samedi 2 avril 2022

Freaks Out

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gabriele Mainetti. 2022. Italie/Belge. 2h21. Avec Aurora Giovinazzo, Claudio Santamaria, Pietro Castellitto, Giancarlo Martini, Giorgio Tirabassi

Sortie salles France: 30 Mars 2022

FILMOGRAPHIE: Gabriele Mainetti est un réalisateur, acteur, compositeur et producteur de cinéma italien, né le 7 novembre 1976 à Rome. 2015 : On l'appelle Jeeg Robot. 2022: Freaks Out. 

Reconnu avec le savoureux On l'appelle Jeeg Robot découvert en 2015, l'italien Gabriele Mainetti remet le couvert avec un second film de super-héros aussi hétérodoxe et décalé. Si bien que les prods ricaines usuelles feraient bien mieux de s'en inspirer afin d'y dépoussiérer leurs convenances oh combien rébarbatives (et ce étalées sur plus de 2 décennies si j'ose dire) pour qui privilégie les oeuvres personnelles destinées à honorer le genre. Ainsi donc, beaucoup plus ambitieux qu'avec son excellent 1er essai, Gabriele Mainetti s'alloue ici d'un budget plus conséquent afin de rendre plus vrai que nature la triste période du 3è Reich vers la fin de la seconde guerre mondiale (l'action se situant en 1943). Pour ce faire, il jette son dévolu auprès d'un quatuor d'employés de cirque, des freaks ayant chacun des pouvoirs spécifiques surhumains afin de contenter le public ébaubi. Or, lors d'une représentation en bonne et due forme, un assaut de nazis intervient soudainement en semant morts et désolation. Sans chapiteau et démunis, nos héros accompagnés de leur mentor, Israel, tentent de fuir en Amérique afin de refaire leur vie. Mais un concours de circonstances malchanceuses les contraint à se séparer lorsque Israel embarqué de force dans un train, est envoyé dans un camp d'extermination parmi des juifs. Matilde, Fulvio, Cencio et Mario vont donc tout faire pour sauver leur doyen au moment de se réfugier dans un cirque nazi dirigé par Franz, pianiste à 6 doigts délibéré à exploiter les pouvoirs de ceux-ci afin de dominer le monde. 

Un pitch simpliste mais oh combien efficace dans sa structure puisque constamment épique, inventif, belliqueux (préparez vous à un final apocalyptique !), drôle mais aussi dur et cruel, si bien que pour le spectateur non averti, Freaks Out pourrait choquer les plus jeunes par sa violence effrontée dénuée de concession. Gabriele Mainetti dosant avec autant d'audace que d'habileté les composantes du drame, de la tendresse, de la romance et de la cruauté au sein d'un contexte innommable d'épuration ethnique. Car si ce divertissement caustique parvient constamment à surprendre et à amuser, il ne manque pas de brio pour contredire nos sentiments partagés entre rire, joie et larmes. Mais outre son ambiance baroque émaillée de poésie et de féerie que l'on pensait révolues (à la croisée du cinéma de Del Toro et De la Iglesia - en songeant surtout à Ballada Triste -), Freaks Out ne serait pas aussi stimulant sans la caractérisation humaine de ses interprètes aux gueules ordinaires si j'ose dire. Tant et si bien qu'à travers son vibrant plaidoyer pour le droit à la différence, Gabriele Mainetti nous fait aimer ces êtres décomplexés par leur solidarité fraternelle à la fois fragile, incertaine et facétieuse. Les acteurs méconnus chez nous demeurant naturellement attachants sans se laisser déborder par une quelconque outrance gestuelle ou expressive. 


Magic Circus
Il s'agit donc d'un formidable spectacle intrépide que nous propose généreusement l'auteur transalpin Gabriele Mainetti déterminé à réanimer les codes du genre avec une liberté de ton à la fois insolente, provocatrice et couillue. Tant et si bien que Freaks Out ne s'adresse pas à tous les publics par son réalisme cru réveillant la psychopathie du 3è Reich. L'intrigue bicéphale rendant autant un vibrant hommage à l'unité des marginaux et des laissés pour compte (ici natifs du milieu festif du cirque) que de la communauté juive destinée à périr sous l'autocratie d'un dictateur en herbe aussi monomane qu'Hitler (Franz Rogowski terrifiant de douce folie dans ses expressions désaxées faussement tranquilles). Merci Mr Mainetti de nous avoir offert ce second cadeau vitriolé, vrai moment de cinéma festoyant en mode franc-tireur.   

*Bruno Matéï

Ci-joint la chronique de On l'appelle Jeeg Robot: http://brunomatei.blogspot.fr/…/on-lappelle-jeeg-robot-prix…

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