(Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site IMDb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).
de Neil Jordan. 2007. U.S.A/Australie. 2h02. Avec Jodie Foster, Terrence Howard, Zoë Kravitz, Mary Steenburgen, Naveen Andrews, Nicky Katt.
Sortie salles France: 26 Septembre 2007
FILMOGRAPHIE: Neil Jordan est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain irlandais, né le 25 Février 1950 à Sligo. 1982: Angel. 1984: La Compagnie des Loups. 1986: Mona Lisa. 1988: High Spirits. 1989: Nous ne sommes pas des Anges. 1991: L'Etrangère. 1992: The Crying Game. 1994: Entretien avec un Vampire. 1996: Michael Collins. 1997: The Butcher Boy. 1999: Prémonitions. 1999: La Fin d'une Liaison. 2002: L'Homme de la Riviera. 2005: Breakfast on Pluto. 2007: A vif. 2009: Ondine. 2012: Byzantium.
À vif – (V)engeance en clair-obscur.
Une prière urbaine pleine de violence où chaque balle est une larme en colère.
Synopsis: Erica Bain, chroniqueuse radio new-yorkaise, voit sa vie basculer brutalement lorsqu’elle et son compagnon sont agressés dans Central Park. Lui meurt, elle survit. Fracturée, hantée, elle découvre peu à peu qu'elle est capable de commettre le pire à la suite d'une situation de légitime défense.
En 2007, Neil Jordan met en sourdine le conte fantastique pour s’aventurer dans une jungle urbaine où la douleur s’arme, où le deuil se confond avec la colère, et où la frontière entre justice et vengeance se brouille dangereusement. Porté par une Jodie Foster d’une intensité évidemment magnétique par le talent inné qu'on lui connait, A vif est un film d'auto-défense psychologique qui interroge avec finesse les mécanismes de la violence et les dérives morales qu’elle entraîne. Psychologique car en y détournant les codes, Neil Jordan radiographie les pensées internes de notre justicière en voix-off et en non-dits au fil de sa dérive criminelle irréversible.

Superbement photographié en scope, la ville nous apparait comme une cité urbaine paranoïde, froide et indifférente auprès des citadins qui y résident. Au moment même où Erika ne la reconnait plus depuis son agression gratuite avec ces délinquants habités de vilénie. Loin d'y fantasmer une apologie de l'auto-défense, A vif tend à mettre mal à l'aise au fil des états d'âme avilissants d'Erika pleinement consciente qu'elle est devenue une étrangère après avoir dissout son identité. Sa descente aux enfers demeurant aussi désespérée qu'inquiétante au moment même où nous, spectateurs, éprouvions une certaine fascination malsaine, une forme de pulsion réac à ce qu'enfin justice lui soit réparée de son gré.
Pour se faire, on peut donc compter sur la performance de Jodie Foster souvent touchante et poignante de fragilité contenue tout en suscitant une rage interne finissant par exploser lors de ses vendettas rancunières. En ange déchue, tremblante et anéantie par le deuil; elle demeure aussi fascinante lors de ses postures mutiques ou autrement orales face au témoignage d'un flic lui aussi rongé par le lourd sentiment d'injustice face à la propagation d'une ultra violence indestructible.
À ses côtés, Terrence Howard, inspecteur rongé par ses ambiguïtés morales, offre donc un contrepoint émouvant au fil de leurs relations amiteuses contradictoires, leurs concertations chargées de sous-entendues.
Ballade d'une âme blessée.
Dénué de pathos, et d'une belle maîtrise dans la retranscription des sentiments humains subtilement dépeints face écran, A vif est une proposition profondément humaine, voire philosophique jusqu'au vertige d'un final sciemment discutable afin que le spectateur réfléchisse mieux aux conséquences (im)morales d'une auto-justice dégradante. En refusant de juger ses personnages puisque naviguant sans cesse entre les sentiments de condamnation et de compassion, Neil Jordan signe un film trouble au final dérangeant afin de nous interroger sur nos propres instincts meurtriers. Si bien qu'en chacun de nous se cache un potentiel criminel, un justicier apte à agir... Mais à quel prix ?
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