jeudi 13 janvier 2022

The Lost Daughter. Prix du meilleur scénario: Mostra de Venise, 2021

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Maggie Gyllenhaal. 2021. U.S.A/Grèce. 2h02. Avec Olivia Colman, Jessie Buckley, Dakota Johnson, Ed Harris, Peter Sarsgaard, Dagmara Domińczyk

Sortie salles France: 10 octobre 2021

FILMOGRAPHIEMargalit Ruth Gyllenhaal, généralement dite Maggie Gyllenhaal née le 16 novembre 1977 à New York, est une actrice et réalisatrice américaine. 2021: The Lost Daughter. 


"Les enfants sont une terrible responsabilité"
Superbe portrait de femme dépressive hantée de remords et de culpabilité de n'avoir pu chérir ses enfants en bonne et due forme lors de sa maternité, The Lost Daughter est illuminé du tact de sa mise en scène personnelle, pour ne pas dire auteurisante de la débutante Margalit Ruth Gyllenhaal. Une réalisation dépouillée, sans fioriture qui ne plaira pas à tous dans son refus d'une émotion trop facile ou programmée, qui plus est émaillée de quelques petites sautes de rythme (selon mon jugement de valeur)) principalement si je me réfère à la relation d'adultère que l'héroïne se remémore avec regret lors de langoureux flash-backs. L'intrigue ne cessant d'osciller passé et présent afin de mieux saisir les tenants et aboutissants de cette mère aujourd'hui quadra mais incapable de tirer un trait sur son passé galvaudé faute d'y observer de simples touristes en liesse familiale. Qui plus est, son climat austère et nonchalant, renforcé du jeu contrarié de la divine actrice britannique Olivia Colman nous suscite un sentiment aigre de désarroi au fil de son évolution morale quelque peu bipolaire. Celle-ci se fondant dans le corps de Leda Caruso avec une émotion souvent contenue, fragile et introvertie eu égard de sa pudeur à se confronter à son entourage étranger (une famille de touristes probablement marginaux, voirs carrément mafieux), particulièrement auprès d'une jeune donzelle versatile à travers ses sautes d'humeur d'y supporter les caprices de sa fille tout en se réconfortant dans les bras d'un inconnu. 


Leda s'identifiant inévitablement à cette jeune maman indécise de plus en plus gagnée par le doute et l'interrogation au gré de confidences intimes bâties sur sa solitude maternelle du fait de l'absence prolongée de sa fille. Ainsi, de par le jeu sans fard d'Olivia Colman en proie à ses démons internes d'une maternité teintée d'irresponsabilité, de questionnement et d'immaturité, The Lost Daughter nous plonge dans son introspection intime avec une dimension dramatique poignante au lieu de nous bouleverser de façon plus conventionnelle ou facile dans ce type de sujet pathétique. On peut également souligner l'atmosphère subtilement pesante qui se profile autour de l'héroïne en quête d'amour et d'amicalité, notamment par la faute de cette famille de touristes aussi équivoques qu'interlopes, car la reluquant avec une suspicion gênante, si bien que le climat s'assombrit peu à peu autour d'elle en nous remémorant finalement son préambulaire crépusculaire où pointait détresse et désillusion lors d'une scénographie à la fois mutique et feutrée. 


Drame psychologique intelligemment traité à travers le thème (si actuel !) de la responsabilité parentale, The Lost Daughter existe par lui même de par sa mise en scène autonome captant les émotions contradictoires des personnages complexes avec une pudeur anti voyeuriste. Olivia Colman illuminant l'écran avec une sobre expression mature mêlée de douceur, de fragilité et de névralgie. 


*Eric Binford

Ci-joint la chronique de mon amie Nine Rouffet :

Assurément, c'est un très beau film. Maggie Gyllenhaal a réussi à faire un film à la fois intimiste et universel en nous immergeant au sein des tourments intérieurs névrotiques d'une femme en quête de sens, en recherche de stabilité et surtout d'amour, dont elle ne se sent pas vraiment digne. La dernière demi-heure nous en donnera la raison. Le métrage est ponctué de multiples flasbacks permettant de mieux comprendre quels enjeux se jouent en elle lorsqu'elle est confrontée à des figures maternelles un peu paumées et à une fille "perdue". Face à la femme enceinte sur la plage, elle repense à sa propre grossesse puis à ses relations complexes avec ses filles. En effet, être mère alors qu'on est encore étudiante à la fac est loin d'être facile, et c'est bien ce que montre le métrage. Entre scènes familiales touchantes (moments de partage joyeux avec les filles et le père) et pics de stress virant au burn out, Leda était une âme un peu perdue, et la disparition de la poupée d'une petite fille sur la plage ravive des souvenirs encore + douloureux et enfouis. Certaines scènes sont très chargées dramatiquement parlant, mais le ton ne vire jamais au pathos car le spectateur sait à chaque fois ce qui sous-tend la crise morale de la protagoniste. Le métrage explore les symboliques, notamment cette poupée comme objet de "transfert" affectif cristallisant ses crises morales ( la poupée est à la fois un jeu et un objet de partage avec les filles), ainsi que la symbolique de la pelure d'orange, représentant un lien affectif indéfectible créé avec ses filles via ce fruit. La fin est très touchante, Olivia Colman est époustouflante de spontanéité et de fragilité. Et les seconds rôles sont loin d'être en reste. C'est le cas notamment de la discrète prestation d'Ed Harris, ayant notamment joué dans Apollo 13 ou The Truman show. Un petit bijou qui pousse à l'introspection et qui ramène à l'essentiel: les petits instants de bonheur et l'amour partagé, quelle que soit sa forme.  ♡♡♡☆

mercredi 12 janvier 2022

Ballade Meurtrière / Coming Home in the Dark

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Ashcroft. 2021. Nouvelle-Zélande. 1h32. Avec Daniel Gillies, Erik Thomson, Miriama McDowell, Matthias Luafutu 

Sortie salles France: ?. 1er Octobre 2021 (internet). 

FILMOGRAPHIEJames Ashcroft est un acteur, scénariste et réalisateur néo-zélandais né le 12 Juin 1978 à Paraparaumu. 2021: Balade Meurtrière. 2018: The Watercooler (TV Series) (1 episode)
- The House (2018). 


Production néo-zélandaise réalisée par le néophyte James Ashcroft, Ballade Meurtrière est une claque vitriolée comme on en voit très peu dans le paysage horrifique trop souvent tributaire de divertissement douillet à travers son schéma routinier du "ouh fais moi peur". Et pourtant, alors qu'en l'occurrence  James Ashcroft s'embarrasse d'une trame éculée (un duo de meurtrier s'en prend à une famille de touristes 1h30 durant en les séquestrant dans leur voiture), il parvient intelligemment à renouveler les codes en tirant parti d'un réalisme cru qui ne lâchera pas d'une semelle l'appréhension du spectateur. Et ce au sein des paysages inquiétants d'une contrée néo-zélandaise magnifiquement contrastée. 


D'une extrême violence à la limite du soutenable alors qu'aucune complaisance n'y est à déplorer (le cinéaste privilégiant notamment parfois le hors-champs afin de ne pas sombrer dans la trivialité), Ballade Meurtrière est autant une épreuve de force pour nous que pour les protagonistes constamment soumis à la tare du sentiment d'impuissance sous un ciel crépusculaire magnifiquement éclairé afin de nous exacerber un sentiment malaisant que l'on réprouve. Pour ce faire, on peut autant compter sur le charisme patibulaire des 2 tueurs sanguinaires adoptant une posture à la fois impassible et monolithique à travers leur état d'âme dénué de vergogne. Spoil ! Et ce à travers leur préméditation d'une vengeance froide que le spectateur comprendra du point de vue d'une des victimes au passé pusillanime Fin du Spoil. Le duo éminemment antipathique faisant preuve d'un flegme imperturbable à travers leur tranquilles exactions putassières renforcées de l'animosité de leurs regards viciés. Quant aux victimes fréquemment molestées, brimées et humiliées, les comédiens méconnus du public français demeurent irréprochables dans leur posture démunie où l'on ne cessera de nous suggérer: que ferions nous en pareille occasion ?


Maltraitance.
 
Angoissant et éprouvant, tendu comme un arc et d'une dramaturgie escarpée dès son insupportable prologue expéditif (assurément le moment le plus cruel du film), Ballade Meurtrière oscille climat suicidaire et dépressif derrière une métaphore sur une marginalisation meurtrie, traumatisée par un passé galvaudé. Anti ludique au possible, même si 1 ou 2 moments avaient gagné à être moins prévisibles lors de son final mortifère pour autant déprimant, Ballade Meurtrière distille un malaise rudement inconfortable sous l'impulsion d'une violence aride gratuite même si le mobile vindicatif s'y instaure pour justifier ce déchainement primal. Comme quoi aucun mobile ne justifie de s'adonner à l'auto-justice au risque d'y procréer un monstre asocial. 
Pour public averti 

mardi 11 janvier 2022

6 Minutes pour mourir / Fear Is the Key

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Michael Tuchner. 1972. U.S.A. 1h43. Avec John Vernon, Barry Newman, Suzy Kendall

Sortie salles France: 13 Février 1975. Angleterre: 26 Décembre 1972

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Michael Tuchner est un réalkisateur, scénariste et producteur né le 24 Juin 1932 à Berlin, Allemagne, décédé le 17 Février 2017 en Angleterre. 1972: Six minutes pour mourir. 1971: Salaud. 1976 The Likely Lads. 1975 The Old Curiosity Shop. 1983: Meurtre à Malte. Des rêves de lendemain (TV Movie). 2000 Back to the Secret Garden.  1998Séjour en enfer (TV Movie).  1997Remember WENN (TV Series) (1 episode). - The Importance of Being Betty (1997).  1995Hart to Hart: Two Harts in 3/4 Time (TV Movie).  1995Awake to Danger (TV Movie).  . 1994Good King Wenceslas (TV Movie).  1993La condamnation de Catherine Dodds (TV Movie).  1993The Rainbow Warrior (TV Movie).  199372 heures en enfer (TV Movie).  1992Sauvage . Préméditation (TV Movie). 


Que voici une excellente série B ricaine dont j'ignorais l'existence alors qu'il s'agit d'un film culte sans doute trop méconnu, même auprès des afficionados du genre, et ce en dépit de la présence iconique de Barry Newman (l'inoubliable anti-héros de Point Limite Zero). D'ailleurs sur ce dernier point il est dommage que cet acteur aussi charismatique n'ai pu percer dans le milieu du ciné d'action eu égard de sa filmo plutôt discrète et timorée alors qu'il crève ici à nouveau l'écran dans sa posture virile déterminée. Et si le pitch prometteur, démarre sur les chapeaux de roue avec une prise d'otage et la course poursuite qui s'ensuit entre flic et (potentiel) voyou, son ossature narrative opte d'une certaine manière pour un virage à 180° passées 30 minutes d'action effrénées remarquablement exécutées. Or, la qualité majeure de ce divertissement sans temps morts émane de cette charpente narrative aussi imprévisible qu'originale (même si on peut déplorer 1 ou 2 invraisemblances en faisant la fine bouche).


Et ce tout en tentant de nous surprendre jusqu'au dénouement maritime que les claustrophobes auront peine à encaisser pour son enjeu de survie à faible lueur d'espoir. Ainsi donc, fort d'une mise en scène solide et d'une pléiade d'acteurs burinés irréprochables (dont la superbe actrice glamour Suzy Kendall), 6 minutes pour mourir (quel titre idoine prenant tout son sens lors des 6 ultimes minutes du récit !) demeure une excellente surprise derrière sa facture vintage de film d'exploitation eu égard de sa première partie menée à 100 à l'heure. Qui plus est, et pour parfaire ce bijou des Seventies truffé de rebondissements, revirements, inversement des rôles et faux semblants, la partition musicale de Roy Budd ajoute une aura Jamesbondienne non négligeable puisque aussi séduisante qu'envoûtante. 


Remerciement à Warning Zone pour sa superbe copie HD.
*Eric Binford

lundi 10 janvier 2022

Le Secret de Roan Inish. Prix de la critique internationale : Gerardmer 1996

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

" Le Secret de Roan Inish " de John Sayles. 1994. Irlande. 1h43. Avec Jeni Courtney, Pat Slowey, Dave Duffy, Declan Hannigan, Mairéad Ní Ghallchóir, Eugene McHugh, Tony Rubini 

Sortie salles France: 19 Mars 1997. U.S: 3 Février 1995

FILMOGRAPHIEJohn Sayles est un réalisateur, scénariste, acteur, monteur et producteur américain de films indépendants, né le 28 septembre 1950 à Schenectady, New York. 1980 : Return of the Secaucus 7. 1983 : Lianna. 1983 : Baby it's you. 1984 : The Brother from Another Planet. 1987 : Matewan. 1988 : Les Coulisses de l'exploit. 1991 : City of Hope. 1992 : Passion Fish. 1994 : Le Secret de Roan Inish. 1996 : Lone Star. 1997 : Men with Guns. 1999 : Limbo. 2002 : Sunshine State. 2003 : Casa de los babys. 2004 : . Silver City. 2007 : Honeydripper. 2010 : Amigo. 2013 : Go for Sisters. 


Passé inaperçu lors de sa discrète sortie en salles, même si défendu en son temps par l'éditeur
Mad Movies
et hormis son Prix de la Critique à Gérardmer, Le Secret de Roan Inish est un magnifique conte écologique militant pour sa nature irlandaise et les phoques qui y coexistent paisiblement en harmonie. Ainsi, alors que la petite Fiona est hébergée par ses grands parents à la suite du décès de sa mère, elle fait l'improbable rencontre de son petit frère sur un berceau bateau disparu préalablement par les courants. Elle s'efforce donc de le ramener à la maison de ses grands-parents, en vain. Quand bien même ces derniers ne croient pas à ses improbables déclarations fantaisistes. D'une candeur et d'une pureté infinies auprès de son climat de quiétude auquel vivent de paisibles paysans parmi la compagnie des phoques et des volatiles, Le Secret de Roan Inish inonde son sensible récit de poésies naturalistes dans une pudeur dépouillée. 


Tant et si bien que l'on observe l'éveil existentiel de Fiona à travers son regard pétri d'innocence que la jeune actrice Jeni Courtney transcende de son aplomb naturel. Celle-ci dégageant une maturité pour son jeune âge, une sagesse d'esprit et un amour inné pour ceux la chérissant dans une valeur familiale forçant le respect. On peut également rajouter que les seconds-rôles adultes ne sont pas en reste alors que le bambin Jamie endossé par Cillian Byrne nous bluffe de ses expressivités mutiques spontanées. Le cinéaste le dirigeant très habilement pour y radiographier son regard aisé ou autrement craintif en faisant preuve de pudeur à travers sa nudité requise. C'est dire si ce récit contemplatif, à la fois lénifiant et lumineux, est comme habité par une aura divine de par son climat fantastique éthéré planant sur chaque image. Et ce à l'aide d'une beauté naturaliste réconfortante que l'on se familiarise en fantasmant pareille aubaine existentielle. Si bien que l'on peut parler d'hymne à la vie paysanne à travers le destin de ce couple du 3è âge féru d'amour pour la mer et leur toit confectionné de leur propre main. Le Secret de Roan Inish militant tant de nobles valeurs humaines en insistant notamment sur la préservation des phoques doués ici de pouvoirs indicibles en étroite communion avec les humains. 


Bercé de la fragile mélodie instrumentale de Mason Daring imprégnant ses images naturalistes d'une aura de plénitude, le Secret de Roan Inish est une invitation aux légendes écossaises (celles des Selkies) transposées toutefois dans une archipel irlandaise. D'une beauté épurée tranquillement palpable d'après le point de vue candide d'une fillette pétrie de nobles valeurs dans son instinct de pureté, le secret de Roan Inish finit par bouleverser notre sensibilité pour la profonde tendresse impartie entre un frère et sa petite soeur. Et ce tout en comptant sur l'omniprésence si rassurante des phoques (la manière de les filmer est exemplaire pour cerner leur noble humanité !), guides spirituels nantis d'une autorité salvatrice selon leur choix et leur décision car observant les humains avec une attention philanthrope. A ne pas rater. 

*Eric Binford
2èx vostf

Définition de Selkie
Les selkies sont des créatures imaginaires issues principalement du folklore des Shetland. Elles y sont décrites comme de superbes jeunes filles (ou assez exceptionnellement comme de beaux jeunes hommes) qui revêtent une peau de phoque, dans le but de se changer en cet animal marin et de plonger dans la mer.

vendredi 7 janvier 2022

L'Assassin a réservé 9 Fauteuils / L'assassino ha riservato nove poltrone

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Giuseppe Bennati. 1974. Italie. 1h43. Avec Rosanna Schiaffino, Chris Avram, Eva Czemerys, Lucretia Love, Paola Senatore, Gaetano Russo, Andrea Scotti 

Sortie salles Italie: 21Mai 1974. Inédit en salles en France. 

FILMOGRAPHIE: Giuseppe Bennati, né le 4 janvier 1921 à Pitigliano dans la province de Grosseto et mort le 26 septembre 2006 à Milan, est un réalisateur et metteur en scène italien. 1952 : Il microfono è vostro. 1953 : Marco la Bagarre. 1954 : Opération de nuit. 1955 : Non scherzare con le donne. 1958 : La mina. 1958 : L'Ami du jaguar. 1960 : Les Fausses Ingénues. 1961 : Congo vivo. 1970 : Marcovaldo (it), adaptation pour la télévision de Marcovaldo d'Italo Calvino. 1974 : L'Assassin a réservé 9 fauteuils. 

Quelle excellente surprise que ce Giallo inédit dans nos contrées que le Chat qui fume eut l'audacieuse idée d'exhumer de sa torpeur dans une copie HD irréprochable. Tant et si bien qu'en exploitant le mode du huis-clos gothique au sein d'un jeu du chat et de la souris entre victimes et tueurs, Giuseppe Bennati atmosphérise en diable sa scénographie flamboyante au sein d'un théâtre de tous les dangers. Les victimes communément félonnes, suspicieuses et épeurées se soumettant à un redoutable tueur masqué lors de l'anniversaire de Patrick Davenant les ayant invité pour des raisons plutôt équivoques. Visuellement sublime de par l'architecture baroque du théâtre médiéval où plane l'ombre du Fantôme de l'Opéra (le tueur est affublé d'une cape et d'un masque grotesque en accourant tous azimuts), on songe également à Bloody Bird auquel Michele Soavi s'est (fort) probablement inspiré tant les similitudes sont plutôt nombreuses. Tant auprès du cadre théâtral magnifiquement stylisé, de son schéma narratif itératif (mais jamais rébarbatif), des victimes chétives en perdition, de leur mort théâtrale substituée en mort réelle que de l'accoutrement du tueur passé maître dans l'art du camouflage en y piégeant ses proies avec un sadisme transalpin symptomatique.

Et ce sans que le réalisateur, peu habitué au genre (il s'agit de son unique incursion dans le giallo et l'horreur) ne cède à l'outrance si bien que le hors-champs s'infiltre de temps à autre. D'autre part, et selon mon jugement de valeur, la meilleure séquence de meurtre totalement suggérée (un poignard planté à 3 reprises dans le vagin d'une victime en catalepsie) demeure superbement impressionnante grâce à l'habileté du montage alternant violence rigoureuse des coups et visage exorbité de la victime, accompagné de bruitages intensifiant ainsi la mise à mort par son réalisme auditif. Et si le cheminement narratif s'avère somme toute simpliste, voir redondant (comptez un meurtre toutes les 15 minutes), la mise en scène très soignée de Giuseppe Bennati retient sans peine l'attention sous l'impulsion d'un cast à la fois crédible et modestement distingué. Tant auprès de la beauté des actrices italiennes communément névrosées (de véritables déesses raffinées), de la virilité des acteurs à la fois cyniques et interlopes que de son érotisme docile (une poignée de poitrines dénudés superbement filmées en intermittence et de langoureux baisers parfois mouillés) se disputant la mise entre saphisme, inceste (gros thème de l'intrigue !) et adultère. 

Pur film d'ambiance se permettant audacieusement d'y conjuguer horreur, giallo, érotisme, épouvante et fantastique quant au surprenant dénouement multipliant les rebondissements imprévisibles, l'Assassin a réservé 9 fauteuils (quel titre suprême ! ) demeure un divertissement épuré auprès de sa facture vintage étonnamment moderne. Tant et si bien qu'un demi-siècle plus tard, ce rutilant giallo (le rouge est magnifiquement mis en valeur à travers le velours des tissus, des fibres et du sang tacheté) resplendit de 1000 feux de par sa copie HD à la fois granuleuse et immaculée. A découvrir impérativement donc pour les afficionados d'horreur fastueuse.

*Eric Binford
vostf

mercredi 5 janvier 2022

On continue à l'appeler Trinita / ...continuavano a chiamarlo Trinità

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Enzo Barboni. 1971. Italie. 2h02. Avec Terence Hill, Bud Spencer, Yanti Somer, Jessica Dublin, Enzo Tarascio, Pupo De Luca

Sortie salles France: 15 Mars 1972. Italie: 21 Octobre 1971. U.S: 20 Juillet 1972

FILMOGRAPHIE: Enzo Barboni (E.B. Clucher) est un directeur de la photographie et réalisateur italien né le 10 juillet 1922 à Rome et mort le 23 mars 2002. 1970 : Ciak Mull. 1970 : On l'appelle Trinita. 1971 : On continue à l'appeler Trinita. 1972 : Et maintenant, on l'appelle El Magnifico. 1973 : Les Anges mangent aussi des fayots. 1974 : Même les anges tirent à droite. 1976 : Deux super flics. 1982 : Ciao nemico. 1983 : Quand faut y aller, faut y aller. 1984 : Attention les dégâts. 1987 : Renegade. 1991 : Ange ou Démon. 1995 : Trinità & Bambino... e adesso tocca a noi.

On prend les mêmes et on recommence 1 an à peine après le succès du 1er volet signé du même réalisateur transalpin, Enzo Barboni. Et en dépit d'une intrigue quasi inexistante émaillée qui plus est de quelques longueurs (surtout la version intégrale de 2h02 alors que l'on aurait très bien pu la raccourcir de 30 bonnes minutes), On continue à l'appeler Trinita reprend à peu près les mêmes ingrédients que son prédécesseur avec plus ou moins d'efficacité. Car aussi lourdingue, bas de plafond, trivial, pour ne pas dire débile à travers ses gags adipeux à la limite du surréalisme (la 1ère heure, la plus drôle, est à ce titre inmanquable !), On continue à l'appeler Trinita parvient à distraire et faire rire de par la complémentarité impayable du duo infaillible Bud Spencer / Terence Hill (ils étaient nés pour jouer "ensemble" les gosses mal élevés) endossant les bandits au grand coeur avec une désinhibition frétillante. Et ce en culminant vers une mémorable baston finale (comptez 10 bonnes minutes de chorégraphie pittoresque digne d'un Laurel et Hardy contemporain) que nos lurons encaissent dans leur soutane monacale ! 

Box Office France: 3 038 838 Entrées (si bien que cette séquelle engrangea plus de 400 000 spectateurs supplémentaires en rapport à son prédécesseur !)

Eric Binford
3èx vf

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Lo chiamavano Trinità..." de Enzo Barboni. 1970. Italie. 1h50. Avec Terence Hill, Bud Spencer, Farley Granger, Dan Sturkie, Gisela Hahn.

Sortie salles France: 21 Juillet 1971. Italie: 22 Décembre 1970. U.S: 4 Novembre 1971

FILMOGRAPHIE: Enzo Barboni (E.B. Clucher) est un directeur de la photographie et réalisateur italien né le 10 juillet 1922 à Rome et mort le 23 mars 2002. 1970 : Ciak Mull. 1970 : On l'appelle Trinita. 1971 : On continue à l'appeler Trinita. 1972 : Et maintenant, on l'appelle El Magnifico. 1973 : Les Anges mangent aussi des fayots. 1974 : Même les anges tirent à droite. 1976 : Deux super flics. 1982 : Ciao nemico. 1983 : Quand faut y aller, faut y aller. 1984 : Attention les dégâts. 1987 : Renegade. 1991 : Ange ou Démon. 1995 : Trinità & Bambino... e adesso tocca a noi.

                                "Venez mes frères ! - Qui c'est qui lui a dit qu'on était frères ?"

Gros succès international si bien qu'une suite fut rapidement mise en chantier par Enzo Barboni himself, On l'appelle Trinita est sans doute l'une des meilleures comédies du duo impayable Bud Spencer / Terence Hill. Et si le pitch, à la fois classique et folichon, ne brille pas par son originalité, (se faisant passer pour des shérifs au sein d'une petite ville, 2 frères que tout oppose vont prêter main forte à une communauté mormone molestée par des brigands mexicains ainsi qu'un major cupide), le climat aussi bien burlesque que rocambolesque que parviennent à générer les "Laurel et Hardy" (du western parodique) pallie ces carences de par leur tranquillité sereine fraîchement irrésistible.

Car outre la complémentarité très attachante de ces derniers s'en donnant à coeur joie dans leur dissension fraternelle et postures héroïques inébranlables (Hill jouant le frère "pot de colle" féru de la gâchette, Spencer l'aîné bourru résolument indépendant), l'inventivité des bastons à la fois ludiques et très spectaculaires (Spencer, passé maître dans l'art de foutre des baffes et gros poings sur la tête de ses adversaires) et les gags bonnards qu'ils enchaînent par provocation nous irradie d'un sourire aux lèvres permanent. A l'instar d'un bambin de 5 ans fasciné par la magie de l'écran et du jeu malicieux de ses héros à peine dérivés d'une bande-dessinée (Hill et Spencer sont d'autant plus charismatiques dans leur stature flegme de cow-boy mal rasés). Bien évidemment, l'humour pittoresque qui se dégage de leur orgueil et arrogance à se gausser de leurs rivaux ne fait nullement preuve de subtilité. Mais pour autant, et par la magie de l'entreprise latine résolument artisanale (le film adopte d'ailleurs une vraie facture de western poussiéreux en format cinémascope), on s'enjaille couramment et on rit de bon coeur grâce à leur esprit de dérision aussi bon enfant qu'assumé.

Western parodique familial qui allait enflammer la carrière du duo légendaire Bud Spencer/Terence Hill (tout en décontraction inégalée !), On l'appelle Trinita constitue une cure de bonheur anti-dépressive pour le public de 7 à 77 ans. D'une sincérité et d'une générosité encore plus touchantes aujourd'hui (du moins auprès de la génération 80 !), ce pur divertissement Bis parvient à rajeunir le genre spaghetti sous l'impulsion de la chanson entêtante de Franco Micalizzi se prêtant harmonieusement à l'ambiance aussi chaleureuse. Simplement magique !

Box Office France: 2 624 948 Entrées ! 

* Bruno
3èx

samedi 1 janvier 2022

Risky Business

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Paul Brickman. 1983. U.S.A. 1h39. Avec Tom Cruise, Rebecca De Mornay, Joe Pantoliano, Curtis Armstrong, Richard Masur, Bronson Pinchot, Shera Danese.

Sortie salles France: 21 Mars 1984. U.S: 5 Août 1983.

FILMOGRAPHIE: Paul Brickman est un réalisateur américain né le 23 avril 1949 à Chicago (Illinois, États-Unis). 1983 : Risky Business. 1990 : Les Hommes de ma vie (Men Don't Leave). 

38 ans il m'aura fallu pour me jeter à l'eau afin de m'y risquer à Risky Business, faute de mes à priori pour le jeune acteur bellâtre Tom Cruise (alors à ses tous débuts) et d'une affiche clinquante le mettant en valeur probablement pour rameuter un public ado friand de rom com mainstream. Passé l'expérience cinégénique instaurée au coeur des années 80, quelle fut ma surprise que de savourer une comédie romantique acidulée aussi intelligente qu'anti nunuche. Avec en arrière plan un pied de nez au politiquement correct de la bourgeoisie parentale la plus drastique et tatillon jusqu'au ridicule. L'anti Teen movie par excellence estampillé ados acnéens, tant et si bien que cette satire du capitalisme (en mode véreux) demeure un excellent divertissement à la fois drôle, enjoué, sexy et fréquemment envoûtant. Ensorcelant à ma grande surprise de par le brio instrumental de Tangerine Dream (mon groupe attitré tous genres confondus) et de quelques tubes rocks immuables que le réalisateur exploite au service des sentiments épanouis ou fougueux des personnages. Des envolées oniriques d'une beauté lascive, notamment auprès d'un érotisme torride magnifiquement stylisé. 

La trame demeurant assez folingue lorsque le jeune étudiant cossu Joel Goodson se laisse embarquer dans la transaction d'une maison close au sein de son propre cocon familial (les parents étant en villégiature) après y avoir rencontré une call-girl. Et ce à la suite d'un concours de circonstances malchanceuses que le cinéaste méconnu Paul Brickman structure habilement afin de nous surprendre jusqu'au générique de fin. Ainsi, à travers le charme, l'exubérance et l'humour de ces acteurs n'en faisant jamais trop (exit l'esprit potache du traditionnel teen movie trivial), Risky Business séduit constamment sous l'impulsion du couple incandescent Tom Cruise (étonnamment spontané en séducteur de fortune !) / Rebecca De Morney (super sexy en prostituée décomplexée ayant le sens des affaires). Un couple hybride à la fois indécis et conquis dans leur évolution sentimentale où l'argent s'octroie toutefois un rôle primordial auprès de leur éventuelle destinée conjugale. Mais outre le talent de ce casting néophyte entouré de seconds-rôles loin de s'occulter, on peut compter sur le talent si peu reconnu du réalisateur Paul Brickman (sa filmo ne contient d'ailleurs que 2 longs métrages) traitant son récit au gré d'une mise en scène (atmosphérique) aussi bien solide qu'inventive. Tant et si bien que l'on pourrait prêter une allusion au cinéma sensible de John Hughes à travers son intégrité de rendre hommage à l'adolescence lycéenne en faisant preuve de tendresse, de fragilité, de maladresse au sein d'une initiation à la maturité. 

Considéré comme culte depuis, Risky Business est un excellent divertissement prouvant par l'occasion qu'auprès de ses 38 ans d'âge il reste étonnamment frais, expressif, fougueux, fringant et surtout attrayant par son érotisme classieux. Une comédie romantique anti sirupeuse car possédant une réelle personnalité à donner chair à son univers érotisant à l'aide d'une émotion capiteuse insoupçonnée. Une vraie bonne surprise pour ma part et les talents confirmés du couple susnommé déjà en ascension fulgurante. Avec un gros coup de coeur pour Tangerine Dream !

*Eric Binford
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The Card Counter

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Paul Schrader. 2021. Angleterre/U.S.A. 1h52. Avec Oscar Isaac, Tye Sheridan, Willem Dafoe, Tiffany Haddish, Britton Webb, Amye Gousset, Joel Michaely.

Sortie salles France: 29 Décembre 2021

FILMOGRAPHIE: Paul Schrader est un scénariste et réalisateur américain né le 22 juillet 1946 à Grand Rapids (Michigan).1978 : Blue Collar (également scénariste). 1979 : Hardcore (également scénariste). 1980 : American Gigolo (également scénariste). 1982 : La Féline (Cat People). 1985 : Mishima (Mishima: A Life in Four Chapters) (également scénariste). 1987 : Light of Day (également scénariste). 1988 : Patty Hearst. 1990 : Étrange Séduction (The Comfort of Strangers). 1992 : Light Sleeper (également scénariste). 1995 : Chasseur de sorcières (Witch Hunt) (téléfilm). 1997 : Touch (également scénariste). 1997 : Affliction (également scénariste). 1999 : Les Amants éternels (Forever Mine) (également scénariste). 2002 : Auto Focus. 2005 : Dominion: Prequel to the Exorcist. 2007 : The Walker (également scénariste). 2008 : Adam Resurrected. 2013 : The Canyons. 2014 : La Sentinelle (Dying of the Light) (également scénariste). 2016 : Dog Eat Dog (également scénariste). 2017 : Sur le chemin de la rédemption (First Reformed) (également scénariste). 2021 : The Card Counter. 


"Tout ce qui est fait dans le présent affecte l'avenir en conséquence, et le passé par rédemption."
Sorti en catimini chez nous le 29 Décembre 2021 en dépit de ces critiques élogieuses, The Card Counter est le nouveau film évènement de l'éminent Paul Schrader, réalisateur et scénariste de génie à la filmo aussi passionnante qu'éclectique. On peut également souligner qu'en tant que producteur exécutif, Martin Scorcese s'y porte signataire, les 2 individus ayant déjà collaboré à moult reprises tout le long de leur carrière en guise d'amitié professionnelle. Véritable uppercut cinégénique à travers le génie de sa mise en scène studieuse littéralement hypnotique, The Card Counter demeure une moment de cinéma comme on n'en voit que trop rarement aux confins de nos salles obscures (trop souvent tributaires de divertissements décérébrés sans âme). Tant et si bien que certains n'hésiteront pas à le qualifier de "chef-d'oeuvre" de par l'odyssée mortifiée qui s'esquisse sous nos yeux avec une puissance émotionnelle somme toute assez réservée. Celle d'un joueur de poker solitaire partagé entre l'expiation et la rédemption à la suite de ses anciennes exactions perpétrées sur des prisonniers de guerre au camp de Guantánamo (centre de détention militaire situé à Cuba avec son lot de présumés terroristes islamistes). Dans la mesure où fraîchement sorti de prison, William Tell, ancien militaire donc, rencontre Cirk lors d'une conférence. Un jeune marginal lui sollicitant de kidnapper l'orateur de la tribune, le colonel John Gordo, commanditaire responsable du suicide de son père. 

Ainsi, à travers cette sombre trame savamment planifiée au sein d'un cheminement interrogatif aussi imprévisible que sinueux, Paul Scharder, résolument amoureux de tout ce qu'il filme, entre pudeur et sobriété, nous transfigure deux profils psychologiques meurtris par l'injustice, la solitude, l'échec et la mort. La vigueur émotionnelle du vénéneux récit qui se trame sous nos yeux émanant principalement de l'ambivalence de l'anti-héros William Tell qu'Oscar Isaac immortalise de sa présence quasi fantomatique en vindicateur de dernier ressort aussi angélique de démonial. Paul Schrader se chargeant de dresser son (fragile) portrait plein de discrétion et de non-dit sous l'impulsion du jeune apprenti Cirk avide d'auto-justice (superbement campé par Tye Sheridan à travers ses expressions sciemment moins affirmées par son immaturité). Quand bien même La Linda, financière afro ricaine, accepte d'entrainer quotidiennement William dans les compétitions de poker après l'avoir influencé. Et si le récit latent, tout à la fois simple, millimétré et complexe, ne cesse de nous interroger sur les véritables motivations des protagonistes, c'est pour mieux nous happer dans les méandres Spoil ! d'une inopinée vengeance funèbre lors d'une ultime demi-heure à la fois sinistrée et désespérée dans sa tension infernale Fin du Spoil. Et ce sans céder à une violence graphique largement suggérée par l'intelligence d'une mise en scène hyper scrupuleuse habitée par une forme de grâce. Si bien que l'on peut également prétendre que l'ombre de Taxi Driver plane sur les épaules de cet ex militaire traumatisé par ses propres exactions criminelles après avoir essuyé l'autorité d'un colonel sans vergogne. Son évolution morale étant orchestrée par une partition musicale lancinante insufflant au climat anxiogène du récit une puissance formelle ensorcelante. On peut donc évoquer le pur film d'ambiance au sein d'une photo limpide soumise à l'étrangeté des silences pesants et des regards impassibles.


American Nightmare.
Grand moment de cinéma révolu sublimant dans l'épure une fragile réflexion sur l'indécision d'une vengeance à travers les thèmes de la perte de l'innocence, de l'expiation, du pardon, de la peur de la souffrance et de l'amour, The Card Counter est autant habité par sa mise en scène au cordeau que par ces comédiens occultes communément rattachés à une valeur humaine en perdition. Du grand art.  

*Eric Binford
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mercredi 29 décembre 2021

Les Insatisfaites poupées érotiques du Dr Hichcock / La Clinique Sanglante. Uncut Version (vf/vo): 1h36'42"

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site www.cede.com/fr/movies

La Bestia uccide a sangue freddo (La Clinique des Ténèbres/Les Poupées sanglantes du Dr X) de Frenando Di Leo. 1971. Italie. 1h36. Avec Klaus Kinski, Margaret Lee, Rosalba Neri, Jane Garret, John Karlsen, Gioia Desideri, John Ely.

Sortie salles France: 1er Mars 1973 (Int - 18 ans). Italie: 2 Août 1971

FILMOGRAPHIE SELECTIVEFernando Di Leo est un acteur, scénariste et réalisateur italien, né le 11 Janvier 1932 à San Ferdinando di Puglia, décédé le 1er Décembre 2003 à Rome. 1964: Gli Eroi di ieri, oggi, domani. 1968: Roses rouges pour le Furher. 1969: La Jeunesse du Massacre. 1971: La Clinique Sanglante. 1972: Milan calibre 9. 1972: Passeport pour 2 tueurs. 1973: Le Boss. 1973: Séduction. 1974: Salut les pourris. 1975: Ursula, l'anti-gang. 1975: Colère Noire. 1977: Diamants de sang. 1980: Vacance pour un massacre. 1982: Pover'ammore. 1984: La Race des Violents. 1985: Killer Contro Killers.


Un écrin bisseux érotico-morbide unique en son genre, à découvrir d'urgence en version HD incandescente (authentique revival insoupçonné).
En pleine mouvance du Giallo, Fernando Di Leo s'essaie lui aussi au genre avec la Clinique Sanglante  dans une mise en forme étonnamment baroque et diaphane, pour ne pas dire indicible, surtout en qualité HD où l'oeuvre, d'une élégance radieuse, resplendit de 1000 feux. Le pitch: Un tueur masqué s'est infiltré dans l'académie d'une clinique psychiatrique pour y assassiner de jeunes patientes lubriques. Sur place, le corps médical semble indifférent à l'affluence des victimes avant l'intervention précipitée de la police ! Fin de l'histoire... Dépourvu de suspense quant à tenter de discerner l'identité du meurtrier, et d'un cheminement narratif entièrement alloué aux mises à mort inventives et aux étreintes sexuelles d'une surprenante suavité pour ces dernières, les Insatisfaites poupées érotiques... (titre français autrement prometteur) fait preuve d'un climat d'étrangeté équivoque autour des exactions routinières du maniaque déambulant sans contrainte dans les corridors de la clinique dans sa défroque mortifère (une cape noire la tête encapuchonnée ! ?). Clairement estampillé produit d'exploitation, cette fascinante curiosité possède donc bien des atouts dans sa forme épurée d'une photo fastueuse transcendant des séquences torrides d'une langueur attendrie au sein de décors gothiques teintés d'onirisme. A l'instar du plan d'ouverture dévoilant sous un ciel crépusculaire l'apparence fantasmagorique de la large bâtisse ! 


Un cadrage sublime à la limite de la féérie que le réalisateur réitèrera à plusieurs reprises tout le long du récit. Enchaînant à intervalle métronome les échanges sexuels de saphisme et de masturbation féminine (parfois auscultée en insert pornographique !?), le cinéaste y extrait une irrépressible atmosphère d'étrangeté charnelle, entre sensualité et pointes de vulgarité que les actrices provoquent de leur beauté concupiscente (un véritable défilé de déesses transalpines que l'on aimerait tant lutiner). Et ce en renforçant assez efficacement les ruptures de ton imparties à sa partition tantôt dissonante, tantôt angélique que le métrage ne cesse d'osciller. Utilisant les ustensiles séculaires d'armes médiévales répertoriées dans la salle des tortures, le tueur arpente alors les couloirs pour y alpaguer ses futures proies à l'instar d'un "Arsène Lupin", ou plutôt d'un "Baron Blood" échappé de chez Bava ! Pourvu d'un esthétisme stylisé donc (la magnifique drague improvisée entre l'une des patientes et l'horticulteur confinés dans la serre) où l'érotisme se télescope au morbide, la Clinique Sanglante culmine sa déviance perpétuellement gratuite (les étreintes, caresses, coïts et danses langoureuses s'enchainant sans rougir) vers un final inopinément erratique après nous avoir révélé l'identité du tueur au mobile tout à la fois capillotracté et justifié. Quant à la présence distinguée de Klaus Kinski, il fait ici preuve d'une étonnante docilité pour y symboliser l'autorité d'un docteur aussi affable que déférent avant de se laisser sentimentalement attendrir par l'une de ses patientes d'une beauté azur étrangement magnétique de par l'échange de ses regards occultes. 


A mi-chemin entre le pur produit d'exploitation et l'indépendance du Giallo singulier, les Insatisfaites poupées érotiques du Dr Hichcock fait inévitablement preuve d'ambition formelle et d'expérimentation sensorielle de par son onirisme sensuel et son climat d'étrangeté à la fois vénéneux et déconcertant ! Une curiosité érotico-malsaine assez audacieuse donc, principalement pour sa structure narrative iconoclaste aussi cintrée que polissonne, à approcher comme une expérience irrationnelle assez envoûtante chez les amateurs de Bis transalpin. Surtout en version HD d'une beauté azur scintillante à travers la froideur de ses splendides éclairages détaillés. En tout état de cause, on est selon moi loin du nanar standard comme ont pu le conspuer certains critiques snobinards ou d'autres spectateurs n'ayant qu'une faible culture du ciné Bis qui inondèrent nos écrans de quartier lors de l'âge d'or transalpin.   

Eric Binford
29.12.21. 3èx vf
08.06.15. 144 v

mardi 28 décembre 2021

Mortal Engines

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Christian Rivers. 2018. U.S.A/Nouvelle Zélande. 2h08. Avec Hera Hilmar, Robert Sheehan, Hugo Weaving, Leila George, Ronan Raftery, Jihae, Stephen Lang

Sortie salles France: 12 Décembre 2018

FILMOGRAPHIE: Christian Rivers est un dessinateur, technicien des effets spéciaux et réalisateur néo-zélandais. 2016: Minutes Past Midnight (segment "'Feeder'"). 2018 : Mortal Engines.

Boudé par la critique et le public (en France, il totalise 579 398 entrées), Mortal Engines est le prototype du blockbuster maudit tant le néo-zélandais Christian Rivers s'efforce de tailler une carrure saillante à son univers singulier avec une sincérité indiscutable. Car outre le soin apporté à ses impressionnants FX numérisés (au service narratif !) et à ses décors dantesques souvent régis sous un ciel crépusculaire, le réalisateur n'omet jamais une certaine fragilité émotionnelle à travers nos héros juvéniles redresseurs de tort dont la jeune Hester Shaw mène la troupe avec un charisme naturellement déterminé. Dénué de prétention, et bien que destiné avant tout à un public ado (on aurait d'ailleurs préféré un méchant un peu moins caricatural sous les traits tirés de l'acteur Hugo Weaving - Matrix -), Mortal Engines affiche donc une texture loyale auprès de ses preux personnages naturellement attachants, tant ceux-ci suscitent sans ambages une résilience dépouillée à travers leur bravoure de déjouer la menace du félon Thaddeus Valentine. Chef de la guilde des historiens et Seigneur-maire adjoint de Londres.

Ainsi, à partir d'un scénario aussi simple qu'efficient exploitant intelligemment (et donc sans outrance, ou alors si peu) son concept incongru (des villages mobiles se font la guerre dans leurs engins futuristes routiers), Mortel Engines dégage un charme innocent qu'on ne retrouve que brièvement dans le paysage ludique du Blockbuster si souvent décérébré. Et bien que le divertissement généreusement rythmé demeure perfectible, voir un peu trop docile, il n'en demeure pas moins plaisant, dépaysant et attractif de par son ossature narrative émaillée de rebondissements assez bien amenés (sans toutefois surprendre en estocade, à l'instar des rapports aussi étroits qu'ambigus entre Hester et le zombie infortuné Shrike). On peut enfin relever en guise de cerise sur la forêt noire la tendre romance (bien que timorée) que se cultive notre duo héroïque à travers les valeurs de l'initiation amicale, de la solidarité et du pardon. A découvrir donc, d'autant plus que son final en apothéose ne manque pas de vibrant humanisme teinté de lyrisme. 

*Eric Binford

lundi 27 décembre 2021

Don't look up

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Adam McKay. 2021. U.S.A. 2h25. Avec Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Rob Morgan, Meryl Streep, Jonah Hill, Cate Blanchett, Mark Rylance, Tyler Perry, Timothée Chalamet, Melanie Lynskey, 
Ron Perlman

Diffusé sur Netflix le 24 Décembre 2021

FILMOGRAPHIEAdam McKay est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 17 avril 1968 à Philadelphie (Pennsylvanie). Il est connu surtout pour sa collaboration au cinéma avec l'acteur Will Ferrell.2004 : Présentateur vedette : La Légende de Ron Burgundy (Anchorman : The Legend of Ron Burgundy). 2004 : Wake Up, Ron Burgundy: The Lost Movie (vidéo). 2006 : Ricky Bobby : roi du circuit. 2008 : Frangins malgré eux. 2010 : Very Bad Cops. 2013 : Légendes vivantes (Anchorman 2: The Legend Continues). 2015 : The Big Short : Le Casse du siècle (The Big Short). 2018 : Vice. 2021 : Don't Look Up : Déni cosmique. 


"Tous les esprits fonctionnent entre démence et imbécilité, et chacun, dans les 24 heures, frôlent ses extrêmes".
Satire caustique sur l'aliénation de l'homme asservi par son matérialisme, le consumérisme et les progrès technologiques au grand dam d'une crise climatique que nos exécutifs occultent pour leur sempiternel enjeu de cupidité, Don't look up est un jubilatoire jeu de massacre où la drôlerie se télescope à l'inquiétude la plus morose. Un miroir déformant sur ce que nous sommes tous devenus finalement, les acteurs puérils d'une gigantesque télé-réalité depuis l'affluence du divertissement voyeuriste, de la désinformation des réseaux sociaux et des complotistes de tous bord usant de leur idéologie politique pour asseoir leur vérité. De par son prestigieux casting s'en donnant à coeur joie dans l'auto-parodie à renfort de tics et fulminantes réparties, Don't look up est à lui seul un régal d'acteurs jouant les caricatures avec un enthousiasme aussi folingue que fripon. Leonardo DiCaprio (en astronome félon pas si futé qu'escompté mais pour autant rattrapé d'un humanisme probant) / Jennifer Lawrence (en frondeuse génialement irascible) / Rob Morgan (en astronome afro un peu plus en retrait que ses confrères mais pour autant affirmé et distingué dans sa posture altière) endossant à point nommé 3 astronomes en herbe s'efforçant 2h25 durant à convaincre politiques, scientifique et populace (de bas étage) qu'une comète d'une largeur de 9kms se dirige vers la terre pour y anéantir notre race. Or, personne ne parvient à les prendre au sérieux faute de leur quotidienneté formatée par leur smartphone, médias et internet communément complices des putaclics, ragots et scoops putassiers que l'on relaie 24h/24 en guise d'ennui mais aussi pour tenter de s'attirer une certaine popularité.


Outre ce cirque infernal que symbolisent scientifiques, technocrates, journalistes et flics zélés à la solde d'une présidente huppée, les politiques en prennent autant leur grade à travers leur fausse modestie, leur langue fourchue, leur bagout fallacieux d'y gérer par dessus la manche une crise catastrophiste occultant à la population la vérité pour y préserver leur intérêt financier. Et à ce jeu de la dérision vitriolée et de la boutade à 2 balles, Meryl Streep éclate l'écran en présidente des Etats-Unis plus préoccupée par ses prochaines élections que de la dissolution factuelle de notre chère planète Terre déjà réduite à un cirque d'aliénés. Elle sera d'ailleurs épaulé de l'hilarant Jonah Hill en fils à maman insolent et pédant tributaire de ses moyens de communication mainstream que caractérisent en bonne et due forme internet et son smartphone dernier modèle. On peut également citer en lieu de présence iconique l'incroyable jeu si étrangement impassible, faussement souriant de Mark Rylance en créateur d'entreprise technologique mondialement célèbre (faisant inévitablement référence au créateur d'APPLE: Steve Jobbs). Un PDG aussi génialement terrifiant que facétieux dans sa morale aseptisée, pour ne pas dire lobotomisée sous l'impulsion de son rictus (ultra bright) timidement fêlé. Probablement le personnage le plus inquiétant, caustique et impressionnant tant il parvient à rendre ensorcelant son rôle de PDG de synthèse dénué d'altruisme, de sensibilité et d'émotions faute de sa passion mégalo pour une technologie futuriste à double tranchant. Et Pour clore avec un autre personnage aussi flamboyant et quasi méconnaissable (si bien qu'il m'a fallu attendre 1 heure pour pouvoir la reconnaître), Cate Blanchett se fond dans le corps d'une journaliste potiche avec une vénéneuse hypocrisie dans son regard (botoxé) de communiquer à son public infantilisé des informations de comptoir aptes au nivellement par le bas. 


This is the end.
Toute à la fois farce corrosive sur la dangerosité de nos technologies compétitives et le miroir déformant de nos réseaux sociaux auquel nous dépendions, et cri d'alarme sur le réchauffement climatique que nos politiques récusent dans une inconscience suicidaire (si bien que son dernier acte cultive une dramaturgie mélancolique très poignante), Don't Look Up utilise à merveille l'humour vitriolé et l'émotion de dernier ressort pour atteindre notre responsabilité morale à alerter ceux qui nous dirigent dans un dialogue de sourd. De toute évidence, l'un des grands films de 2021, à trôner à proximité du Dr Folamour et de Mars Attacks

*Eric Binford