lundi 17 février 2020

Slice

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Cheun" de Kongkiat Khomsiri. 2009. 1h40. Avec  Arak Amornsupasiri, Sonthaya Chitmanee, Jessica Pasaphan

Sortie salles Thaïlande: 22 Octobre 2009

FILMOGRAPHIE: Kongkiat Khomsiri est un réalisateur et scénariste thaïlandais. 2018: Khun Phaen Begins. 2016 Khun Phan. 2016/III Take Me Home. 2012 Antapal. 2011 Lud 4 lud. 2009 Slice. 2008 Long khong 2. 2007 Boxers. 2005 Long khong. 2003 Khunsuk (co-director - as Gonggiat Komsiri).


Inédit en salles chez nous, Slice est une production thaïlandaise hybride dans son mélange des genres. Romance, thriller, horreur et drame se chevauchant efficacement au fil d'une trajectoire narrative davantage escarpée eu égard de son rebondissement de dernier acte aussi traumatisant que bouleversant. L'intrigue décrivant, sous une photo surexposée, les exactions barbares d'un mystérieux tueur en série entièrement vêtu de rouge que le taulard Taï tentera de coincer dans un délai furtif de 15 jours. Auquel cas il retrouvera sa liberté après avoir purgé sa peine pour bavure policière. Au-delà des nombreuses scènes-chocs qui interfèrent durant le récit imprévisible, Kongkiat Khomsiri alterne, via le flash-back, avec la relation amicale du flic et du tueur lors de leur enfance marginale. Sorte de Stand by me vitriolé à travers sa peinture rurale d'une bande d'ados rebelles batifolant dans les prairies en y brimant parfois le jeune Noi vulgairement taxé de tapette. Jouant sur l'ambiguïté de l'homosexualité refoulée de Tai que Noï tente d'apprivoiser par amour, Slice dérange en oscillant l'empathie pour le sort de ce dernier.


Car souffre-douleur d'un père abusif aviné et de camarades goguenards n'hésitant pas à le maltraiter sexuellement, celui-ci compte sur l'amitié naissante de son nouvel acolyte afin d'oublier son statut d'objet esseulé. Kongkiat Khomsiri invoquant une grande brutalité, tant auprès des scènes gores graphiques (parfois à la limite du soutenable) que le tueur perpétue en guise de vendetta que des sévices sexuels que Noi endure pour tenir compte d'assouvissement pervers. D'autant plus rigide et rugueux quant à la caractérisation morale de ce dernier en proie aux châtiments corporels et à une insupportable injustice, Slice n'est clairement pas une partie de plaisir à travers sa palette de sentiments contradictoires que le cinéaste s'amuse à manipuler en réfutant les conventions. Car autant psycho-killer à suspense qu'histoire d'amour vertigineuse, Slice y extrait un cocktail épicé d'oeuvre choc provocatrice sous l'impulsion d'une dramaturgie davantage prononcée. L'intensité psychologique émanant des rapports amicaux conflictuels entre Taï et Noi se rapprochant mutuellement au fil de leurs vicissitudes, et ce avant de se séparer lors d'un concours de circonstances à la fois précaires et sordides (la prostitution des mineurs).


Glauque, malsain, baroque et sordide, tant auprès de sa violence tranchée que des châtiments intentés sur l'ado torturé, Slice triture nos émotions à l'aide d'une vibrante humanité pour la romance insoluble entre deux amants martyrisés par leurs souvenirs d'enfance véreuse et putassière. Dénué d'espoir et de rédemption au gré d'une dramaturgie reptilienne, Slice traite donc des thèmes de la maltraitance, de l'homophobie et de l'exploitation sexuelle des mineurs avec un éprouvant réalisme cauchemardesque. Difficile d'en sortir indemne, en y versant lors d'une mélancolique étreinte de douloureuses larmes d'amertume. 

*Bruno

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