mercredi 6 avril 2022

Ca peut vous arriver demain / Death Game / The Seducers

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site themoviedb.org

de Peter S. Traynor. 1977. U.S.A. 1h27. Avec Sondra Locke, Seymour Cassel, Colleen Camp, Beth Brickell, Michael Kalmansohn, Ruth Warshawsky.

Sortie salles France: ?. U.S: 13 Avril 1977

FILMOGRAPHIE: Peter S. Traynor est un producteur et réalisateur américain né en 1942 à Newton, Massachusetts, décédé le 15 Octobre 2019 (77 ans) à Santa Monica, Californie, USA. 1977: Evil Town. 1977: Ca peut vous arriver demain. 


Extrêmement rare et peu connu du public, Ca peut vous arriver demain est une curiosité malsaine symptomatique des Seventies. L'intrigue, inspirée d'une histoire vraie nous avertit un message liminaire, relatant les deux journées de calvaire d'un époux séquestré chez lui par 2 inconnues siphonnées du ciboulot. Et ce juste après s'être laissé influencer par un triolisme provoqué par ces charmantes nymphettes en rut (qui plus est mineures avoueront-elles un peu plus tard à leur proie afin de le faire chanter lorsque celui-ci décidera d'appeler la police). Sondra Locke et Colleen Camp jouant fort brillamment les psychotiques dévergondées avec un naturel infiniment spontané quand bien même Seymour Cassel se fond dans le corps de la victime soumise de manière sobrement désarmée.


Ainsi donc, de par son climat folingue à la fois fascinant, irritant et inquiétant, pour ne pas dire hystérisé par nos 2 marginales monomanes monopolisant le cadre 1h27 durant; Ca peut vous arriver demain vaut largement le détour pour qui raffole de curiosité saugrenue réalisée ici avec application et inspiration en dépit des aveux du cinéaste n'ayant que peu d'amour et de passion pour le 7è art. Un jeu de massacre féministe pour ces actrices en roue libre (euphémisme) auquel nous participons incessamment, entre curiosité, répulsion, inquiétude, interrogation et fascination perverse plutôt malaisante. Qui plus est, censurée chez nous de 17 mns lors de son exploitation Vhs chez l'éditeur VIP, ça peut vous arriver demain demeure dans sa version intégrale une oeuvre underground assez magnétique entrecoupée de chansonnettes primesautières afin d'y décupler son ambiance délurée aux confins de la folie meurtrière. 


A réserver toutefois aux amateurs éclairés, notamment pour son aura de souffre à la fois réaliste, flamboyante (photo, éclairages soignés en format scope), ensorcelante régie au sein d'un huis-clos domestique crépusculaire et cauchemardesque.

A privilégier impérativement la Vostfr.

*Bruno
19.08.23. 3èx. Vostfr
 
La chronique de CITIZEN POULPE Par Bertrand Mathieux ·(14 septembre 2022)

Quand Knock Knock, d’Eli Roth, est sorti sur les écrans français en 2015, il a peu été fait mention (en tout cas en France) qu’il s’agissait d’un remake et d’ailleurs, ce n’est même spécifié sur la fiche Wikipédia consacrée au film. Pourtant, Knock Knock n’est pas basé sur une scénario original mais bien sur un film daté de 1977, baptisé, sans grande inspiration, Death Game. Le titre français, plus drôle, étant Ça peut vous arriver demain.

Son réalisateur n’est pas vraiment un grand amoureux et artisan du 7ème art. Peter Traynor était en effet vendeur en assurances professionnelles (auprès des médecins) avant d’être cinéaste et producteur, et il ne se décida à travailler dans l’industrie cinématographique que pour faire de l’argent, de son propre aveu. Il déclara en effet dans une interview donnée en 1973 : "Je sais qu’il y a beaucoup de gens dans le business du cinéma qui prétendent y travailler pour faire de l’art. Ce n’est pas mon cas. Je suis là pour faire de l’argent pour mes proches. Je ne sais pas qui est l’Art, mais je parie qu’il a horriblement faim."

Quand on veut faire de l’argent au cinéma à cette époque, les films d’exploitation à petit budget constituent un assez bon filon. Ils coûtent peu et avec un peu de chance, ils trouveront leur public dans les salles de cinéma (dont les fameux grindhouse), alors beaucoup plus nombreuses et fréquentées qu’aujourd’hui. Ça peut vous arriver demain est un bon exemple de ce type de films. Il n’a coûté que 150 000 dollars ; à titre de comparaison, le remake insipide de Roth en a coûté 10 millions…

La démarche vénale revendiquée de Traynor, et son amateurisme total (il ne connaît rien à la technique cinématographique), pourrait laisser croire que le film n’a absolument aucun intérêt. Or, étonnamment, c’est loin d’être le cas.

Sur le plan formel d’abord, Ça peut vous arriver demain tient la route. C’est sans doute, en grande partie, grâce au chef opérateur David Worth, qui contrairement à Traynor possède une certaine expérience sur le plan technique (trois ans plus tard, il travaillera pour Eastwood sur Bronco Billy). Il parvient ici, en usant de jeux d’éclairage et de couleurs, à créer un climat inquiétant, sexuel et étrange qui convient tout à fait au récit, et qui dépasse en intensité celui du remake, plus lisse et convenu. Quant aux comédiens, si on tient compte du fait qu’ils n’ont apparemment reçu que de très vagues indications de la part du metteur en scène, ils s’en sortent très honorablement. C’est en particulier les performances de Sondra Locke (qui fut la compagne d’Eastwood et tourna dans plusieurs de ses films, dont Bronco Billy justement, mais aussi Josey Wales, hors-la-loi et L’Épreuve de force) et de Colleen Camp qu’il faut saluer ; de toute évidence en roue libre, elles y vont à fond dans le registre de la démence, et cela donne des scènes efficaces et assez intenses.

Sur le fond, enfin, Ça peut vous arriver demain est loin d’être un banal home invasion. Si l’on s’en tient au message qui ouvre le film et à la toute dernière séquence (ridicule), on pourrait penser, selon un point de vue assez simpliste, que le malheureux George est un honnête père de famille victime de deux tentatrices dépravées, corrompues par la révolution sexuelle. Mais cela serait ignorer de multiples indices qui suggèrent une lecture plus subversive, selon laquelle ce même père de famille serait en fait l’incarnation d’une figure américaine hypocrite, revendiquant des valeurs qu’il bafoue à la première occasion. En d’autres termes, à travers lui, Agatha et Donna s’attaquent rageusement au symbole d’une autorité masculine et paternaliste qui, sous le verni, est plus vicieuse qu’il n’y parait.

La chanson de générique, Good Old Dad, dépeint d’ailleurs un père (à travers les mots de sa fille) faussement idéal, et sans doute un vrai pervers (il me donne une fessée quand j’agis mal, dit la chanteuse sur un ton enfantin ironique), tandis qu’Agatha et Donna font fréquemment référence, quoique de façon allusive, à un passé familial douloureux, marqué par un père absent ou abusif. Sous cet angle, Ça peut vous arriver demain est le procès d’un mâle coupable (et de tous ses semblables, y compris un spectateur dont le voyeurisme est régulièrement titillé dans le film), et non le calvaire d’un innocent ; d’ailleurs, l’orage que cadre fréquemment Traynor (sans grande finesse) dans la dernière partie du film souligne l’idée d’une forme de justice biblique.

Le critique cinéma John Kenneth Muir vit ainsi dans Death Game un thème féministe, que ne contesta pas, peut-être de façon opportuniste, son auteur ; on peut alors se demander pourquoi celui-ci fit-il le choix d’un dernier plan qui viendrait presque contredire cette interprétation. Mais peut-être ne faut-il pas chercher dans le travail de Traynor de cohérence excessive.

Quoiqu’il en soit, malgré des problèmes de rythme et un côté répétitif, Ça peut vous arriver demain est un grindhouse qui vaut le coup d’œil pour son climat de folie, ses comédiennes finalement assez convaincantes et surtout, sa critique d’une image familiale mensongère.

Sondra Locke veut vous punir !

«Death Game» est un thriller de Peter S. Traynor sorti en 1977, avec la célèbre actrice et regrettée Sondra Locke. J’ai eu envie de voir ce film, car j’ai vu son remake réalisé par Eli Roth «Knock Knock» sorti en 2015. Les deux œuvres sont intéressantes à comparer, tant on n’en retient pas forcément les mêmes choses, ni les mêmes ressenties, malgré un scénario identique.

«Death Game» raconte la terrifiante histoire de Georges Manning (Seymour Cassel), honorable père de famille et homme d’affaire. Se retrouvant seul chez lui le jour de son anniversaire, deux jeunes fille, Agatha (Sondra Locke) et Donna (Colleen Camp) frappe à la porte. Trempées et perdues, elles demandent de l'aide à Georges. Après que les deux jeunes femmes eurent raison de sa fidélité, elles le menacent en lui faisant vivre un véritable calvaire. Sous des aspects de séduisantes jeunes filles, se cache la cruauté incarnée.

 Chronique de BaronDuBis chez SENS CRITIQUE:
 
«Death Game» est supérieur à son remake, de loin… «Knock Knock» virait dans une ambiance burlesque, à la limite de la comédie noire. Dans l’original de 1977, l’ambiance est vraiment beaucoup plus 1er degré. Tandis que le film avance, le style change et s’adapte au fur et à mesure que le pauvre Georges est frappé, maltraité, attaché et dans les vapes. Un travail sur les couleurs et un montage dynamique nous immerge bien dans cette maison de campagne ou de folles insouciantes et cruelles jeunes filles persécutent joyeusement un homme innocent. Contrairement à «Knock Knock», «Death Game» développe un vrai charme avec une mise en scène adaptée au contexte incontrôlable et bordélique.

Une différence de taille avec la version d’Eli Roth: le fond. L’homme est montré ici comme une victime, rien n’indique une charge contre le patriarcat ou la famille traditionnelle, rien ne laisse présager d’une misandrie quelconque, la fin du film ne laisse aucun doute là-dessus. Le remake quant à lui, est clairement une charge contre l’image de l’homme blanc moyen et père d'une famille idéale. L’homme est à la fois objectivement la victime et dépeint comme un coupable. Le film - sous prétexte de comédie noire - cherche clairement à faire plaisir au spectateur en humiliant et culpabilisant l’homme, jusqu’à la scène finale, ce qui rend le tout un peu gênant étant donné la réalité des faits. Là ou «Knock Knock» nous dit «Regarde comment j’humilie le modèle américain», «Death Game» nous dit «Fait attention, les hommes sont faibles, plus que tu ne le crois, tu pourrais te faire piéger».

Dernier détail, le film débute en prétendant que cette histoire est vraie, évidemment, une affirmation invérifiable...

En conclusion, «Death Game» est de l’excellent cinéma bis américain des années 70, un vrai plaisir de voir Sondra Locke en femme tarée et cruelle, usant de ses charmes pour mieux punir ensuite. Une bonne surprise, étant donné la déception que j’avais eue avec version d’Eli Roth, sans saveur particulière. À voir pour les amateurs du genre !
 
BaronDuBis
7/10

Chronique de Dahlia issue du blog les Gloutons du Cinéma
 
Oui, Eli Roth en a fait un remake en 2015 avec Keanu Reeves, Ana de Armas et sa femme (à l'époque) avec qui il a également tourné The Green Inferno: Lorenza Izzo. Knock Knock était sympathique mais assez oubliable. D'ailleurs, "fun fact" le réalisateur de l'original et ses deux actrices font parties des producteurs de ce remake, plus pour Colleen Camp qui y a un petit rôle également.

Revenons donc à Ça peut vous arriver demain / Death Game : Avertissement en introduction : le film est basé sur des faits réels ! (Rien d'étonnant mais je n'ai point trouvé d'information à ce sujet). Là où je classerai Knock Knock dans la catégorie Thriller, ici, c'est plutôt le Home Invasion auquel je pense tout de suite. Là, où le film fait fort c'est la puissance de l'ambiance anxiogène ressenti. Deux jeunes femmes adorables, puis séductrices se transforment en véritable cauchemars. Cette montée angoissante parfaitement réussie, on la doit bien entendu à Peter S. Traynor, avec sa mise en scène, ses plans fascinants, ses couleurs psychédéliques,... Mais également et presque "surtout" à ses deux actrices : Sondra Locke (ex femme de Clint Eastwood qu'on a pu voir (entre autres) dans le meilleur Dirty Harry : Sudden Impact) et Colleen Camp (vu campant dix mille rôles secondaires de Police Academy, Le Jeu de la Mort à Die Hard 3...). Absolument terrifiantes, personnifiant magnifiquement bien la folie furieuse.

Ici, contrairement au remake, le bon père de famille est clairement "innocent", le but et la finalité sont ici, assez différents. On vous met d'ailleurs en garde en introduction que le mal peut frapper partout. Pas de vengeance particulière, juste de la "malchance" et de la chair faible (malgré le doute subsistant sur une lecture pas très saine)...

En bref, c'est pas une surprise et comme bon nombre de films, l'original surpasse de loin son remake. J'insiste sur une ambiance bien plus folle, anxiogène et même horrifique ! Angoisse et frustration assurées. A voir et revoir le 13 et 18 septembre à l'Etrange Festival !

-Dahlia- (5 Septembre 2022)
5/6

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