mercredi 24 novembre 2021

187: Code Meurtre

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"One Eight Seven" de Kevin Reynolds. 1997. U.S.A. 1h59. Avec Samuel L. Jackson, Clifton Collins Jr., Kelly Rowan, John Heard, Tony Plana, Karina Arroyave.

Sortie salles France: 29 Avril 1998

FILMOGRAPHIE: Kevin Reynolds est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 17 Janvier 1952 à San Antonion, Texas. 1985: Une Bringue d'enfer. Histoires Fantastiques (Epis, vous avez intérêt à me croire). 1988: La Bête de Guerre. 1991: Robin des Bois, prince des voleurs. 1993: Rapa Nui. 1995: Waterworld. 1998: 187 Code Meurtre. 2002: La Vengeance de Monte Cristo. 2006: Tristan et Yseult.

Cri d'alarme nécrosé contre la violence scolaire du point de vue d'une délinquance criminelle sans éthique, 187 Code meurtre nous laisse un goût de souffre dans la bouche au fil du générique de fin. Kevin Reynolds retraçant avec une efficacité vénéneuse le calvaire moral, ou plutôt la résilience d'un enseignant déjà victime de tentative d'homicide sur lui 1 an plus tôt. Acceptant un poste de suppléant dans un lycée aussi difficile puisque soumis à la tyrannie de gangs, Trevor Garfield tente malgré tout d'enseigner ses cours avec une amertume hélas davantage plombante. Samuel L. Jackson portant le film à bout de bras dans sa fonction victimisée recluse sur lui même en dépit de l'amitié quelque peu sentimentale qu'il entame avec sa consoeur, Ellen Henry, elle aussi victime d'intimidation et de menaces au grand dam d'un quelconque appui solidaire du côté de ses pairs. 

Ainsi, à travers une ambiance peu à peu dépressive, malsaine et suicidaire, 187 Code Meurtre demeure insidieux, nihiliste, fétide de par son terrifiant discours sur l'impuissance du corps enseignant ne bénéficiant d'aucun soutien juridique, scolaire et judiciaire à travers un dialogue de sourds où chacun se renvoit la balle sans pouvoir faire preuve d'altruisme et de discernement. Or, c'est à partir de cette impasse insupportable que 187 Code meurtre bifurque peu à peu vers une idéologie réactionnaire lorsque Trevor décide subrepticement de se faire justice à force d'essuyer les menaces et provocations quotidiennes. Le climat inhospitalier demeurant franchement inquiétant, étouffant (environnement solaire à l'appui) et épeurant, notamment auprès du sort précaire de celui-ci ayant inévitablement généré de futurs règlements de compte à la fois criminels et suicidaires. Par conséquent, à travers un drame social assez captivant, ténébreux et parfois clippesque (traversé d'une BO rap envoûtante - très atmosphérique - alors qu'à la base je n'y suis absolument pas fan !), Kevin Reynolds n'y va pas avec le dos de la cuillère pour y dénoncer avec pessimisme et amertume la lassitude de ces enseignants  incapables de diriger leur cours en bonne et due forme, qui plus est discrédités par leur hiérarchie plus préoccupée par leur réputation et leur finance.  


Plus dure sera la chute.
A la fois dérangeant et malsain, poignant et révoltant, désenchanté et sentencieux, 187 Code Meurtre ne nous laisse pas indemne de nous avoir retracé avec force et réalisme parfois poisseux la dérive morale d'un enseignant perdant lentement pied avec sa propre éthique. Quand bien même nous apprenons au cours du générique final que le scénariste fut autrefois professeur dans le système public à Los Angeles. On ne peut plus tristement actuel, c'est donc un cri de désespoir dénué d'illusions que nous assène froidement Kevin Reynolds, notamment quant au devenir d'une jeunesse désoeuvrée abdiquée par leurs parents et la société, alors que quelques enseignants forcément soucieux de leur avenir tentaient de leur éveiller les valeurs de la pédagogie, de la dignité et du respect d'autrui.  

*Eric Binford
3èx

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