Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Juan Carlos Fresnadillo. 2011. U.S.A/Espagne/Angleterre. 1h40. Avec Clive Owen, Carice Van Houten, Daniel Brühl, Kerry Fox, Ella Purnell, Mark Wingett, Lolita Chakrabarti, Imogen Gray, Ella Hunt, Izan Corchero, Matthew Hodkin.
Sortie salles France le 11 Janvier 2012. U.S.A: 30 Mars 2012
FILMOGRAPHIE: Juan Carlos Fresnadillo est un réalisateur espagnol né le 5 décembre 1967 à Tenerife. 2001: Intacto. 2007: 28 Semaines plus tard. 2011: Intruders
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Après l'excellent Intacto (multi récompensé dans son pays ibérique) et l'apocalyptique 28 Semaines plus tard, l'espagnol Juan Carlos Fresnadillo s'attira les foudres des critiques défaitistes avec son troisième long-métrage, Intruders. Pourtant, ce bon suspense horrifique joue lestement avec les attentes du spectateur dans son alliage d'angoisse diffuse et de dramaturgie modérée. Le pitch: Deux enfants que tout sépare dans leur pays distinct sont la proie d'un cauchemar récurrent devenu réalité ! Un mystérieux individu éludé de faciès persécute dans leur propre réalité leurs terreurs enfantines. L'un des pères de l'enfant, témoin de l'apparition hostile, va tenter d'appréhender le monstre sans visage, alors que la mère envisage le soutien de l'église catholique. A la vue de sa trame onirique établissant un rapport viscéral entre la victime sujette à fantasmer sur papier un oppresseur maléfique dans sa psyché névrosée, certains spectateurs pourront se remémorer le sympathique Lectures Diaboliques de Tibor Takacs. Ainsi, deux enfants de famille distincte, un garçon espagnol, Juan, et une fille anglaise, Mia, décrivent leur terreur enfantine dans un journal personnel. Confinés dans leur chambre, ils imaginent à l'écrit un sombre individu sans visage perpétrant des méfaits toujours plus pernicieux à leur égard. Cette peur intrinsèque communément établie entre les deux enfants s'avère si cinglante et terrifiante que le monstre tapi dans leur fantasme va véritablement s'extraire de leur névrose pour apparaître dans la propre réalité afin de les molester et les entraîner vers un "no mans land". Mais un soir, le père de Mia est subitement témoin de cette apparition funèbre sévèrement hostile. De son côté, la mère de Juan est également convaincue de cette présence perfide terriblement inquiétante avant de céder à la panique et réfuter l'improbable. De par ce script prometteur jalonné de séquences anxiogènes soigneusement crédibles, Intruders attise la curiosité, entretient le mystère lattent et expose des faits surnaturels de prime abord décousu.
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D'autant plus que le parallèle psychologique établi entre les enfants molestés et les parents déconcertés ne cesse de se télescoper pour mieux entretenir le doute chez le spectateur perplexe. De par son ambiance crépusculaire confinée dans le foyer rassurant d'une chambre tamisée, le réalisateur Juan Carlos Fresnadillo nous remémore nos terreurs les plus obscures avec le fameux monstre blotti dans notre placard. Avec une efficience probante et la conviction mesurée de comédiens au réactions censées (Clive Owen, parfait de maturité empathique en père débonnaire), ce cauchemar onirique envoûte le spectateur embarqué dans une énigme au suspense grandissant. La force du récit résultant du tourment psychologique invoqué aux enfants, tributaires de leur cauchemar inhérent puis de l'impuissance des parents, incapables de tolérer de prime abord une situation irrationnelle (tout du moins chez les mères des 2 enfants). D'ailleurs, le fil narratif compromettra à un moment crucial l'un des membres parentaux lors d'une thématique psychanalytique afin de tenter de justifier une agression imbitable commise envers l'un des enfants. Alors que Susanna, catholique invétérée, sollicite la consultation d'un prêtre confirmé pour sauver son fils de ses terreurs nocturnes, John fait appel au forces de l'ordre et équipe simultanément son foyer familial d'alarme et de vidéo surveillance pour anticiper un éventuel nouvel affront. Spoil ! Si bien que le rapport conflictuel entretenu avec sa femme dubitative amène donc celle-ci à consulter d'éminents psychologues pour contredire son mari qu'il s'agit d'une hallucination collective (une folie à deux de par les liens très affectueux que se partagent le père et sa fille). Fin du Spoil. Ce sentiment d'impuissance, l'amour paternel éprouvé par le père démuni, les deux enfants asservis par une entité impassible, nourrissent l'intrigue sous l'impulsion d'un humanisme chétif teinté de désespoir. Et si le final un brin bâclé peut paraître orthodoxe, Intruders emporte néanmoins l'adhésion grâce à la sobriété de sa mise en scène et au jeu des acteurs sans fard. Pour parachever, le réalisateur fait finalement appel à une réflexion sur la maîtrise de soi, faute de notre conscience bafouée par l'affres afin de canaliser nos émotions les plus perturbantes.
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Angoissant, inquiétant et interprété avec une densité fragile (notamment pour la prestance des gamins épatants de vulnérabilité dépouillée), Intruders demeure un bon suspense horrifique au rythme sans faille. Métaphore sur la peur indissociable de nos névroses les plus sombres, ce conte contemporain peut également se concevoir en exorcisme afin de se libérer de nos terreurs les plus répréhensibles.
*Bruno
14.02.20
03.04.12. 261 v
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