mardi 14 juin 2011

La Main du Cauchemar / The Hand

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinedweller.com

de Oliver Stone. 1981. U.S.A. 1h48. Avec Michael Caine, Andrea Marcovicci, Bruce McGill, Annie McEnroe, Viveca Lindfors.

Sortie en salles U.S. le 24 Avril 1981.

FILMOGRAPHIE: Oliver Stone (William Oliver Stone) est un réalisateur, scénariste et producteur américain né  le 15 septembre 1946 à New-York. 1974: La Reine du Mal, 1981: La Main du Cauchemar, 1986: Salvador, Platoon, 1987: Wall Street, 1988: Talk Radio, 1989: Né un 4 Juillet, 1991: Les Doors, 1991: JFK, 1993: Entre ciel et Terre, 1994: Tueurs Nés, 1995: Nixon, 1997: U-turn, 1999: l'Enfer du Dimanche, 2003: Comandante (Doc), 2003: Persona non grata, 2004: Looking for Fidel (télé-film), 2004: Alexandre, 2006: World Trade Center, 2008: W.: l'Impossible Président, 2009: Soul of the Border, 2010: Wall Street: l'argent ne dort jamais.

                                        

"Schizophrénie au bout des doigts".
Sept ans après son curieux premier essai horrifique, Seizure, le néophyte Oliver Stone réalise et co-scénarise La Main du Cauchemar, d’après un roman de Marc Brandell — auteur influencé par Les Mains d’Orlac de Maurice Renard (1921). Cette série B méconnue, version modernisée de La Bête aux cinq doigts de Robert Florey (1946), était initialement prévue pour Jon Voight en second rôle, aux côtés de Christopher Walken, finalement remplacé par un Michael Caine habité d’une vigueur schizophrénique. À la suite d’un terrible accident de voiture, le dessinateur Jonathan Lansdale se voit amputé de la main droite, arrachée par la remorque d’un camion. Égarée dans les herbes hautes, la main reste introuvable. Depuis, Jonathan est obsédé par sa disparition inexpliquée. Une relation conjugale conflictuelle le pousse à s’exiler quelques semaines dans une demeure isolée à San Francisco. Peu à peu, il est en proie à de récurrentes amnésies — sa conscience vacille, s'effiloche, jusqu'à se pervertir vers la schizophrénie.

                                    

Sorti à l’époque des vidéoclubs des années 80, dans la catégorie « inédits vidéo » de Warner Home Vidéo, La Main du Cauchemar constitue une excellente série B, sortant du lot des productions horrifiques alors calibrées pour effrayer un public juvénile sans trop d’ambition. Le film débute frontalement avec le point d’orgue d’une séquence gore percutante, orchestrée avec un montage tendu. Ce moment clé, spectaculaire, impressionne par son réalisme et les effets saisissants du grand Carlo Rambaldi. Passé ce choc traumatique, Oliver Stone adopte la tempérance, distillant l’inquiétude sous l’impulsion d’un suspense latent. Après une demi-heure plus classique, et une fois que le héros s’est accoutré d’une prothèse métallique, l’intrigue s’épaissit : Jonathan, séparé de sa famille, s’installe à la campagne. Là, dans un établissement universitaire spécialisé dans le dessin, il décroche un poste d’enseignant et croise la route d’une élève séduisante, dévergondée, presque fatale. Rongé d’hallucinations, accablé d’amnésies, déchu de ses fonctions de dessinateur, il sombre peu à peu dans une folie schizophrène irréversible. Jaloux, consumé par l’infidélité d’une épouse lasse, hanté par l’impossibilité de retrouver sa main, il dérive vers une rage meurtrière incontrôlable.

Avec sa main spectrale et pernicieuse qui rampe dans les recoins pour frapper ses proies, La Main du Cauchemar matérialise les visions délirantes d’un esprit dévoré par sa propre psychose. Pour donner chair à ce cauchemar, Oliver Stone se concentre sur la psyché d’un dessinateur incapable de discerner rêve et réalité, fantasmagorie et vérité nue. Grâce à la prestance sardonique de Michael Caine, bouleversant dans le rôle d’un homme aux prises avec des visions macabres, le film intrigue, captive, sans jamais sombrer dans la facilité ou l’outrance gore. Tour à tour irascible, ombrageux, haineux, violent, mais aussi anémique, fragile (dans ses liens distendus avec sa fille), charmeur ou compatissant (dans sa liaison trouble avec une étudiante déboussolée), il impose une inquiétante fascination, comme irradié par une palette d’émotions diaphanes. Et même, dans une moindre mesure, une empathie étrange s’éveille pour cette victime psychotique vouée à une haine qu’elle ne maîtrise plus.                             

                                     

Commencé dans un rythme langoureux, porté par une mise en place sobre, La Main du Cauchemar parvient à tirer son épingle du jeu avec un dosage subtil d’angoisse diffuse, de tension tapie et de suspense rampant. Entièrement posé sur les épaules d’un immense acteur habité par son personnage bicéphale, cette perle sombre menée avec savoir-faire rend honneur au genre horrifique, et peut sans rougir figurer parmi les meilleures séries B (oubliées) des années 80.

*Bruno
14.06.11.   4.
 

2 commentaires:

  1. Micheal caine + Oliver Stone +1981 +la bande annonce et te critique ,
    tu m'as mis en appétit là....je repasserai dés que je l'aurai vu.

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  2. En espérant qu'il te plaira cher ami !

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