lundi 24 mai 2021

Adieu les cons

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Albert Dupontel. 2020. France. 1h27. Avec Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Jackie Berroyer, Philippe Uchan, Bastien Ughetto.

Sortie salles France: 21 Octobre 2020 

FILMOGRAPHIE: Albert Dupontel (Philippe Guillaume) est un acteur, réalisateur, scénariste et humoriste français, né le 11 janvier 1964 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). 1992 - Désiré (court-métrage). 1996 - Bernie. 1999 - Le Créateur. 2006 - Enfermés dehors. 2009 - Le Vilain. 2013 - 9 mois ferme. 2017 - Au revoir là-haut. 2010: Adieu les Cons. 


Albert Dupontel / Virginie Elfira ouvrent leur coeur à ciel ouvert dans un bouleversant requiem à l'amour parental et conjugal. 
Comédie dramatique transplantée dans le cadre du mélo (alors que l'on était loin de s'y attendre de la part de son auteur), Albert Dupontel ouvre son coeur avec Adieu les cons à travers le périple investigateur d'une femme condamnée par la maladie faisant équipe avec un solitaire recherché par la police après son suicide raté. Ainsi, lors d'un commun accord, Jean-Baptiste Cuchas accepte d'aider Suze Trapet à retrouver son fils qu'elle n'a pas vu depuis sa naissance sous X. Celui-ci ayant été envoyé à la DASS par les parents de cette dernière alors qu'elle n'avait que 15 ans. Comédie décalée ponctué de moments cartoonesques à travers une galerie de marginaux en fuite, Adieu les Cons insuffle une surprenante intensité dramatique auprès de ses plages de tendresse que Virginie Efira transcende avec une expression craintive et démunie à fleur de peau. Absolument bouleversante, l'actrice ouvre littéralement son coeur face écran pour s'y tailler une fluette carrure de maman dépressive s'efforçant d'accomplir un ultime voeux en désespoir de cause. Lumineuse et vulnérable, de par son physique girond et surtout son regard humide hanté de chagrin, Virginie Efira aurait tant mérité un César pour sa prestation d'une justesse si imparable car l'émotion capiteuse qui se dégage d'Adieu les Cons est dû en grande partie à sa fragilité humaine. 


Un petit bout de femme pétrie de regret pour son involontaire démission parentale mais déterminée à accomplir un dernier acte de bravoure afin de bouleverser le destin de son fils. Et par la même occasion de nous livrer la meilleure séquence du film, la plus onirique, la plus tendre et insolite dans le cadre exigu d'une cage d'ascenseur. Quant à la mise en scène inventive, on sent bien que Dupontel voue un amour immodéré au 7è art à travers son imagination débordante d'y soigner l'image au gré d'une caméra fluide en constante recherche stylisée (notamment cet époustouflant traveling circulaire effectué autour d'un escalier en colimaçon). Quant à Albert, l'acteur, il demeure parfaitement à sa place en informaticien distrait, esseulé et réservé si bien que la société technologique qui l'entoure ne lui offre que peu de place à la compassion et l'écoute de l'autre. On peut d'ailleurs remarquer que le réalisateur étrille à diverses occasion notre carcan technologique que constituent internet et les smartphones auquel nous dépendions quotidiennement dans l'addiction. 


"Un geste comme le suicide se prépare dans le silence du coeur au même titre qu'une grande oeuvre."
Bien que le cheminement investigateur du duo improvisé ne demeure pas si passionnant que prévu (on peut même révéler 2/3 petites longueurs pas franchement répréhensibles), la tendresse immodérée qui se dégage du tempérament des acteurs cède place à de magnifiques moments d'émotions d'une intensité dramatique bouleversante. Comme le souligne cet audacieux final anti happy-end, splendide love story impossible au sein du monde des vivants, ou plutôt au sein du monde des Cons comme le révèle si bien le couple en berne uni dans une dévastatrice mélancolie. D'une tristesse infinie, même si toutefois rédemptrice, Adieu les Cons laisse donc un goût amère dans la bouche à travers le tableau dérisoire de notre société élitiste n'accordant que peu d'affection aux individus différents qui ne rentrent pas dans le moule de la convenance. Clairement l'oeuvre personnelle la plus émouvante de son auteur.  

*Bruno

Prix remportés aux Césars:
Meilleur film
Meilleure réalisation pour Albert Dupontel
Meilleur acteur dans un second rôle pour Nicolas Marié
Meilleur scénario original pour Albert Dupontel
Meilleure photographie pour Alexis Kavyrchine
Meilleurs décors pour Carlos Conti
César des Lycéens

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