Après avoir été nominé 18 fois aux AFI Awards (l'équivalent de la cérémonie des Oscars), le premier long de l'australien David Michôd (ancien rédacteur en chef de revue de cinéma) se voit attribuer 10 récompenses dont celui du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur au sein de son pays natal. Alors qu'au festival de Sundance, il triomphe pour rajouter à son palmarès le Grand Prix du Jury. Rien que ça. Mais pas que, si bien qu'il vous suffira de jeter un oeil sur la suite de ses trophées à l'issue de ma chronique. Le succès public et critique de cette tragédie funèbre est donc amplement mérité et justifié tant l'intrigue profondément funeste magnétise l'esprit du spectateur de par sa noirceur implacable faisant office de chemin de croix fatal. Un film choc que ce chef-d'oeuvre mortifié dont on ne sort pas indemne par la géométrie de sa mise en scène à couper au rasoir. Le Pitch: Dans la banlieue de Melbourne, après la mort par overdose de sa mère, le jeune Joshua part vivre chez sa grand-mère en compagnie de ses fils marginaux, de dangereux criminels sur le déclin. Autant dire que Josh arrive au mauvais moment, surtout après avoir été témoin indirect de la mort de deux policiers. Dès lors, le jeune garçon ne sait plus à qui s'en tenir ! Entre une police lui sollicitant de témoigner au tribunal, la menace de certains de leurs membres corrompus et sa famille sournoise dénuée de morale pour le prix de leur liberté.
Dès le prologue aussi déconcertant que pathétique, Animal Kingdom adopte un sentiment inné d'amertume et de tristesse nonchalante. Un moment d'égarement figé dans le temps accentué d'une musique cafardeuse et de la gravité d'une voix-off machinalement narrée par notre anti-héros introverti, hagard, égaré dans ses pensées contrariées. Ainsi, à cet instant chargé de torpeur, on imagine que son passé ne fut guère gratifiant en terme d'éducation parentale et de sens moral à travers des enjeux existentiels à faible lueur d'espoir, d'amour et d'optimisme. David Michôd décrivant sans fard aucun (on peut même largement évoquer le souci documenté) la fragilité de son évolution morale à la fois précaire et indécise au fil d'une ossature narrative terriblement tragique, opaque, pessimiste, dépressive. Les acteurs au charisme animal, divinement remarquables d'expression viciée et renfrognée, se fondant dans la peau de crapules méprisables car n'hésitant pas à supprimer témoin gênant après s'être vengés pour tenter de sauver leur peau, leur patronyme, leur honneur. Dénué de fioriture sous l'impulsion d'un score sinistré magnifiquement envoûtant, Animal Kingdom nous laisse donc sur le carreau de par la montée implacable de son intensité dramatique magnifiquement dénuée de romance. Si bien qu'ici quasiment tous les protagonistes (anti-manichéens) sont dénués de vergogne en ne cessant de feindre, manipuler, lutiner pour parvenir à leur fin et ainsi asseoir leur suprématie. Sa violence acerbe, terriblement percutante n'en demeurant pas moins habilement suggérée pour toutes les occasions tristement lâches et perfides.
Récompenses:
Festival du film de Sundance 2010 : Grand prix du jury
Festival international du film de Stockholm 2010 : Prix du meilleur scénario pour David Michôd
Australian Film Institute Awards 2010 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour David Michôd
Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn
Meilleure actrice pour Jacki Weaver
Meilleur acteur dans un second rôle pour Joel Edgerton
Meilleur scénario original pour David Michôd
Meilleur montage pour Luke Doolan
Meilleure musique de film pour Antony Partos et Sam Petty
AFI Members' Choice Award
Readers' Choice Award
Australian Directors Guild Awards 2010 : meilleur réalisateur pour David Michôd
Australian Writers' Guild Awards 2010 :
Awgie Award du meilleur scénariste pour David Michôd
Major Award pour David Michôd
Film Critics Circle of Australia Awards 2010 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour David Michôd
Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn
Meilleure actrice pour Jacki Weaver
Meilleur acteur dans un second rôle pour Joel Edgerton
Meilleur scénario pour David Michôd
IF Awards 2010 :
Meilleur réalisateur pour David Michôd
Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn
National Board of Review Awards 2010 :
Top 10 des meilleurs films indépendants
Meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver
Camerimage 2011 :
Prix spécial du nouveau réalisateur en compétition pour David Michôd
Prix spécial du nouveau directeur de la photographie en compétition pour Adam Arkapaw
Festival international du film policier de Beaune 2011 : Prix de la critique ex-æquo
Chlotrudis Awards 2011 : meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver
Satellite Awards 2011 : meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver
Festival international du film de Santa Barbara 2011 : Virtuoso Award pour Jacki Weaver
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