vendredi 8 avril 2022

Bienvenue à Gattaca

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Andrew Niccol. 1996. U.S.A. 1h46. Avec Ethan Hawke, Uma Thurman, Jude Law, Loren Dean, Alan Arkin, Gore Vidal.

Sortie salles France: 29 Avril 1998 

FILMOGRAPHIEAndrew Niccol est un scénariste, producteur et réalisateur néo-zélandais, né le 10 juin 1964 à Paraparaumu. 1997 : Bienvenue à Gattaca (Gattaca). 2002 : S1m0ne. 2005 : Lord of War. 2011 : Time Out (In Time). 2013 : Les Âmes vagabondes (The Host). 2014 : Good Kill. 2018 : Anon. 


"Le bonheur n'est pas dans la recherche de la perfection, mais dans la tolérance de l'imperfection."
Film intimiste un tantinet difficile d'accès, de par son rythme monocorde (qui ne plaira pas à tous), son climat hermétique spécialement désenchanté, son parti-pris contemplatif et sa complexité narrative nous alertant des dérives de la génétique au profit de l'élitisme, Bienvenue à Gattaca fait toutefois parti à mon sens des plus belles oeuvres de science-fiction imparties à la dystopie. En tous cas, l'un des plus dignes fleurons des années 90 d'une ambition salutaire à travers sa prophétie futuriste nous alertant des dérives sanitaires. Visuellement splendide de par sa photo léchée et la discrétion de ses décors insolites magnifiquement éclairés (nuances jaunes ou verdâtres épurées), Andrew Niccol, dont il s'agit de son 1er essai, nous immerge sans fard dans son monde insidieusement totalitaire privilégiant le statut social d'êtres humains clonés au grand dam des invalides (les êtres conçus naturellement) discriminés par la science. Ainsi, 1h46 durant, et sans action ostentatoire (vous êtes prévenus), nous suivons le cheminement illégal de Vincent conçu naturellement par ses parents (et donc invalide aux yeux de cette société idéaliste adepte de la perfection physique, cérébrale et morale), qui, pour accomplir son rêve (voyager dans l'espace afin de fuir sa réalité aseptique) va usurper son identité avec la complicité de Jérôme, être génétiquement modifié mais devenu tétraplégique à la suite d'une tentative de suicide. Je n'en dirai pas plus pour l'intrigue ramifiée à suivre scrupuleusement (notamment au niveau de la grande importance des répliques), tant elle s'avère délicate à détailler. Mais sachez que Bienvenue à Gattaca dégage un climat mélancolique perpétuel dans sa faculté d'y cristalliser son univers futuriste par le biais de détails visuels aussi discrets que fascinants. 


A l'instar des voitures rétros échappées des années 40 et roulant sans ronronnement de moteur, de l'antre épuré de Gattaca dénué d'insalubrité ou encore du repère domestique de Jérôme tristement sans chaleur. Et ce en sublimant cet univers clinquant, froid, déshumanisé, tristement impassible par le biais d'un scénario tout à la fois charpenté et passionnant (à 2/3 sautes de rythme peu répréhensibles). Quant à son cast 3 étoiles (Hawk / Thurman / Law), il demeure terriblement attachant dans leur fonction de cobayes en perdition soumis à une société arbitraire mais doués d'une remise en question morale par leur évolution personnelle, notamment en tentant de sa raccrocher aux valeurs de la cohésion, du (soupçon de) bonheur et de l'amour. C'est ce qu'ils parviendront timidement à renouer durant leur coopération (tortueuse) en tablant notamment sur une rédemption spirituelle si je m'attarde aux états d'âme chimériques de Jérôme et de Vincent unifiés par une fidèle amitié non dénuée de conséquences à la fois inéquitables et infortunées au sein de leur société altière trop attachée à la police d'une idéologie grégaire. Outre la fragilité caractérielle de Jude Law en tétraplégique aviné et la trouble beauté d'Umma Thurman en clone perfectible réapprenant les valeurs du pardon et de l'indulgence, Ethan Hawke porte le poids de l'intrigue épineuse sur ses épaules avec une amertume élégiaque subtilement pesante et éthérée. Ce qui donne lieu à des séquences émotionnelles d'une infinie tristesse jamais démonstrative, si bien que Andrew Niccol demeure sobrement sincère à donner chair à ses personnages et à son univers défaitiste avec une grâce délicate. 


Un poème humaniste désabusé se raccrochant à la mansuétude.  
Cri de désespoir contre l'élitisme au sein d'une société sans vergogne aussi endimanchée que conventionnelle, puisque persuadée d'y formater sa population par une manipulation génétique infructueuse, Bienvenue à Gattaca dégage une frêle dramaturgie mélancolique sous l'impulsion de protagonistes utopistes avides d'horizon stellaire et d'au-delà afin d'approcher une parcelle de plénitude qu'ils n'auront jamais vécu sur leur terre stérile. Onirique et tristement nihiliste.

*Bruno Matéï
4èx

Ci-joint le synopsis de Wikipedia: 

Dans un monde futuriste, on peut choisir le génotype des enfants. Dans cette société hautement technologique qui pratique l'eugénisme à grande échelle, les gamètes des parents sont triés et sélectionnés afin de concevoir in vitro des enfants ayant le moins de défauts et le plus d'avantages possibles pour leur société.

Bien que cela soit officiellement interdit, entreprises et employeurs recourent à des tests d'ADN discrets afin de sélectionner leurs employés ; les personnes conçues de manière naturelle se retrouvent, de facto, reléguées à des tâches subalternes.

Gattaca est un centre d'études et de recherches spatiales pour des gens au patrimoine génétique impeccable. Jérôme, candidat génétiquement idéal, voit sa vie détruite par un accident tandis que Vincent, enfant conçu naturellement, donc au capital génétique « imparfait », rêve de partir pour l'espace. Chacun des deux va permettre à l'autre d'obtenir ce qu'il souhaite en déjouant les lois de Gattaca.

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