vendredi 5 novembre 2021

Possessor. Grand Prix, Gérardmer 2021.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Brandon Cronenberg. 2020. Canada. 1h45 (Uncut). Avec Andrea Riseborough, Christopher Abbott, Sean Bean, Jennifer Jason Leigh, Tuppence Middleton, Rossif Sutherland 

Sortie salles France: 7 Avril 2021 (dvd). Canada: 9 Octobre 2021.

FILMOGRAPHIEBrandon Cronenberg est un réalisateur et scénariste canadien né le 10 janvier 1980. 2008 : Broken Tulips (court métrage). 2010 : The Camera and Christopher Merk (court métrage). 2012 : Antiviral. 2018 : Please Speak Continuously and Describe Your Experiences as They Come to You (court métrage). 2019 : Possessor. 


Une épreuve cérébrale nécrosée qui fera date.
Coup de massue dans la tronche passé le générique de fin couleur giallesque, tant et si bien que l'on a beau ne point saisir tous les tenants et aboutissants des personnages bicéphales ne formant plus qu'un dans leur condition soumise au goût du sang et de la rancoeur, Possessor est une expérience extrême vue nulle part ailleurs. Auréolés du Grand Prix à Gérardmer et du Meilleur Film à Catalogne, les Festivaliers ont tout de même eu une sacrée audace de récompenser une oeuvre cérébrale aussi dérangeante et malaisante, voire parfois même insoutenable pour sa brutalité graphique s'apparentant à du Fulci à ses plus belles heures gorasses. Autant dire que les scènes chocs hyper complaisantes, mais transcendées d'une mise en scène aussi maîtrisée que scrupuleuse (le montage est à couper au rasoir), se succèdent à bâtons rompus de manière aussi cinglante qu'escarpée. Autrement dit, rien ou si peu ne nous est épargné lors des missions criminelles agonisantes, Spoil ! pas même le sacrifice d'un enfant, le corps impacté et le crane explosé de balles de calibre sans l'ombre du hors-champs. Fin du Spoil.

Mais pas que, car fort d'une ambiance anxiogène à la fois clinique, austère et réfrigérante tentant (avec succès) d'hypnotiser les sens du spectateur (un peu à l'instar de Frissons de Cronenberg), Possessor nous fait participer à une expérience de cinéma atypique au sein d'une société déshumanisée déversant des répliques parfois amphigouriques auprès d'une populace lobotomisée depuis des lustres. Le pitch retraçant les exactions criminelles de Tasya Vos, dépendante d'une technologie révolutionnaire, dans la mesure où celle-ci accepte auprès d'une organisation de pénétrer dans le cerveau d'un quidam pour le pousser à commettre l'irréparable selon les injonctions d'une gente huppée sans vergogne. Or, alors qu'elle accomplit sa seconde mission auprès du sujet masculin Colin, un incident technique (ou cérébral) la contraint de rester bloqué dans son corps alors que celui-ci tentera par tous les moyens de récupérer son identité lors d'éclairs de conscience assombris par ses actes crapuleux. Le récit, tentaculaire, labyrinthique, ne cessant de nous tourmenter la rétine et l'encéphale lorsque Colin et Tasya s'interposent dans leur psyché torturée de visions morbides et cauchemardesques. Brandon Cronenberg recourant à une imagerie parfois hallucinatoire aussi dérangée qu'ensorcelante à travers des images malsaines de corps, de visages liquéfiés, tuméfiés ou décomposés.   


Une claque vitriolée indécrottable.
Complètement vrillé donc si bien que l'on perd rapidement pied avec la réalité qui nous est proposée de façon sciemment équivoque (comme la victime atone, déambulant tel un fantôme errant, nous  ressentions ses pertes de repères cérébrales au gré d'une intensité dramatique résolument cauchemardesque), Possessor traite comme nul autre cinéaste provocateur de la contagion de la violence, faute d'une perte identitaire, au coeur d'une société vampire ayant perdu toute notion d'humanité. Evidemment éprouvant et viscéralement perturbant mais irrémédiablement fascinant de par le vérisme de ses images expressives d'une acuité plus vraie que nature, Possessor est à réserver à un public préparé pour qui vénère les périples au bout de l'enfer cérébral. 

*Eric Binford
2èx VO

Récompenses

Festival international du film de Catalogne 20205 :

Meilleur film

Meilleur réalisateur

Festival international du film fantastique de Gérardmer 2021 :

Grand prix du Jury

Meilleure musique originale pour Jim Williams

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