jeudi 18 novembre 2021

Last night in Soho / Dernière nuit à Soho

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Edgar Wright. 2021. Angleterre. 1h56. Avec Thomasin McKenzie, Anya Taylor-Joy, Matt Smith, Terence Stamp, Sam Claflin, Diana Rigg, Michael Ajao

Sortie salles France: 27 Octobre 2021 (int - 12 ans). U.S: 29 Octobre 2021 (int - 17 ans).

FILMOGRAPHIE: Edgar Wright est un réalisateur, scénariste et producteur britannique, né le 18 avril 1974 à Poole, dans le Dorset (Royaume-Uni). 1994 : A Fistful of Fingers. 2004 : Shaun of the Dead. 2007 : Hot Fuzz. 2010 : Scott Pilgrim. 2013 : Le Dernier Pub avant la fin du monde. 2017 : Baby Driver. 2021 : The Sparks Brothers (documentaire). 2021 : Last Night in Soho. 


"Et le miroir se brisa."
La résurgence du Psycho-killer artisanal au sens le gracieux.
Nouveau maître du divertissement au sens le plus noble enchaînant les surprises à rythme quasi métronomique, Edgar Wright ne déroge pas à la règle qualitative avec son dernier né, Last Night in Soho. Pur thriller Hitchockien mâtiné de Giallo à la Argento taillé sur mesure à travers sa mise en scène capiteuse où rien n'est laissé au hasard, Last Night in Soho est un pur plaisir de cinéma comme on en voit que trop rarement dans le paysage ludique. La réalisateur parvenant méticuleusement à nous introduire dans le conscience paranoïde de l'héroïne sous l'impulsion d'un pitch redoutablement solide pour qui raffole de psycho-killer schizo à l'aura névralgique. Dans la mesure où l'alchimiste Edgar Wright, terriblement inspiré par son récit labyrinthique (c'est peu de le dire), parvient à nous mener par le bout du nez en télescopant admirablement les genres (Fantastique, Musical, Romance, Thriller, Drame psychologique, Horreur) avec une sagacité forçant le respect. L'émotion hybride, à la fois inquiétante et féérique nous emportant dans un vortex de séquences musicales où les tubes des années 60 se mêlent à la pop-rock contemporaine. L'intrigue se focalisant sur l'ambition d'une jeune créatrice de mode partie s'exiler à Londres pour tenter de percer dans le milieu. 


Or, à partir du moment où celle-ci emménage dans le quartier, elle est victime de visions à la fois enchanteresses et cauchemardesques en s'identifiant auprès du personnage de Sandie, chanteuse de music-hall dans les années 60. Peu à peu, au fil d'hallucinations davantage prégnantes et agressives, Eloise perd pied avec la réalité au point de virer vers une dérive potentiellement psychotique. Autant dire que le spectateur, dérouté par cette énigme sinueuse, essaie de disséquer sa psychologie torturée avec une appréhension toujours plus opaque et épeurante. Habitée par son rôle bicéphale auquel nous nous identifions cérébralement à son désarroi (à croire qu'elle finit par nous posséder par la puissance sensorielle des images baroques défilant avec une musicalité Giallesque façon Goblin), Thomasin McKenzie transperce l'écran (et les miroirs !) avec une expression exorbitée à la fois poignante et malaisante. Son parcours moral en perdition s'apparentant à une course effrénée pour la quête de vérité à travers une investigation criminelle toujours plus ombrageuse quant on y cultive le faux semblant. Quand bien même l'illustre Anya Taylor-Joy se fond dans le corps langoureux d'une danseuse de music-hall avec l'élégance charnelle qu'on lui connait à travers ses yeux noirs perçants souillés par Spoil ! l'humiliation, la soumission et la prostitution. Fin du Spoil.


"Terror Eyes.
"
Hommage passionnel aux thrillers psychologiques et psycho-killers macabres que les plus grands cinéastes ont su marquer de leur empreinte infaillible (on peut également évoquer Polanski pour  Répulsion et Nicolas Roeg pour Ne vous retournez pas selon les aveux de Wright jamais à court de références subtilement éthérées), Last night in Soho relève la gageure de les honorer avec un brio formel, émotionnel et technique hypnotisant. L'expérience, à la fois déroutante, fascinante, ensorcelante et dérangeante demeurant d'une intensité dramatique dégingandée. Si bien que le spectateur absorbé par l'étrangeté de cette proposition "pailletée", orange sanguine, ne parvient pas à maitriser ce que déroule lentement le cinéaste sous nos yeux jusqu'au dénouement antithétique (et ce sans argument tarabiscoté), feu d'artifice cathartique à l'émotivité disparate. Futur classique, sans se soucier de son éventuelle dégradation temporelle.     

*Eric Binford

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