"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
lundi 22 août 2022
Bons baisers de Russie / From Russia with Love
vendredi 19 août 2022
L'Arme Fatale 3 / Lethal Weapon 3
Box-Office France: 4 480 670 entrées
Ci-joint les chroniques des 2 précédents opus:Arme Fatale (l'): http://brunomatei.blogspot.fr/2016/08/larme-fatale.html
Arme Fatale 2 (l'): http://brunomatei.blogspot.com/2019/01/larme-fatale-2.html
jeudi 18 août 2022
Mourir peut Attendre / No Time to Die
Sortie salles France: 6 Octobre 2021. U.S: 8 Octobre 2021
FILMOGRAPHIE: Cary Joji Fukunaga est un réalisateur, scénariste, producteur, directeur de la photographie et acteur américain, né le 10 juillet 1977 à Oakland, en Californie. 2003 : Kofi (court-métrage). 2004 : Victoria para Chino (court-métrage). 2009 : Sin nombre. 2011 : Jane Eyre . 2012 : Sleepwalking in the Rift (court-métrage). 2015 : Beasts of No Nation. 2021 : Mourir peut attendre.
Ultime opus de Bond sous la houlette de Daniel Craig, Mourir peut attendre est une sorte de bouquet final au cinéma d'action et d'espionnage estampillé 007. Un spectacle classieux à la fois homérique et émotif comme peu de Blockbusters mainstream peuvent prétendre conjuguer et rivaliser. Tant et si bien qu'outre la solidité de son intrigue charpentée d'après le spectre (contemporain) d'une guerre bactériologique planétaire, Mourir peut attendre nous cloue au siège 2h43 durant. Et il faut vraiment faire la fine bouche pour tenter d'y dénicher un quelconque essoufflement à ce prodigieux spectacle numérisé mais aussi artisanal, comme le confirme son trophée imparti aux cascadeurs lors du SAG Awards 2022. On peut évidemment avec le recul parfois sourire de son action improbable survitaminée tout en s'étonnant de son degré de réalisme probant afin que le spectateur puisse contempler de façon continuelle ces pyrotechnies la bouche écarquillée. Tant auprès de l'ultra dynamisme du montage d'une fluidité hallucinée que de la lisibilité chorégraphique des gunfights et corps à corps d'une intensité somme toute primitive. Cary Joji Fukunaga relançant de façon quasi métronome l'action belliqueuse sous l'impulsion de l'implication des personnages magnifiquement dessinés (jusqu'aux seconds-rôles à l'instar de la nouvelle agent afro 007 !). Notamment en accordant un intérêt davantage prononcé à la romance que se dispute Bond contre sa muse Madeleine.
C'est d'ailleurs de cette façon précipitée que l'intrigue débute pour nous parachever 30 minutes d'action anthologique lorsque Bond et Madeleine sont contraint d'entamer une course-poursuite contre des tueurs pour leur enjeu de survie. Alors que l'action d'avant nous proposait de manière quelque peu horrifique une semblant de psycho-killer redoutablement intense entre le tueur masqué et une fillette apeurée. Rien que cette première demi-heure rondement menée (pour ne pas dire pulsatile) nous crispe littéralement au siège, notamment pour nous préméditer les enjeux dramatiques humains que se divise le couple par dépit. Sur ce point, j'ai été extrêmement surpris du jeu ensorcelant de la française Léa Sédoux (si injustement décriée par le public Français - si je ne m'abuse - depuis l'orée de sa carrière) sobrement poignante et si attachante à travers ses expressions sentencieuses ou autrement rigides, puisque jouant sur l'ambivalence d'une éventuelle félonie que le spectateur redoute avec une suspicion équivalente à Bond délibéré à tourner la page plutôt que de se morfondre dans l'incertitude. Ainsi, en jouant sur la menace équivoque de 2 méchants charismatiques (Christoph Waltz en taulard placide que n'aurait renié un certain Hannibal Lecter, et surtout Rami Malek d'une inquiétante force tranquille en justicier criminel renforcé de son visage épouvantablement taillé à la serpe), le réalisateur juxtapose la relation houleuse entre Bond et Madeleine préservant d'importants secrets afin d'instaurer un suspense prégnant qui culminera avec l'audace d'une conclusion renversante (pour ne pas dire bouleversante).
Illuminé de vastes paysages naturels au sein d'une fastueuse photo chrome que Cary Joji Fukunaga exploite avec un brio étourdissant d'inventivité géométrique (notamment auprès de l'harmonie des couleurs et des contrastes), Mourir peut attendre nous déclare sa flamme au cinéma d'action "émotionnel" sous l'impulsion d'une fragile romance teintée de mélancolie. On pourrait également énumérer le charisme des moult seconds-rôles communément irréprochables (avec parfois l'intrusion de répliques ironiques sobrement mises en place), mais je privilégie évidemment le duo incandescent que forme Daniel Craig / Léa Seydoux (n'ayant jamais été aussi belle à l'écran) divins de complémentarité amoureuse à travers leur relation sensiblement infortunée. Et pour parachever, impossible de passer outre l'acuité de son score musical d'une finesse remarquablement discrète pour susciter une fragile émotion auprès de l'immersion du spectateur impliqué dans une dramaturgie en crescendo. Sans omettre non plus l'intensité planante de la chanson « No Time To Die » interprétée par Billie Eilish (récompensée 2 fois Outre-Atlantique !) lors du générique onirique faisant office de chef-d'oeuvre à lui seul (si bien que je me suis surpris d'y verser des larmes par sa gracilité expressive).
*Bruno
Box Office France: 4 007 532 entrées
mardi 16 août 2022
Jamais plus Jamais / Never Say Never Again
Sortie salles France: 30 Novembre 1983. U.S: 7 Octobre 1983.
FILMOGRAPHIE: Irvin Kershner est un réalisateur et producteur américain, né le 29 Août 1923 à Philadelphie (Pennsylvanie), décédé le 27 Novembre 2010 à Los Angeles (Californie). 1958: Stakeout on Dope Street. 1959: The Young Captive. 1961: Le Mal de vivre. 1963: Face in the Rain. 1964: The Luck of Ginger Coffey. 1966: l'Homme à la tête fêlée. 1967: Une sacré fripouille. 1970: Loving. 1972: Up the Sandbox. 1974: Les 'S' Pions. 1976: La Revanche d'un Homme nommé Cheval. 1978: Les Yeux de Laura Mars. 1980: l'Empire contre-attaque. 1983: Jamais plus jamais. 1990: Robocop 2.
Bond à part que ce Jamais plus Jamais marquant le retour fortuit de Sean Connery (il avait juré de ne plus reprendre le rôle après la sortie des diamants sont Eternels), dans la mesure où cet opus ne fait d'ailleurs pas officiellement parti de la franchise, faute du conflit qui opposa le scénariste et producteur Kevin McClory contre le romancier Ian Fleming avec qui il collabora afin d'imaginer la 1ère aventure de l'agent 007. Il s'agit donc d'une relecture moderne de Opération Tonnerre, ou plus exactement de la revanche de Kevin McClory après qu'il sortit victorieux de sa poursuite en justice contre Fleming en 1973. Sauf qu'à la suite d'un pacte avec les producteurs Albert R. Broccoli et Harry Saltzman, il du toutefois patienter plus de 10 ans pour transposer cette nouvelle aventure sur grand écran. C'est donc en 1983 qu'il parvient véritablement à mettre en chantier Jamais plus Jamais sans se coltiner la participation de la société de production Eon Productions (avec qui Broccoli / Satzman étaient liés). Formidable récit d'aventures, de romance, d'espionnage et d'actions homériques (principalement la poursuite en moto anthologique !) dirigé par la valeur sûre d'Hollywood, Irvin Kershner (l'Empire contre attaque, Les Yeux de Laura Mars, Robocop 2), Jamais plus jamais sort au même moment qu'un autre Bond afin de concurrencer Roger Moore starisé dans Octopussy (comme le souligne d'ailleurs ses nombreux traits d'humour que Connery tente parfois d'émuler avec plus ou moins de bonheur). Hélas, en terme pécuniaire, Octopussy en sort vainqueur avec 67 900 000 $ contre 55 400 000 $ pour son homologue. En tout état de cause, et selon mon jugement de valeur, il s'agit de 2 excellents métrages n'ayant surement point à rougir des plus belles réussites de Bond (n'en déplaise à ces détracteurs qui ne jurent que par le roc Connery à l'époque de leur brève rivalité commerciale).
Par conséquent, à la revoyure de ce Jamais plus Jamais (là aussi le titre fripon joue sur l'humeur versatile de son acteur emblématique), ce qui frappe d'emblée émane de son aspect artisanal à daigner narrer une histoire constructive auprès de personnages formidablement bien traités qu'Irvin Kershner prend son temps à nous caractériser (certains pourraient d'ailleurs reprocher une 1ère partie laborieuse, ce que personnellement je conteste sans soupçon d'hésitation). D'où l'intérêt majeur de ce spectacle scrupuleusement attentionné à nous attacher à ces personnages hauts en couleur. Que ce soit Barbara Carrera en criminelle sarcastique à la limite de la psychopathie, étonnamment à l'aise à travers son jeu un brin hystérisé. Du méchant mégalo qu'endosse avec une mine sobrement fringante l'allemand Klaus Maria Brandauer dans une posture spontanée de séducteur insidieux et lestement gouailleur (notamment lorsqu'il perpétue une bataille navale électronique si j'ose dire avec son rival 007). Quant à Kim Basinger, quel plaisir de la retrouver ici en jeune victime fragile comptant sur la virilité infaillible de Sean Connery pour se prémunir des menaces qui pèsent davantage sur ses épaules depuis que Bond parvint à infiltrer le fief de Largo (l'amant de celle-ci qui est d'ailleurs responsable de la mort de son frère exécuté par la diablesse Domino - Barbara Carrera divine de machiavélisme j'vous dit - !). Quant à l'illustre classe impassible de Sean Connery, à la fois sobre mais aussi détendu par ses instants de cocasserie impromptus, il nous laisse une dernière prestation solide en agent secret strié poursuivant ses adversaires avec une forme assez convaincante (même si parfois il est évidemment doublé, telle la poursuite effectuée en moto à travers étroites ruelles) à défaut de nous bluffer, physiquement parlant.
Episode officieux mal aimé ou oublié, c'est selon, Jamais plus Jamais dégage un charme indéfectible à travers la solidité de sa mise en scène artisanale principalement soumise au charisme de ses interprètes communément irréprochables. Et ce avant de nous titiller des émotions plus fortes parmi quelques scènes d'action jamais gratuites (d'où leur discrétion imposée, surtout lors de la 1ère heure) que Kershner dissémine sans s'embarrasser de prétention (lui l'auteur du monumentalement épique Empire contre-attaque !). A revoir donc pour tous les amoureux de divertissement policier où sensualité érotique et virilité héroïque font bon ménage sous la houlette d'un habile faiseur d'images exotiques.
*Bruno
mercredi 10 août 2022
James Bond contre Dr No / Dr No. Golden Globes 1964 : révélation féminine de l'année pour Ursula Andress
Sortie salles France: 27 Janvier 1963. Angleterre: 10 Octobre 1962. U.S: 8 Mai 1963
FILMOGRAPHIE: Terence Young est un scénariste et réalisateur britannique, né le 20 juin 1915 à Shanghai, Chine, décédé le 7 septembre 1994 à Cannes d'une crise cardiaque.1946 : La gloire est à eux. 1948 : L'Étrange Rendez-vous. 1948 : One Night with You. 1949 : Les Ennemis amoureux. 1950 : Trois des chars d'assaut. 1951 : La Vallée des aigles. 1952 : The Tall Headlines. 1953 : Les Bérets rouges. 1955 : La Princesse d'Eboli. 1955 : Les Quatre Plumes blanches. 1956 : Safari. 1956 : Zarak le valeureux. 1957 : Au bord du volcan. 1958 : La Brigade des bérets noirs. 1959 : Serious Charge. 1960 : La Blonde et les nus de Soho. 1961 : 1-2-3-4 ou les Collants noirs. 1961 : Les Horaces et les Curiaces. 1962 : James Bond 007 contre Dr No. 1963 : Bons Baisers de Russie. 1965 : Les Aventures amoureuses de Moll Flanders. 1965 : Guerre secrète. 1965 : Opération Tonnerre. 1966 : Opération Opium. 1967 : Peyrol le boucanier. 1967 : La Fantastique Histoire vraie d'Eddie Chapman. 1967 : Seule dans la nuit. 1968 : Mayerling. 1969 : L'Arbre de Noël. 1970 : De la part des copains. 1971 : Soleil rouge. 1972 : Cosa Nostra. 1974 : Les Amazones. 1974 : L'Homme du clan. 1977 : Woo fook. 1979 : Liés par le sang. 1981 : Inchon. 1983 : La Taupe. 1988 : Marathon.
*Bruno
mardi 9 août 2022
Elvis
lundi 8 août 2022
Chewing-gum Rallye / The Gumball Rally
vendredi 5 août 2022
Prey
jeudi 4 août 2022
Gremlins 2 / Gremlins 2: The New Batch
de Joe Dante. 1990. U.S.A. 1h46. Avec Zach Galligan, Phoebe Cates, John Glover, Robert Prosky, Robert Picardo, Christopher Lee, Haviland Morris, Dick Miller.
Sortie salles France: 22 Août 1990. U.S: 15 Juin 1990
FILMOGRAPHIE: Joe Dante (né le 28 novembre 1946 à Middletown, New Jersey) est un critique, scénariste, monteur, producteur et réalisateur américain. Son plus grand succès populaire est, à ce jour, Gremlins (1984). 1966-1975 : The Movie Orgy 1976 : Hollywood Boulevard, co-réalisé avec Allan Arkush 1978: Piranhas,1981 : Hurlements (The Howling) 1983 : La Quatrième Dimension (Twiling Zone the Movie), troisième épisode, Its a Good Life 1984 : Gremlins 1985 : Explorers 1987 : Cheeseburger film sandwich (Amazon Women on the Moon), 5 sketches 1987 : L'Aventure intérieure, 1989 : Les Banlieusards (The 'burbs) 1990 : Gremlins 2, la nouvelle génération (Gremlins 2 The New Batch) 1993 : Panic sur Florida Beach (Matinee) 1998 : Small Soldiers 2003 : Les Looney Tunes passent à l'action (Looney Tunes : Back in Action) 2006 : Trapped Ashes , premier segment,Wraparound. 2009: The Hole.
Séquelle de tous les excès boudée dès sa sortie par le public (même si en France il cumule tout de même 2 391 391 entrées) et pas vraiment bien accueillie par la critique si je ne m'abuse, Gremlins 2 est un drôle d'objet filmique que tout le monde, ou presque, considère aujourd'hui comme véritablement réussie, pour ne pas dire cultissime. Et bien que personnellement j'ai toujours émis des réserves sur cette suite hystérico-folingue nantie d'un indicible climat à la fois contestataire, satirique et belliqueux, il m'aura fallu un 4è visionnage pour me convaincre de l'apprécier à sa juste valeur. Et ce même si je garde toutefois une préférence pour le 1er opus à travers son alliage idoine d'humour, de tendresse, de féérie et d'épouvante que Spielberg et Dante ont parfaitement su équilibrer afin de rassembler le grand public. Plus insolent, plus fou, plus dégénéré, plus grotesque et même plus inquiétant auprès de son inventivité parfois imprévisible et de son message politique (Trump est ici caricaturé par l'antagoniste Daniel Clamp), Gremlins 2 dégage un sentiment (amer) de défouloir caustique lorsque Joe Dante cible finalement du doigt une multinationale adepte des technologies ultra modernes au sein d'un building High-tech considérant ses employés comme des esclaves soumis.
mardi 2 août 2022
La Horse
Sortie salles France: 22 Février 1970
FILMOGRAPHIE: Pierre Granier-Deferre, né le 22 juillet 1927 dans le 9e arrondissement de Paris, ville où il est mort le 16 novembre 2007 dans le 16e arrondissement, est un réalisateur français.1961 : Le Petit Garçon de l'ascenseur. 1962 : Les Aventures de Salavin (sous-titré Confession de minuit). 1965 : La Métamorphose des cloportes. 1965 : Paris au mois d'août. 1965 : Histoires d'hommes TV. 1967 : Le Grand Dadais. 1970 : La Horse. 1971 : Le Chat. 1971 : La Veuve Couderc. 1973 : Le Fils. 1973 : Le Train. 1974 : La Race des seigneurs. 1975 : La Cage. 1975 : Adieu poulet. 1976 : Une femme à sa fenêtre. 1979 : Le Toubib. 1981 : Une étrange affaire. 1982 : L'Étoile du Nord. 1983 : L'Ami de Vincent. 1985 : L'Homme aux yeux d'argent. 1986 : Cours privé. 1987 : Noyade interdite. 1988 : La Couleur du vent. 1990 : L'Autrichienne. 1992 : La Voix. 1993 : Archipel. 1995 : Le Petit Garçon.
Flingué par la critique de l'époque (ce qui n'est guère surprenant) mais applaudi par le public français, La Horse ("l'héroïne" en terme argot) s'empare du film d'auto-défense sous la mainmise du solide artisan Pierre Granier-Deferre (le Chat, Adieu Poulet, l'Etoile du Nord, le Train). L'illustre Jean Gabin se fondant dans le corps d'un patriarche réac contraint d'arborer son fusil de chasse auprès de trafiquants de drogue zélés auquel y est mêlé son petit fils Henri. Délibéré à le protéger de la prison et de la mort par ces rivaux vénaux, Auguste Maroilleur défendra bec et ongle toute sa famille quitte à sombrer dans le criminalité parmi la complicité de certains des membres familiaux. Et ce qui semblait à la base un pitch éculé surfant sur le sous-genre du Vigilante Movie devient sous la houlette de Deferre un excellent divertissement autonome, inventif, inquiétant, anticonformiste de par son absence de moralité régie autour de cette famille paysanne en étroite concertation. Ainsi donc, le réalisateur parvient louablement à ne pas sombrer dans les clichés triviaux du film d'auto-défense que l'on connait par coeur. Au contraire, il parvient à se démarquer de ses concurrents de par l'adresse de sa mise en scène faisant vivre ses protagonistes ruraux sous l'égide du renfrogné Gabin motivé par sa droiture d'une hiérarchie familiale auquel il laisse s'exprimer ses réparties tranchées.
La densité de la mise en scène accordant notamment une grande attention aux décors domestiques et naturels afin de nous immerger dans cette scénographie rustique où les animaux y paieront parfois un lourd tribut. A cet égard, et pour rassurer les fervents défenseurs de la cause animale (dont je fais parti), l'incroyable traque mortelle contre les vaches n'est aucunement un snuf selon les allégations de Jean Gabin de par l'habileté du montage au réalisme saisissant pour nous faire croire à l'impensable. Même si personnellement je trouve que la séquence assez pénible par sa répétition brutale s'attarde un peu trop dans la temporalité à pourchasser les vaches sans relâche (anesthésiées aux médocs donc par des vétos ou préalablement mortes en dehors du tournage). On peut donc parler de films d'acteurs (entourés d'attachants seconds-rôles) solidement investis dans cette vendetta paysanne que Jean Gabin monopolise avec son bagout proverbial qu'on lui connait. Qui plus est, et il est primordial à mon sens de le souligner, la musique composée par Gainsbourg et Michel Colombier renforce cette aura singulière pour rendre compte de l'hostilité de son atmosphère feutrée instaurée en crescendo dès que les vaches trépassent de la manière la plus vile et sournoise.
La Horse demeure donc du cinéma à l'ancienne comme on n'en fait hélas plus depuis fort longtemps. Ou plus objectivement un moment de cinéma artisanal assez excitant, étonnamment baroque même dans la paysage français, et passionnant à traiter du thème d'auto-défense au sein d'une hiérarchie paysanne à la complicité contagieuse. Et ce tout en prônant, selon la doctrine du patriarche castrateur, des valeurs conservatrices issues de son époque révolue qu'il chérit tant. Solidement mis en scène parmi l'intelligence de l'auteur à ne jamais sombrer dans la surenchère et la facilité routinière, La Horse est un spectacle anticonformiste saturé de l'audace d'une conclusion déroutante qui plus est tourné subtilement en dérision.
*Bruno
Ci-joint l'interview de Jean Gabin rassurant les spectateurs de ne pas avoir sacrifié les vaches au moment du tournage.
Virgin Suicides. Caméra d'Or, Cannes 2000
Sortie salles France: 27 Septembre 2000. U.S: 19 Mai 1999
FILMOGRAPHIE: Sofia Coppola née le 14 mai 1971 à New York, est une réalisatrice, actrice, productrice et scénariste américaine. 1999 : Virgin Suicides. 2003 : Lost in Translation. 2006 : Marie-Antoinette. 2010 : Somewhere. 2013 : The Bling Ring. 2017 : Les Proies (The Beguiled). 2020 : On the Rocks.
Aujourd'hui considéré à juste titre comme un classique, la 1ère réalisation de Sofia Coppola est probablement (et selon moi) sa plus belle réussite. Tout du moins son oeuvre la plus envoûtante, spécialement sensuelle et gracile. Un coup de maître où l'émotion, contradictoire (drame / humour /tendresse), nous ébranle le coeur sans crier gare. Et ce même si le prologue nous eu averti du dénouement mortuaire de ses adolescentes que Sofia Coppola filme comme de véritables déesses sortis d'un Eden en dépit de l'ombre de leur évolution morale davantage pessimiste. Un parti-pris réaliste sans concession mais jamais complaisant et d'autant plus audacieux que l'humour s'y invite fréquemment pour renforcer l'insouciance du passage de l'adolescence partagée entre maladresse, orgueil, audace et trahison dans leur désir de plaire et de convaincre. Inconsciemment inspirée par la mort de son frère Gio Coppola lors d'un tragique accident de voiture à l'âge de 15 ans, Sofia Coppola traite ici du deuil, de la perte de l'innocence et de la quête identitaire à travers le portrait fragile de ces 5 soeurs gouvernées par une mère bigote et un père taiseux (dans une posture hiératique placide peu à peu effacée, James Woods / Kathleen Turner insufflent à merveille une expressivité à la fois intransigeante, désabusée, pour ne pas dire aseptisée). On peut donc évoquer la famille dysfonctionnelle de par le profil castrateur de ses parents conservateurs se pliant aux règles de Dieu afin d'élever leur famille dans un amour catholique (ici) terriblement infructueux.
Baignant paradoxalement dans un climat langoureux chargé d'une poésie éminemment lascive à filmer ses ados juvéniles en robe de soie (quelle notion de pureté avec leurs cheveux d'or !), Virgin Suicides nous ensorcelle irrémédiablement la vue à travers le charme de ses filles candides apprenant au fil du récit leur condition soumise après avoir bravé leur doctrine familiale. Ses premiers flirts, ses premiers baisers, ses premières étreintes puis finalement les déceptions qui en découlent Sofia Coppola les filment avec une attention avisée afin de susciter une émotion virginale à la fois nostalgique, poignante et pétrie de tendresse que le spectateur se remémore lors de ses réminiscences amoureuses. Kirsten Dunst transperçant l'écran de sa beauté ténue et son regard fondant avec une grâce vertigineuse. Si bien qu'à mes yeux il s'agit de son rôle mélancolique le plus luminescent eu égard de l'objet de fantasme qu'elle nous renvoie. Tant auprès des jeunes ados du récit littéralement transis d'émoi que du spectateur hypnotisé par son aura charnelle subtilement badine, tranquille mais aussi docile et timorée avant de changer de peau. Par conséquent, au gré du drame social qui s'esquisse sous nos yeux contemplatifs avec un réalisme à la lisière de l'étrangeté et du mystère (en mode éthéré !), rarement de jeunes filles n'auront été sublimées à l'écran avec une grâce aussi sensorielle, pour ne pas dire ésotérique, depuis le chef-d'oeuvre Picnic à Hanging Rock. Alors que le score composé par le groupe AIR magnétise la pellicule auprès de mélodies capiteuses à la fois feutrées et gratifiante afin de renforcer son atmosphère ouateuse qu'on ne souhaiterait jamais quitter en dépit de la dramaturgie escarpée de sa conclusion funeste que l'on considère comme un gâchis inconsolable. La faute incombant à cette intolérance parentale, cette absence totale de communication au sein du foyer éducatif et protecteur afin d'élever l'adolescence vers des horizons fructueuses équilibrées et matures.
Divinement réalisé avec un art consommé de la perfection (il y a des plans serrés incroyablement géométriques sur le sobre visage de Kirsten Dunst afin d'y imprimer sans ambages ses émotions introverties plus vraies que nature) et porté par le talent de jeunes comédiens et comédiennes d'un naturel trouble, lascif ou gentiment décomplexé (je songe particulièrement aux garçons et à la présence saillante de Josh Hartnett), Virgin Suicides traite du malaise adolescent, de la tare de l'isolement et du désir d'amour du point de vue précaire d'une voix féministe en voie de rébellion mais optant le sacrifice sous l'étendard de leur hiérarchie parentale. Un portrait inoubliable qui charme, trouble, enivre, magnétise, émeut sans une once de prétention arty.