
(Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site IMDb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).
"Solaris : L’Éternité au Bord des Larmes".
Il y a des films comme ça qui emportent tout. On ne cherche pas à en jauger les défauts ou à en peser les qualités. On les prend comme ils sont, comme on aime quelqu’un.
Lynch a dit : « Je ne vois pas pourquoi les gens attendent d’une œuvre d’art qu’elle veuille dire quelque chose alors qu’ils acceptent que leur vie à eux ne rime à rien. »
Et Solaris sied à merveille à ce constat. Car cette aventure spatio-temporelle relève d’une magie pure, dans son essence la plus noble et platonicienne. On ne comprend pas tout – c’est voulu. Et pourtant, tout semble beau, fastueux, élégiaque, transcendantal.
Parfois, il faut savoir lâcher prise et s’abandonner aux impressions. Car Solaris, malgré lui – ou grâce à lui – nous pousse à contempler notre condition : le poids du passé, la mémoire en spirale, la culpabilité sans fin, l’illusion de notre réalité, ce mirage suspendu au bord de l’éternité. Et son final, suspendu dans l’interrogation, laisse au spectateur la liberté d’en faire son propre rêve.
Une chose est sûre : dès que le générique s’égrène, on reste engourdi, hypnotisé. On se laisse une ultime fois bercer par ce flot d’adieux – ou d’au revoir – porté par la partition ensorcelante de Cliff Martinez (offrez-lui un Oscar). Sa musique épouse les images, fusionne avec elles, jusqu’à offrir l’une des plus belles séquences de l’histoire du cinéma : cette rencontre dans le train, baignée de lumière et de chaleur, sensorielle, rassurante, infiniment douce.
L’œuvre céleste de Soderbergh nous enveloppe dans un cocon de soie, tiède et ouaté, au cœur d’un huis clos intimiste confiné dans un space opera aussi étrange qu’attirant. On voudrait y pénétrer, flotter parmi ces âmes en apesanteur.
Rarement dans ma vie de cinéphile, j’ai ressenti une expérience aussi trouble et envoûtante – à l’instar de La Forteresse Noire de Mann, du Cercle Infernal de Loncraine ou de Pique-nique à Hanging Rock de Weir. Tout ici semble conçu pour captiver l’esprit, les yeux, l’ouïe, sans une once de prétention. Grâce, aussi, à l’alchimie délicate de George Clooney, habité par la passion mais constamment tiraillé par le doute, et de Natascha McElhone, ivre de mélancolie dans son questionnement identitaire.
Profondément sensuel, lyrique et romantique, Solaris déploie un mélo sensoriel sous les atours d’une science-fiction métaphysique, à même de réconcilier les plus réfractaires au genre stellaire. Vibrant d’une humanité à la fois déchue et éperdue, il frappe en plein cœur, et en pleine raison, par la force de son émotion méditative.
Et comme l’a si bien formulé un certain Écran Large : ce chef-d’œuvre maudit est destiné à hanter ceux qui l’ont aimé… comme un souvenir qu’on n’a jamais vraiment quitté.
Jamais plus Soderbergh ne retrouvera une telle grâce, une ambition si pure, ni cette vibrante sincérité qui irrigua un jour sa carrière.
*Bruno
24.05.25. 3èx. Vost
Ci-joint la critique d'Ecran Large: Le mal-aimé : Solaris, le chef d'œuvre spatial de Soderbergh, avec George Clooney
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