mercredi 20 avril 2022

The Batman

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Matt Reeves. 2022. U.S.A. 2h57. Avec Robert Pattinson, Zoë Kravitz, Paul Dano, Jeffrey Wright, Colin Farrell, John Turturro, Andy Serkis.

Sortie salles France: 2 Mars 2022.

FILMOGRAPHIE: Matt Reeves est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 27 Avril 1966 à Rockville Centre (Etats-Unis). 1993: Future Shock (segment "Mr. Petrified Forrest"). 1996: Le Porteur. 2008: Cloverfield. 2010: Laisse moi entrer. 2014: La Planète des Singes: l'Affrontement. 2017 : La Planète des singes : Suprématie. 2022 : The Batman. 


Vengeance. 
Lestement envoûtant de par son score idoine d'une monotonie discrètement funeste, formellement splendide auprès de ses teintes ocres d'une scéno urbaine pluvieuse quasi nocturne, richement dessiné auprès de ses personnages mutuellement torturés que Robert Pattinson (tant décrié à l'annonce du projet !) parvient magnifiquement à monopoliser en y imposant sa sombre personnalité (on peut d'ailleurs parfois songer au corneille de The Crow tant il crève l'écran à chaque seconde par la hantise de sa douleur morale), épaulé il est vrai de son regard corneille à la fois vénéneux et impassible, The Batman dégage une délectable atmosphère rubigineuse au sein d'un univers crépusculaire aux confins du chaos. Tant et si bien que 2h47 durant (en écartant les titrages), ce troublant jeu de piste (et de mots) psycho-policier en quête de justice et de vérité, à contre-emploi du film de super-héros (suffit de contempler le réalisme acéré des corps à corps et courses-poursuites alambiquées hyper chiadées) car en faveur du "vigilante movie" discursif, est un grand moment de cinéma aussi prégnant et personnel que The Dark Knight de Nolan. Matt Reeves se résignant surtout à cristalliser son univers mortifère de triste actualité (la corruption politique, policière et judiciaire que la populace répugne dans une idéologie finalement vindicative si on se réfère aux esprits les plus faibles et influençables impartis au terrorisme endogène) au fil d'un schéma investigateur aussi âpre et tortueux qu'inquiétant et désespéré. 


Car si l'ambiance constamment envoûtante nous fascine sans fard aucun (et ce sans broncher d'un cil !) et que les personnages renfrognés, d'une sobriété à couper au rasoir, demeurent étonnamment expressifs dans leur héroïsme de dernier ressort (notamment une Catwoman à l'esprit frondeur en petit bout de femme acrimonieuse habitée par la haine, la rancune, le désir de meurtre), l'intensité dramatique est instillée à juste dose avant son final catastrophiste aux airs de fin de règne et du monde. Tout le récit savamment planifié se soumettant à la densité psychologique de ces protagonistes habités par la colère, la haine, le désarroi, la soif de justice, la souffrance morale surtout, de par leur solitude irréparable où la romance demeure notamment impossible. Quant au mystérieux sociopathe masqué qui irrigue l'intrigue de main de maître (euphémisme !), à situer entre le cynisme et l'arrogance perfide de Saw et surtout de Seven, il s'avère génialement perfide, glauque, effrayant, ombrageux, matois avant tout lors de ses stratégies criminelles élaborées avec un art consommé du sadisme d'après son dessein disproportionné.  Matt Reeves conjuguant donc dans l'harmonie la plus opaque le psycho-killer, le drame psychologique, le vigilante movie au gré d'un climat aqueux irrespirable. Si bien qu'il réinvente sous nos yeux transis le mythe et ses antagonistes iconiques comme s'il s'agissait d'une première fois iconoclaste. 

D'une puissance émotionnelle, formelle et narrative posée au sein d'une dystopie hallucinée tout en empruntant moult références sans jamais les singer (The Crow, Seven, Blade Runner, Le Parrain pour les plus connus); The Batman nous plaque au siège 2h47 durant sous l'impulsion d'une foule de personnages torturés éclatant communément le cadre dépressif à travers moult rebondissements et revirements d'une intelligence jamais gratuite. Tout le récit, profondément dramatique, noir, baroque et pessimiste se déclinant en passionnante réflexion sur la vengeance, l'auto-justice (tristement actuelle) sous l'oeil avisé, sous la remise en question du vengeur masqué délibéré à changer la face du monde en faisant fi de violence animale après avoir appris à gérer la maîtrise de ses sentiments destructeurs. D'une beauté funeste imparable auprès de sa maîtrise technique au cordeau esquivant à tous prix l'ombre de la surenchère, The Batman se décline en grand spectacle dépouillé pour nous laisser sans voix auprès de notre calme contenu. Le genre de métrage exhaustif de nous sortir grandi après la projo par son essentiel refus de nous laisser guider par une révolte matérielle infructueuse.

*Bruno 
09.02.24. 2èx. Vostfr

1 commentaire:

  1. A moitié conquis je m'en doutais, le manque de rythme je te rejoins et pour la durée également

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