 1995 : Instant de bonheur. 1996 : Fear. 1996 : L'Héritage de la haine. 1997 : Gun ("Gun") (série TV). 1999 : Le Corrupteur. 2003 : Confidence. 2005 : Man and Wife. 2007 : Dangereuse Séduction. 2013-.... : House of Cards, série télévisée. 2017: Cinquante nuances plus sombres.


Le scénario s'inspire d'un fait réel survenu en 1978 à Chester County dans la banlieue de Philadelphie, Pennsylvanie. 

Film culte chez toute une génération de vidéophiles, Comme un chien enragé marqua les esprits des années 80, de par son ambiance mélancolique terriblement prégnante et l'aspect dramatique estampillé "fait-divers" où la figure paternelle impose à sa progéniture un enseignement sans foi ni loi. Ainsi, en inversant les codes, James Foley nous retrace avec une délicate émotion la déliquescence morale d'un jeune paumé destitué de pédagogie dès son enfance avant de se raviser en dernier ressort. Le pitchDepuis sa démission scolaire, Brad Whitewood et son frère passent leur temps à flâner dans leur cocon familial autour de joints et de bières. Un soir, alors qu'il se dirige sur l'esplanade de son village, il aborde Terry, une jeune fille timorée âgée de 16 ans. Entre eux, c'est le début d'un coup de foudre, quand bien même le père, Brad senior, refait surface au domicile conjugal après de longues années d'absence. Fasciné par son train de vie plutôt aisé, Brad junior se laisse influencer à le fréquenter. Rapidement, il sombre dans la spirale du banditisme mais décide in extremis de se rétracter en dépit du chantage paternel. 


Polar noir d'une rigueur dramatique exponentielle quant au cheminement criminel d'un père de famille inculquant à son propre fils la déontologie du cambriolage et l'immoralité du meurtre, Comme un chien enragé hypnotise les sens du spectateur de par son aspect aussi sombre que lyrique d'une suite d'évènements toujours plus compromettants. Mais en dépit du caractère fétide de son intrigue crapuleuse où le père se désolidarise de toute assistance, James Foley alimente en annexe une tonalité mélancolique auprès de la romance candide des deux amants juvéniles. Un ressort de rédemption pour le héros dans sa considération sentimentale pour l'être aimée alors que le père déloyale tentera d'exploiter son autorité afin de s'y opposer. Cette gestation des émois amoureux, le cinéaste les transfigurent par le biais d'une mise en scène stylisée où la nature rurale se prête à merveille aux états d'âme insouciants des amants en herbe (photo onirique à l'appui). Exacerbé du score instrumental de Patrick Leonard en concertation avec Madonna, le film distille les tonalités malingres d'une mélodie ensorcelante pour le cheminement de Brad et de son amie Terry, communément plongés dans leur passion au moment de converger vers une descente aux enfers irréversible. Outre la puissance émotionnelle qui émane du drame criminel inscrit dans la fourberie, Comme un chien enragé oppose la performance de deux monstres du cinéma. Sean Penn endossant avec fragilité le rôle d'un délinquant sur le fil du rasoir en instance de prise de conscience salvatrice, quand bien même Christopher Walken lui partage sobrement la réplique en imposant une figure paternelle aussi couarde qu'insidieuse dans ses stratégies criminelles en roue libre. Leur inimitié précaire donnant lieu en point d'orgue à une confrontation psychologique d'une vigueur dramatique autrement ardue.


Au nom du Père.
D'une beauté formelle éthérée pour le stylisme accordé à sa mise en scène et surtout pour l'émotion exaltante émanant de la romance juvénile, Comme un chien enragé traite de l'endoctrinement du banditisme et de la banalisation du crime avec l'appui d'un fait divers édifiant de bassesse. Il en émane un moment de cinéma inoubliable que le score fragile de Patrick Leonard magnétise avec une émotion capiteuse. 

Dédicace à Ludovic Hilde et Nicolas Bruguet