mardi 9 novembre 2021

Benedetta

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Paul Verhoeven. 2021. France/Hollande/Belgique. 2h11. Avec Virginie Efira, Elena Plonka, Charlotte Rampling, Daphné Patakia, Lambert Wilson, Olivier Rabourdin, Louise Chevillotte

Sortie salles France: 9 Juillet 2021 (Int - 12 ans)

FILMOGRAPHIE
: Paul Verhoeven est un réalisateur néerlandais, né le 18 Juillet 1938 à Amsterdam.
1971: Business is business. 1973: Turkish Delices. 1975: Keetje Tippel. 1977: Le Choix du Destin. 1980: Spetters. 1983: Le Quatrième Homme. 1985: La Chair et le Sang. 1987: Robocop. 1990: Total Recall. 1992: Basic Instinct. 1995: Showgirls. 1997: Starship Troopers. 2000: l'Homme sans Ombre. 2006: Black Book. 2016: Elle. 2021: Benedetta. 


"C'est fort, puissant, on en sort hanté, chamboulé, entre malaise et réconfort."
Attendu comme le messie après 5 ans d'absence derrière la caméra, Paul Verhoeven s'inspire cette fois-ci de l'histoire vraie de la nonne italienne Benedetta Carlini que Virginie Elfira endosse avec une troublante pudeur "nécrosée". Tant auprès des scènes de nudité effrontées que des étreintes saphiques à l'érotisme à la fois viscéral et dérangeant eu égard de l'environnement religieux auquel le couple vit reclus à travers leurs échanges saphiques. Jouant sans cesse sur l'ambivalence de ses états d'âme contradictoires (notamment pour ses pulsions éventuellement masochistes lorsque Dieu lui ordonne de souffrir pour lui), Virginie Elfira est proprement habitée par son personnage blasphématoire en lesbienne novice férue de passion lubrique, de dolorisme et de floraison sentimentale. Comme de coutume provocateur et sulfureux au gré d'une imagerie lascive parfois (voir même fréquemment) teintée de sang, Paul Verhoeven dresse donc le profil très ambigu de soeur Benedetta découvrant la tendresse et les plaisirs sexuels auprès de Bartolomea, jeune fille abusée par son père mais recueillie au couvent après lui avoir supplié de l'extirper de son bourreau pervers. 


Ainsi, 2h11 durant; on nous dévoile la quotidienneté troublée de soeur Benedetta habitée de visions christiques particulièrement sanglantes, voire littéralement possédée par le démon, probablement afin de s'expier de ses pêchés charnels qu'elle se découvre avec une fougue addictive. Le récit subtilement traité cultivant une atmosphère à la fois malsaine et inquiétante, notamment lorsque s'y interpose l'évêque le nonce (formidable Lambert Wilson à travers sa suffisance et son égoïsme détestables !) afin de juger l'éventuelle culpabilité de Benedetta. Et ce en y perpétrant les actes de torture que l'on exécute sous son impériosité sur la jeune maîtresse influençable Bartolomea (en appréciant également beaucoup le jeu naturel de Daphné Patakia lors de ses expressions rebelles ou démunies, les yeux doucement écarquillés). Fustigeant le fanatisme, l'hypocrisie, la félonie, les superstitions et les méthodes inquisitrices d'une doctrine catholique réactionnaire au sein de leur époque féodale, Benedetta est porté par la maîtrise indiscutable de sa mise en scène baroque privilégiant un réalisme tantôt froid, tantôt flamboyant; parfois même rugueux en dépit de la diction théâtrale des comédiens français impulsant une intensité dramatique au fil d'un dénouement assez imprévisible. 


Si on a peut-être connu Paul Verhoeven plus inspiré et percutant lors de ses glorieuses années d'insolence en franc-tireur, Benedetta ne manque surement pas de charme "terriblement" vénéneux, de beauté candide (les scènes érotiques jamais complaisantes sont magnifiquement expressives dans les rapports étroits de jouissance même si parfois la gêne s'y fait ressentir) et de densité psychologique (bien que parfois/souvent déroutant) afin d'y tolérer une histoire saphique au sein d'une caste religieuse tributaire de son ultra conservatisme. A découvrir absolument si bien qu'au second visionnage l'expérience sulfureuse demeure encore plus rigoureuse, caustique, vitriolée, dérangeante, mais aussi épurée, pudique et salvatrice auprès du duo saphique à la fois incompris, infortuné, irrécusable. Tout bien considéré, une oeuvre hybride unique qui en sortira grandie avec le temps, même si le public non averti est contraint de s'y préparer.  

*Bruno
09.11.21
10.01.24. 2èx

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