vendredi 15 avril 2022

X

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Ti West. 2022. U.S.A. 1h46. Avec Mia Goth, Jenna Ortega, Martin Henderson, Scott Mescudi, Brittany Snow

Sortie salles France: ? U.S: 18 Mars 2022

FILMOGRAPHIE: Ti West (né le 5 octobre 1980 à Wilmington, Delaware) est un réalisateur, scénariste et producteur américain surtout connu pour ses films d'horreur. 2005: The Roost. 2007: Trigger Man. 2009: Cabin Fever 2. 2009: The House of the Devil. 2011: The Innkeepers. 2012: The ABCs of Death (segment M Is for Miscarriage). 2012 : V/H/S (segment Second Honeymoon). 2013: The Sacrament. 2022: X. 


The House of the Devil, The Innkeepers, The Sacrament
. Ti West enchaine les modestes réussites à rythme métronome si bien que X ne déroge pas à la règle, bien au contraire. Car il s'agit à mes yeux de sa meilleure réussite, tout du moins en terme de mise en scène épurée où absolument rien n'est laissé au hasard. Le cinéaste possédant ce sens du détail prédominant pour nous magnétiser l'attention, et ce en y déclarant sa flamme au cinéma d'horreur des Seventies. Cette fameuse décennie à la fois autonome, décomplexée et novatrice où l'on pouvait tout oser et se permettre à peu de choses près, en dépit d'une censure à l'affut du dérapage intolérable. Particulièrement Massacre à la Tronçonneuse et ses moult références quasi omniprésentes à l'écran, le Crocodile de la Mort, et un tantinet Evil-Dead si je me réfère au salon de la grange soigneusement cadré et esthétisé que nos protagonistes emménagent pour leur tournage X underground. Ainsi donc, en jouant à fond la carte de l'hommage à une horreur séculaire que les nostalgiques ont tendance à se remémorer en révisant leurs classiques fétiches (plutôt que de se laisser tenter au dernier produit mainstream certainement imberbe - remember "Texas chainsaw influenceur" estampillée Netflix ! -), Ti West se pare d'une ambition infiniment intègre afin de ne pas singer ses modèles susnommés. Car ses situations éculées, le cadre rural solaire, les protagonistes juvéniles insouciants, l'architecture des 2 bâtisses et leur véhicule pour y accéder ont beau paraître hyper clichés, Ti West les subliment incessamment grâce à la dextérité de sa mise en scène constamment inventive privilégiant, comme avec Hooper à ses débuts, la suggestion d'une atmosphère hostile moite et palpable (il faut donc patienter 1 heure pile pour reluquer une effusion gore) avant d'embrayer vers une seconde partie autrement tendue et graphique. Ti West s'intéressant autant à schématiser sa scénographie charismatique qu'à caractériser ses protagonistes communément attachants à travers leur naïveté, leur candeur d'aborder le X sous une forme artistique. 

D'autre part, en rendant hommage aux classiques X des Seventies immortalisés par un certain John Holmes ou une certaine Ginger Lynn, Ti West transfigure ses séquences de fesse avec une classe imprévisible. Tant et si bien que les étreintes lubriques, magnifiquement éclairées de nuances jaunes orangers (en image granuleuse 4/3), demeurent même excitantes sans un soupçon de vulgarisation en dépit des positions hard inévitablement exigées. Ainsi, comme je le soulignais plus haut, Ti West adore filmer ce qu'il nous raconte en accordant un soin fétichiste pour tout ce qui se présente au sein du cadre, et ce sans céder à l'ombre d'une prétention puisque nous assistions à une authentique série B à  l'ancienne conçue avec autant d'amour et passion, que d'intelligence et de souci formel pour son atmosphère diffuse (à l'instar de cet incroyable angle en plongée observant du haut d'un lac 3 éléments patents pour mieux témoigner du précaire enjeu de survie qui s'esquisse face à la baigneuse !). Par conséquent, par l'entremise de son sujet majeur imparti à la liberté sexuelle, Ti West aborde en filigrane (et de manière totalement inattendue et burnée !) le fanatisme puritain du point de vue du cap douloureux de la vieillesse incapable de se défaire de leur frustration sexuelle. Ainsi, par cet aspect franchement repoussant y émane des séquences couillues à la fois malsaines, dérangeantes et nauséeuses que le spectateur assiste avec une impuissance voyeuriste aussi fascinante que répugnante. Et je ne parle pas des scènes gores très réussies (qui plus est entièrement artisanales), mais de la décomposition des corps véhéments en quête désespérée d'appétence sexuelle. Tendu, oppressant, angoissant puis terrifiant lorsque l'écran se pare soudainement d'une texture sanguine sous un ciel lunaire étrangement crépusculaire, X devient dès lors une effrayante descente aux enfers pour la survie en détournant intelligemment les poncifs (non, ce n'est nullement les femmes qui trinquent en premier !). Ti West précipitant l'action dans des directions génialement impromptues en jouant avec divers objets insérés dans un coin du cadre de l'écran (notamment cette TV noir et blanc diffusant inlassablement une homélie rigoriste) pour mieux nous surprendre et ainsi enjoliver son ambiance macabro-polissonne. 


Hardcore.
Se permettant en prime à certains passages d'adoucir son climat inquiétant par des accalmies musicales aussi tendres que rassurantes (sans déborder de l'intrigue), sans omettre son humour noir sous-jacent, X festoie autour du psycho-killer vintage avec une énergie retrouvée. Ti West accomplissant avec amour et passion un splendide hommage à ses aînés des Seventies dans une forme de sollicitude forçant le respect. Autant prétendre qu'il nous offre aujourd'hui le cadeau le plus abouti de sa carrière dans son dosage idoine de suggestion, de formalité et d'horreur crapoteuse sous l'impulsion de comédiens méconnus (ou néophytes) insufflant un réel atout au réalisme de l'intrigue. Un récit à la fois galopin et anxiogène beaucoup plus retors qu'il n'y parait (sa réflexion sur l'impuissance sexuelle face à un âge avancé). Avec en guise de cerise sur le gâteau faisandé un ultime rebondissement que personne n'aura vu v'nir ! Quant aux dernières news, Tim West préparerait un préquelle et une séquelle en bonne et due forme ! On s'impatiente déjà, l'écume aux lèvres.

*Bruno Matéï

Ci-joint chroniques des essentiels de Ti West

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire