vendredi 26 août 2016

Le Syndrome de Stendhal / La Sindrome di Stendhal

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Dario Argento. 1996. Italie. 1h59. Avec Asia Argento, Thomas Kretschmann, Marco Leonardi, Luigi Diberti, Paolo Bonacelli, Julien Lambroschini, John Quentin.

Sortie salles Italie: 26 Janvier 1996. Sortie DTV France: 13 Décembre 1999

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


Film à part dans la carrière de Dario Argento si bien qu'il aborde le drame psychologique dans le cadre  du psycho-killer sanguinolent, le Syndrome de Stendhal risque de déconcerter une partie du public néophyte peu habituée aux oeuvres auteurisantes parfois expérimentales, alors que les initiés se délecteront à nouveau de la maestria inspirée du maestro sans toutefois crier au chef-d'oeuvre ultime. Mais ne boudons pas notre plaisir lorsque nous avions affaire à du vrai cinoche horrifique à la fois ludique, envoûtant, intelligent, sulfureux, poétique, macabre. 

Le PitchAnna, jeune policière, souffre du Syndrome de Stendhal après avoir été subjuguée par la beauté d'un tableau. Enquêtant sur une série de viols et d'homicides particulièrement sanglants, elle finit par rencontrer le tueur après avoir été séquestrée et violée par ce dernier. Traumatisée par son agression, elle consulte un psychiatre afin de réprimer ses angoisses et par la même occasion tenter de guérir sa pathologie psychosomatique. Mais le tueur aux aguets n'en n'a pas fini avec elle. 


Nanti d'un rythme languissant pour autant captivant et parfois même envoûtant, Le Syndrome de Stendhal repose sur un climat d'angoisse trouble et d'inquiétude au sein d'un jeu machiavélique du chat et de la souris. De telle manière que le spectateur se laisse emporter par cette introspection schizophrène avec une attention irrépressible. Illuminé de la vénéneuse présence d'Asia Argento (peut-être son plus beau rôle), l'actrice porte le film sur ses épaules dans sa fonction policière d'ange déchue, afin de pallier  aussi le jeu timoré de quelques seconds-rôles (les amants d'Anna) toutefois non dénués de charme bisseux à travers leur attachante maladresse. Or, cette direction d'acteurs qu'Argento manipule  un peu maladroitement (à l'instar de son homologue Fulci) renforce le climat feutré où séduction/répulsion, doute et appréhension ne cessent de se contredire. Car abordant les thèmes du trauma, de l'obsession et du dédoublement de personnalité dans une démarche picturale baroque, Dario Argento dynamise les codes du thriller avec une autonomie plus singulière qu'au préalable (si on écarte l'audacieux et - aujourd'hui - mésestimé Trauma). Si bien que la mise en scène appliquée doit beaucoup de son magnétisme au gré d'une intrigue cérébrale privilégiant les névroses sexuelles d'une héroïne en perdition morale. Empruntant quelques petites influences à Psychose d'Hitchcock et au cinéma de De Palma  (notamment Pulsions), les rapports intimes et obsessionnels qu'entretiennent victime et tueur (leur fascination pour l'art) suscitent une ambiance érotico-morbide aussi dérangeante que fascinante (notamment parmi des excès de violence incisive). Et ce avant de mettre en exergue un cas pathologique en étroit rapport avec son vertige des sens et son hyper sensibilité à ce confondre dans l'illusion.


S'il n'est pas le chef-d'oeuvre escompté comme chaque nouveau projet amorcé par le maître (surtout lors des années 90 avant qu'il ne décline en perdition), Le Syndrome de Stendhal ne laisse jamais indifférent pour nous confier au final quelques séquelles psychologiques sachant qu'après la projo on se surprend de rester hanté par cette étreinte torturée avec le Mal. Argento l'illustrant crument au travers d'une hantise spectrale, d'une contagion morale, d'un cancer incurable que le thème lancinant de Morricone diabolise avec une certaine fragilité sensuelle. A (re)découvrir.


*Bruno. 
09.01.24. 3èx. Vistf 5.1.

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