Plongée en eaux noires : Fabrice Du Welz au bord du gouffre
Avec cette fresque ténébreuse de 2h36, Fabrice Du Welz livre peut-être l’œuvre la plus rugueuse, la plus exigeante de sa carrière. Un film-fleuve au réalisme poisseux, viscéral, qui ne cherche ni à séduire ni à rassurer, mais à sonder, en apnée, les abysses de l’âme humaine.
Avec cette fresque ténébreuse de 2h36, Fabrice Du Welz livre peut-être l’œuvre la plus rugueuse, la plus exigeante de sa carrière. Un film-fleuve au réalisme poisseux, viscéral, qui ne cherche ni à séduire ni à rassurer, mais à sonder, en apnée, les abysses de l’âme humaine.
Librement inspirée de l’affaire Dutroux, l’intrigue s’enracine dans une enquête au long cours, là où le mal n’est plus un monstre tapi dans l’ombre, mais une matière diffuse, insaisissable, ancrée dans la banalité des jours.
Au centre du récit : un homme, irascible, écorché, que tout semblait prédestiner à un avenir lumineux. Il finira par tout perdre — repères, certitudes, illusions — au nom d’une vérité trop brute pour être contenue. Une vérité qui ronge, qui consume.
À l’écran, des visages. De vrais visages. Striés, creusés, marqués par la fatigue du monde. Ils imposent leur présence virile, une gravité sèche et désenchantée. Et bien que l’histoire se déroule dans les années 90, c’est l’empreinte des années 70 qui innerve chaque plan. Grain rugueux, refus du spectaculaire, goût pour le brut — Du Welz filme ici avec l’intransigeance d’un cinéaste hanté.
On ressort de là vidé, les yeux brûlés, la gorge serrée. Le film ne laisse pas indemne. Il écorche, il dérange, il travaille longtemps après la dernière image. Une œuvre inconfortable, nécessaire. Une plongée en eaux noires, sans bouée.
Grand cinéma, écorché vif, dans son instinct le plus animal.
*Bruno
*Bruno
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