vendredi 12 novembre 2021

Jennifer 8

                                            
                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Bruce Robinson. 1992. U.S.A. 2h05. Avec Andy García, Lance Henriksen, Uma Thurman, Graham Beckel, Kathy Baker, Kevin Conway, John Malkovich.

Sortie salles France: 14 Avril 1993. U.S: 6 Novembre 1992

FILMOGRAPHIEBruce Robinson est un acteur, scénariste et réalisateur britannique, né le 2 mai 1946 à Broadstairs (Royaume-Uni). 1987 : Withnail et moi. 1989 : How to Get Ahead in Advertising. 1992 : Jennifer 8. 2011 : Rhum express.


Thriller à suspense de haute volée impeccablement mené par le méconnu Bruce Robinson, Jennifer 8 fait clairement parti du haut du panier du genre au sein de la décennie 90. Tant et si bien que 2h05 durant, celui-ci parvient à maintenir l'attention de par son récit ciselé conjuguant romance et thriller noir avec une efficacité dénuée de fioriture. L'excellent Andy Garcia (disparu des écrans depuis trop longtemps) endossant sans luxe le rôle d'un flic tourmenté au moment de tenter d'élucider une affaire crapuleuse après la découverte macabre d'une main sectionnée appartenant probablement à une aveugle. Sa piste l'entraînant à fréquenter Helena Robertson, également aveugle qui lui avoue que la main découverte dans une décharge appartiendrait sans doute à sa co-locataire Amber disparue il y a peu au gré de multiples indices. Avec l'aide de son acolyte Freddy Ross (Lance Henriksen inscrit dans une attention amiteuse aimablement friponne), John devient obsédé à l'idée d'alpaguer le tueur en série s'en prenant uniquement aux jeunes femmes aveugles. De par son intrigue particulièrement bien écrite prenant son temps à poser les bases d'une romance aussi prude que prochainement houleuse, Jennifer 8 nous attache à ses personnages où amour et amitié finiront par leur porter un lourd tribus. 


Car sans déflorer la vénéneuse intrigue redoutablement insidieuse, Jennifer 8 tisse lentement une toile d'araignée autour de l'unité de ses protagonistes aux valeurs humaines indéfectibles. Et si dans un 1er temps on se laisse facilement charmer par cette romance candide au sein du couple qu'Umma Thurman exprime naturellement en jeune aveugle ténue et quelque peu timorée, sa seconde partie autrement intense, hypnotique et passionnante s'affiche plus dense et subtile lorsque John finit par tomber dans les mailles d'un filet machiavélique lorsque le tueur parvient à le faire suspecter de meurtre auprès de ses collègues jouant la sourde oreille pour l'épauler. Fort d'un climat fétide davantage étouffant lors de l'interrogatoire cérébral entre John et l'agent St. Anne (endossé par un implacable John Malkovich en imprécateur trop affirmé) persuadé qu'il est coupable, Jennifer 8 se décline en affrontement tendu lorsque les deux individus ne cesseront de se contredire pour cet enjeu criminel où le tueur en liberté reste constamment invisible. Par conséquent, c'est d'ailleurs à ce moment propice que l'on saisit pourquoi le réalisateur eut tant attaché d'importance à la romance entre John et Helena afin que le tueur puisse exercer son pouvoir et son autorité sur eux avec une facilité infiniment sournoise. Quand bien même  au moment où l'étau se resserre auprès du sort de John, le dénouement s'ouvre à nous sans nous prévenir à l'aide d'un rebondissement redoutablement retors. 


Redoutablement charmant et envoûtant auprès de ses interprètes charismatiques à la complémentarité solidaire ou amoureuse jamais programmée, Jennifer 8 sait parfaitement doser ses ingrédients contradictoires sous l'impulsion d'un suspense anxiogène dominant la situation macabre avec une maîtrise technique et formelle constamment attrayante. Jennifer 8 possédant une force attractive incorrigible pour entraîner le spectateur dans une investigation morbide teintée de séquences oppressantes subtilement vertigineuses. Un grand thriller en somme déjà fort côté lors de sa sortie mais aujourd'hui toujours aussi enviable dans son adroite symbiose des genres.  
  

*Eric Binford
26.07.19
12.11.21. 3èx VO

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