Photo empruntée sur Google, appartenant au site bloody-disgusting.com
de David Robert Mitchell. 2014. U.S.A. 1h40. Avec Maika Monroe, Keir Gilchrist, Jake Weary, Olivia Luccardi, Daniel Zovatto.
Sortie salles France: 4 Février 2015. U.S: 27 Mars 2015
FILMOGRAPHIE: David Robert Mitchell est un réalisateur et scénariste américain.
2010: The Myth of the American Sleepover. 2014: It Follows.
"Révision d'un authentique coup de ❤ du psycho-killer ésotérique, pur film d'ambiance traversé de moments de flippe vertigineux. Désormais un classique (en glacis), l'un des meilleurs représentants depuis ces 30 dernières années."
Grand vainqueur de Gérardmer en 2015 (Grand Prix et Prix de la Critique !), It Follows est la seconde oeuvre (picturale) d'un réalisateur novice éperdument amoureux du genre. De par son goût pour l'esthétisme onirico-macabre qu'un format scope transfigure avec un sens stylisé du cadrage, pour sa musique métronomique tantôt lancinante, tantôt stridente, directement inspirée de Carpenter, Tim Krog, Fred Myrow et Malcolm Seagrave (Phantasm), et surtout pour son ambiance anxiogène palpable rappelant instinctivement les fleurons horrifiques des années 80. Car prenant à contre-pied les poncifs du psycho-killer lambda à travers la caricature des jeunes ados ici intelligents, censés, humains, fragiles, tendres et solidaires à contrario des gamins turbulents fumeurs de joints, et ses thèmes de la mort et de la sexualité, David Robert Mitchel parvient à renouveler le genre par le biais d'une entité maléfique que n'aurait pas renié Ulli Lommel ! Puisque remake à peine déguisé du très sympa Spectre / The Boogeyman, It Follows renvoie au même facteur surnaturel (l'entité démoniaque quasi invisible pourchassant sans relâche ses victimes !), à la même ambiance ésotérique et à la même musicalité que Tim Krog avait su souligner à l'aide d'une mélodie doucereuse. En l'occurrence, le réalisateur aborde donc les thématiques de la peur du Mal et de celle de la sexualité sous un angle ironique si bien que les ados sont contraints de copuler pour éviter de trépasser, l'entité pourchassant incessamment la dernière victime ayant oser commettre l'acte sexuel ! Métaphore sur les maladies vénériennes mais aussi l'émancipation sexuelle afin d'exorciser nos névroses (la peur de la maturité également !), parcours initiatique à l'équilibre amoureux, l'intrigue met en appui l'épreuve de force que relèveront communément un groupe d'acolytes de classe afin de repousser la menace sournoise.
Fort de cette présence irréelle redoutablement hostile car multipliant les nouvelles apparences corporelles, et la manière subjective dont David Robert Mitchel filme la tranquillité de sa bourgade ricaine démissionnée de ligue parentale, on songe inévitablement à Halloween auquel l'ombre de Michael Myers semble scruter les faits et gestes de chaque lycéenne. Nanti de gageure, le cinéaste essaie dès lors de jongler avec les sentiments d'angoisse et de terreur parmi l'efficacité des situations aléatoires de danger et un souci formel onirique (la beauté fantasmatique de la nature, sa faune et sa flore multipliant les paraboles sur la virginité et à la défloration). Et si les séquences de flippe s'avèrent discrètes, certaines d'entre elles parviennent véritablement à nous épeurer lorsque l'entité s'incarne sous une indicible apparence humaine afin d'harceler sa victime au moment inopportun ! Qui plus est, afin de rehausser l'horreur de la situation inédite, seule cette dernière (pénétrée par l'acte sexuel !) est apte à entrevoir la forme maléfique quand bien même ses camarades tentent vainement de la discerner pour essayer de l'alpaguer ! Angoissant de manière graduelle et constamment envoûtant à l'instar d'un good trip, It Follows privilégie aussi l'anxiété des ressorts dramatiques, de par l'attitude fragilisée de l'héroïne en quête de rédemption et de bravoure afin de trouver une issue de secours (et donc cibler un nouveau partenaire sexuel pour lui refourguer son fardeau), et la manière leste dont le cinéaste exploite la menace par le biais d'une mise en scène géométrique (chaque plan s'avérant extrêmement travaillé à travers sa facture stylisée). Sur ce dernier point, It Follows s'avère également une franche réussite technique de par sa capacité à transfigurer le genre afin de façonner l'ossature d'une ambiance interlope infiniment ensorcelante. Un authentique miracle j'vous dit, digne des plus beaux représentants des années 80, sorte de Stand By Me baignant dans un crépuscule macabro-érotisant.
A la fois angoissant, perturbant, terrifiant et tendre, fragile et romantique, It Follows renouvelle les codes parmi la sincérité d'un auteur éperdument amoureux des ambiances diffuses. Dominé par la présence juvénile de comédiens sobrement attachants dans leur fonction équilibrée d'ados en rébellion , et impulsé d'une BO capiteuse transcendant la forme d'une ambiance crépusculaire où l'insécurité prend du galon, ce psycho-killer déguisé parvient à exploiter la peur par le biais d'un pitch surnaturel, dérivatif pour la sexualité adolescente. Du cinéma d'horreur adulte donc comme on n'en voit plus depuis les années 80, authentique morceau d'ambiance funeste destiné lui aussi à trôner auprès des classiques du genre. Total respect Monsieur Mitchell.
*Eric Binford
18.05.15. 251 v
10.11.21. 2èx. VO
La Chronique de Spectre: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/11/spectre-boogeyman.html
Récompenses:
Prix de la Critique Internationale au Festival du cinéma Américain de Deauville, 2014
Grand Prix et Prix de la critique au Festival du film Fantastique de Gérardmer, 2015.
10.11.21. 2èx. VO
La Chronique de Spectre: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/11/spectre-boogeyman.html
Récompenses:
Prix de la Critique Internationale au Festival du cinéma Américain de Deauville, 2014
Grand Prix et Prix de la critique au Festival du film Fantastique de Gérardmer, 2015.
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