mercredi 31 mai 2023
Un papillon aux ailes ensanglantées / Una farfalla con le ali insanguinate / Cran d'Arrêt
mardi 30 mai 2023
Intimate confessions of a chinese Courtesan / Ai nu
Sortie salles Hong Kong: 9 juillet 1972
FILMOGRAPHIE: Chu Yuan (楚原 en chinois, donnant Chor Yuen dans une transcription du cantonais) est un réalisateur hongkongais né le 8 octobre 1934 à Canton, décédé le 21 février 2022, . 1972 : Intimate Confessions of a Chinese Courtesan. 1972 : Le Tueur de Hong-Kong. 1973 : The House of 72 Tenants. 1973 : Haze in the Sunset. 1974 : Sex, Love and Hate. 1976 : La Guerre des clans. 1976 : Farewell to a Warrior. 1976 : Le Sabre Infernal. 1976 : The Web of Death. 1977 : Le Complot des Clans. 1977 : Le Tigre de Jade. 1977 : Death Duel. 1977 : Le Poignard volant. 1978 : Clan of Amazons. 1978 : L'Île de la bête (en) (Legend of the Bat). 1978 : Swordsman and Enchantress. 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre. 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre 2. 1979 : Full Moon Scimitar. 1980 : Bat Without Wings. 1988 : Diary Of A Big Man. 1990 : The Legend Of Lee Heung Kwan. 1990 : Blood Stained. Tradewinds. 1990 : Sleazy Dizzy.
Encore une perle luminescente estampillée Shaw Brothers. Une oeuvre féministe où le saphisme fait la part belle à une vendetta de longue haleine qu'on ne pu prévoir. A l'instar de son cheminement meurtrier (étonnamment et étrangement) permissif et de son renversant épilogue aussi magnifique que d'une cruauté sans égale. Ainsi donc, Intimate confessions of a Chinese Courtesan est un spectacle sulfureux où se conjugue érotisme, tendresse, tortures et combats au sabre parmi l'efficacité d'un script couillu quant à la stratégie vindicative s'esquissant sous nos yeux sous le pilier d'un amour indéfectible (tout du moins du point de vue de la dominatrice). Et c'est bien là la grande originalité du récit que de nous attacher à une justicière stoïque soumise à sa souveraine sans pitié éperdument amoureuse de son esclave.
Comme de coutume, si les séquences d'action martiale demeurent toujours plus épiques au fil d'une provocation féministe dénuée de complexe à brimer l'homme lubrique; attendez de contempler les 20 ultimes minutes littéralement anthologiques. Tant pour les festivités de son aspect sanglant qu'homérique. Si bien que Tarantino s'en est inspiré pour Kill Bill (rien que ça). Enfin, de par son climat tantôt onirique (les chambres aux draps roses de soie arborées en permanence à l'écran), on retient également à 2 uniques reprises l'intonation baroque d'une partition musicale terriblement envoûtante lors de la relation intime entre la dominatrice et son esclave sexuelle séparée par les valeurs du Bien et du Mal. Ainsi, par cette charge émotionnelle d'une trouble sensualité, Intimate Confessions... atteint des sommets d'immersion capiteuse eu égard de son pouvoir de fascination émanant du duo galvaudé et de sa conclusion funeste prenant tout son sens quant à sa réflexion amère impartie au mobile de la vengeance.
Une perle flamboyante donc à la fois étrange, baroque, déroutante, violente et sensuelle abordant sous un angle aussi singulier qu'incongru une romance vampirique terriblement félonne.
*Brunolundi 29 mai 2023
Tin et Tina
Diffusé sur Netflix: 26 Mai 2023
FILMOGRAPHIE: Rubin Stein est un réalisateur et scénariste espagnol. 2023: Tin et Tina.
Encore une belle surprise que nous offre là Netflix, une proposition hispanique renouant avec l'horreur adulte en y dénonçant la fanatisme religieux du point de vue de ce qu'il y a de plus innocents, des enfants placés dans un couvent qu'un jeune couple décide d'adopter. Or, rapidement, ces jumeaux se comportent de manière obsessionnelle avec la religion au point de mettre en pratique certains versets de la Bible. Elégamment filmé (cadrages alambiqués) au sein d'une photo limpide mettant en valeur une pléthore d'images stylisées chargées de poésie; Tin et Tina joue efficacement la carte de l'angoisse (palpable) et du suspense émoulu lorsqu'un couple est davantage tourmenté par les actes déraisonnés de leurs enfants en proie à une doctrine chrétienne.
Et si toutes les séquences anxiogènes puis dramatiques demeurent fatalement assez prévisibles, la maitrise de la mise en scène si attentionnée et le talent des acteurs à la force d'expression tourmentée (même si on peut juger discutable certains comportements un tantinet incohérents) parviennent un instaurer un climat malaisant constamment hypnotique, notamment eu égard de la cruauté des épisodes les plus graves franchement éprouvants (voir mêmes à la limite du supportable tant la gêne m'a pris à la gorge). A point tel que l'ambiance domestique régie dans cette vaste demeure s'avère davantage irrespirable, tant auprès des agissements sournois des enfants que des points de vue antinomiques du père et de la mère s'efforçant de relativiser tout en s'inquiétant (dans leur caractère distinct) de la posture équivoque des enfants habités par leur religion. Qui plus est, affublés de cheveux blancs et d'un visage au teint blême, ils réussissent sans ambages à susciter angoisse, malaise et inquiétude exponentielle au fil d'un cheminement évolutif plus intelligent et surprenant qu'escompté quant à la culpabilité de ces derniers qu'une mère refusait finalement d'éduquer par impuissance et désarroi.
*Bruno
Ci-joint la chronique de Jérôme André tranchant:
En 1981, en Espagne, Lola et Adolpho se marient. Lola est enceinte de deux enfants. En sortant de l'église, lola saigne. Elle a perdu ses deux enfants. Six mois après, le couple décide d'adopter. Ils vont aller dans un orphelinat tenu par une religieuse. Lola a un coup de coeur pour des jumeaux de 7 ans. Ils se prénomment Tin et Tina. Ils sont blonds, yeux bleus, teints livide. Les deux enfants sont aussi très pieux. Le couple les adoptent. Lola va découvrir que ses enfants sont très particuliers.
Il y avait très longtemps que je n'avais pas ressenti ce sentiment d'être dérangé devant mon écran. Le réalisateur se sert de certains clichés du cinéma d'horreur pour les détourner. Il ne le fait pas de manière spectaculaire, il le fait de manière très insidieuse. On ne s'attend jamais à ce qu'il va se passer. Bien sûr, le cinéaste Rubin Stein s'amuse avec des références cinématographiques, on pense à Hitchcock, Polanski et Bunuel mais il se sert de ses influences pour tromper le spectateur. Et puis par les temps qui courent un film d'horreur anticlérical, ça fait du bien. Ce métrage ne pourrait pas être produit par les états-unis. Le réalisateur garde son identité espagnole, ce qui lui permet de taper sur le machisme avec une grande violence. Le dernier tiers du film est un tour de force. Il s'agit d'un plan séquence terriblement angoissant. Donc "Tin et Tina" est une réussite dans le genre gothique. Et ça fait un bien fou.
Critique de Thierry Savastano:
Top 2023
Tin & Tina ⭐️⭐️⭐️⭐️ 2023 vf 1h59 4K
❤️Coup de Coeur❤️
Après une fausse couche traumatisante, un jeune couple adopte dans un couvent de curieux jumeaux dont l'obsession pour la religion ne tarde pas à perturber la famille.
👉Pépite Netflix !
Cette opposition forte de l'église et de son icône principal DIEU a travers un duo de petits monstres est le point central de cette pépite hispanique ou l'ambiance y est terriblement effrayante, une trame lente mais bien succulente, un long métrage obscure teinté d'humour noir qui nous plonge dans une histoire horrifique psychologique tordue mais jouissive.
vendredi 26 mai 2023
Sisu : de l'or et du sang
Sortie salles France: 21 Juin 2023. Finlande: 27 janvier 2023
Sacrée (pochette) surprise que ce Sisu du réalisateur du savoureux Rare Export (en français Père Noël Origines), si bien que le finlandais Jalmari Helander nous livre un actionner hyperbolique ne ressemblant à nul autre si j'ose dire. Dans la mesure où les séquences homériques, toutes plus invraisemblables les unes que les autres, parviennent à transcender l'improbable avec un degré de fascination inédit dans le paysage bourrin eu égard de son réalisme cinglant (euphémisme), comme du portrait imparti à ce vieillard increvable (pour ne pas dire immortel comme le sous-entend sa réputation quasi surnaturelle après avoir exterminé plus de 300 russes). On peut d'ailleurs même le décliner en nouvelle icone du cinéma d'action que campe Jorma Tommila avec un mutisme expressif particulièrement viscéral. Le spectacle furibond adoptant un parti-pris laconique, sans doute aussi pour s'extirper de la convenance afin d'imposer sa personnalité propre comme le souligne avec astuce l'aura proverbiale du héros du 3è âge que tout un chacun (ou presque) redoute.
L'aspect fascinatoire du récit linéaire (seul contre tous, Aatami Korpi tente de fuir des nazis après avoir découvert des lingots d'or dans un champs) découlant de son ambiance quasi mystique renforcée de l'inventivité des ripostes de survie se renouvelant incessamment au gré d'idées folingues génialement jouissives. Et ce aussi grotesques ou ubuesques soient les pires situations de self-défense ou d'entrave (la pendaison, la confrontation aérienne). Or, si au départ on peine à croire à ce qui se déroule sous nous yeux tout en éprouvant un plaisir ludique (quelque peu nostalgique par son aspect "grindhouse"), la maîtrise de la réalisation, la dose de dérision injectée fréquemment aux moments les plus barbares ou héroïques, et enfin sa fulgurance visuelle à damner un saint (les images de désolation, crépusculaires, solaires, demeurent magnifiques d'onirisme quasi surnaturel - certains plans éthérés évoquant même l'Au-delà de Fulci -) nous immergent dans l'aventure cinétique avec une générosité immodérée. Quand aux gueules striées des méchants nazis tous plus triviaux les uns les autres (avec un leader hyper charismatique), ils se taillent un charisme insalubre (sang, sueurs, terre noire se confondent sur les visages en perdition) génialement expressif afin de mieux les haïr et croire en leur véracité criminelle.
Moment de péloche vrillé du Samedi soir d'une ultra violence jubilatoire (ça en est même parfois cartoonesque), Sisu s'avère peut-être LE film d'action de l'année 2023 (ce que aurait dû être d'ailleurs la saga surfaite John Wick auquel il prête quelques clins d'oeils ou encore Rambo 5 que Stallone doit sans doute secrètement envier). Truffé d'action 1h25 durant sans trop se prendre au sérieux et avec une évidente volonté d'en foutre plein la vue au gré d'une inventivité déconcertante, Sisu honore généreusement le divertissement régressif avec un degré de fascination inédit pour le genre. A point tel que tout en étant conscient de son invraisemblance en roue libre, on finit presque par croire à l'alchimie indestructible de ce guerrier silencieux tant le personnage résilient nous impressionne sans cesse à cumuler les bravoures, entre providence et invention désarmantes.
*Bruno
Récompenses: meilleur film, meilleur acteur pour Jorma Tommila, meilleure photographie, meilleure musique au Festival international du film fantastique de Catalogne 2022 (Sitges).
mardi 23 mai 2023
La guerre des Clans / Liu xing hu die jian / Killer Clans
Sortie salles Hong-Kong: 20 Mars 1976
FILMOGRAPHIE: Chu Yuan (楚原 en chinois, donnant Chor Yuen dans une transcription du cantonais) est un réalisateur hongkongais né le 8 octobre 1934 à Canton, décédé le 21 février 2022, . 1972 : Intimate Confessions of a Chinese Courtesan. 1972 : Le Tueur de Hong-Kong. 1973 : The House of 72 Tenants. 1973 : Haze in the Sunset. 1974 : Sex, Love and Hate. 1976 : La Guerre des clans. 1976 : Farewell to a Warrior. 1976 : Le Sabre Infernal. 1976 : The Web of Death. 1977 : Le Complot des Clans. 1977 : Le Tigre de Jade. 1977 : Death Duel. 1977 : Le Poignard volant. 1978 : Clan of Amazons. 1978 : L'Île de la bête (en) (Legend of the Bat). 1978 : Swordsman and Enchantress. 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre. 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre 2. 1979 : Full Moon Scimitar. 1980 : Bat Without Wings. 1988 : Diary Of A Big Man. 1990 : The Legend Of Lee Heung Kwan. 1990 : Blood Stained. Tradewinds. 1990 : Sleazy Dizzy.
Synopsis: Sur les ordres d'un employeur à l'identité secrète, Meng Sheng-hun, un tueur renommé, est engagé pour éliminer Sun Yu, chef du clan martial de la Porte-du-Dragon. L’assassin doit donc s'infiltrer au sein du clan sous une fausse identité pour tenter de gagner la confiance de sa future victime. Mais la détermination habituelle du tueur solitaire est remise en question lorsqu'il croise par hasard une charmante et mystérieuse femme dans la Forêt aux Papillons...
Ainsi, de par la puissance de ces thématiques imparties à la trahison et au sens loyal de l'amitié, la mort hante chaque protagoniste, tant auprès de leur sens du sacrifice, de leur bravoure héroïque (quasi suicidaire) que de leur refus de céder à la peur face à la fatalité du trépas. Et si je ne suis guère un afficionado du genre quant à connaître sur le bout des ongles le genre (l'art martial j'entends) et ses inépuisables références, La Guerre des Clans m'a tant émotionnellement impliqué, fasciné (notamment pour son contexte historique), dépaysé (la beauté de sa photographie, son jardin onirique), interloqué (son érotisme couillu pour l'époque auprès d'une séduction parfois vénéneuse ou autrement innocente) qu'il me semble confiné au chef-d'oeuvre.
lundi 22 mai 2023
Yeti, le Géant d'un autre Monde / Yeti - Il gigante del 20° secolo
jeudi 18 mai 2023
12 Feet Deep
Un bon petit suspense aquatique tirant parti de son charme et de son intérêt grâce à l'acting (exclusivement féminin) assez convaincant et d'une réalisation perfectible dénuée de prétention s'efforçant de préserver la tension avec assez d'efficacité pour nous garder éveiller 1h20 durant en mode huis-clos. Et ce en dépit de quelques couacs (la posture soudainement versatile d'un des personnages peine à convaincre lors d'un moment clef d'indulgence), facilités et rebondissements pas toujours indispensables. Notamment vers son final alarmiste (un tantinet redondant) tentant de renforcer la psychologique torturée des 2 héroïnes tributaires d'un passé familial tragique, alors que l'élément perturbateur vient refaire son apparition. Or, l'émotion étonnamment poignante de dernier ressort vient soudainement nous heurter pour pardonner ses menus défauts précités.
Simetierre / Pet Sematary
Sortie salles France: 10 Avril 2019
FILMOGRAPHIE: Kevin Kölsch est réalisateur et scénariste. Il est connu pour Starry Eyes (2014), Simetierre (2019) et Holidays (2016).
Une déclinaison habitée par la Mort.
Implacable. On ne peut plus idoine. C’est bien un cauchemar implacable que nous livrent Kevin Kölsch et Dennis Widmyer - duo jusque-là inconnu, en dépit de Starring Eyes - avec ce remake sur lequel je n’aurais pas misé un clopet. Il m’aura d’ailleurs fallu quatre ans pour m’y risquer, poussé par les éloges de quelques vidéastes affirmant sans trembler qu’il surpasserait son modèle. Ce modèle, toujours aussi mal-aimé, donc infortuné. Et paradoxalement, ce remake que personne n’attendait (ou si peu) reste lui aussi boudé, comme frappé de la même malédiction que le Simetierre de Mary Lambert en 1989 - bien que défendu à l’époque par certains critiques passionnés, Mad Movies en tête.
Alors oui, n’y allons pas par quatre chemins - et j’ai peine à croire ce que j’écris - mais Simetierre version 2019 me semble, à moi aussi, supérieur à celui de 1989. Parce qu’il m’a provoqué un malaise diffus, rampant, opaque… Un venin distillé avec soin, malgré le fait que je connaisse l’histoire par cœur. La sagacité des cinéastes réside précisément là : renouveler un récit prévisible - grief déjà adressé à la version Lambert - en enrichissant sa narration. Topographie plus sinistre et photogénique du cimetière, présence accrue de la sœur moribonde de Rachel, relations plus ambivalentes entre Louis et son voisin Jud. Et surtout, des points de vue autrement plus dérangeants, plus viscéraux - à commencer par les apparitions de Zelda, aussi inconfortables que glaçantes, et par le jeu hypnotique de Jeté Laurence. Rarement une enfant ne m’aura autant terrifié : à la fois putride, maléfique, perfide, cynique, et pourtant traversée d’une étrange lueur d’humanité.
Le film suscite un malaise persistant en abordant à nouveau, avec finesse, les thématiques chères à Stephen King : la mort, l’antagonisme entre foi religieuse et athéisme, la douleur incommensurable du deuil - cette impossibilité d’accepter la perte. Ici, le regard se pose surtout sur l’athée, dont l’égoïsme, le refus de souffrir, l’effroi devant l’absence éternelle, le précipitent vers une damnation sans retour.
L’ultime demi-heure - malsaine, oppressante, presque hallucinatoire - m’a littéralement hypnotisé. Mise en scène avec lenteur, précision, une forme de science occulte. J’en suis venu à guetter, à espérer le générique final, comme une délivrance. J’en oublierais presque de saluer la réalisation, d’une grande rigueur formelle, où transpire un amour du genre à chaque plan. La direction d’acteurs, sobre, crédible, ancre les personnages dans un quotidien écrasé par la malédiction. Mention spéciale à John Lithgow, bouleversant en voisin hanté, même si Amy Seimetz, en mère endeuillée, s’efface un peu - par pudeur ou manque de présence.
C’est d’ailleurs ce qui fait la force de ce récit putride, désespéré, traversé d’un nihilisme radical. The Mist n’est pas loin - même sensation d’abandon, même dépression sourde transmise au spectateur, quand la Mort, ici patibulaire, s’infiltre dans chaque pore avec une lenteur méthodique. La violence, brutale, d’un réalisme gore mais jamais gratuit, blesse davantage par ce qu’elle laisse hors-champ que par ce qu’elle montre. Et que dire du chat, véritable miasme ambulant, dont la seule présence symbolise la contagion d’un Mal ancestral, incarné ici par le Wendigo - enfin expliqué de manière plus explicite.
mercredi 17 mai 2023
Obsession Fatale / Unlawful Entry
Sortie salles France: 23 Septembre 1992. U.S: 26 Juin 1992.
FILMOGRAPHIE: Jonathan Kaplan est un réalisateur américain né le 25 novembre 1947 à Paris.1972 : Night Call Nurses. 1973 : The Student Teachers. 1974 : Truck Turner. 1975 : La route de la violence. 1977 : On m'appelle Dollars. 1979 : Violences sur la ville. 1983 : Pied au plancher. 1987 : Project X. 1988 : Les Accusés. 1989 : Immediate Family. 1992 : Obsession fatale. 1992 : Love Field. 1994 : Belles de l'Ouest. 1994 : Reform School Girl (téléfilm). 1996 : Coup de sang. 1999 : Bangkok, aller simple.
Excellent souvenir que ce thriller symptomatique des années 90, quelle fut ma surprise de constater à la revoyure qu'il demeure toujours aussi glaçant que passionnant de par la grande efficacité que Jonathan Kaplan cultive à brosser la confrontation stoïque entre un flic psychotique contre un jeune couple en étreinte. Ainsi, à travers les rapports psychologiques toujours plus tendus entre ses victimes contre leur oppresseur, il faut mettre en exergue la faculté infaillible du réal à les diriger avec un art consommé tant chacun transperce l'écran 1h50 durant. Le spectateur s'identifiant à eux comme s'il les connaissaient personnellement par leur spontanéité familière dénuée de prétention. Kurt Russel, comme de coutume, demeurant tant impliqué en époux aimant s'efforçant de protéger sa dulcinée au gré d'un franc-parler davantage irritable eu égard des rebondissements malaisants qui empiètent sa tranquillité au sein de son cocon douillet. Madeline Stowe (l'une des plus belles femmes du monde, rien que ça) endossant l'épouse à la fois mature et équilibrée avec sobriété tout en jouant de sa sensualité avec un talent naturel nullement démonstratif (en dépit de sa fonction de séductrice d'un soir en concertation avec son époux).
Mais outre le jeu rigoureusement attachant de ses 2 illustres acteurs d'une force d'expression affirmée, Obsession Fatale dilue avec délice une atmosphère anxiogène de plus en plus oppressante sous l'impulsion d'un Ray Liotta terriblement inquiétant car habité par son rôle démonial de façon insidieuse. L'acteur affichant un regard azur subtilement équivoque lorsqu'il s'efforce de se faire apprécier auprès du couple avec une générosité faussement amiteuse. Renforcé de son sourire contracté lestement maléfique, Ray Liotta nous terrifie par sa posture sournoise de flic redresseur de tort sombrant dans une rancune criminelle incontrôlable. Le final au suspense intense exploitant les codes horrifiques de façon conventionnelle tout en nous instaurant avec savoir-faire une angoisse tangible qui ira crescendo jusqu'à la confrontation musclée particulièrement haletante, pour ne pas dire effrénée. Et ce en dépit de l'ombre d'un ultime rebondissement éculé pour autant beaucoup plus grossier chez d'autres productions mercantiles opportunistes.
Formidable thriller psychologique donc d'un magnétisme à la fois trouble et malsain, Obsession Fatale n'a pas pris une ride (ou alors si peu par son final prévisible toutefois bien rodé) grâce au trio d'interprètes crevant l'écran parmi la juste mesure d'une conviction somme toute expressive. Dommage qu'il soit sombré dans l'oubli car Jonathan Kaplan sait notamment filmer son récit avec suffisamment d'adresse, de maîtrise, d'intelligence (avec en filigrane une dénonciation des violences policières), d'efficacité et de sincérité pour élever son divertissement au rang de "classique du Samedi soir" (à un ou deux couacs près).
mardi 16 mai 2023
Misanthrope / To catch a Killer
Sortie salles France: 26 Avril 2023. U.S: 21 Avril 2023
FILMOGRAPHIE: Damián Szifron (né le 9 juillet 1975 à Ramos Mejía, dans le Grand Buenos Aires) est un réalisateur et scénariste argentin. 2003 : El fondo del mar. 2005 : Tiempo de valientes. 2014 : Les Nouveaux Sauvages (Relatos salvajes). 2023 : Misanthrope.
Un effet de miroir lui permettant ainsi de mieux saisir les aboutissants de l'auteur des crimes gratuits que son supérieur en uniforme épaulera avec confiance et certain goût du risque (au passage, quelle audace d'y instaurer un rebondissement aussi inopportun là où on ne l'attend pas). Et si ce thriller magnétique, impeccablement interprété (Shailene Woodley s'accapare de l'écran, entre fragilité et détermination dans une expressivité sans fard), s'avère aussi palpitant que passionnant (en renouant avec le "cinéma" au sens noble) de par la densité de ses thématiques tristement actuelles, il s'enrichit au fil de l'intrigue d'une ultime demi-heure à la dramaturgie escarpée au point de nous déchirer les larmes. Car rarement un thriller à suspense ne m'aura si profondément troublé, parlé (intrinsèquement j'entends), désarçonné pour m'immerger dans le trauma cranien d'un psychotique en y laissant exprimer ses mobiles que tout un chacun assimile dans sa propre condition de claustration depuis l'émergence de la cancel culture, du spectre du fascisme (de nouveau en ascension aux 4 coins du monde) et de la corruption gangrénant tous corps de métiers, et ou l'effet de rentabilité empoisonne un peu plus chaque citoyen. Et ce jusqu'au voyeurisme des réseaux sociaux imbibés de vendetta, de délation, de soif de gloire, d'auto-justice.
*Bruno
lundi 15 mai 2023
Retour vers l'Enfer / Uncommon Valor
de Ted Kotchef. 1983. U.S.A. 1h45. Avec Gene Hackman, Robert Stack, Fred Ward, Reb Brown, Randall "Tex" Cobb, Patrick Swayze, Harold Sylvester.
Sortie salles France: 18 Avril 1984 (Int - 13 ans)
FILMOGRAPHIE: Ted Kotcheff est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste canadien d'origine bulgare, né le 7 avril 1931 à Toronto (Canada). 1974: l'Apprentissage de Duddy Kravitz, 1978: La Grande Cuisine, 1982: Rambo, 1983: Retour vers l'Enfer, 1988: Scoop, 1989: Winter People, Week-end at Bernie's, 1992: Folks !
Si on est en droit de préférer Rambo 2 et Portés Disparus, Retour vers l'Enfer demeure à mon sens plus efficace, plus maîtrisé, plus détaillé dans sa facture visuelle, moins tape à l'oeil, aussi épique et parfaitement troussé pour combler l'amateur d'action belliqueuse initié un an au préalable avec le phénomène Rambo 1. Et si le pitch prévisible, tracé d'avance, se soumet aux conventions (George Pan Cosmatos et Joseph Zito n'exploiteront que deux ans plus tard le même schéma narratif avec Rambo 2 et Portés Disparus), Retour vers l'enfer ne relâche jamais l'attention sous l'impulsion de cette mission commando très attachante car charismatique, expressive et véritablement investie dans leur fonction à la fois solidaire, pugnace et enfin suicidaire à tenter de récupérer une poignée de prisonniers ricains restés confinés dans des géôles vietnamiennes 10 années depuis. Ainsi, lors de sa première partie fondée sur le recrutement et l'entrainement militaire, son aspect troupier renforcé de la posture décomplexée de nos touristes mastards demeure bon enfant à travers leurs esprits de camaraderie plein de bon sens, de relativisme, de pardon et surtout de fraternité eu égard de leur cohésion humaine indéfectible. Tout cela étant illustré avec une étonnante efficacité, notamment de par l'habileté du montage allant droit à l'essentiel.
samedi 13 mai 2023
Evil-Dead Rise
L’intrigue, évidemment simpliste (une mère possédée s’efforce de trucider ses enfants dans une délectation doloriste), enchaîne les attaques démoniaques à rythme métronome, histoire de ne jamais ennuyer le spectateur embarqué dans un train fantôme parfois réjouissant - à défaut d'y provoquer la frousse attendue. Quelques apparitions en plan serré font leur petit effet répulsif, mais l’intensité reste absente, si l’on excepte son superbe prologue : LA séquence de flippe la plus convaincante du métrage, et qui plus est inventive. Quelques situations anxiogènes distillent aussi un certain malaise diffus, perceptible en filigrane.
Ainsi, si Evil Dead Rise peut décevoir une frange de spectateurs, il faut reconnaître l’aimable volonté de Lee Cronin de divertir avec générosité. Il multiplie les affrontements dantesques, appuyés par des séquences gores parfois très réussies, renforcées par des FX artisanaux du plus bel effet. Par intermittence, certains plans tarabiscotés affichent même un vrai style - il faut l’avouer.
Alyssa Sutherland, étrange et marquante, tire son épingle du jeu en possédée démoniale à la morphologie décharnée, au rictus diablotin ; elle cultive des sautes d’humeur noires assez jouissives pour qui goûte les expressions bêtes et méchantes avec une pointe d’insolence. On peut aussi saluer l’audace du réalisateur à s’en prendre aussi cruellement à des enfants et adolescents, recroquevillés dans un appartement devenu tombeau. Leurs châtiments, d’une violence viscérale assez décomplexée - voire escarpée - donnent au film une certaine rugosité bienvenue.
Sympathique à suivre, donc, et non dénué de charme - notamment dans l’esthétique soignée de l’immeuble, avec ses corridors baroques aux dominantes bleutées - Evil Dead Rise offre un agréable moment, même si un goût d’inachevé (et peut-être de bâclage) plane en arrière-bouche. Cela dit, conscient de son déséquilibre, de son absence flagrante de tension dramatique, le film passe mieux en second visionnage, lorsque ses personnages paraissent plus crédibles en victimes traquées, incessamment pourchassées dans l’antre de leur foyer désormais réduit à un cachot funeste pour les plus vulnérables.
vendredi 12 mai 2023
S.O.S. Fantômes: l'Héritage / Ghostbusters: Afterlife
Sortie salles France: 1er Décembre 2021. U.S: 19 Novembre 2021
FILMOGRAPHIE: Jason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 octobre 1977 à Montréal. 2005 : Thank You for Smoking. 2007 : Juno. 2009 : In the Air. 2011 : Young Adult. 2013 : Last Days of Summer. 2014 : Men, Women and Children. 2018 : Tully. 2018 : The Front Runner. 2021 : SOS Fantômes : L'Héritage.
Avec une mention particulière pour la craquante Mckenna Grace, LA révélation du film tant elle le porte sur ses frêles épaules avec un sérieux à la fois imperturbable et stylé en scientifique surdouée à la discrétion honorable. Et ce même lorsqu'elle ose narrer à ses partenaires ses blagues foireuses dans une décontraction tranquille. Une actrice adorable donc jonglant autant avec sa maturité humaine qu'une détermination vaillante étonnamment convaincante du haut de ses 12 ans. La première heure, posée et placide nous présentant ses personnages amiteux évoluant au sein d'une famille monoparentale en requête paternelle et sentimentale, tant et si bien que Jason Reitman se focalise autant sur leurs exploits héroïques que sur leurs états d'âme en berne, instable, à tenter de redorer la réputation sulfureuse d'un grand-père incompris de tous. C'est par ailleurs à travers ce personnage capital que Jason Reitman brode son récit pour vouer un ultime hommage si respectueux à l'acteur Harold Ramis avec une émotivité davantage poignante, pour ne pas dire bouleversante. A l'instar de cette étreinte luminescente imprégnée de doux lyrisme. Et puis lorsque l'action accoure à mi-parcours narratif on en prend plein les mirettes, tel un rêve de gosse éveillé, lorsque nos héros juvéniles pourchassent et traquent les fantômes avec un professionnalisme à la fois décomplexé, contre-intuitif et ironique afin de rendre l'aventure aussi exaltante qu'ébouriffante.
Ainsi donc, de par la probité de sa charge émotionnelle jamais factice, le raffinement de ses paysages naturels et de ses FX (artisanaux et numériques) d'un réalisme fréquemment féérique, S.O.S Fantômes: l'Héritage conjugue action, tendresse, loufoquerie et romance avec une humilité forçant le respect. Et puis lorsque apparait Dan Aykroyd pour ensuite céder place à l'équipe charnière des années 80, comment ne pas être ému, verser une larme de bonheur et de nostalgie auprès de ce quatuor légendaire (jusqu'aux seconds-rôles surprises !) venu nous rendre visite dans leur morphologie sclérosée. Or, leur blague bonnard a beau fonctionner un peu à vide, on reste tellement charmé, impressionné, illuminé par leur présence (presque divine), à l'instar de leur vibrant hommage imparti à leur camarade parti trop tôt. Superbe cadeau surprise donc que ce 3è véritable opus, digne représentant du classique de papa Reitman que sa progéniture honore avec une tendre humilité (j'insiste).
P.S: ne ratez sous aucun prétexte les clins d'oeil inter/post génériques !
Dédicace à Stéphane Passoni.
*Bruno