vendredi 28 mai 2021

Kalifornia

                                                 
                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Dominic Sena. 1993. U.S.A. 1h58. Avec Brad Pitt, Juliette Lewis, David Duchovny, Michelle Forbes, Sierra Pecheur, John Dullaghan, John Zarchen, David Rose.

Sortie salles France: 8 Septembre 1993 (Int - 16 ans). U.S: 3 Septembre 1993

FILMOGRAPHIEDominic Sena est un réalisateur américain, né le 26 Avril 1949 à Niles, Ohio.
1993: Kalifornia. 2000: 60 Secondes Chrono. 2001: Opération Espadon. 2009 : Whiteout. 2011 : Le Dernier des Templiers.


Thriller horrifique ayant frappé les esprits à l'orée des années 90 en dépit de son échec commercial international, Kalifornia demeure une troublante odyssée (in)humaine parmi les présences improvisées de David Duchovny / Michel Forbes et Brad Pitt / Juliette Lewis formant 2 couples totalement opposés dans leur statut social. J'oserai même avouer qu'il fait presque office d'ovni à la revoyure à travers la manière hybride dont Dominic Sena s'y emploie pour instiller terreur et fascination dans un alliage de maladresses, d'habileté et d'efficacité. Rien que le pitch, singulier, demeure aussi improbable qu'original ! Brian et Carrie ont décidé de sillonner diverses scènes de crime afin d'y compiler un bouquin sur les serial-killer ayant autrefois sévit en Californie. Sur leur chemin, et à la suite de leur annonce d'y recruter un couple en guise de compagnie, ils acceptent d'embarquer avec eux Early et Adèle. Deux amants décervelés issus de l'Amérique profonde vivants reclus dans leur caravane poussiéreuse au milieu de carcasses de voiture. Or, Early s'avère un authentique tueur en série aux pulsions incontrôlées ! Interdit chez nous aux moins de 16 ans de par sa violence rugueuse et de son atmosphère à la fois malsaine et dérangeante irriguant les pores de l'intrigue, Kalifornia a de quoi déconcerter le public peu habitué à fréquenter des péloches aussi licencieuses, qui plus est natives d'Hollywood ! Car si le métrage assez poisseux parvient 30 ans plus tard à préserver son aura malsaine perméable, il le doit prioritairement à sa distribution aussi perfectible que prodigieuse. 


David Duchovny
se fondant dans la peau du jeune étudiant respectable avec une expression délibérément terne de par sa maladresse d'embarquer un serial-killer sans se douter de sa véritable identité. L'acteur demeurant aussi convaincant que sciemment effacé à travers sa posture innocente peu à peu avilie par des actions primaires d'un goût douteux. Tant auprès de son témoignage voyeuriste que de son passage à l'action. Quand bien même Michelle Forbes se glisse dans la peau de sa maîtresse avec une autorité autrement affirmée dans sa lucidité d'observer scrupuleusement l'entourage marginal sombrant dans une complicité sordide. Son ambitieux partenaire s'adonnant au fil de leur virée champêtre à une déchéance morale à travers le mauvais esprit influençable d'Early dénué de complexe à perpétrer l'irréparable. Brad Pitt se taillant une carrure insidieuse de tueur sans vergogne de par sa défroque de plouc insalubre se vautrant dans une vulgarité morbide. Cassant sans ambages son image de bellâtre en crapule ignorante (même si à l'époque il n'était pas encore bankable), Brad Pitt demeure franchement impressionnant de bestialité tacite à travers son regard acrimonieux laissant toujours plus transparaitre des yeux viciés englués dans une médiocrité asociale. Enfin, on reste aussi épaté que contrairement touché par la performance de Juliette Lewis en femme enfant d'une candeur déficiente à y chérir son amant sans pouvoir distinguer les notions de Bien et de Mal. Un personnage infantile d'une fragilité teintée de détresse humaine au fil de son impuissance (et de son aveuglement) à témoigner de l'animosité de son compagnon aussi machiste qu'indomptable.  


Un objet d'étrangeté poisseuse qui ne laisse pas indifférent. 
Drôle de métrage donc que ce road movie dérangeant parfois nappé de plages envoûtantes à travers son score idoine magnifiant le sentiment d'abandon que véhiculent ses déserts arides. Parfois maladroit de par ses convenances (notamment ce final éculé par si répréhensible car finalement concis dans les affrontements criminels) ou déconcertant à travers la posture de seconds-rôles monolithiques renforçant pour autant un charme indicible qui ne laisse pas indifférent; Kalifornia laisse la sensation d'avoir assisté à un voyage au bout de l'enfer parmi ces couples de fortune impliqués dans une déchéance immorale que le spectateur endure, entre dégoût, perplexité et fascination. Quant à ses réflexions sur l'influence des armes, de la perversité du meurtre et des arcanes cérébrales du tueur dénué de scrupule, elle est théorisée selon la conscience morale de Early épris de culpabilité et de remord de s'être adonné au meurtre malgré lui. 

*Bruno
22.10.14. 93 v
28.05.21
4èx

RécompensesPrix FIPRESCI et meilleure contribution artistique au Festival des films du monde de Montréal, 1993.
Meilleur Scénario au Festival international du film de Thessalonique, 1993

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