mercredi 27 avril 2022

Animal Kingdom. Grand Prix du Jury, Sundance 2010.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemaclock.com

de David Michôd. 2010. Australie. 1h53. Avec Guy Pearce, Ben Mendelson, Joel Edgerton, Jackie Weaver, Luke Ford, Sullivan Stapleton, James Frecheville, Tony Hayes, Justin Rosniak.

Sortie salles France: 27 Avril 2011. Australie: 3 Juin 2010

FILMOGRAPHIEDavid Michôd est un réalisateur et scénariste australien né le 30 novembre 1972 à Sydney. 2010 : Animal Kingdom. 2014 : The Rover. 2017 : War Machine. 2019 : Le Roi (The King). 

Après avoir été nominé 18 fois aux AFI Awards (l'équivalent de la cérémonie des Oscars), le premier long de l'australien David Michôd (ancien rédacteur en chef de revue de cinéma) se voit attribuer 10 récompenses dont celui du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur au sein de son pays natal. Alors qu'au festival de Sundance, il triomphe pour rajouter à son palmarès le Grand Prix du Jury. Rien que ça. Mais pas que, si bien qu'il vous suffira de jeter un oeil sur la suite de ses trophées à l'issue de ma chronique. Le succès public et critique de cette tragédie funèbre est donc amplement mérité et justifié tant l'intrigue profondément funeste magnétise l'esprit du spectateur de par sa noirceur implacable faisant office de chemin de croix fatal. Un film choc que ce chef-d'oeuvre mortifié dont on ne sort pas indemne par la géométrie de sa mise en scène à couper au rasoir. Le PitchDans la banlieue de Melbourne, après la mort par overdose de sa mère, le jeune Joshua part vivre chez sa grand-mère en compagnie de ses fils marginaux, de dangereux criminels sur le déclin. Autant dire que Josh arrive au mauvais moment, surtout après avoir été témoin indirect de la mort de deux policiers. Dès lors, le jeune garçon ne sait plus à qui s'en tenir ! Entre une police lui sollicitant de témoigner au tribunal, la menace de certains de leurs membres corrompus et sa famille sournoise dénuée de morale pour le prix de leur liberté. 

Dès le prologue aussi déconcertant que pathétique, Animal Kingdom adopte un sentiment inné d'amertume et de tristesse nonchalante. Un moment d'égarement figé dans le temps accentué d'une musique cafardeuse et de la gravité d'une voix-off machinalement narrée par notre anti-héros introverti, hagard, égaré dans ses pensées contrariées. Ainsi, à cet instant chargé de torpeur, on imagine que son passé ne fut guère gratifiant en terme d'éducation parentale et de sens moral à travers des enjeux existentiels à faible lueur d'espoir, d'amour et d'optimisme. David Michôd décrivant sans fard aucun (on peut même largement évoquer le souci documenté) la fragilité de son évolution morale à la fois précaire et indécise au fil d'une ossature narrative terriblement tragique, opaque, pessimiste, dépressive. Les acteurs au charisme animal, divinement remarquables d'expression viciée et renfrognée, se fondant dans la peau de crapules méprisables car n'hésitant pas à supprimer témoin gênant après s'être vengés pour tenter de sauver leur peau, leur patronyme, leur honneur. Dénué de fioriture sous l'impulsion d'un score sinistré magnifiquement envoûtant, Animal Kingdom nous laisse donc sur le carreau de par la montée implacable de son intensité dramatique magnifiquement dénuée de romance. Si bien qu'ici quasiment tous les protagonistes (anti-manichéens) sont dénués de vergogne en ne cessant de feindre, manipuler, lutiner pour parvenir à leur fin et ainsi asseoir leur suprématie. Sa violence acerbe, terriblement percutante n'en demeurant pas moins habilement suggérée pour toutes les occasions tristement lâches et perfides.  


Les liens du Mal
Descente aux enfers vertigineuse auprès de cet ado dubitatif en proie au soupçon de rédemption dans sa remise en question et éclairs de prises de conscience (aussi menues soient-elles). Entre quête d'une main secourable et rancoeur punitive qui pourrait lui couter la vie, Animal Kingdom nous glace d'effroi, d'amertume, de mélancolie à travers les motivations sordides de cette famille dysfonctionnelle dénuée de pitié, de scrupule, de chaleur humaine que leur matriarche simule avec cynisme haïssable. Jacki Weaver s'apparentant à une sorcière des temps modernes en mafieuse sclérosée chérissant ses rejetons avec amour fétide, pour ne pas dire faisandé dans leur train de vie vénal dénué du sens des valeurs et de la loyauté. Clairement l'un des plus grands drames criminels des années 2010 que le jeune James Frecheville électrise en ado impassible désespérément seul et isolé de tous puisque victime de sa condition orpheline lors de ses éveils de conscience bipolaires. 

*Bruno Matéï
14.01.11.
27.04.22. 2èx

Récompenses:

Festival du film de Sundance 2010 : Grand prix du jury

Festival international du film de Stockholm 2010 : Prix du meilleur scénario pour David Michôd

Australian Film Institute Awards 2010 :

Meilleur film

Meilleur réalisateur pour David Michôd

Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn

Meilleure actrice pour Jacki Weaver

Meilleur acteur dans un second rôle pour Joel Edgerton

Meilleur scénario original pour David Michôd

Meilleur montage pour Luke Doolan

Meilleure musique de film pour Antony Partos et Sam Petty

AFI Members' Choice Award

Readers' Choice Award

Australian Directors Guild Awards 2010 : meilleur réalisateur pour David Michôd

Australian Writers' Guild Awards 2010 :

Awgie Award du meilleur scénariste pour David Michôd

Major Award pour David Michôd

Film Critics Circle of Australia Awards 2010 :

Meilleur film

Meilleur réalisateur pour David Michôd

Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn

Meilleure actrice pour Jacki Weaver

Meilleur acteur dans un second rôle pour Joel Edgerton

Meilleur scénario pour David Michôd

IF Awards 2010 :

Meilleur réalisateur pour David Michôd

Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn

National Board of Review Awards 2010 :

Top 10 des meilleurs films indépendants

Meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver

Camerimage 2011 :

Prix spécial du nouveau réalisateur en compétition pour David Michôd

Prix spécial du nouveau directeur de la photographie en compétition pour Adam Arkapaw

Festival international du film policier de Beaune 2011 : Prix de la critique ex-æquo

Chlotrudis Awards 2011 : meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver

Satellite Awards 2011 : meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver

Festival international du film de Santa Barbara 2011 : Virtuoso Award pour Jacki Weaver

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